Sur la nécessité d établir un diagnostic scientifique des états inférieurs de l intelligence - article ; n°1 ; vol.11, pg 163-190
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Sur la nécessité d'établir un diagnostic scientifique des états inférieurs de l'intelligence - article ; n°1 ; vol.11, pg 163-190

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Description

L'année psychologique - Année 1904 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 163-190
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1904
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alfred Binet
Th. Simon
Sur la nécessité d'établir un diagnostic scientifique des états
inférieurs de l'intelligence
In: L'année psychologique. 1904 vol. 11. pp. 163-190.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred, Simon Th. Sur la nécessité d'établir un diagnostic scientifique des états inférieurs de l'intelligence. In: L'année
psychologique. 1904 vol. 11. pp. 163-190.
doi : 10.3406/psy.1904.3674
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1904_num_11_1_3674XI
SUR LA NÉCESSITÉ D'ÉTABLIR UN DIAGNOSTIC
SCIENTIFIQUE DES ÉTATS INFÉRIEURS DE L'I
NTELLIGENCE
I
Le travail dont nous présentons ici la première ébauche a été
directement inspiré par le désir de servir la cause si intéres
sante de l'éducation des anormaux.
On sait que le Ministre de l'Instruction publique a nommé,
il y a environ six mois (en octobre 1904), une Commission
chargée d'étudier les mesures à prendre pour assurer les bénéf
ices de Instruction aux enfants anormaux. Cette Commission,
dans plusieurs séances, a réglé ce qui est relatif au type d'ét
ablissement à créer pour les anormaux, aux conditions de leur
admission dans ces écoles, au personnel enseignant, aux mé
thodes pédagogiques. Elle a décidé qu'aucun enfant suspect
d'arriération ne serait éliminé des écoles ordinaires et admis
dans une école spéciale sans avoir subi un examen pédago
gique et médical attestant que son état intellectuel le rend inapte
à profiter, dans la mesure moyenne, de l'enseignement donné
dans les écoles ordinaires.
Mais comment se fera l'examen de chaque enfant? Quelles
méthodes suivra- 1- on? quelles observations prendra-t-on?
quelles questions seront posées? quelles épreuves seront ima
ginées? comment l'enfant sera-t-il comparé au normal? La
Commission n'a pas cru devoir le dire; elle faisait œuvre de
réglementation administrative, et non œuvre de science.
Il nous a semblé qu'il serait extrêmement utile de donner un
guide aux futures Commissions d'examen : il faut que ces
Commissions soient bien orientées dès le début. Il faut éviter
que les juges, qui en feront partie, cèdent à l'habitude de
prendre des décisions au petit bonheur, d'après des impres
sions subjectives, par conséquent incontrôlables, qui sont
tantôt bonnes, tantôt mauvaises, et font une part trop grande
à l'arbitraire, au caprice, au laisser-aller. Ce serait tout à fait MÉMOIRES ORIGINAUX 164
fâcheux, et l'intérêt des enfants commande plus de circonspect
ion. Ce ne sera jamais une bonne note d'avoir passé par une
école de perfectionnement. Il faut au moins épargner ce pré
cédent à ceux qui ne le méritent pas. Des erreurs sont excu
sables, même au début. Mais si elles deviennent trop lourdes,
elles pourraient nuire au bon renom de ces institutions nouv
elles. Et puis, en principe, nous sommes convaincus et nous
ne cesserons de répéter qu'on doit introduire, dans les démar
ches de la pratique, la précision et l'exactitude de la science,
toutes les fois qu'on le peut, et on le peut presque toujours.
Le problème que nous avons à résoudre présente bien des
difficultés, à la fois théoriques et pratiques.
C'est un lieu commun de remarquer que les définitions des
états inférieurs de l'intelligence qu'on a proposées jusqu'ici
manquent de précision. Ces états inférieurs sont en nombre
indéfini, composés par une série continue de degrés qui s'éch
elonnent depuis les états les plus profonds de l'idiotie, jusqu'à
ceux qui se confondent avec l'intelligence normale. Les alié-
nistes se sont mis souvent d'accord sur la terminologie à
employer pour désigner la différence de ces degrés; ou du
moins, malgré quelques-unes de ces divergences individuelles
qu'on rencontre dans toutes les questions, on s'entend pour
appeler idiotie les états les plus inférieurs, imbécillité les états
moyens, et débilité mentale les états les moins graves. Mais
sous cette terminologie commune, et d'apparence bien précise,
se dissimulent des idées à la fois confuses, et très variables
d'un aliéniste à l'autre. La distinction entre l'idiot et l'imbéc
ile, entre l'imbécile et le débile, et même entre l'idiot et le
débile n'est point comprise de la même manière par tous les
cliniciens exercés. Et ce qui le démontre surabondamment, ce
sont les divergences frappantes qu'on a relevées entre des
diagnostics médicaux portés sur les mêmes malades, à quelques
jours d'intervalle, par des aliénistes différents
Le Dr Blin, médecin de l'asile de Vaucluse, attirait récem
ment l'attention de ses confrères sur ces regrettables contra
dictions. Il constatait que les enfants qui lui sont envoyés à la
colonie arrivent munis de plusieurs certificats disparates.
« Tel enfant, qualifié imbécile par un premier certificat, est
appelé idiot sur un second, débile sur un troisième, dégénéré
sur un quatrième1. » M. Damaye, ancien interne du Dr Blin,
1. Blin, Les débilités mentales, Revue de psychiah'ie, Août 1902. ET SIMON. — ÉTATS INFÉRIEURS DE L'INTELLIGENCE 165 BINET
ajoute cette observation : « II suffit de compulser quelques
dossiers d'enfants de la colonie pour recueillir presque autant
de diagnostics différents J ». Peut-être cette dernière affirmation
est-elle un peu exagérée, et une statistique, facile à faire du
reste, permettrait de savoir l'exacte vérité sur ce point.
On ne saurait assez déplorer les conséquences de cet état
d'incertitude, aujourd'hui reconnu par tous les aliénistes. Le
seul fait que des spécialistes ne s'entendent pas sur l'emploi des
termes techniques de leur science, met en suspicion tous leurs
diagnostics, et empêche tout travail de comparaison. De notre
côté, nous avons fait des constatations analogues. En synthéti
sant les diagnostics portés par M. Bourneville sur ses malades,
quand ceux-ci sortent de Bicêtre, on trouve que, dans l'espace
de quatre ans, il n'est sorti de son service que 2 individus
atteints de débilité mentale, alors que le de l'admission
a dû lui en envoyer pendant ce laps de temps plus de 30. Rien
ne montre mieux que ce changement d'étiquette le désarroi des
nomenclatures.
Quelle importance attacher aux statistiques publiées en diffé
rents pays, pour indiquer le pourcentage des arriérés, si la
définition de ces arriérés n'est pas la même pour tous les pays?
Comment se rendre compte de la valeur des élèves qui sont
traités et instruits dans une école, si l'appellation de faibles
d'esprit, d'arriérés, d'imbéciles ou d'idiots qu'on leur applique
varie de sens suivant les médecins? L'absence d'une com
mune mesure empêche de comparer les statistiques, et fait
perdre tout intérêt à des recherches qui ont été souvent très
laborieuses. Mais ce qui est encore plus grave, c'est que, par
défaut de méthode, on devient incapable de résoudre des ques
tions essentielles, celles dont la solution présenterait le plus
d'intérêt pour le malade, par exemple les résultats réels que le
traitement des états inférieurs de l'intelligence peut donner au
médecin et au pédagogue, la valeur éducative de telle méthode
pédagogique comparée à telle autre, le degré de curabilité de
l'idiotie incomplète. Ce n'est pas par des raisonnements
a pr'iori, des considérations vagues, des développements ora
toires, qu'on peut résoudre ces questions, mais par des recher
ches minutieuses entrant dans le détail des laits, et considé
rant les effets du traitement pour chaque enfant en particulier.
Pour savoir si un enfant qui a passé dix ans dans un service
i. Damaye, Essai de diagnostic entre les états de débilité mentale, Thèse
de Paris, Steinheil, 1903. 166 MÉMOIRES ORIGINAUX
hospitalier ou dans une école spéciale, a profité de ce séjour,
et dans quelle mesure il en a profité, il n'y a qu'un moyen,
c'est de c

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