Puškin et la conclusion du Second Faust - article ; n°1 ; vol.47, pg 95-107
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Description

Revue des études slaves - Année 1968 - Volume 47 - Numéro 1 - Pages 95-107
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur André Meynieux
Puškin et la conclusion du Second Faust
In: Revue des études slaves, Tome 47, fascicule 1-4, 1968. Communications de la délégation française au VIe
Congrès international des slavistes (Prague, 1968). pp. 95-107.
Citer ce document / Cite this document :
Meynieux André. Puškin et la conclusion du Second Faust. In: Revue des études slaves, Tome 47, fascicule 1-4, 1968.
Communications de la délégation française au VIe Congrès international des slavistes (Prague, 1968). pp. 95-107.
doi : 10.3406/slave.1968.1960
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1968_num_47_1_1960PUSKIN
ET LA CONCLUSION
DU SECOND FAUST
PAR
ANDRÉ MEYNIEUX
A. Puškin et Gœthe
L'importance du sujet dépasse de beaucoup les limites imposées aux con
tributions. Par suite, le présent rapport ne peut être conçu que comme une
ébauche, une hypothèse, en vue de recherches ultérieures. Il est surtout
destiné à enrichir de suggestions nouvelles les immenses bibliographies gœ-
théenne et pouchkinienne.
J'ai déjà commenté ailleurs l'intérêt de Puškin pour Gœthe connu de lui
dès le lycée M et pour son Faust, qui pouvait l'avoir attiré depuis juillet 1822 (2).
B. Puškin, Žukovskij et Gœthe
Puškin était l'ami personnel de depuis le printemps 1815 ^.
De son côté, selon Fritz Strich, Gœthe a connu Žukovskij par l'anthologie
anglaise de Bowring en 1821, et Žukovskij lui-même fit, la même année, une
première visite à Weimar et produisit sur Gœthe une forte impression ^\
avant le séjour du début de septembre 1827, dont il est question dans les Entre
tiens avec le Chancelier de Muller ^K
(1) Voir André Meynieux, Cahiers d'Études littéraires (nos 4-7), Pouchkine homme de lettres
et la littérature professionnelle en Russie, Paris, 1966, p. 436 et notes 28, 29, ainsi que p. 437.
Gté dans la suite comme C.E.L., 4-7.
<« IbicL, p. 436.
W Ibid.,p. 61.
<4> Fritz Strich, Gœthe und die Weltliteratur, Bern, 1946, éd. A. Francké A. G. [= Strich],
p. 339.
(5) Gœthe, Entretiens avec le chancelier F. de Muller, traduction. . . et notes par Albert
Béguin, Paris, 1930, Stock [= Muller], n°8 373 à 376, p. 225 à 228. 96 ANDRÉ MEYNIEUX
С. La gestation du Second Faust
et la Scène tirée de Faust de Puškin
Selon Cjavlovskij, les premiers fragments relatifs à Faust, « Dis-moi, quelles
incantations », écrits par Puškin, pourraient remonter déjà à juillet 1822 M,
en tout cas en 1825 était achevée la fameuse Scène tirée de Faust, qui a fait
couler tant d'encre ^, c'est-à-dire à une époque où le second Faust de Goethe
n'était pas encore écrit.
Même si, d'après les travaux des spécialistes récents comme W. Emrich ^,
certaines parties étaient déjà rédigées ou esquissées dès le début de 1825, voire
plus tôt, dès avant 1800, c'était essentiellement dans les Paralipomènes ou sous
forme de brouillons auxquels Puškin n'a pu avoir accès. Il n'a pu connaître
que l'épisode d'Hélène qui appartient au futur acte III, et déjà publié lors de
la seconde visite de Žukovskij à Weimar en 1827.
Mais, mettant les comparatistes sur la voie de précieuses recherches, le pro
fesseur N. Fatov déclare : « Selon certaines informations, Puškin, par le tr
uchement de Žukovskij, a envoyé sa « Scène » à Goethe en personne. En 1827,
Žukovskij fut à Weimar et transmit à Goethe l'œuvre de Puškin, et, probable
ment, a parlé de Puškin assez longuement avec Gœthe » ^4).
D'après les informations transmises par Annenkov et Mme Smirnov, Goethe
adressa à Puškin son salut et sa plume, que Puškin gardait soigneusement.
L'ami de Puškin, N. V. Našcokin, racontait la même chose à Bartenev &.
De toute façon, il est utile de comparer la Scène tirée de Faust avec la con
clusion que donne Gœthe lui-même à son œuvre après 1830, dans quelques
scènes du Second Faust, pour se convaincre que non seulement il n'est pas
impossible, mais qu'il est même assez probable que Gœthe ait connu la Scène
tirée de Faust de Puškin et qu'il s'en soit inspiré, ne fût-ce que par contraste
ou réminiscence.
Il s'agit essentiellement de l'acte IV, et tout d'abord de la scène même entre
Faust et Méphistophélès (Haute Montagne) (6) et de quelques scènes de l'acte V,
t1) M. A. Cjavlovskij, Letopis' íizni i tvorčestva A. S. Puškina, I (seul volume paru à ce jour),
M., 1951 [= LŽT], p. 351.
(2) A. Meynieux, C.Ě.L., 4-7, p. 436437, n. 29.
<3> Wilhelm Emrich, Die Symbolik von Faust II, Sinn und Vorformen, 3e édition, Frankfurt
(M)-Bonn, 1964, Athenäum Verlag [= Emrich], p. 438.
<4> N. N. Fatov, Cours spécial sur Puškin : La période de Michajlovskoe, 2e partie (Leçon 17),
Černovcy, 1960, 73 pages. Voir aussi : C.É.L., 4-7, p. 374, n. 135. Confirmé par Strich, p. 339
et suiv.
(в) Cf. Récits sur Puškin, écrits d'après les paroles de ses amis par P. I. Bartenev, en 1851-
1860, M., 1925, p. 43. Strich confirme (p. 341-342). Il ajoute que Gœthe joignit à l'envoi des
vers, que cite Strich. Gœthe d'ailleurs répétera le même geste avec Mickiewicz en 1828 (ibid.,
p. 345).
<6) Gœthe, Faust, traduit et préfacé par Henri Lichtenberger, 1 vol.; Faust, deuxième partie,
id., 2 volumes, collection bilingue des classiques étrangers, Paris, s. d., Aubier (réimpression
photomécanique) [= Lichtenb., 1, 21 ou 22].
Faust, der Tragedie zweiter Teil, Vierter Akt, Hochgebirge [lichtenb., 22]. PUŠKIN ET LE SECOND FAUST 97
les premières, mais, peut-être, les dernières écrites. Dans la Scène de Puškin,
Faust et Méphistophélès confrontent leur «idéal », si l'on peut dire, en parlant
de Méphisto, en une vive controverse. On se rappelle les principaux thèmes de
cette scène : Faust, en proie à l'ennui, demande à Méphistophélès un moyen
d'y échapper. Il trouve un Méphisto décourageant dont Faust apprécie peu
les sarcasmes. Méphisto finit par lui dire :
Tu désirais la gloire et tu l'as eue,
Être amoureux, et tu le fus
Tu as goûté tous les dons de la vie,
Mais as-tu connu le bonheur (1)?
et entreprend de le persuader que non. Faust reconnaît aisément que la science
est trompeuse, la gloire fallacieuse, mais il considère encore comme un bien
véritable l'union de deux âmes ^2) et s'attendrit au souvenir de Gretchen, ce qui
lui vaut un redoublement de sarcasmes de la part de Méphistophélès. Indigné
de son cynisme, Faust le chasse. C'est alors que son nihilisme se manifeste
dans toute sa pureté. Il s'était déjà manifesté récemment (3'.
Un trois-mâts espagnol apparaissant à l'horizon, Faust donne l'ordre à
Méphisto, qui ne peut s'éloigner sans un ordre à exécuter, de noyer cette mar
que du hideux matérialisme bourgeois du commerce « occidental » colonisateur.
Cette « fin sans intérêt. . . sur le trois-mâts » ^ sert au contraire d'aimant à
la critique soviétique, qui ne manque pas d'y voir « une vive condamnation
des nouvelles organisations bourgeoises que dirigent des centaines de miséra
bles margoulins pillant les pays coloniaux et amenant d'Afrique ou d'Amérique
l'or et diverses marchandises (« cargaison toute de chocolat », vers 117 ^),
et pour divertir les oisifs, deux ou trois singes et... les maladies vénériennes,
si typiques justement pour la société bourgeoise » (e>.
Si les réflexions de D. D. Blagoj sur un Faust transformé en marxiste pré
maturé nous paraissent mériter bien des réserves, les réflexions qu'a pu provo
quer chez Goethe la conclusion de Puškin n'en interdisent pas moins de quali
fier d'inintéressante cette fin de la « Scène » du poète russe.
C'est un fait qu'en dépit de la Sainte-Alliance l'univers est loin d'être calme.
Il convient de ne pas oublier que depuis belle lurette Anglais, Hollandais,
Français sont en Afrique, Espagnols et Portugais en Amérique, que les Amé-
<x) A. S. Puškin, Polnoe sobranie sočinenij v desjati tomach [= P.S.S.T.], M.-L., 1949, t. 2,
p. 287, vers 40-44.
<2> Souvenir de la Nouvelle Hélotse ?
(») Voir C.Ě.L., 4-7, p. 359-360, n. 88. Le Démon de 1823 est, à propos de Fau

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