P. M. A. Dumoutier et la collection phrénologique du Musée de l Homme - article ; n°5 ; vol.7, pg 289-308
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1956 - Volume 7 - Numéro 5 - Pages 289-308
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 56
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

(E. H.) Ackerknecht
P. M. A. Dumoutier et la collection phrénologique du Musée de
l'Homme
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, X° Série, tome 7 fascicule 5-6, 1956. pp. 289-308.
Citer ce document / Cite this document :
Ackerknecht (E. H.). P. M. A. Dumoutier et la collection phrénologique du Musée de l'Homme. In: Bulletins et Mémoires de la
Société d'anthropologie de Paris, X° Série, tome 7 fascicule 5-6, 1956. pp. 289-308.
doi : 10.3406/bmsap.1956.9731
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1956_num_7_5_9731M. A. DUMOUT1ER ET LA COLLECTION P.
PHRÉNOLOG1QUE DU MUSÉE DE L'HOMME
par Erwin H. ACKERKNECHT
Professeur d'Histoire de la Médecine à l'Université Madison (U.S. A.)
Dans une publication récente, écrite en collaboration avec le
Dr H. Vallois (François Joseph Gall et sa collection. Mém. du
Muséum National d Histoire Naturelle, série A, Zoologie, t. X,
fasc. 1, 92 p., Paris, 1955), nous avons examiné l'élément le plus
connu de la collection dite phrénologique du Musée de l'Homme.
Avec ses 221 crânes, 102 bustes et 31 moulages de cerveaux, la
collection Gall ne forme pourtant qu'un tiers de cette collection.
Presque ses deux tiers (133 crânes, 376 bustes et 107 moulages
de cerveau) viennent de P. M. A. Dumoutier. Cette collection,
ainsi que 193 crânes et 61 bustes ethniques, a été achetée par le
Muséum en 1873 d'un sieur Barbier, propriétaire du local, où
Dumoutier avait installé un établissement phrénologique (1).
Le Laboratoire d'Anthropologie du Musée possède aussi trois
forts volumes manuscrits portant le titre Collections anthropolo
giques du Muséum (tome I : Personnages célèbres ; tome II :
Criminels ; tome III : Aliénés, idiots) dans lesquels Dumout
ier a rassemblé une documentation biographique assez curieuse
sur les pièces de sa collection phrénologique (2). Les contempor
ains de Dumoutier, qui reconnaissaient l'importance des docu
ments ethniques ramenés par lui d'Océanie, pouvaient difficil
ement prévoir que cent ans plus tard, en dépit de la disparition
totale de la phrénologie, sa collection phrénologique aurait
acquis un intérêt scientifique au moins aussi grand. Grâce à
(1) E.-T. Hamy. La Collection anthropologique du Muséum National d'Histoire
Naturelle. L'Anthropologie, t. 18, 1907, p. 267.
(2) La présence dans ces volumes de 70 biographies, dont on ne trouve plus de
pièces correspondantes dans la collection, semble indiquer ou la perte totale de ces ou leur présence les nombreuses pièces non-identifiées.
BULL. ET MÉM. SOCIÉTÉ ANTHROP. DE PARIS, T. 7, 10e SÉRIE, 1956. 21 290 société d'anthropologie de paris
Dumoutier, nous possédons des moulages ou crânes de grands
Hommes politiques (par exemple Benjamin Constant, les géné
raux Foy et Lamarque, Manuel, Casimir Périer), de Théoriciens
(Saint-Simon, Saint- Vincent, Bazard), Raspail, Herschel, de grands Laplace, Hommes Zach), de science ou de médec(Bory
ins (Broussais, Chervin, Portai, Chaussier) ou d'artistes (le
mime Debureau), ainsi que de fameux criminels (Courvoisier,
Fieschi, Lemoine) ou aliénés (Théroigne de Méricourt, etc.) de
l'époque.
Dumoutier était un phrénologiste orthodoxe, pas un penseur
original. Donc tout ce que nous avons dit des bases idéologiques
de la collection Gall et de ses utilisations scientifiques possibles
se rapporte aussi à la collection Dumoutier et il serait inutile de
le répéter ici. Le but de cet article est plutôt de faire connaître
aux anthropologistes le peu que nous avons pu apprendre sur la
vie de ce modeste collectionneur (3) qui a pourtant tant enrichi
les collections ethniques et anthropologiques du Musée, et de
mettre à la disposition des chercheurs une liste de toutes les piè
ces de cette importante collection phrénologique qui portent un
nom, et sur lesquelles par conséquent nous possédons le plus
souvent quelques éléments biographiques.
Pierre Marie Alexandre Dumoutier était né à Paris le 21 no
vembre 1797. Étudiant la médecine dans sa ville natale, il fut
pendant quelque temps aide d'anatomie à la Faculté, mais il
semble qu'il n'ait pas fini ses études. Son nom ne figure ni sur
la liste des thèses de la Faculté, ni sur la liste des Docteurs en
médecine des Almanachs Royaux. Pendant des années il fut
professeur libre d'anatomie. Grâce à ces activités, il devint en
1827 membre titulaire de la Société anatomique de Paris. Le
deuxième tome des Bulletins de cette société (1827, p. 19) men
tionne la démonstration d'un crâne par Dumoutier. Entre 1838
et 1846, son nom se trouve sur la liste des membres correspon
dants de la Société.
Vers 1820, il semble qu'il ait assisté aux cours de Spurzheim
et qu'il ait commencé sa carrière de phrénologiste et de colle
ctionneur. En 1822, il habitait 32 rue de l'École-de-Médecine (4).
En 1831, il fut un des fondateurs de la Société phrénologique
où ses interventions étaient nombreuses. Très rapidement il
devint un des phrénologistes les plus en vue de la capitale. En
1835, il habitait 37 rue de Seine où, le 14 janvier 1836, il inau-
Mlle au (3) cours Madier, Nous de signalons de ces la études, Bibliothèque avec chez gratitude M. du le Muséum. commandant le précieux support Emmanuel que Davin, nous avons de Toulon, trouvé, et
(4) La plupart de ces faits sont tirés de notes éparses dans le manuscrit « Collec
tions Anthropologiques ». COLLECTION DU MUSÉE DE L'HOMME 291 ACKERKNECHT.
gurait son « Musée de Phrénologie » qui servait aussi de centre à
l'enseignement phrénologique et de siège social de la Société
phrénologique (5). En 1842, à son retour de l'expédition de Du-
mont d'Urville (1837-1840) qu'il accompagna comme phrénolo-
giste, Dumoutier vivait toujours 37 rue de Seine.
A partir de là nous perdons sa trace. Nous savons qu'il était
toujours vivant, âgé alors de 57 ans, en 1854, date à laquelle
était publié sous son nom le volume Anthropologie dans la série
des 22 tomes du « Voyage au Pôle Sud et en Océanie sur les cor
vettes l'Astrolabe et la Zélée » (éd. Gide et J. Baudry, Paris).
En réalité, le volume fut écrit par Blanchard, « Dumoutier lui-
même ayant été reconnu incapable de toute rédaction suivie » (6)
et, à en juger le contenu du livre, n'y ayant même pas collaboré.
Le nom de Dumoutier ne figure ni sur la liste des membres de la
Société d'Anthropologie de Broca, fondée en 1861, ni sur celle
de la Société d'Ethnographie, fondée en 1859. Nous ignorons
quand Dumoutier est mort et quand a eu lieu la catastrophe
financière qui rendit le sieur Barbier propriétaire de ses collec
tions. Il était apparemment déjà mort quand le Muséum acheta
ses collections en 1873.
A en juger par les bustes d'hommes politiques de sa collection,
Dumoutier avait, comme la plupart des phrénologistes, des ten
dances libérales. Dumoutier était marié et père de deux filles
(Angéline et Valérie). Une lettre de 1841, trouvée dans les Ar
chives du Muséum, parle d'une mère octogénaire, malade mais
encore vivante.
Le grand événement de la vie de Dumoutier fut sans doute sa
participation à l'expédition de l'amiral Jules-Sébastien-César
Dumont d'Urville dans l'Antarctique et en Océanie comme «pré
parateur d'anatomie et phrénologiste » (7). Après l'épidémie de
dysenterie qui frappa l'expédition en 1839 entre Java et la Tas-
manie et tua un tiers des matelots et des officiers de l'« Astrolabe»
et de la « Zélée », Dumoutier fit également office de chirurgien auxil
iaire de 2e classe (8), la situation médicale étant encore compli
quée par le conflit entre l'amiral et le chirurgien Le Guillou (9).
Ce voyage qui dura trois ans (7 septembre 1837-6 novembre
1840) et était la troisième circumnavigation du globe de Dumont
d'Urville, les mena de Toulon, Ténériffe et la Patagonie, dans
l'Antarctique (Terre Louis-Philippe). L'amiral, remontant vers
le Chili et passant par les îles Gambier, les Marquises, Tahiti,
(5) S. J. Otterburg. Das Medizinische Paris. Paris, 18

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