Sur les Abyssins - article ; n°1 ; vol.4, pg 64-76
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1869 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 64-76
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1869
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Antoine Abbadie (d')
Sur les Abyssins
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 4, 1869. pp. 64-76.
Citer ce document / Cite this document :
Abbadie (d') Antoine. Sur les Abyssins. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 4, 1869. pp. 64-76.
doi : 10.3406/bmsap.1869.4355
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1869_num_4_1_4355SÉANCE DU 21 JANVIER 1869. 64
Weisbach et Nicolucci ont indiqué pour l'indice céphali-
que des habitants de Vérone 82.
Mais ce qui distingue surtout le crâne véronais ancien,
c'est une extrême étroitesse du front. La largeur du front
entre les lignes semi-circulaires n'est que de 85 millimètres,
tandis qu'il est de 9ômm,5 dans le crâne moderne.
Ces intéressantes études sur des crânes anciens du nord
de l'Italie me paraissent battre terriblement en brèche la
théorie qui admet que l'ancienne population italienne était
brachycéphale, et que les dolichocéphales sont venus mod
ifier la population primitive : toutes les comparaisons
établies ci-dessus, et cela sans aucun parti pris, nous
montrent les crânes anciens plus dolichocéphales que les
crânes modernes de la localité. N'est-il pas naturel d'en
conclure que ce sont les brachycéphales qui ont été les
derniers venus et qui ont modifié, au moins dans ces
régions, une race à tête longue préexistante?
Présentation d'un Abyssin.
M. d'Abbadie présente à la Société un Abyssin, neveu
d'un homme qui lui a servi d'interprète pour la langue
falacha, et qui appartient à la race même des Falachâs, ou
Juifs d'Abyssinie.
M. de Quatrefages demande quelques renseignements
sur cette population, qui passe généralement pour très-noire
et qui pourtant présente bien des nuances, si l'on considère
chacun des individus qui la composent ; il a entendu dire
par le consul français résidant dans le pays, qu'on voyait
souvent des femmes très-noires par le teint et les cheveux,
mais ayant le type grec très-accentué. Il a vu une femme
de chambre, dans une maison, très-fière de son type grec,
et qui, malgré sa couleur, prétendait n'être pas négresse.
M. d'Abbadie a-t-il vu quelque chose de semblable ? .
BROCA; — SUR LES ABYSSINS. 65
M. ■ d'Abbadie raconte que les gens du pays appellent ces
gens-là des noirs, tout en avouant qu'ils ne sont pas nègres. •
Ils ont d'ailleurs sept ou huit noms pour indiquer le mét
issage.
M. de Quatrefages demande encore si M. d'Abbadie a
observé que quelques individus eussent une figure belle et
correcte dans le haut, tandis que le bas était remarquable
par l'épaisseur des lèvres et surtout par une sorte d'em
pâtement de la commissure des lèvres, bien que le progna
thisme ne fût pas très-accusé ; dans ce cas les cheveux sont-
ils encore des cheveux de nègres ? Il y a trois adjectifs
très-connus pour indiquer les cheveux des nègres ; le sujet
qu'on nous présente n'a pas les cheveux du nègre, c'est
l'intermédiaire entre les cheveux droits de l'Européen et
les cheveux du nègre.
M. Broca remercie M. d'Abbadie de son intéressante
communication. On a beaucoup parlé des Falachâs, qui
constituent dans la population de l'Abyssinie un groupe
fort remarquable ; mais on s'est préoccupé de leur religion
plus que de leurs caractères physiques, et il est fort pré
cieux pour la Société de pouvoir constater aujourd'hui sur .
un sujet vivant, dont la nationalité est incontestable, que
les Juifs d'Abyssinie n'ont rien de commun avec le type
sémitique. D'une manière générale, on a singulièrement
exagéré l'influence qu'ont pu exercer les Sémites sur les
caractères physiques des Abyssins. A une époque i
ndéterminée, mais qui ne semble pas très-reculée, et qui
n'a peut-être précédé l'ère chrétienne que de deux ou trois
siècles, la partie nord-est de l'Abyssinie, qui s'appelle au
jourd'hui le Tigré, fut conquise par un peuple sémitique,
qui venait probablement du sud-ouest de l'Arabie (Homé-
rites ?). La ville d'Axoum devint le centre politique de ce
peuple, qui étendit sans doute sa domination bien au delà
du Tigré ; mais il ne paraît pas que la langue sémitique
t. iv (2« série). 5 .
SÉANCE DU 21 JANVIER 1869. 66
qu'il avait importée se soit répandue en dehors de cette
province. Ce qui est certain c'est que cette langue (le gheez)
dominait dans le pays d'Axoum lorsque le christianisme y
fut prêché au quatrième siècle. Aussi le gheez est-il resté
la langue religieuse de l'Abyssinie, comme le latin chez
les peuples catholiques de l'Europe ; mais il n'existe plus
qu'à l'état de langue morte. Lorsqu'au treizième siècle la
dynastie du Sud supplanta la dynastie des Axoumites, les
langues africaines, qui étaient celles de la grande majorité
des peuples abyssins, reprirent leur prépondérance ; le
gheez disparut entièrement partout, excepté dans le Tigré*
oùil demeura toujours la langue du peuple ; mais il s'y altéra
rapidement et tomba à l'état de patois hybride, où il est
encore aujourd'hui. Cela prouve que le Tigré était la seule
province de l'Abyssinie où la langue introduite par les Sé
mites fût devenue populaire, la seule par conséquent où
l'élément sémitique fût devenu prépondérant dans la so
ciété. Par conséquent, si l'influence d'une race sémitique
avait modifié d'une manière durable la population de l'A
byssinie, c'est dans le Tigré, et dans le Tigré seulement,
que cette influence devrait se retrouver. Elle devrait être
nulle dans l'Amhara et dans les provinces du Sud, où les
Sémites n'ont pas pénétré ; et il en résulterait que lô type
des habitants sémitiques du Tigré devrait différer du type
simplement africain du reste de l'Abyssinie. Or il n'en est
rien. Les Abyssins présentent partout le mélange et l'in
stabilité des caractères physiques qui résultent du crois
ement des races, et l'existence de ce croisement ne saurait être
niée ; mais comme les effets en ont été les mêmes dans le
Nord et dans le Sud, il ne paraît pas possible de les attr
ibuer à l'influence sémitique, qui n'a agi que dans le Nord-
Est.
Ce n'est pas entre les Africains et les Asiatiques que s'est
effectué le croisement dont la population dé l'Abyssinie — SUR LES ABYSSINS. 67 BROCA.
porte aujourd'hui l'empreinte évidente, mais entre une po
pulation nègre autochthone et une autre population africaine
d'un type différent de celui des nègres ; il est fort pro
bable que ce croisement a eu lieu longtemps avant l'arrivée
des conquérants sémitiques, et que la population abyssine
ne diffère pas beaucoup aujourd'hui de ce qu'elle était
avant cette invasion.
Tout annonce que les premiers habitants du plateau
abyssinien furent des nègres. Aujourd'hui encore des
peuples nègres de race pure, désignés sous le nom collectif
de SchangallaS) sont échelonnés sur les frontières occident
ale et septentrionale de l'Abyssinie. Tout au nord ils
occupent les vallées du Tacazzé, et quelques-unes de leurs
tribus sont même dispersées dans diverses parties monta
gneuses de la frontière orientale. D'autres nègres se re- .
trouvent au sud et au sud-ouest, sur les confins de la pro
vince de Gonga. Ces peuples, voisins de l'état sauvage,
sont tout à fait noirs ; ils ont les lèvres épaisses, le nez
écrasé, le visage prognathe, la chevelure entièrement la
ineuse. Ils réunissent en un mot tous les caractères phy
siques des races nègres les plus pures. Leur répartition
sur les frontières et dans les parties montagneuses d'un
accès difficile est exactement celle que présentent, dans
beaucoup d'autres pays, les débris d'une race autochthone
dépossédée et refoulée depuis longtemps par d'autres races
plus fortes.
L'existence de cette race nègre autochthone est d'ail
leurs démontrée par l'observation des carac

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