Problèmes de typologie dans la classification des langues non bantu de l Afrique du Nord-Est - article ; n°1 ; vol.30, pg 57-74
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Problèmes de typologie dans la classification des langues non bantu de l'Afrique du Nord-Est - article ; n°1 ; vol.30, pg 57-74

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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1960 - Volume 30 - Numéro 1 - Pages 57-74
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 81
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

A. N. Tucker
Problèmes de typologie dans la classification des langues non
bantu de l'Afrique du Nord-Est
In: Journal de la Société des Africanistes. 1960, tome 30 fascicule 1. pp. 57-74.
Citer ce document / Cite this document :
Tucker A. N. Problèmes de typologie dans la classification des langues non bantu de l'Afrique du Nord-Est. In: Journal de la
Société des Africanistes. 1960, tome 30 fascicule 1. pp. 57-74.
doi : 10.3406/jafr.1960.1916
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1960_num_30_1_1916PROBLÈMES DE TYPOLOGIE DANS LA
CLASSIFICATION DES LANGUES NON BANTU
DE L'AFRIQUE DU NORD-EST1
PAR
A. N. TUCKER
La classification typologique des langues, d'après leur structure
générale, a été utilisée, avec des résultats inégaux, en linguistique
africaine, parfois comme accompagnement, parfois indépendamment
des comparaisons de vocabulaires. Son grand succès est le domaine
bantu : là le système de classes nominales, les types de conjugaison
et de dérivation verbales constituent des critères sûrs, appuyés, au
surplus, sur un abondant répertoire de racines communes (Urbantu
reconstitué par la phonétique historique de Meinhof, bantu commun
établi par la méthode synchronique de Guthrie).
Partout ailleurs les tentatives faites par Meinhof et ses contempor
ains pour établir d'autres familles ont échoué. Le prétendu hami-
tique commun de Meinhof est aujourd'hui discrédité : l'auteur n'a
jamais pu parvenir à présenter un vocabulaire proto-hamitique con
vaincant et ses critères typologiques ont été démolis par Greenberg.
La famille soudanaise de Westermann avait pour soubassement un
lexique Ursoudanais, fondé, il l'admettait lui-même, sur une série de
devinettes, et une liste de critères typologiques « soudanais » sans plus
de valeur ; ce qui en reste de positif c'est l'attention attirée sur les
correspondances du groupe soudanais occidental avec le bantu, exploi
tées depuis par Greenberg pour fonder sa famille Niger-Congo.
Qu'étaient donc ces critères typologiques hamitiques et soudanais,
et pourquoi n'ont-ils pas résisté comme les critères bantu à l'épreuve
du temps ? Alice Werner les a résumés dans The Language Families
of Africa (1925) et Structure and Relationship of African Languages
(1930) ; Westermann les a repris dans Charakter und Einteilung der
1. Cet article a été écrit en anglais, et je voudrais exprimer mes sincères remerciements à mon
collègue et ami P. Alexandre pour le service qu'il m'a rendu en le traduisant en français. Illustration non autorisée à la diffusion DANS LA CLASSIFICATION DES LANGUES NON BANTU 59 TYPOLOGIE
Sudansprachen (Africa, 1935) et m'a aidé à les réénoncer dans les
chapitres d'introduction des Eastern Sudanic Languages (1940). Je
les rappelle brièvement :
— Soudanais : 1) les langues soudanaises sont monosyllabiques ;
les racines sont du type CV ; 2) ce sont des langues isolantes à syntaxe
de position ; 3) les tons sont à la fois lexicaux et morphologiques ;
4) les consonnes caractéristiques sont les implosives et les labio-
vélaires (/kp/, /gb/) ; 5) il n'y a pas de genre grammatical; 6) les
formatifs nominaux ne sont pas nombreux, alors que les noms compos
és le sont ; 7) le singulier des noms ne se distingue normalement pas
du pluriel ; 8) il n'y a pas de cas nominaux ; 9) il n'y a pas de verbes
dérivés, mais il y en a de composés ; 10) le thème verbal est invariable
en personne et en nombre, ces notions étant indiquées par la préfixa
tion du pronom approprié ; 11) le mode n'existe pas, les temps sont
marqués non par des flexions du thème mais par affixation de par
ticules séparables ; 12) il n'y a pas de thème passif spécialisé ;
13) l'ordre typique de l'énoncé est soit sujet-verbe-objet, soit sujet-
objet- verbe ; 14) dans la construction genitive le possesseur précède le
possédé ; 15) l'adjectif peut soit précéder, soit suivre le nom qualifié.
— Hamitique : 1) les racines étymologiques hamitiques consistent
en deux ou trois consonnes, les radicaux pouvant être mono-, di-,
ou trisyllabiques ; 2) les langues hamitiques sont à la fois flexion-
nelles et agglutinantes : la plupart des formatifs sont des affixes,
mais les alternances vocaliques internes sont fréquentes ; 3) l'accent
tonique est plus important que les tons musicaux ; 4) les consonnes
caractéristiques sont les gutturales ou Presslaute et les prétendues
emphatiques, tout comme en sémitique ; 5) il existe un genre gram
matical — masculin : féminin — et la polarité est fréquente ; 6) les for
matifs nominaux sont nombreux ; 7) le pluriel se distingue du singulier
notamment par des suffixes ; 8) la relation de cas est souvent indiquée
par des suffixes, appliqués soit au nom, soit au verbe ; 9) la dérivation
verbale se fait surtout par suffixation ; 10) le nombre et la personne
sont marqués par des affixes dans la conjugaison ; 11) les temps sont
nombreux et indiqués par affixation ; 12) il y a un thème passif
spécial, formé par suffixation ; 13) l'ordre typique de l'énoncé est
verbe-sujet-objet ; 14) dans la relation genitive le possesseur suit le
possédé, souvent avec une particule connective entre les deux ;
15) l'adjectif suit le nom qualifié.
Depuis ces publications, Greenberg a adopté, dans ses Studies in
African. Linguistic Classification (1950) une approche nouvelle, enti
èrement fondée sur la comparaison des mots et des morphèmes. Sa
théorie n'a pas encore reçu de vérification philologique — aucun voca- 60 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
bulaire de formes communes ou Urformen, aucune table de mutations
phonétiques — mais cependant donne de la réalité linguistique afri
caine une image plus plausible que beaucoup de celles qui l'ont pré
cédée x. Elle a, en outre, le grand mérite d'avoir détaché beaucoup
de langues — tel le Peul — d'associations trop longtemps tenues pour
acquises sans preuves suffisantes, et de remettre en cause la perti
nence de beaucoup de critères typologiques. C'est ainsi, par exemple,
que la simple existence dans deux langues d'un genre grammatical
ne suffit plus à démontrer leur apparentement.
Dès l'origine, d'ailleurs, les mailles du tamis typologique soudanais
s'étaient avérées trop lâches pour séparer, par exemple les langues
Moru-Mangbetu des langues Ndogo-Sere, Zande et Banda, bien qu'on
se fût clairement rendu compte qu'elles devaient, en toute vraisem
blance, être classées séparément 2.
Doit-on, dès lors, reconnaître aux critères typologiques une validité
quelconque pour la classification des langues non bantu, et, si oui, à
quel niveau ? C'est la question que Miss Bryan et moi avons dû nous
poser constamment en procédant . aux analyses linguistiques qui
forment la base principale de notre classification des langues non
bantu de l'Afrique du Nord-Est. Nous avons procédé essentiellement
par comparaisons de vocabulaires, donc à un niveau relativement
peu élevé. Le dessein du Handbook de l'Institut International Africain
n'est pas, en effet, d'aller au-delà d'une classification de l'évident.
Dans certains cas, où nous ne disposions que de peu ou pas de données,
nous avons été contraints de nous fier au jugement d'autres auteurs.
C'est ainsi que des matériaux reçus après coup nous ont indiqué que
les groupes Bua et Somrai auraient dû être regroupés alors que le
Geleba doit être séparé du Couchitique.
Les données typologiques peuvent intervenir à ce point, pour ren
forcer d'évidentes affinités lexicales, ou pour subdiviser des groupes
fortement apparentés lexicalement. Dans notre nouvel ouvrage nous
avons sélectionné notre matériel syntaxique, grammatical et phoné
tique dans une double intention :
— en premier lieu donner un bref aperçu du mécanisme de langues
représentatives de chacune des unités classificatoires définies dans le
Handbook ;
— en second lieu procurer des matériaux utiles aux chercheurs en
quête de données typologiques ou désireux de suivre certains phéno
mènes à travers une zone donnée.
En vue d'atteindre ce double objectif, nous avons retenu les quinze
1. Bien que Je ne puisse accepter toutes ses conclusions, surtout en ce qui concerne le bantu

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