Réciprocité et non-réciprocité présumée des relations dans la famille - article ; n°1 ; vol.83, pg 135-151
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Réciprocité et non-réciprocité présumée des relations dans la famille - article ; n°1 ; vol.83, pg 135-151

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Description

L'année psychologique - Année 1983 - Volume 83 - Numéro 1 - Pages 135-151
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 20
Langue Français
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Extrait

A.-M. De La Haye
Réciprocité et non-réciprocité présumée des relations dans la
famille
In: L'année psychologique. 1983 vol. 83, n°1. pp. 135-151.
Citer ce document / Cite this document :
De La Haye A.-M. Réciprocité et non-réciprocité présumée des relations dans la famille. In: L'année psychologique. 1983 vol.
83, n°1. pp. 135-151.
doi : 10.3406/psy.1983.28456
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1983_num_83_1_28456L'Année Psychologique, 1983, S3, 135-151
Laboratoire de Psychologie sociale
CNRS cl Université Paris VII1
RÉCIPROCITÉ ET NON-RÉCIPROCITÉ PRÉSUMÉE
DES RELATIONS DANS LA FAMILLE
par Anne-Marie de La Haye
SUMMARY : Perceived reciprocity and tion-reciprocity in family
relationships.
The mechanisms fostering the appearence of affective reciprocity are
still relatively unknown. Due to the influence of the so-called consistancy
theories, that problem is often mistaken with that of reciprocity perception
and studies often disregard the social context of relationships. The present
study bears on perceived reciprocity ; the method chosen is a questionnaire
eliciting jugdments upon fictitious families ; each subject must associate
particular modalities of relationships with each pair of persons within a
family. One shows that they strongly discriminate between pairs when
deciding on reciprocity. Similarity fosters perceived reciprocity. Perceived
reciprocity is indépendant of mutual perceived liking.
Keywords : social psychology, family relationships, reciprocity.
LA QUESTION DE LA RÉCIPROCITÉ
DANS LA LITTÉRATURE :
PRÉSENTATION CRITIQUE
Dès l'origine de la psychologie sociale, le développement des
relations interpersonnelles a été un thème majeur de recherche.
La question de la réciprocité des affections a toujours été fort
ement présente dans ce secteur. Il nous semble pourtant que l'évo-
]. 18, rue do, la Sorbonne, 75005 Paris. Anne-Marie de La Haye 136
lution des pratiques de recherche et des théories n'a guère
contribué à éclaircir le problème.
Il y a vingt ou trente ans, les auteurs se posaient la question
de l'importance relative des cas de réciprocité par rapport à
l'ensemble des formes effectivement observables de relations
duelles. Quand nous parlons d'importance relative, c'est au
double sens du mot importance — celui de fréquence numérique,
celui de valeur ou de signification particulière pour le sujet et
pour les fonctionnements sociaux. Mais les deux aspects ne sont
pas séparables l'un de l'autre. Lorsque Tagiuri, Blake et Bruner
(1953) se demandaient si les affections réciproques sont ou non
plus fréquentes qu'elles ne le seraient au cas où les avances
amicales seraient émises strictement à l'aveugle, ils ne satisfont
pas simplement une curiosité comptable. C'est la place de la
notion d'amitié ou d'amour dans une théorie générale des rela
tions qui est en jeu dans ce dénombrement. Comment en effet
s'autoriserait-on à poser en figure exemplaire, en modèle arché-
typique de toute relation2, l'affection réciproque, si on a montré
par ailleurs que cette figure n'advient que par la convergence
aléatoire de plusieurs facteurs indépendants ! Or le fait est que
cette dernière éventualité n'a jamais été bien clairement contre
dite par les faits. Certes Newcomb (1961), dans The acquaintance
process, fait état d'un taux de réciprocité supérieur à ce que pro
duirait la convergence aléatoire d'un choix de A vers B et d'un
choix de B vers A strictement indépendants l'un de l'autre.
Mais ce taux est assez modéré et devrait amener à conclure
qu'il existe sans doute des mécanismes psychosociaux: favorisant
l'apparition d'affections réciproques, mais que ces mécanismes
ont une efficacité faible. D'autres auteurs non moins classiques,
eux aussi en quête du graal de la réciprocité, firent savoir qu'ils
ne l'avaient point rencontrée (Tagiuri et al., 1953). Treize ans
2. Nous visons ici certaines théories récentes (Levinger, 1974 ; Altman,
1974) qui tendent à faire de la réciprocité une caractéristique intrinsèque
de la relation. Cela nous semble être une manière particulièrement vicieuse
d'éliminer le problème de la genèse de la réciprocité, que de poser en défi
nition préalable que le développement (au sens ontogénétique du mot) d'une
relation consiste en l'apparition d'une réciprocité de plus en plus large et
profonde. Comme si les relations non réciproques n'étaient rien d'autres que
des relations insuffisamment développées, des formes pathologiques de
sociabilité en quelque sorte. Cet artifice conceptuel permet de déclarer aty
piques et donc de ne pas étudier des ensembles de phénomènes qui peuvent
être beaucoup plus nombreux que le prétendu « cas type ». Relations dans la famille 137
plus tard, Walster, Aronson, Abrahams et Rottmann (1966),
travaillant non plus sur les paires amicales mais sur l'attrait
amoureux et le dating behavior, aboutissent au même constat
d'absence.
Quant à la littérature plus récente, il est frappant de cons
tater que les travaux du type de ceux que nous venons de citer
en ont tout simplement disparu. Comme le font remarquer Kenny
et Nasby (1980) : « Bien que la question de savoir si l'attirance
réciproque caractérise ou non les relations interpersonnelles ait
suscité une quantité considérable de travaux empiriques, une
grande part sinon la plupart des données disponibles ne testent
pas de façon adéquate ni directe la validité de ce principe. »
De fait, comme ces auteurs le soulignent, une part considé
rable des travaux tendant à prouver l'existence d'une « poussée
à la réciprocité » (strain for reciprocity) consiste à montrer :
— soit que les gens tendent à aimer ceux dont ils se croient
aimés ;
— soit que les gens tendent à se croire aimés de ceux qu'ils
aiment.
Ces deux mécanismes ont certes pour conséquence que les
sujets vivent dans un monde subjectif fortement teinté de réci
procité perçue ; ils n'assurent nullement la réciprocité réelle des
relations. Ceci est d'ailleurs parfaitement connu depuis Tagiuri
et al. (1953).
La confusion des deux registres a été systématiquement
entretenue par les théories de la cohérence. Celles-ci postulent que
la conscience d'être impliqué dans les triades p-o-x non équilibrées
induit chez le sujet une tension désagréable que celui-ci cherchera
à résoudre en modifiant l'une des connexions entre éléments
de la triade. Il est classique de faire remarquer que ces théories
ne permettent pas de prédire sur quelle connexion portera le
changement : sur la relation entre le sujet p et l'autre personne o,
sur le sentiment de p à l'égard de l'objet tiers x, ou sur l'idée
que se fait p du rapport ox ? Loin de s'affronter à cette question
délicate les tenants des théories de l'équilibre n'ont que rarement
cherché à vérifier l'hypothèse « Tout déséquilibre est instable et
évolue vers l'équilibre » ; et s'en tiennent le plus souvent à vérifier
que « les triades non équilibrées sont plus désagréables à envisager
que les », proposition qui, quoique plus
modeste que la précédente, n'est pas elle-même toujours vérifiée. Anne-Marie de La Haye 138
Mais du seul fait que l'originalité de ces théories consiste à traiter
comme équivalent le changement des relations réelles et les
changements purement internes à la représentation du sujet,
les confirmations partielles que ces théories ont trouvé sur leur
versant cognitif ont accrédité l'idée que l'évolution naturelle
de toute relation était de tendre vers la réciprocité, ce qui non
seulement n'est pas prouvé, mais que l'on n'a même pas tenté
de prouver.
Outre l'ambiguïté profondément gênante des théories de
l'équilibre, qui est de ne jamais spécifier clairement si elles trai
tent de la représentation des relations ou des relations elles-
mêmes, l'intérêt des résultats qui ont été

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