Notes de cours, Kant, 2 mai 2009 • Retour sur la question posée au cours passé à propos du statut de l’objet dans la CRP. Il y a une ambigüité dans la CRP concernant le statut de l’objet. Kant semble attribuer 2 statuts à la même notion d’objet. Au début de l’esthétique transcendantale, l’objet est considéré comme étant le contenu d’une intuition, ainsi l’objet est donné dans l’intuition avant même que l’entendement (la spontanéité de l’utilisation des concepts) n’organise conceptuellement le divers donné dans l’intuition. Cependant, certains passages, notamment dans la partie concernant la logique transcendantale nous incitent à voir en l’objet, le résultat du travail combiné de l’intuition (réceptivité) et de l’entendement (spontanéité). La CRP ne permet pas de trancher entre ces deux positions, entre lesquelles Kant semble toujours hésité. La question avait d’ailleurs été soulevée par un des étudiants de Kant en 1791 (cf. entrée dans le blogue du site du cours). Beck demande en quelque sorte à Kant d’être conséquent, ce qui revient à une position idéaliste radicale, l’objet ayant besoin du sujet pour exister. Retour à la déduction métaphysique • Thèse fondamentale de la déduction métaphysique : L’isomorphisme entre la fonction logique du jugement et les règles de synthèse du divers de l’intuition. La fonction logique du jugement est de ramener à l’unité un divers de représentations. De réunir sous une même représentation plusieurs représentations. ...
•Retour sur la question posée au cours passé à propos du statut de lobjet dans la CRP.
Il y a une ambigüité dans la CRP concernant le statut de lobjet. Kant semble attribuer 2 statuts à la même notion dobjet. Au début de lesthétique transcendantale, lobjet est considéré comme étant le contenu dune intuition, ainsi lobjet est donné dans lintuition avant même que lentendement (la spontanéité de lutilisation des concepts) norganise conceptuellement le divers donné dans lintuition. Cependant, certains passages, notamment dans la partie concernant la logique transcendantale nous incitent à voir en lobjet,le résultat du travail combiné de lintuition (réceptivité) et de lentendement (spontanéité).
La CRP ne permet pas de trancher entre ces deux positions, entre lesquelles Kant semble toujours hésité. La question avait dailleurs été soulevée par un des étudiants de Kant en 1791 (cf. entrée dans le blogue du site du cours). Beck demande en quelque sorte à Kant dêtre conséquent,ce qui revient à une position idéaliste radicale, lobjet ayant besoin du sujet pour exister.
Retour à la déduction métaphysique
•Thèse fondamentale de la déduction métaphysique : Lisomorphisme entre la fonction logique du jugement et les règles de synthèse du divers de lintuition.
La fonction logique du jugement est de ramener à lunité un divers de représentations. De réunir sous une même représentation plusieurs représentations. (Def p.155). Il sagit de lactivité fondamentale de lentendement humain. La forme fondamentale de la connaissance humaine est la discursivité, c'est-à-dire la connaissance conceptuelle. Or conceptualiser cest bien réunir un divers de représentations sous une seule représentation, c'est-à-dire juger.
Lidée de Kant est donc, à partir dune classification des formes logiques du jugement (la table des jugements) détablir une classification des règles fondamentales de notre entendement (la table des catégories).
•Il sagit maintenant de voir à laide de quelle logique on pourra établir la table des jugements possibles. Quelle sera la logique qui sera la science du jugement et qui permettra danalyser la fonction logique du jugement en ses composantes.
Kant divise la logique en deux grandes catégories : logique pure etlogique appliquée.
Logique pure : Soccupe seulement de la forme des jugements, vise à dégager les conditions formelles de composition dun jugement. La logique pure ne soccupe donc pas du contenu mais simplement de la composition du jugement. Ainsi le jugement les martiens sont sympathiques » est correct dans un sens formel, c'est-à-dire quil peut avoir une valeur de vérité (soit vrai soit faux). La logique pure ne prend pas en considérationlobjet du jugement, et la façon dont le jugement sy rapporte.
Logique appliquée : la logique appliquée considère les conditions empiriques du jugement dun individu et vise à établir si, suivant les conditions particulières auquel cet individu est
soumis, un tel jugement est fiable. La psychologie, lépistémologie peuvent relever de la logique appliquée, en effet un sujet fou némettra pas des jugements fiable. En fait la logique appliquée est une logique de lerreur. Elle étudie sous quelles conditions un individu peut émettre un jugement faux (les passions, la folie etc). Ainsi la logique appliquée étudie les conditions permettant à un individu démettre un jugement, non pas nécessairement vrai, mais au moins non faux, c'est-à-dire fiable. Si un jugement est formé suivant les règles pratiques énoncée par la logique appliquée, alors il est fiable ».
Or la logique qui permettra détablir la table des jugements possibles sera la logique pure, déterminant ainsi les différentes formes logiques que pourra prendre un jugement, sans prendre en considération le lien avec lobjet du jugement lui-même.
Exemple : Analyse du jugement le mur est vert »
Les 4 grandes fonctions sont la Quantité, la Qualité, la Relation et la Modalité. (cf. table des jugements p157)
La quantité de ce jugement est quil est singulier ». En effet la quantité du jugement correspond à lextension du jugement, c'est-à-dire au nombre de concept sur le(s)quel(s) le jugement est porté. Si le jugement navait pas de quantité, cela reviendrai à dire quil ne porterai sur aucun concept, c'est-à-dire quil ne serai pas un jugement.
La qualité de ce jugement est quil est affirmatif. Les deux autres possibilités serait les suivantes : le mur nest pas vert (le jugement serait alors négatif)
Lemur est non vert (le jugement est alors infini, en effet dans ce cas là le jugement veut surtout dire que le mur pourrait être duneinfinitéde couleur, sauf le vert).
La relation de ce jugement est quil est catégorique. La relation porte sur le lien, dans le jugement, entre le sujet et le prédicat. De la même manière que pour la quantité, si le jugement nexprimait pas de relation, il lui manquerait une partie (par exemple il naurait pas du sujet) il ne porterait alors sur aucun concept, naurait pas dextension et ne serait donc plus un jugement.
Pour comprendre ce quest la modalité dun jugement on peut faire un syllogisme
1.Si le mur est vert alors il est horrible 2.Le mur est vert 3.Le mur est horrible (et il est vrai quil létait)
Le premier jugement est problématique », il exprime une chose possible, les deux autres sont assertoriques, car il exprime des faits », des vérités de faits.
On découvre la modalité dun jugement en regardant le rapport quil entretient avec les autres jugements. La modalité est le rapport quun jugement entretient avec mes autres connaissances. Ce nest pas dans le sens où le mur peut être vert comme ne pas lêtre que le premier est problématique (la relation hypothétique » exprime cela), mais simplement dans le sens où cest un jugement qui a besoin dautres jugements. Les jugements apodictique,
entretiennent bien une relation différente aux autres connaissances puisquils sont nécessaire à priori (exemple : le tout est plus grand que la partie) et quils ne sont donc pas complémentaire » dautres jugement. Nous avons effectivement fait de la logique pure lorsque nous avons analysé ce jugement, nous avons considéré simplement sa forme et non sa relation à un objet de lexpérience. Nous ne nous sommes pas prononcés sur le fait que la liaison avec lobjet que le jugement considère était correcte ou non. •Cest précisément ici que sarticule la table des fonctions logiques du jugement avec la thèse de lisomorphisme. CEST LA MEME ACTIVITE QUI SEXPRIME DANS LANALYSE DES FONCTIONS LOGIQUES DU JUGEMENT QUE CELLE QUI SEXPRIME DANS LA SYNTHESE DU DIVERS DE LINTUITION. Lorsque lentendement se donne des règles fondamentales (qui sont conceptuelles) pour organiser le divers de lintuition il réalise exactement la même activité que lorsquil juge. •Sil y a isomorphisme alors on peut dériver de la table des formes logiques du jugement (table des différentes activités possible de lentendement humain)la table des catégories pures de lentendement, les concepts purs de lentendement. Le fil conducteur » est donc bien la thèse de lisomorphisme permettant détablir le parallèle entre les formes des jugements et lactivité synthétique fondamentale de lentendement lorsquil organise le divers de lintuition. (la thèse de lisomorphisme est en page 162 paragraphe 3) •Mais la thèse de lisomorphisme reste encore problématique, la logique pure nous a simplement fourni la clé permettant détablir la table des fonctions logique du jugement. Cependant la thèse de lisomorphisme affirme que la table des jugements possibles correspond aux règles fondamentales de synthèse de notre entendement, c'est-à-dire aux règles auxquelles obéit notre spontanéité lorsquelle organise le divers donné dans lintuition. Ce quil reste à prouver cest que la table des catégories de notre entendement exprime bien la forme logique des objets de lexpérience possible.C'est-à-dire que la structure fondamentale de lentendement est aussila structure fondamentale de toute réalité que nous pouvons observer dans lexpérience. En fait, ce que la déduction métaphysique ne fait pas, cest de montrer en quoi les règles fondamentales de lentendement sont aussi les règles dorganisation de toute réalité. Cette tache reviendra à la déduction transcendantale, qui doit prouver la validité objective » des catégories. La tache devra donc montrer que les règles de synthèse de lentendement ne sont pas uniquement subjectives (dans le sens où ce sont les règles auxquelles obéissent notre propre pensée) mais sont aussi les règlesobjectivesdorganisation du réel.
Cest le projet de la révolution copernicienne qui est ici lenjeu, montré en quoi la structure unificatrice de lentendement NEST PAS ARBITRAIRE MAIS NECESSAIRE EN VUE DE LA REALITE MEME. (Pb de la déduction transcendantale p172 bas de page) •Introduction à la déduction transcendantale(p177-178) •La notion de déduction et le droit : Paragraphe 13. Une réflexion sur le droit est nécessaire pour comprendre les enjeux de la pensée de Kant dans la déduction transcendantale. La notion même de déduction est à comprendre en terme juridique, il ne sagit pas dune déduction logique, dune démonstration. Mais plutôt dune déduction concernant la légitimité de lutilisation dun concept, la déduction répond à la question de quel droit jutilise un tel concept dans les faits ? ». Dans le système judiciaire anglais, à lépoque de Kant, on distinguait 2 types de juges :
Les juges de faits, cette partie soccupait de savoir ce qui était réellement arrivé, sans jugé lacte en fonction du droit. Elle répond à la question quid facti », que sest il passé ?
Les juges de droit, cette partie devant, une fois les fait établis, juger ce que doit faire le droit en fonction de ces faits. Elle répond à la question quid juris », que dit le droit à propos dun tel fait ?
Kant explique que lon peut expliquer lorigine de nos concepts en général de façon analogue à ces deux questions. Pour justifier lutilisation de concepts on peut soit montrer comment on en a reçu la possession », c'est-à-dire comme nous lavons acquis par lexpérience (cest comme cela que lon expliquera lutilisation du concept de pupitre, par exemple). Ce type de déduction sera une déduction empirique.
Mais les concepts purs de lentendement (les catégories) ne peuvent se déduire dune telle manière car nous ne les acquérons pas par lexpérience. Il faut donc une déduction particulière pour justifier lutilisation, dans les faits, des catégories. Ce sera la déduction transcendantale, elle répondra donc à la question Quest ce qui légitime lutilisation dans les faits de concepts qui ne sont pas issus des faits ? ». (cf. texte de Dieter Henrich (voir bibliographie) dans lequel lauteur soutient la parenté entre la déduction transcendantale et les déductions » faites dans le cadre des procès à lépoque de Kant. Selon lui, la structure même de la déduction correspondà la structure des déductions juridiques de lépoque).
Exemple : pour expliquer la possession dune propriété on peut soit se référer a lhistoire (héritage) soit se référer au droit divin par exemple, c'est-à-dire, trancher et instaurer un fait dans le droit sans le légitimer par lexpérience. Cest un peu le même problème qui occupe Kant, comme justifier lutilisation et la possession de choses que nous navons pas acquiert dans lhistoire mais de façon pure a priori.
Trois points sont à retenir :
1.On peut expliquer empiriquement certains concepts (les déduire » empiriquement) mais on ne peut déduire les catégories de cette manière, elles feront lobjet dune déduction particulière (transcendantale). 2.La déduction transcendantale est possible 3.Elle est nécessaire. Veuillez excuser la longueur mais le cours était difficile et complexe, et donc pas facile à résumer Merci !