Tendances de la morphologie verbale en russe moderne - article ; n°1 ; vol.47, pg 75-84
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Description

Revue des études slaves - Année 1968 - Volume 47 - Numéro 1 - Pages 75-84
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

Monsieur René L’Hermitte
Tendances de la morphologie verbale en russe moderne
In: Revue des études slaves, Tome 47, fascicule 1-4, 1968. Communications de la délégation française au VIe
Congrès international des slavistes (Prague, 1968). pp. 75-84.
Citer ce document / Cite this document :
L’Hermitte René. Tendances de la morphologie verbale en russe moderne. In: Revue des études slaves, Tome 47, fascicule 1-
4, 1968. Communications de la délégation française au VIe Congrès international des slavistes (Prague, 1968). pp. 75-84.
doi : 10.3406/slave.1968.1958
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1968_num_47_1_1958TENDANCES
DE LA MORPHOLOGIE VERBALE
EN RUSSE MODERNE
PAR
RENÉ L'HERMITTE
1. — La distinction entre diachronie et synchronie est traditionnelle depuis
de Saussure. Mais pour des raisons qu'il est inutile de rappeler ici, cette dis
tinction, qui a essentiellement une valeur méthodologique, a été transformée
par certains linguistes en opposition, et cela malgré la fécondité de certaines
recherches qui tiennent compte des deux plans, comme, par exemple, celles
de phonologie diachronique.
A s'en tenir au seul plan synchronique, on peut, il est vrai, obtenir de
meilleures conditions d'observation et d'analyse des phénomènes, — de
même qu'on peut bloquer le déroulement d'un film pour examiner tout à
loisir une image donnée. Mais on court, dans le même temps, deux dangers :
l'un de principe, l'autre de méthode. En premier lieu les faits linguistiques
sont du domaine du vivant et la vie implique le facteur temps. Mettre entre
parenthèses ce dernier c'est fausser délibérément la réalité. Établir l'existence
d'un système linguistique fonctionnant avec une rigueur totale, parfait, sans
ambiguïté, c'est d'autre part sous-entendre l'impossibilité d'une évolution
ultérieure, ce qui, bien entendu, ne cadre pas avec les faits.
Comment surmonter la contradiction entre l'existence évidente de l'orga
nisation d'un certain système pour une langue donnée à un moment donné
(sinon la communication serait impossible), et non moins évidente
des changements linguistiques? C'est sans doute une conception globale,
statistique, qui reste la plus satisfaisante. En mécanique des gaz, dans une
enceinte donnée, la situation de chaque molécule à l'instant t -j- 1 est rad
icalement différente de celle de la même à t, alors que l'état
global est pratiquement identique et ne risque d'évoluer que lentement. D'une
manière semblable, dans le domaine linguistique, à chaque instant, à chaque
acte de parole d'un sujet parlant, une innovation peut se produire sans que
3a. 76 RENÉ L'HERMITTE
l'état de langue correspondant à la communauté linguistique à laquelle appart
ient le sujet s'en trouve modifié. A la discontinuité des états des différentes
molécules comme des faits de parole répond la continuité de l'ensemble et
de son évolution.
En fait, dans une collectivité linguistique, s'établit un état voisin de l'équi
libre, mais voisin seulement, et — abstraction faite, bien sûr, des modifica
tions éventuelles et brusques dues à des facteurs extra-linguistiques — l'évo
lution entraînée par les innovations incessantes apportées par la foule des
sujets parlants amènera à passer insensiblement d'un état d'équilibre stati
stique à un autre état d'équilibre statistique.
C'est pourquoi, tout en essayant d'établir le système correspondant à un
état synchronique donné, il est légitime de tenir compte du facteur temps et
d'essayer de mettre en évidence les tendances d'évolution du système, tout
comme on peut extrapoler d'une petite section d'une courbe représentant
une fonction continue, le tracé de celle-ci au voisinage de la section.
Ainsi, pour une période relativement brève, il apparaît possible de réunir
un nombre suffisamment grand de données pour tenter de définir les tendances
de l'évolution d'un système linguistique.
C'est ce qui a été tenté ici en ce qui concerne la morphologie des verbes
russes.
2. — Quelle a été la méthode employée? On a comparé deux stocks lexicaux
établis à une cinquantaine d'années de distance, puis examiné comment se
répartissaient les innovations relevées. Le premier corpus dépouillé a été le
dictionnaire en 4 volumes de Daľ, dans sa 3e édition revue et complétée sous
la direction de Baudoin de Courtenay, publié de 1903 à 1909 (1*. Le second
a été le dictionnaire de l'Académie, également en 4 tomes, publié de 1957
à 1961 sous la direction de S. G. Barchudarov (2). Ces deux dictionnaires seront
cités ici, le premier sous la mention D, le second sous la mention S. L'échant
illon choisi pour le dépouillement a été important puisqu'il comprend les
rubriques alphabétiques contenant des verbes préfixés, c'est-à-dire В, Д, 3,
H, О, П, P, C, У, ainsi que les rubriques A, Б, Г. En outre, lorsque l'inno
vation portait sur un verbe préfixé, on a vérifié si le verbe simple correspondant
était également une innovation. De cette manière un certain nombre de verbes
ont été relevés qui n'appartiennent pas aux rubriques alphabétiques ci-dessus
mentionnées.
On a obtenu ainsi un premier ensemble de verbes absents de D, mais
présents dans S. Il importait de vérifier, dans la mesure du possible, s'il
s'agissait bien d'innovations. Ont été éliminés en premier lieu ceux qui, bien
que non mentionnés par D, apparaissaient dans des citations d'oeuvres du
début du XXe siècle, ou antérieures, bien entendu, par exemple chez Cechov,
Tołstoj, Mamin-Sibirjak, etc. Deux autres ouvrages ont d'ailleurs été consultés
(1> Толковый словарь живого русского языка Владимира Даля, СПб., 1903-1909.
'*> Словарь русского языка, М., 1957-1961. LA MORPHOLOGIE VERBALE EN RUSSE MODERNE 77
à cet effet : le dictionnaire dit d'Ušakov, du nom du rédacteur en chef de
l'édition en 4 tomes (cité ici sous U) (1*, et l'ouvrage en 17 volumes,
publié également par l'Académie (2) (mentionné ici sous A). Ce dernier, qui
donne souvent la date d'apparition du mot dans des ouvrages lexicogra-
phiques antérieurs, a permis d'éliminer un certain nombre de pseudo-innov
ations.
Au total le nombre des verbes retenus a été de 1.162. Disons, plus prudemm
ent, de l'ordre du millier. Il convient en effet de prendre en considération
trois ordres de faits qui incitent à manier avec précaution les chiffres absolus :
1. Il est évident que les deux ouvrages lexicographiques de base qui ont été
retenus pour la comparaison n'épuisent pas toute la richesse lexicale de la
langue. Des verbes ont été très certainement omis et dans l'un et dans l'autre.
Une preuve en est indirectement donnée par le fait que certains verbes qui
figurent dans S sont absents de A qui est contemporain et qui compte pourtant
dix-sept volumes au lieu de quatre. 2. La notion de niveau de langue ne doit
pas être négligée : les dialectalismes, les mots vulgaires et grossiers sont
volontiers enregistrés dans D; ils sont rares dans S. 3. La datation, enfin,
présente une grande marge d'incertitude. Si des critères extra-linguistiques
permettent d'affirmer que болыдевизировать ou советизировать ont été
évidemment créés depuis 1917, on est loin de disposer de preuves aussi
concluantes pour l'ensemble des verbes retenus. Les datations fournies par A
sont précieuses, elles sont loin de couvrir tous les faits. Il reste possible que,
malgré les précautions prises, l'apparition de tel ou tel verbe puisse être
rapportée à une date antérieure à la période considérée ici.
Toutefois le matériel recueilli permet — dans ces limites — quelques
constatations intéressantes.
3-0. — Premier point : comment se répartissent du point de vue de la
conjugaison les verbes récents? On s'est bien entendu limité aux verbes
simples, c'est-à-dire aux verbes qui ne sont pas obtenus par préfixation de
verbes déjà existants. Comme on pouvait s'y attendre ce sont les verbes à
présent en -juf-e- qui l'emportent de loin : 87 p. 100. Examinons-en le détail.
3-1. —

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