Un monde policé en terre ivoirienne : le cercle toubabou, 1904-1939. - article ; n°89 ; vol.23, pg 97-119
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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1983 - Volume 23 - Numéro 89 - Pages 97-119
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Alain Tirefort
Un monde policé en terre ivoirienne : le cercle toubabou, 1904-
1939.
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 23 N°89-90. 1983. pp. 97-119.
Abstract
A. Tirefort — A ' Civilized' World in Ivory Coast : The Tubabu Club, 1904-1939.
Before the actual achievement of penetration and control, a tendency toward association manifested itself among the settlers. In
full growth during the twenties, this trend fulfils a need for intensifying 'after work' relationships between indi-viduals. As a focus
for entertainment generating a feeling of security, the Tubabu club marks the strong beat in the settlers' daily life. At the same
time, it presents the natives with a model of ' civilized' society. Nevertheless, its role as a means of social control among the
colonists' group provides a glimpse of the internai divisions which seem to increase in the thirties. On the eve of World War II, the
associative trend has spread into the native population, as a socio-economic answer to urban insecurity in a disrupted society
rather than a mere mimetism. Among the White settlers' community it is indicative of a mutation: the group as a whole has
become less well-ofi, less homogeneous and less easy to penetrate than it was at the beginning of the century. Male-dominated
and more and more restricted to 'real White-men', the Tubabu club typifi.es the 'White power' in the lower Ivory Coast, its limits
and its evolution toward a double confinement.
Citer ce document / Cite this document :
Tirefort Alain. Un monde policé en terre ivoirienne : le cercle toubabou, 1904-1939. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 23
N°89-90. 1983. pp. 97-119.
doi : 10.3406/cea.1983.2258
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1983_num_23_89_2258Alain Tirefort
Un monde policé en terre ivoirienne
le cercle toubabou* 1904-1939
Mil en entrevoir résistance pas végétale colonie de Européen White tâtonnements neuf définitive est fran cent est pas une de qui aise1 la quatre moins plus réalité grave comme part voit La per abord effective des prise moins impérialisme la ue en possibilité autochtones comme de la témoignent répulsive inhospitalière possession avec basse un un la obstacle Côte fran de création dès du enrichissement les basse Ivoire ais aux les territoire nombreux mais se et années concrétise yeux officielle moyenne devient laisse ivoirien des 1920 mouvements progressivement une court un après colons Côte exubérance attrait si ou véritable elle Ivoire un moyen siècle est pour une de
Forme courante en Côte Ivoire du mot toubab qui désigne le Blanc en
général et par extension étranger Employé au bas Sénégal dans le golfe de
Guinée et dans le bassin du Niger bien avant le xxe siècle toubab viendrait
selon Delafosse un radical arabe ihaoub passé dans nombre de langues
africaines dont le manding et qui aurait le sens de vêtement Plus que
porteurs habits ou de culottes les Toubabou auraient été surnommés dès
époque des comptoirs marchands habits thawwab en arabe)
La Côte Ivoire non dissociée de la Guinée avant 1893 et dont les territoires
septentrionaux Bouna Kong Odienné avaient été rattachés au Soudan
voit ses frontières définitivement fixées au début du xxe siècle Par deux décrets
ler oct 1902 i8 oct 1904) elle est individualisée et intégrée officiellement
empire ouest-africain fran ais Si le cadre général de administration est tracé
dans la première décennie du siècle les Fran ais doivent encore casser des
révoltes locales comme celles des Baule qui aboutirent en 1893 1901 et 1902
la prise de Tiassalé de Kokumbo et de Béoumi ou comme le soulèvement
guro de 1907-1908 Seule la répressive pacification Angoulvant gouver
neur de 1908 1916 permet administration avoir le dernier mot
Cette image colportée par les marins anglais du xixe siècle traduit la terreur
panique des Européens devant agression climatique débilitante et les
maladies notamment égard du vomito negro fièvre jaune) dixième des tropicales en importance mais venant au premier rang des émotions
collectives cf ce sujet WONDJI 1972)
est en termes guerriers que sont évoqués les rapports avec le milieu ivoirien
commencer par le franchissement de la barre mugissante et redoutable
ennemie ...] celle qui tue viennent ensuite les murailles de forteresses
vertes épaisses comme un charnier végétal les chutes et les rapides qui
bien loin être travers la forêt des chemins qui marchent sont vus comme
autant obstacles la pénétration Même les lagunes un admirable réseau
de navigation intérieure pourtant échappent pas cette vision négative
un lieu de morbidité permanente
Cahiers tudes africaines 89-90 XXIII-i-2 1983 pp 97-119 ALAIN TIREFORT
Habitants
15 000
000
000
000-
000
000
000
000
1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960
FIG Courbes de lissage Population européenne en Côte Ivoire
1902 1910 1920 1930 1940 1946
FIG volution des populations européenne et fran aise
en Côte Ivoire
terme une décennie plus tard cette terre est un beau jardin plein des
plus riches promesses
Réserve coloniale en plein essor exploitée de plus en plus intensive
ment de 1919 1939 pour répondre aux divers besoins de la métropole
la Côte Ivoire abrite une communauté européenne dont la progression
spectaculaire 475 membres en 1904 835 en 1921 825 en 1926 et
Rapport agricole annuel 1928 Archives nationales de la république de Côte
Ivoire infra ANRCI image négative une basse Côte hostile persiste
pourtant au-delà du premier quart du xxe siècle comme en témoignent tant les
interviews que les écrits administratifs LE CERCLE TOUBABOU EN TERRE IVOIRIENNE 99
environ ooo en 1940 témoigne des nombreuses occasions de se faire
ou de se refaire une santé économique et sociale4 Financièrement privi
légié par rapport aux autochtones et jouissant de revenus inaccessibles
en France le Toubabou tient la force la colonie Plus urbain que rural
avant 1940 il est attiré par les chefs-lieux de cercle où il peut disposer un
minimum de services selon les normes de la vie métropolitaine5 Malgré
cela le sentiment du colonat de former une minorité loin de diminuer du
fait de son accroissement démographique semble se renforcer pendant
entre-deux-guerres Isolé ne serait-ce en raison de la transplantation
un paysage familier en un monde différent et inconnu le Fran ais vit
outre-mer avec une sensation insécurité le regard en permanence tourné
vers la mère-patrie Si de nombreux administrateurs étaient si chauds
pour rentrer en France est que la Côte Ivoire partageait avec la
Guinée la plus mauvaise réputation parmi les affectations possibles en
AOF la Côte des Mâles Gens était considérée en quelque sorte comme
un lieu pénitentiaire une disgrâce Ainsi même dans le deuxième
quart du xxe siècle la communauté fran aise per oit intensément son
infériorité numérique lors de enquête que ai menée de novembre 1976
mai 1978 auprès anciens coloniaux ayant résidé avant 1940 en basse
et moyenne Côte Ivoire la question combien estimez-vous le
nombre de colons dans les centres urbains où vous avez vécu les
réponses obtenues ont presque toutes sous-évalué leur importance numé
rique Doit-on voir en cela expression une prise de conscience aiguë de
leur situation minoritaire en même temps une valorisation de leur
force de leur uvre
Micro-société abondance où métis et non-Européens ont pas leur
place6 la communauté européenne de basse Côte crée un mode de vie
dans lequel anonymat est banni et la fréquence des relations est jugée
inhérente la vie coloniale II était difficile être seul Les circonstances
Interviews nov 1976-mai 1978 une quinzaine anciens de la colonie
résidant encore pour la plupart en Côte Ivoire Cf également Demandes
emplois 1921-22 et 1924-27 ANRCI QQ 45 46
En 1921 55 des Fran ais habitent dans les chefs-lieux de basse Côte et
639 en 193 importance du chef-lieu évidemment variable un double
point de vue géographique et chronologique est donc bien une constante du
colonat rares sont les cercles où un Fran ais sur deux vit en brousse)
Symbole de la faute coloniale le métis ivoirien piteux résultat la peau
de tonalité imprécise et louche selon Claude CHIVAS-BARON 1939) ne repré
sente pas avant 1940 un trait union entre Européens et autochtones Bien
que certains métis occupent dans le monde du travail une position intermédiaire
grâ

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