Pourquoi lire École de Francfort aujourd hui ? - article ; n°1 ; vol.49, pg 55-79
26 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Pourquoi lire École de Francfort aujourd'hui ? - article ; n°1 ; vol.49, pg 55-79

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
26 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Quaderni - Année 2002 - Volume 49 - Numéro 1 - Pages 55-79
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 117
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Christian Bouchindhomme
Pourquoi lire "École de Francfort" aujourd'hui ?
In: Quaderni. N. 49, Hiver 2002-2003. pp. 55-79.
Citer ce document / Cite this document :
Bouchindhomme Christian. Pourquoi lire "École de Francfort" aujourd'hui ?. In: Quaderni. N. 49, Hiver 2002-2003. pp. 55-79.
doi : 10.3406/quad.2002.1566
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/quad_0987-1381_2002_num_49_1_1566Dossier
Cette question qui, pour tout philosophe ou tout
pourquoi lire
sociologue, peut paraître aller de soi, n'en souffre
pas moins de deux travers que je tiendrais pour
symptomatiques de ce qui concerne la dite TÉcole de
"École".
Francfort11
D'une part, en effet, elle témoigne d'un surprenant
excès de "confiance", en posant qu'une "école",
quelle qu'elle soit, puisse être un "auteur".
aujourd'hui ?
D'autre part - et cela est plus spécifique à la
réception française de que l'on désigne par "École
de Francfort" -, elle joue sur une double
imprécision : "pourquoi" signifîe-t-il "à quoi
bon ?", "à quelle fin ?" (en allemand : wozu ?), ou
"pour quelle raison ?" (en : warum ?) ; Christian
"aujourd'hui" suppose-t-il un "hier", ce qui
Bouchindhomme reviendrait alors à se demander : 'Taut-il continuer
de lire l'École de Francfort ?", ou est-il pris dans
l'absolu : "Pourquoi se mettrait-on à lire Professeur de philosophie
aujourd'hui l'École de Francfort ?". Traducteur
Qu'on ne se méprenne pas, je ne suggère pas que
les auteurs du libellé de la question seraient des
béotiens qui se seraient laissés aller à une
formulation aventureuse ; je crois au contraire
qu'ils ont recherché la formulation adéquate la
plus large et la plus immédiatement saisissable
dans le contexte français. Elle fourmille donc des
implicites - et des malentendus - dont chacun
peut l'investir.
Pour tenter de tirer au clair ces implicites et ces
malentendus, il nous faut donc une fois de plus
tenter de répondre à cette question élémentaire,
et néanmoins bien enchevêtrée : quelle réalité
recouvre l'appellation "École de Francfort" - dont
on ne peut nier qu'elle soit "reconnue" ?
QUADERNI N°49 - HIVER 2002/2003 L'ECOLE DE FRANCFORT AUJOURD'HUI ? 55 deux, assez brefs, écrits par des auteurs français
- Paul-Laurent Assoun et Jean-Marie Vincent - ;
Les ouvrages ne manquent pas, minces ou épais, deux autres, monumentaux, écrits, le premier par
un Américain - Martin Jay -, le second par un consacrés à l'histoire difficile de ce groupe
Allemand - Rolf Wiggershaus1. Le nombre de d'intellectuels, pour la plupart allemands, juifs et
inspirés par le marxisme, qui, à partir du milieu des pages n'est pas le contraste le plus significatif
années vingt du vingtième siècle, se regroupèrent entre les deux auteurs français et leurs
en un institut (Institut fur Sozialforschung) - homologues américain ou allemand. C'est bien
dans leur rapport à l'objet "École de Francfort" rattaché, bien que de fonds privés, à l'université
qu'il apparaît le plus net. Il suffit pour en juger de Francfort-, qui durent, en 1933, quitté
d'observer comment cet objet est identifié. l'Allemagne ; l'Allemagne, Francfort, où
quelques-uns cependant se réinstallèrent après
la guerre pour refonder un nouvel institut, public Dès 1973, Martin Jay écrit, dans une note de son
"Introduction" : "Dans ce qui suit, nous cette fois et dépendant directement de
parlerons indistinctement de "l'Institut" ou de l'Université, où furent accueillis de jeunes
V'École de Francfort" pour la période d'avant chercheurs qui prolongèrent le mouvement
engagé dans les années vingt. Les auteurs de ces 1933. Il faut bien comprendre, toutefois, que
l 'idée d 'une "École " spécifique ne se développa monographies ont tous recouru pour désigner la
totalité de l'histoire de ce groupe à l'appellation qu'après que l'Institut eut été forcé de quitter
Francfort (l'expression "École de Francfort" "École de Francfort", non seulement sans que ce
elle-même ne fut utilisée qu'après le retour de soit contesté mais encore de telle manière que
l'appellation n'a pu que s'en trouver un peu plus l'Institut en Allemagne en 1950). Nous verrons
dans le premier chapitre de cet ouvrage que la consacrée. Au demeurant, pour ce qui est de la
commune référence au "marxisme" dans la consécration de l'expression, Jûrgen Habermas
lui-même - qui fut recruté par l'Institut au milieu période de Weimar couvrait à l'Institut des
positions bien trop diverses pour qu 'il soit des années cinquante et le dirigea dans les années
quatre-vingts - n'a pas manqué d'y contribuer possible à l'historien d'identifier la position
puisqu'il est l'auteur d'un texte intitulé "Die drei théorique de l'Institut à cette époque-là et celle
Thesen zur Wirkungsgeschichte der Frankfurter de l'École de Francfort proprement dite, telle
Schule" [Les trois thèses qui rendent compte de qu'elle s'élabora au cours des années
l'impact de l'École de Francfort]. suivantes "2.
Bien qu'il ait eu connaissance de l'ouvrage de Soit, mais d'un usage à l'autre des réalités
différentes peuvent être induites. Je mentionne Jay3, Jean-Marie Vincent, en 1 976, dans la première
ci-dessus plusieurs ouvrages consacrés à étude d'une certaine importance consacrée en
français à P"École de Francfort" prend sans le l'"École de Francfort". Pour illustrer mon propos,
dire le contre-pied de l'historien américain : j'en évoquerais plus précisément quatre,
disponibles dans la bibliographie francophone : "L 'École de Francfort a connu et connaît, écrit
56 L'ECOLE DE FRANCFORT AUJOURD'HUI ? QUADERNI N"49 - HIVER 2002/2003 "problématicité" - il se réfère au passage, lui Vincent d'entrée de jeu, une fortune
extraordinaire dans les milieux intellectuels du aussi, au travail de Martin Jay -, mais c'est pour
monde occidental, particulièrement dans les établir à l'issue de sa brève démonstration que
pays anglo-saxons et de langue allemande. Le "L 'École de Francfort est donc le label qui sert
phénomène s'explique aisément, si l'on à repérer un événement (la création de l 'Institut),
considère que les principaux représentants de un projet scientifique (intitulé "philosophie
l'école, Adorno, Horkheimer, Marcuse sociale"), une démarche (baptisée "Théorie
apparaissent à la fois comme des continuateurs critique"), enfin un courant ou mouvance
de la grande tradition philosophique allemande théorique à la fois continue et diverse "6, validant
et comme des critiques intransigeants de la du même coup ce qu'il avançait quelques pages
en amont, à savoir qu'il y eut bien "école", et que culture et de la civilisation bourgeoises
actuelles. [...] Cette image qui ne rend pas celle-ci aurait porté sur "son acte de baptême :
compte de la complexité de la Théorie critique, Francfort, 1923 "7.
mais reflète bien certains de ses derniers
développements, a quelque chose de très Rolf Wiggershaus, enfin, est plus précis que Martin
paradoxal pour un courant de pensée qui, à Jay ; après avoir admis, un peu comme Paul-
l 'origine, se préoccupait essentiellement de Laurent Assoun, que le label "École de Francfort"
l'unité de la théorie et de la pratique et qui, de déclenchait des associations d'idées qui
ce fait, liait son sort au mouvement ouvrier et rendaient problématique l'identification de la
révolutionnaire. C'est pourquoi il apparaît réalité recouverte par le label, il admet certes que,
désormais, 1' "étiquette est devenue partie indispensable, avant tout autre examen de
s 'interroger sur la situation du mouvement intégrante de l'histoire de l'influence de ce
révolutionnaire et de son arme théorique, le qu 'elle désigne, etqu 'on ne peut plus la rejeter",
marxisme lors des années d

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents