Un aspect historique des rapports de l animisme et de l Islam au Niger - article ; n°2 ; vol.32, pg 249-274
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1962 - Volume 32 - Numéro 2 - Pages 249-274
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

H. Raulix
Un aspect historique des rapports de l'animisme et de l'Islam au
Niger
In: Journal de la Société des Africanistes. 1962, tome 32 fascicule 2. pp. 249-274.
Citer ce document / Cite this document :
Raulix H. Un aspect historique des rapports de l'animisme et de l'Islam au Niger. In: Journal de la Société des Africanistes.
1962, tome 32 fascicule 2. pp. 249-274.
doi : 10.3406/jafr.1962.1359
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1962_num_32_2_1359ASPECT HISTORIQUE DES RAPPORTS UN
DE L'ANIMISME ET DE L'ISLAM AU NIGER
PAR
H. RAULIN
A l'occasion d'une mission d'étude de la tenure des terres et de
l'évolution des structures socio-économiques des groupes familiaux,
l'auteur de cet article a été amené à examiner l'importance des fac
teurs religieux, notamment celui de l'adoption de l'Islam par des
populations qui naguère encore pratiquaient un culte animiste. Une
manifestation, à caractère à la fois politique et religieux, observée
deux années consécutives est décrite ici dans son contexte historique
et géographique.
* *
De nombreuses religions propres à l'Afrique noire sont des systèmes
animistes ou naturistes cherchant à expliquer. d'une certaine manière
les phénomènes naturels qui permettent la survie de la société, et à
se les concilier.
Un des cultes que l'on retrouve dans tous ces systèmes concerne
la terre nourricière, la Terre-Mère. Certes les religions africaines ne se
limitent pas à ce culte du terroir, certaines d'entre elles ayant concept
ualisé des mythes essentiels, en particulier celui de la création du
monde. D'autres ont élaboré des systèmes cosmogoniques complets,
mais il est rare qu'on n'y retrouve pas un ensemble de croyances à
des puissances bénéfiques ou maléfiques qui peuplent le terroir sur
lequel le groupe s'est établi.
Quoique étant limitées à des groupes sociaux vivant en économie
fermée, ces religions ont de nombreux points communs avec celles
des sociétés qui même en dehors de l'Afrique en sont à un stade
de développement culturel comparable.
L'impact d'une des grandes religions monothéistes qui se partagent
le monde peut changer la face des choses. En ce qui concerne le Niger,
ses populations, animistes à l'origine, ont plus ou moins subi depuis 250 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
une dizaine de siècles le contact du monde musulman. Or l'Islam
n'est pas seulement une religion, mais une éthique sociale qui corre
spond à un stade ultérieur du développement intellectuel et économique
de la société : au début ce sont surtout des commerçants qui en sont
les propagateurs efficaces. Ces règles de vie sociale constituent le droit
musulman qui régit tous les adeptes de la religion islamique. Toutes
les prescriptions religieuses et sociales, la réglementation civile et le
droit pénal sont inclus dans le Coran.
Un tel monument, lorsqu'il quitte le domaine qui lui est propre,
c'est-à-dire les pays arabes, pour s'appliquer à des populations de
l'Afrique noire, ne peut conserver tout son aspect initial bien qu'aucune
des obligations de la religion nouvelle ne soit incompatible au premier
abord avec les valeurs traditionnelles de la plupart des sociétés noires ;
pas même avec les croyances antérieures.
Les religions du terroir ont en fait conservé une grande partie de
leur vigueur, même si leurs adeptes ont adopté ouvertement l'Islam
comme religion officielle. L'islamisation des Nigériens, si l'on s'en
rapporte aux signes extérieurs et aux opinions généralement admises
serait à peu près totale 1. La réalité est beaucoup plus complexe et
ce ne sont pas les déclarations des intéressés lors des recensements qui
peuvent nous éclairer, encore que l'on doive en tenir compte, même
si elles ne correspondent pas à une objectivité rigoureuse. Le nombre
de ceux qui se déclarent animistes, malgré la pression sociale qui
s'exerce dans le sens de l'islamisation, par suite du prestige que celle-
ci confère, est un indice très net de la résistance des religions du terroir
à la pénétration de l'Islam. En ce qui concerne les régions sur les
quelles porte cette étude, on peut remarquer qu'un quart environ de
la population des cercles de Dogondoutchi, Birni N'Konni et Maradi
tient à marquer son attachement aux croyances traditionnelles. Cette
proportion serait beaucoup plus élevée si on se limitait aux indications
données par les recensements des populations Maouri de Dogondoutc
hi, des Aderawa de Tahoua, des Konnawa de Birni N'Konni et des
Goberawa de Maradi ou de Tibiri. Si les grandes lignes historiques de
l'islamisation de la zone des savanes, liées à l'extension ou au déclin
des grands empires sont bien connues, certains aspects de la dernière
vague propagatrice de l'Islam le sont moins. Bien que l'élément actif
initial soit le même, on peut, en ce qui concerne le Niger actuel, di
stinguer deux mouvements très différents quant à leur origine, leur
1. Dans la préface du livre de J. N. D. Anderson « Islamic Law in Africa », London 1954, Lord
Hailey attribue un pourcentage extrêmement élevé de Musulmans aux anciens territoires de
Г A. O. F. » ...there are others (territories south of the Sahara) in which they form either the major
ity or a very noticeable proportion of the whole. Muslims comprise... 90 per cent (of the populat
ion) in the Niger. \
les développement rapports RAPPORTS qui et se leurs DE sont L'ANIMISME conséquences, établis entre ET en DE les particulier b'iSLAM conquérants AU en ce NIGERPeulh, qui concerne propa251
gateurs de l'Islam et les populations qu'ils soumirent.
Un de ces mouvements intéresse la vallée du Niger ; bien que cette
région soit en dehors de notre étude, il a paru intéressant de rapporter
quelques nouveaux éléments d'information qui permettront d'établir
d'utiles comparaisons avec la vague d'islamisation qui a recouvert le
pays haoussa au début du xixe siècle.
Islamisation de la vallée du Niger.
Les documents peu nombreux sur ce point ont pu être complétés
par un interview du Marabout de Say : Alfa Soumaïla. Celui qui
devait devenir le fondateur de la ville sainte de Say s'appelait Alfa
Mahaman Djobo et était originaire de Bossa près de Gao ; ce n'est
qu'un simple marabout qui, à la fin du xixe siècle, prêche autour de
son village, en particulier à Gorguol, Tiriga, Larba Bangoutoura,
Lakabou. De là, il descend par le fleuve à Tarra près de Si uder, puis
gagne Kassoni (canton de Dargol). Il s'y révèle comme un grand
marabout et devient un saint homme : les Kado, les Kourthey, les
Wogo « se donnent à lui ». Un peu plus tard, il part vers le sud, suivi
de nombreux Peulh, Sonraï et Bella et s'installe à Kaporé (canton de
Lamordé), mais il n'y fait qu'un bref séjour et vient se fixer à Néni
(île située près de Niamey) où il demeure sept ans. Il a là une activité
extrêmement importante, tant religieuse que politique. Il reçoit des
marabouts célèbres, en particulier Boubakar Loudoudji, chassé du
Dallol Bosso par les Kabinté et les Djerma. Alfa Mohaman Djobo va
s'installer en sa compagnie à l'emplacement de la cité actuelle de Say
où ils restent ensemble deux ans à préparer la conquête du Boboye *
au cours de laquelle Boubakar Loudoudji trouve la mort sept mois
plus tard. Mais ses troupes composées de Peulh Torobé et Bitinkobé
réussissent à s'implanter autour de la place fortifiée de Birni N'Gaouré
sur laquelle elles s'appuient pour faire respecter leur domination et
leurs conquêtes territoriales.
Leur action tantôt brutale, tantôt habilement conciliante, visait
autant à obtenir des terres qu'à se faire reconnaître comme le seul
pouvoir. Ils y parvinrent dans une certaine mesure. « Les descendants
de Maldi (chef djerma) répandus dans le Fakara et sur les bords du
1. Ou Dallol Bosso. * SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 252
fleuve s'inféodèrent aux Peulh dont ils reçoivent aujourd'hui encore,
l'investiture avec le titre d'Amirou... 1 »
Faits d'occupation du sol, faits religieux et politiques sont mêlés à
tel point qu'il ne peut être question de les

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