Véhicularisation, vernacularisation et situations créoles en Afrique. Le cas du songhay - article ; n°1 ; vol.32, pg 41-60
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Langage et société - Année 1985 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 41-60
Nicolaï Robert, Vehicularisation, vernacularisation and creole situations in Africa: The case of Songhay.
This paper presents indices of ancient pidginisation and of vernacular restructuration at the origin of three groups of peripherical dialects, geographically separated both one from the other and with respect to the central group - of songhay language. It explains the differences by the intervention of a change in the functional sociolinguistical status of this language in the course of History. These droppings imply the catastrophic principle in the history of languages. Moreover, evidence of analogous phenomena at the origin of this same primitive Songhay language implies the uniformitarian principle. Socio-historical, linguistical, typological and lexico-statistical principles are forwarded.
Cet article présente des indices de la pidginisation ancienne et de la restructuration vernaculaire à l'origine de trois groupes de dialectes périphériques et géographiquement disjoints - et entre eux et par rapport au groupe central - du songhay, en expliquant leur différence par l'intervention du changement du statut fonctionnel sociolinguistique de cette langue à divers moments de l'histoire. Ces bouleversements mettent en jeu le principe catastrophique dans l'histoire des langues. En outre, des présomptions de phénomènes analogues à l'origine même du parler songhay primitif mettent en jeu le principe uniformita- rien. Des arguments socio-historiques, linguistiques, typologiques et lexico-statistiques sont présentés.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 64
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Robert Nicolaï
Véhicularisation, vernacularisation et situations créoles en
Afrique. Le cas du songhay
In: Langage et société, n°32, 1985. pp. 41-60.
Abstract
Nicolaï Robert, "Vehicularisation, vernacularisation and creole situations in Africa: The case of Songhay".
This paper presents indices of ancient pidginisation and of vernacular restructuration at the origin of three groups of peripherical
dialects, geographically separated both one from the other and with respect to the central group - of songhay language. It
explains the differences by the intervention of a change in the functional sociolinguistical status of this language in the course of
History. These droppings imply the "catastrophic" principle in the history of languages. Moreover, evidence of analogous
phenomena at the origin of this same primitive Songhay language implies the uniformitarian principle. Socio-historical, linguistical,
typological and lexico-statistical principles are forwarded.
Résumé
Cet article présente des indices de la pidginisation ancienne et de la restructuration vernaculaire à l'origine de trois groupes de
dialectes périphériques et géographiquement disjoints - et entre eux et par rapport au groupe central - du songhay, en expliquant
leur différence par l'intervention du changement du statut fonctionnel sociolinguistique de cette langue à divers moments de
l'histoire. Ces bouleversements mettent en jeu le principe catastrophique dans l'histoire des langues. En outre, des présomptions
de phénomènes analogues à l'origine même du parler songhay primitif mettent en jeu le principe uniformita- rien. Des arguments
socio-historiques, linguistiques, typologiques et lexico-statistiques sont présentés.
Citer ce document / Cite this document :
Nicolaï Robert. Véhicularisation, vernacularisation et situations créoles en Afrique. Le cas du songhay. In: Langage et société,
n°32, 1985. pp. 41-60.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1985_num_32_1_2022Robert NICOLAI
IDERIC
Université de Nice
VEHICULARISATION, VERNACULARISATION ET SITUATIONS CREOLES EN AFRIQUE.
LE CAS DU SONGHAY *
Les recherches sur les créoles soulignent que l'évolution linguisti
que ne se fait pas uniquement par le canal d'une évolution continue , ainsi
en face de 1' "unif ormitarian principle of linguistic change" l'importance
d'un "principle of catastrophic change" n'est plus négligée (Mühlhausler ,
1982-221); mais lorsque ce principe est rapporté au "catastrophic break in
linguistic traditions promoted by the plantation system" qui "forced adults
to reinvent languages in a situation of non targeted second language lear
ning"... on croit y reconnaître une application subtile du principe unifor-
mitariste lui-même car c'est uniquement un type donné de changement catas
trophique qui est pris en compte : celui qui se base sur la situation in
troduite par la société de traite et de plantation et peut être aussi sur
une idée 'préconçue' de l'évolution linguistique dans cette situation. On sait
* Version française de "is Songay a Creole Language ?" dernier chapitre de
"Pidgin and Creole Languages" édité par Glenn Gilbert, University of
Hawaii Press (sous presse).
Langage & société no 32 juin 1985 - - 42
aussi que pour certains auteurs tels Chaudenson, Manessy ou Valdman, la
formation des créoles français ne serait pas le résultat d'une créolisation
à partir de pidgins mais plutôt à partir d'un continuum pré-créole.
Par ailleurs, du point de vue linguistique, ce qui nous paraît le
plus utilement caractériser le 'principe catastrophique1 n'est pas son ac
tualisation particulière dans une contingence historique mais le changement
de 'référentiel' qu'il implique : disparition, réorganisation et réinvestis
sement du niveau normatif ; changement dans le statut fonctionnel sociolin-
guistique de la langue. Ce de statut fonctionnel semble effecti
vement être corrélatif d'un bouleversement ou, tout au moins, de variations
importantes aux niveaux social, économique, politique ou culturel, mais
en lui-même, il est süffisant pour être reconnu comme catastrophique au sens
d' "imprévisible" et peut être aussi au sens de R. Thom.
Une typologie des changements catastrophiques historiquement identi
fiables serait utile et les résultats acquis, les régularités reconnues,
devraient permettre d'introduire un questionnement sur les langues sans tra
dition écrite pour lesquelles on peut se demander si les évolutions 'catas
trophiques' n'y sont pas plus répandues que dans les quelques cas que nous
avons pu cerner ; la recherche sur les créoles africains peut alors être
abordée.
La question type est la suivante :
Est-il possible de reconnaître dans des langues possédant actuelle
ment une fonction vernaculaire et munies d'une fonction véhiculaire plutôt
réduite le résultat de l'évolution d'anciens créoles ? et comment ?
La question subsidiaire étant :
Que doit-on entendre exactement par 'créole' dans des situations qui
n'ont pas de rapports évidents avec celles qui ont permis l'introduction
du terme ?
1 . L ' exemple du songhay
Le songhay est une langue qui se prête bien à ce questionnement
compte tenu de ce que l'on sait de sa fonction véhiculaire dans le Moyen-
Niger. Sa place à l'intérieur de la famille nilo-saharienne n'est pas com
plètement satisfaisante et il a de fortes ressemblances avec les langues
mandé (Nicolai, 1977 , 1983) ; geographiquement, il est parlé sur un terri
toire étendu incluant la vallée du Fleuve Niger mais il est attesté en
d'autres lieux,: de Parakou, au Bénin, jusqu'à Tabelbala dans le sud de
l'Algérie (Nicolai, 1980, 1981). D'un point de vue ethnique les populations - - 43
qui l'emploient ne sont pas homogènes ; il est parlé par les Songhay et les
Zarma qui constituent des groupes socio-ethniques différenciés, ce qui trans
paraît dans, les coutumes et les traditions orales ; par des groupements d'ori
gine touarègue ou peule, sédentarisés ou non (De Lavergne de Tressan, 1953,
212). Les Maures de la communauté d'Araouan l'utilisent toujours comme lan
gue de contact avec les gens de Tombouctou ; son emploi à Djenné comme vêhi-
culaire est connu. II est parlé par les populations sédentaires des oasis
d'In-Gall et de Tabelbala ; les Kel Alkaseybaten (origine arabe ? Barrai,
1977) dé l'Oudalan l'utilisent. Il est parlé par les tribus d'origine sanhaja
(Igdalen, Idaksahak) sans oublier, vers le sud, les nombreux autres groupes
assimilés comme les Tienga du Dendi et quelques groupements hawsa et gurmance.
L'étude de la vehicular isation de la langue peut être appréhendée par
une analyse de sa différenciation dialectale et une stratification se laisse
découvrir si l'on compare certains traits des dialectes périphériques (dendi (D),
songhay occidental (SO), et songhay septentrional (SS) avec ceux du songhay-
zarma (SZ) représenté par les trois dialectes: songhay oriental, zarma et kaado >,
très peu différenciés les uns des autres (après exclusion des évolutions
zarma (Nicolai, 1980) que nous attribuons à une action relativement récente
du hawsa) « Nous énumérons ces traits avant d'y revenir plus en détail : les
dialectes D, SO et SS connaissent la disparition delà marque du 'spécifique'.
D'autres traits, quoique moins généralisés, distinguent encore ces dialec -
tes ^périphériques du SZ, il s'agit de l'ordre SVO au lieu de SOV et de l'exis
tence d'un pronom de rappel dans certaines constructions verbales en SO et
en SS ainsi que d'un amalgame du pronom et de la particule predicative en
SO et en D.
Sur la base de ces critères il est possible d'envisager la division
de l'ensemble songhay en deux blocs distincts :
- le bloc constitué par le SZ à l'intérieur duquel 1' inter compréhen
sion est complète et qui est fortement endocentré, c'est-à-dire qu'il pré
sente très peu de traits susceptibles d'être analysés comme le résultat
d'une contamination par une langue voisine.
- le bloc constitué par les trois autres dialectes, caractérisé à la
fois par des traits de réduction (perte du spécifique) et par de très nom
breux traits qui peuvent être interprétés comme le résultat d'

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