Semailles et moissons dans la région d Assinie vers 1700 - article ; n°1 ; vol.60, pg 9-25
18 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Semailles et moissons dans la région d'Assinie vers 1700 - article ; n°1 ; vol.60, pg 9-25

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
18 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Journal des africanistes - Année 1990 - Volume 60 - Numéro 1 - Pages 9-25
Sowing and harvesting in the Assinie area, CA. 1700. This history of crops in southeastern Ivory Coast since the late 17th century is based on both travelers' accounts (Tibierge, Loyer) and the observation of current ritual practices. An outstanding fact is that cereals, which used to have a significant place in food habits and the farming landscape, have disappeared.
Une histoire des plantes cultivées dans le sud-est de la Côte-d'Ivoire depuis la fin du XVIIe siècle prend appui sur des relations de voyage (Tibierge, le père Loyer) et d'autre part sur l'observation des pratiques rituelles actuelles. Le fait dominant est la disparition des céréales qui occupaient une place notable dans le paysage agraire et dans l'alimentation.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claude-Hélène Perrot
Semailles et moissons dans la région d'Assinie vers 1700
In: Journal des africanistes. 1990, tome 60 fascicule 1. pp. 9-25.
Résumé
Une histoire des plantes cultivées dans le sud-est de la Côte-d'Ivoire depuis la fin du XVIIe siècle prend appui sur des relations
de voyage (Tibierge, le père Loyer) et d'autre part sur l'observation des pratiques rituelles actuelles. Le fait dominant est la
disparition des céréales qui occupaient une place notable dans le paysage agraire et dans l'alimentation.
Abstract
Sowing and harvesting in the Assinie area, CA. 1700. This history of crops in southeastern Ivory Coast since the late 17th century
is based on both travelers' accounts (Tibierge, Loyer) and the observation of current ritual practices. An outstanding fact is that
cereals, which used to have a significant place in food habits and the farming landscape, have disappeared.
Citer ce document / Cite this document :
Perrot Claude-Hélène. Semailles et moissons dans la région d'Assinie vers 1700. In: Journal des africanistes. 1990, tome 60
fascicule 1. pp. 9-25.
doi : 10.3406/jafr.1990.2292
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1990_num_60_1_2292CLAUDE-HÉLÈNE PERROT
Semailles et moissons
dans la région d'Assinie vers 1700
Aby de années des celui pratiques Aujourd'hui, Les (la du « qu'offre rapports rivière xvine culturales » siècle en aujourd'hui et des effet, relations après et anciens des aux le habitudes rédigés environs cette auteurs), voyage région à d'Assinie d'Issiny alimentaires la les fin du plantes sud-est du et donnent XVIIe sur vivrières un le de tableau et pourtour du la dans Côte-d'Ivoire. paysage sont bien les de essentiellpremières la différent agraire, lagune
ement, outre le bananier plantain et le palmier à huile, des plantes à turbercu-
les : peu d'ignames, beaucoup de manioc1. De céréales, point, à l'exception
du maïs. Quand, au début des années 80, la riziculture s'est timidement intro
duite en pays eotile2, le spectacle d'enfants chassant les oiseaux du champ à
coups de fronde et la silhouette d'épouvantails dressés au-dessus des épis mûrs
parurent tout à fait insolites aux villageois et étrangers à leur univers culturel.
Or les relations du voyage d'Issiny que nous devons à des contemporains et
sujets de Louis XIV décrivent semailles, moissons ainsi que greniers et fabri
cation de pain de céréales. Si certaines plantes vivrières toujours cultivées et
consommées sont signalées, comme l'igname, la patate douce, le taro, le maïs,
l'arachide (?), la banane plantain et les produits du palmier à huile, le grand
absent est le manioc.
Les changements intervenus sont si considérables qu'il ne semble pas déplacé
de parler à leur propos de révolution agricole. Or, il n'y a pas si longtemps,
on opposait de façon radicale la « civilisation des greniers » à celle des « tuber
cules », entre lesquelles on répartissait nombre d'ethnies africaines, et ces st
éréotypes en engendraient d'autres, tel type de production étant censé favoriser
tel mode d'organisation sociopolitique3 (Maquet 1962).
Le premier objectif de cet article est de faire apparaître, en commentant
les textes anciens et par comparaison avec des observations récentes, l'ampleur
des transformations dont les habitants de la région ont été les agents actifs,
alors que le monde rural africain est trop souvent présenté comme privé de
la capacité d'innover sous le poids d'habitudes et de traditions séculaires.
1. Comme dans toute la basse Côte-d'Ivoire, le manioc y est consommé sous de multiples formes (atieke,
atuku, akoende, etc.).
2. A l'initiative d'un instituteur, originaire de l'Ouest et avec les encouragements du moniteur de
culture.
3. Pour l'analyse historiographique de ces stéréotypes, cf. Chauveau, Dozon et Richard 1981 : 621-58,
ainsi que Chauveau 1985, notamment : « Les leçons de l'histoire agraire » : 290-96.
Journal des africanistes, 60 (1) 1990 : 9-25. CLAUDE-HÉLÈNE PERROT 10 SEMAILLES ET MOISSONS DANS LA RÉGION D'ASSINIE VERS 1700 11
Au-delà de l'importance relative des différentes plantes vivrières dans le
paysage agraire, les activités humaines et l'alimentation, on tentera d'évaluer
la place et le sens culturel que la société leur donne, et qui est loin d'être le
simple reflet de leur rôle dans l'économie. C'est en interrogeant les célébra
tions religieuses, les rituels et la nature des offrandes présentées aux puissan
ces tutélaires que l'on tentera cette évaluation, non sans que se pose nécesssai-
rement, en cours de route, le problème du type de relation existant entre ces
deux domaines. Des points de comparaison seront donnés par les enquêtes
menées entre 1964 et 1985 chez les actuels riverains de la lagune Aby, les Eotile.
Rappelons brièvement les circonstances qui donnèrent naissance aux écrits
issus du voyage d'Issiny.
Dès sa création en 1685 par Colbert, la Compagnie de Guinée chercha à
s'implanter durablement sur le littoral de la Côte de l'Or. Il en résulta les voyages
de 1687 (Ducasse), 1692 (Tibierge), 1698 (Damon) et 1701 (Damon à nouveau).
Le brillant dominicain Godefroy Loyer et Godot, un obscur « soldat de for
tune » comme il s'intitule lui-même, furent du voyage de 1701. Le premier est
l'auteur de la célèbre Relation du voyage du royaume d'Issiny, et le second
d'un copieux Journal encore inédit, qui a été découvert par Jean-Claude Nar-
din à la Bibliothèque nationale4.
Le fort d'Assinie, construit en bois, fit piètre figure en regard des majes
tueuses constructions de pierre qu'avaient édifiées plus à l'est les Portugais,
les Hollandais et les Anglais. Sa vie fut particulièrement brève : bâti en 1701,
il fut abandonné en 1703.
Cependant la vaine tentative française de prendre pied sur le littoral nous
a valu des rapports et des relations d'un puissant intérêt, mettant en scène les
peuples côtiers, Issynois et Veterez, dans toutes leurs activités, et dont il n'existe
pas d'équivalent pour le reste de la Côte-d' Ivoire.
Si Damon n'accorde aucune attention à la terre et à ses productions, absorbé
qu'il est par la supputation des profits attendus du commerce, Tibierge en donne
quelques aperçus. Quant au père Loyer et à Godot, qui sont habités par une
vive curiosité pour les gens et pour les choses, ils observent avec soin ce qui
touche à l'agriculture, à l'alimentation et même à la cuisine...
Les écrits de l'époque posent des problèmes d'interprétation à propos des
noms donnés aux espèces cultivées. Leur identification est parfois malaisée, d'une
part parce que les auteurs se réfèrent à des espèces cultivées alors en Europe,
et qui peuvent avoir disparu depuis, et d'autre part faute de bien connaître
les produits de la terre africaine. Ainsi, ils distinguent mal les diverses espèces
4. Relation du sieur Du Casse sur son voyage de Guinée avec la Tempeste en 1687 et 1688.
Journal du Tibierge, principal commis de la Compagnie de Guinée sur le vaisseau Le Pont
d'Or au voyage de l'année 1692.
Relation du voyage de Guinée fait en 1698 par M. le Chevalier Damon. très curieuse du voyage que M. le Chevalier Damon a fait aux Indes pour faire un éta
blissement à Issigny.
Relation du voyage du royaume d'Issiny par le R.P. Godefroy Loyer.
Ces différents textes, jusque-là inédits à l'exception du dernier, ont été publiés par l'archiviste Paul
Roussier (1935).
Le Journal de Godot se trouve à la Bibliothèque nationale sous la cote : « Nouvelles Acquisitions,
manuscrits français 11 331 ». Voir à ce sujet J.-C. Nardin (1960 : 78-81). 12 CLAUDE-HÉLÈNE PERROT
de mil (dont le sorgho qui est le gros mil) et parfois confondent le millet euro
péen et le « mil » africain (en anglais le mot est d'ailleurs le même), et peut-
être même le maïs et le sorgho.
Cependant lorsque plusieurs sortes de céréales sont citées simultanément,
comme c'est le cas chez le père Loyer, le risque de confusion semble réduit.
LES CULTURES DE CÉRÉALES
La culture des céréales se pratique sur brûlis, nous dit le père Loyer qui
brosse un rapide tableau du paysage agraire :

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents