Traduction et réécriture dans la Historia Troyana - article ; n°1 ; vol.14, pg 91-110
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Description

Cahiers de linguistique hispanique médiévale - Année 1989 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 91-110
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 73
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Claude Chevalier
Marie-France Delport
Traduction et réécriture dans la Historia Troyana
In: Cahiers de linguistique hispanique médiévale. N°14-15, 1989. pp. 91-110.
Citer ce document / Cite this document :
Chevalier Jean-Claude, Delport Marie-France. Traduction et réécriture dans la Historia Troyana. In: Cahiers de linguistique
hispanique médiévale. N°14-15, 1989. pp. 91-110.
doi : 10.3406/cehm.1989.1064
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cehm_0396-9045_1989_num_14_1_1064TRADUCTION ET REECRITURE
DANS LA HISTORIA TROYANA
de unique Benoît poème Versión la 1350 De littérature français de la sujet environ. guerre Sainte-Maure Alfonso et écrit sont de espagnole L'autre, XI, Troie vers regardées la l. le L'une, il mieux la médiévale. milieu est Historia fait comme en conservée, du mention prose, 12e Troyana2, Deux les s., connue traductions la le dans œuvres Roman plus offre plusieurs sous étendue, en de une le d'un font Troie nom textes altedate long leur de
rnance de textes en prose, parfois incomplets, et de onze poèmes
polymétriques : Solalinde en situait la composition dans la première
moitié du 14e s.; Pidal, pour des raisons métriques et linguistiques,
la date de 1270 environ. Cette œuvre représente à peu près la
traduction d'un tiers du poème français (9.865 vers sur les 30.316
que contient le Roman de Troie).
L'affaire est complexe. La confrontation de l'espagnol et du
français s'accompagne d'une du vers et de la prose.
La métamorphose est double, le vers français inspire en castillan
tantôt le vers, tantôt la prose. Des transformations qu'on peut
apercevoir dans le passage du Roman de Troie à la Historia Troyana,
lesquelles faut-il imputer au changement de code linguistique, doit-on mettre au compte de la prosification ?
1) Benoît de Sainte-Maure, Le Roman de Troie, Ed. Léopold Constans, Paris,
F. Didot, 1904-1912, 6 vols.
2) Historia Troyana en prosa y verso, Ed. Ramón Menéndez Pidal, Obras
completas, t. XII, «Textos medievales españoles», Madrid, Espasa-Calpe, 1976,
pp. 179-419. 92 JEAN-CLAUDE CHEVALIER / MARIE-FRANCE DELPORT
*
* *
Dans un premier temps, à la suite de Bernard Cerquiglini et
de son étude de la Parole médiévale1, on retiendra comme lieu
d'observation privilégié l'insertion du discours direct dans le récit
(Cf. Annexe n° 1). L'examen porte principalement sur six passages
en prose de la Historia Troyana où s'insèrent des dialogues. Ces
dialogues existaient dans le Roman de Troie et, à une exception près,
le nombre de prises de parole directe est le même, ainsi que
l'identité du locuteur. On leur opposera les quelques prises de parole
insérées dans les passages en vers. Certains dialogues qui y
paraissent ont leur source dans des discours du Roman de Troie,
d'autres sont des innovations du poète espagnol.
Chez Benoît de Saint-Maure, la première intervention directe
peut être annoncée par un énoncé déclaratif antéposé, un énoncé
proleptique :
v. 7758 Hector li a dit:
v. 11764 Premerains a Prianz parlé:
Elle peut aussi faire irruption dans le récit et se voir constituée
a posteriori en discours direct par une incise analeptique. C'est la
solution le plus fréquemment adoptée, surtout si un discours
indirect précède la prise de parole directe:
v. 11724 sq. Il meïsmes li a retrait
Com Menelaus l'ot abatu
Et il raveit lui si féru
Que por un poi ne l'aveit mort:
«Sire», fait el, «n'avez pas tort,
v. 13127 sq. La ot retrait chevaleries
E de plusors fait aaties;
La ot parlé del desconfire
Quin iert li mieudre, qui li pire;
Qui jostera, qui sera pris;
Quin iert blasmez, quin avra pris.
En plusors sens se contralient:
Li un s'iraissent, l'autre en rient:
«Beau sire Hector,» fait Achillès,
3) Bernard Cerquiglini, La parole médiévale. Paris, Ed. de Minuit, 1981. ET RÉÉCRITURE DANS LA «HISTORIA TROYANA» 93 TRADUCTION
ou si une situation annonciatrice d'échange a été établie l'instant
d'avant :
v. 7924-5 Donc a pris Hector Eneas :
«Hui mais», fait il «vos en istreiz
v. 15300-1 A lui meïsme se conseille:
«Sire», fait el, «mostrer vos vueil
Dans la Historia Troyana, la seule construction connue tant du
discours en prose que des passages en vers est, en ce cas, la prolepse.
Dans la suite de l'échange, dans les réponses successives, la
divergence entre texte de départ et texte d'arrivée se fait tout aussi
nette. Toujours et partout la construction proleptique dans le texte
espagnol alors que le vers français connaît les deux manières
— analeptique :
v 7773 — Sire,» ço respont Troïlus,
v. 7956 — Sire», fait il, «ne demorez
— proleptique :
v 7933 Fait Eneas : «Tôt est en Dé;
v. 7945 Hector respont: «Vos dites veir,
alterne ces deux manières ou les conjoint:
v. 11784-5 Eneas respont devant toz:
«Seignor,» fait il, «...
Dans les vers français, le verbe chargé d'introduire la parole
ou de la confirmer a posteriori comme telle peut être un verbe décla
ratif au sens strict, dire (v. 7758), répondre (v. 7773, 7945, 11784,
11809), parler (v. 11764 par exemple), ou bien un verbe au séman-
tisme plus extensif, que sa situation contextuelle investit d'un rôle
déclaratif, le verbe faire (par exemple aux v. 7925, 7933, 7956, 11728,
11785, 13135, 13277, 15306). Ce verbe, à l'apport informatif minimal,
fonctionne comme marqueur du style direct, en même temps qu'il
permet l'insertion d'un pronom sujet et donc l'institution d'un
locuteur ou le rappel de son identité.
Mais ce peut être un verbe non strictement déclaratif:
v. 10334 Moût se laidenge et moût se blasme:
v. 13276 Des ieuz plore, del cuer sospire: JEAN-CLAUDE CHEVALIER / MARIE-FRANCE DELPORT 94
La Historia Troyana fait précéder tout discours direct du verbe dezir
employé
— soit seul :
extrait n° 4 E desque ovieron Paris e Elena auidos sus
rrazones muy alegres entresy, dixo Elena:
«folgat...
ibid. E don Hebtor dixol estonce juegando: ...
extrait n° 6 E dixo estonce Anchiles contra don Hebtor:
— soit dans la suite d'un verbe qui précise la circonstance du
dialogue :
extrait n° 1 legóse a el e dixol: n° 2 tornóse para do estaua Eneas e dixol:
extrait n° 3 paróse ante don Hector lorando, e dixol:
— soit coordonné à un verbe déclaratif:
extrait n° 1 respondiol Troylo e dixo: n° 2 E rrespondio estonce Eneas e dixo:
ibid. E don Hebtor e dixol:
extrait n° 5 E respondió estonce Eneas ante que todos los
otros e dixo:
ibid. E rrespondio estonce don Hebtor e dixo:
extrait n° 6 contra Anchiles e dixo:
Le verbe dezir, situé presque toujours dans l'immédiate antécédence
du discours direct, apparaît donc la prose de la Historia
Troyana comme le marqueur obligé de la prise de parole. Son rôle
fonctionnel est semblable à celui des guillemets que l'on ouvre.
Dans les passages en vers, dezir est également toujours présent
(voir, par exemple les extraits n° 3 et 7); mais, sur les treize prises
de parole que ces poèmes renferment, pas une fois il n'apparaît
coordonné à un autre verbe déclaratif (type respondió e dixo).
Dans le poème français, le temps du verbe proleptique est
— tantôt le passé composé, lors de l'ouverture du dialogue:
v. 7758 Hector li a dit :
v. 7924 Donc a pris Hector Eneas :
v. 11764 Premerains a Prianz parlé: ET RÊÉCRITURE DANS LA «HISTORIA TROYANA» 95 TRADUCTION
— tantôt le présent quand le dialogue est instauré :
v. 7933 Fait Eneas :
v. 7945 Hector respont:
v. 1 1784 Eneas respont
Le verbe analeptique est, lui, toujours au présent (fait il, ço respont).
Le passé composé fait passer du récit non présent à l'instant
présent de locution. Dès lors que le discours direct a été entamé,
on ne quitte plus ce présent de locution, que ce soit pour rappeler
immédiatement qui est en train de parler (fait iî) ou annoncer
que l'interlocuteur va répondre.
Rien de tel dans la Historia Troyana, si ce n'est une fois, dans
le Poème VIII, où un ora dize alterne exceptionnellement avec des
prétérits et des imparfaits. Dans la prose la règle est plus stricte
encore et ne souffre aucune exception: le verbe déclarati

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