Vieillissement de la population : inconvénients et adaptation - article ; n°6 ; vol.50, pg 1593-1609
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Description

Population - Année 1995 - Volume 50 - Numéro 6 - Pages 1593-1609
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 346
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Henripin
Vieillissement de la population : inconvénients et adaptation
In: Population, 50e année, n°6, 1995 pp. 1593-1609.
Citer ce document / Cite this document :
Henripin Jacques. Vieillissement de la population : inconvénients et adaptation. In: Population, 50e année, n°6, 1995 pp. 1593-
1609.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1995_num_50_6_5888V G
Vieillissement de la population :
inconvénients et adaptation
Jacques HENRIPIN
L'objectif des textes qui vont suivre est double :
— passer en revue les principaux problèmes qui ont été soulevés
par les démographes (dans Population en particulier) à propos du vieilli
ssement des populations humaines ;
— rendre compte d'une querelle qui est en train de s'installer parmi
certains auteurs qui ont traité de la question. Querelle dont la virulence
est encore bien loin de celle qui a caractérisé la dispute entre les marxisants
et les autres, à propos des effets de la croissance de la population dans le
Tiers Monde; mais on peut craindre qu'en s'amplifiant, elle ne fasse plus
de tort que de bien dans la recherche de solutions à des problèmes que,
me semble-t-il, personne ne nie.
Il ne sera question ici que des aspects proprement collectifs du
vieillissement de la population, par opposition à tout ce qui concerne
le bien-être des personnes âgées considérées individuellement. Sans
doute les deux aspects sont-ils liés entre eux, mais nous essaierons de
nous centrer sur la façon dont la société dans son ensemble, ses insti
tutions, ses mécanismes collectifs, sont affectés par le vieillissement,
et aussi comment elle peut réagir à ses effets, surtout lorsqu'ils parais
sent indésirables.
Cette optique nous oblige à laisser de côté d'importants travaux
faits sous l'égide de l'INED, signés principalement par Paul Paillât et
Alain Parant, auxquels se sont parfois associés d'autres auteurs. Ces
études, très importantes pour saisir la façon dont la vieillesse est vécue,
ont un caractère plutôt descriptif, s'appuient souvent sur des enquêtes
et présentent un tableau très détaillé des conditions de vie et des res
sources des vieux en France, en distinguant entre citadins et ruraux.
Elles ont fait l'objet de quatre volumes de la série Travaux et documents
(cf. Gaymu, Paillât et Parant).
Nous aborderons le sujet en rappelant, très brièvement, les faits
démographiques majeurs, qui ne sont guère contestables ni contestés ;
ils débouchent principalement sur deux inconvénients financiers : Гас- 1 594 LE VIEILLISSEMENT DÉMOGRAPHIQUE
croissement du coût des services de santé et la difficulté d'assurer un n
iveau de vie convenable aux retraités. En outre, certains aspects familiaux
du vieillissement, liés à la transition démographique et concernant
l'isolement des vieux, seront rappelés. Nous emprunterons pour cela, sans
toutefois exclure d'autres sources, les résultats de nombreuses études publiées
dans Population dès la naissance de la revue.
Si l'on s'entend, en général, sur les conséquences majeures qu'on
vient de signaler, leur gravité ou l'ampleur de leurs inconvénients suscitent
déjà des sentiments divergents. Apparaissent dès lors des «accusations»,
à peine voilées, d'optimisme ou de pessimisme. Ainsi va la science, dira-
t-on. Sans doute, mais on enrobe parfois les éléments de ces discours d'une
étonnante suspicion qui va jusqu'à faire appel à certains éléments de la
terminologie politique aussi grandioses qu'inutiles.
I. - Les faits démographiques majeurs
Si l'on connaît bien l'évolution passée de la composition par âge,
les perspectives à moyen terme, disons pour le milieu du siècle prochain,
restent un pari. Mais il faut bien en faire un, si l'on veut apprécier l'am
pleur des difficultés qui nous attendent et les ajustements à faire pour y
faire face. Il ne manque pas d'exercices démométriques pour augurer du
futur et nous en choisirons quelques-uns qui nous serviront ici de points
de repère.
Dans leur ensemble, les pays industrialisés sont à peu près à mi-
course de l'état de vieillissement qu'ils auront atteint au milieu du siècle
prochain. En effet, la fraction des plus de 65 ans -c'est l'indicateur le
plus souvent utilisé - qui était de 2 ou 3 % en régime primitif, est main
tenant de 11 à 17%. Or, si la fécondité se stabilise à peu près au niveau
atteint récemment(l), les pays concernés atteindront une espèce de pla
teau situé à un niveau de 22 à 30%, suivant leur fécondité et compte
tenu d'un allongement plausible de la vie moyenne jusqu'à 85 ans. Quel
ques cas feraient sans doute exception.
Mais la réalité plus lointaine pourrait s'écarter du régime stable que
nous avons retenu et l'ensemble du monde industrialisé pourrait ultérie
urement se situer plus haut ou plus bas. Plus bas, si la fécondité dépasse
le niveau de remplacement; plus haut, si elle poursuit sa chute et aussi si
la vie moyenne dépasse un jour 90 ans. Rappelons l'étonnant résultat du
scénario, un peu osé mais non invraisemblable de J. Bourgeois-Pichat
(1981, 1, pp. 36-42) : une descendance maintenue à 1,53 enfant par femme
(à partir de l'an 2000) et une progression de la vie moyenne l'amenant à
О Bien entendu, rien n'assure cette stabilisation à des niveaux qui pourraient varier
de 1,5 à 2,0 enfants par femme. C'est cependant l'un des meilleurs paris à faire. LE VIEILLISSEMENT DÉMOGRAPHIQUE 1 595
100 ans en 2050, donneraient à la population européenne, pour cette der
nière année, la composition par âge suivante :
0-14 ans 10,2 %
15-24 ans 7,7%
25-44 ans 17,4 %
45-64 ans 21,4 %
65-84 ans 25,6 %
85 ans et plus 17,7 %
Plus de 40 % de vieux! Et encore, cela n'inclut pas, comme on
le fait souvent, les 60-64 ans. Il y aurait autant de «plus de 85 ans»
qu'il y a aujourd'hui de «plus de 65 ans» dans les pays les plus vieux.
Ajoutons, cependant, que dans ce « scénario » de J. Bourgeois-Pichat, le
milieu du siècle prochain serait temporairement affecté d'un vieillissement
particulièrement accentué et qu'il serait donc suivi d'un certain rajeunis
sement, les «65 ans et plus» étant progressivement ramenés à 35 % vers
2125. Cela est dû à un redressement de la fécondité à partir de 2050, qui
la ramène au niveau de remplacement.
Passons à un exercice peut-être moins osé. Le modèle de population
stable à faible fécondité de J. Duchêne et G. Wunsch (1990, 2, p. 329)
est probablement plus vraisemblable que le scénario de J. Bourgeois-Pichat.
Leur modèle correspond à une vie moyenne de 91,4 ans et une descendance
de 1,7 enfant; il donne 36% de «65 ans et plus» ou encore 24% de «plus
de 75 ans ». Leurs calculs ont été faits par sexe et cela nous vaut une surprise :
contrairement à un phénomène qui prend de plus en plus d'importance, les
vieux - et les très vieux - de sexe masculin seraient alors plus nombreux que
les vieilles, la table de mortalité étant la même pour chacun des deux sexes.
Ajoutons encore un autre repère : J. Duchêne et G. Wunsch présentent aussi
un autre modèle, celui d'une population stationnaire ayant la même vie
moyenne que dans le modèle précédent, mais une fécondité voisine de deux
enfants par femme. Dans ces conditions, les «plus de 65 ans» représentent
29% de la population et les «plus de 75 ans», 18%.
Dans le modèle le moins vieux de J. Duchêne et G. Wunsch, le rapport
des plus de 65 ans aux 18-64 ans est de 29,07/51,29 = 0,567, alors que pour
l'Europe de 1990, il est égal à 68,2/317,8 = 0,215 (ONU, 1993, p. 32). En
d'autres termes, il y avait en 1990, en Europe, près de cinq adultes pour
un vieux; il n'y en aurait que moins de deux dans le modèle le plus gé
néreux en matière de fécondité et un et un tiers dans le supposant
1,7 enfant par femme.
La précision n'est pas très utile dans l'exercice que nous venons de
faire. Il n'avait pour but que de fixer des points de repère. Quoi qu'il
arrive, le rapport du nombre des vieux à celui des adultes va augmenter
singulièrement. Retenons un ordre de grand

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