Voyage dans deux siècles  de démographie     Le tour de la Basse-Normandie  en 34 recensements
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Voyage dans deux siècles de démographie Le tour de la Basse-Normandie en 34 recensements

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Cent pour cent Basse-Normandie Voyage dans deux siècles de démographie Le tour de la Basse-Normandie en 34 recensements Avec près de 90 habitants au km², la Basse-Nor-Avec une population d’un million et demi de mandie a figuré pendant toute la premièrepersonnes, le territoire bas-normand n’a- emoitié du XIX siècle parmi les régions françai- brite pas aujourd’hui plus d’habitants qu’au ses les plus densément peuplées, à hauteur de edébut du XIX siècle, alors que la population sa voisine haut-normande. En province, seuls le Nord-Pas-de-Calais et l’Alsace affichaient déjàmétropolitaine a doublé. Le poids démogra- des densités supérieures à 100 habitants auphique de la région a donc été divisé par km². Avec 83 habitants au km², la Basse-Nor-deux, modifiant sa place sur l’échiquier des mandie se situe désormais bien en dessous deerégions françaises. À l’aube du XIX siècle, la la moyenne nationale (114 habitants au km²). Basse-Normandie pesait dans la population e De fait, le XIX siècle n’a pas été favorable à lafrançaise autant que la Bretagne ou l’Aqui- Basse-Normandie, seule région à avoir connutaine aujourd’hui (5%). une baisse de population entre les recense- ments de 1801 et 1901. Qu’en sera-t-il demain ? Quel avenir pour les villes touchées par des restructurations in- Avant 1850 : une Basse-Normandie dustrielles ? Quelles mesures publiques peu- repliée sur ses terres vent influer sur les évolutions à venir ?

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Langue Français
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Extrait

Cent pour cent
Basse-Normandie
Voyage dans deux siècles de démographie
Le tour de la Basse-Normandie
en 34 recensements
Avec près de 90 habitants au km², la Basse-Nor-Avec une population d’un million et demi de
mandie a figuré pendant toute la premièrepersonnes, le territoire bas-normand n’a- emoitié du XIX siècle parmi les régions françai-
brite pas aujourd’hui plus d’habitants qu’au ses les plus densément peuplées, à hauteur de
edébut du XIX siècle, alors que la population sa voisine haut-normande. En province, seuls le
Nord-Pas-de-Calais et l’Alsace affichaient déjàmétropolitaine a doublé. Le poids démogra-
des densités supérieures à 100 habitants auphique de la région a donc été divisé par
km². Avec 83 habitants au km², la Basse-Nor-deux, modifiant sa place sur l’échiquier des
mandie se situe désormais bien en dessous deerégions françaises. À l’aube du XIX siècle, la la moyenne nationale (114 habitants au km²).
Basse-Normandie pesait dans la population
e
De fait, le XIX siècle n’a pas été favorable à lafrançaise autant que la Bretagne ou l’Aqui-
Basse-Normandie, seule région à avoir connutaine aujourd’hui (5%).
une baisse de population entre les recense-
ments de 1801 et 1901.
Qu’en sera-t-il demain ? Quel avenir pour les
villes touchées par des restructurations in- Avant 1850 : une Basse-Normandie
dustrielles ? Quelles mesures publiques peu- repliée sur ses terres
vent influer sur les évolutions à venir ?
eJusqu’au milieu du XIX siècle, la Basse-Nor-
mandie, région plutôt riche et densémentSi les recensements de population menés de-
peuplée, se caractérise par une forme d’au-puis 1801 ne permettent évidemment pas de
tarcie. Communications et échanges avec l’ex-
répondre à de telles questions, ils témoi- térieur restant très limités, l’agriculture (avant
gnent de l’influence des mutations économi- tout céréalière) demeure essentiellement vi-
ques : l’organisation des systèmes de vrière et repose sur de petites exploitations né-
cessitant une force de travail nombreuse. Elleproduction joue sur les dynamiques de popu-
s’accompagne d’activités artisanales d’appointlation. Le décollage du Calvados au cours des
- selon les territoires : tissage, poterie, fabrica-
Trente Glorieuses traduit aussi l’effet mar- tion de clous ou autre petite quincaillerie - qui
qué des politiques de déconcentration indus- assurent aux plus démunis d’indispensables re-
venus de complément. Ces “industries domes-trielle et d’aménagement du territoire.
tiques”, présentes jusque dans les zones les
plus rurales, confèrent à la Basse-Normandie
Alors que de nouveaux défis – globalisation, une forme de compétitivité, au sens où l’on
environnement, société de la connaissance, pouvait l’entendre à l’ère proto-industrielle.
métropolisation – s’imposent pour la
Si ces conditions de vie permettent auxconception des stratégies d’aménagement,
Bas-Normands de bénéficier d’une mortalité
les enseignements tirés des bouleverse-
moindre, les naissances sont moins nombreu-
ments passés prennent parfois de singuliers ses qu’ailleurs et la population ne croît guère.
accents de modernité. Faut-il y voir une forme de contrôle des nais-
Cent pour Cent Basse-Normandie n° 226 - février 2012 1
n° 226 - février 2012Le tour de la Basse-Normandie en 34 recensements
sances, en vue de ne pas diviser l’héritage,
et souvent les terres familiales, d’autant
que le droit coutumier ne favorise pas les
successions des fratries nombreuses ?
Quoiqu’il en soit, la Basse-Normandie s’é-
rige déjà, à cette époque, en terre d’émi-
(1)gration, accueillant moins de horsains
qu’elle ne voit partir de ses “enfants”.
L’Ancien Régime s’était achevé en
Basse-Normandie par une progression li-
mitée de la population, nettement plus
lente que dans le reste du Royaume. Du
Consulat aux révolutions de 1830 et 1848,
la région a connu une relative stabilité dé-
mographique, la population bas-normande
restant autour de 1,53 million d’habitants.
1850 - 1920 : peu
d’industries, peu d’hommes
À partir de 1850, le tassement progressif de
la dynamique démographique régionale va d’Auge ou baie des Veys -, se répand et fait ou dans les villes industrielles voisines
se muer en déclin. Les révolutions de l’in- de la Basse-Normandie la région verte que comme Rouen et Le Havre.
dustrie et des transports, élargissant les nous connaissons. Ce basculement partiel
marchés et développant la concurrence, de l’agriculture locale, associé à un début Cette forte émigration, associée à une na-
bousculent les schémas de l’économie de de mécanisation, lamine l’emploi agricole talité toujours en berne et une mortalité en
subsistance bas-normande et la contrai- traditionnel. Face à la concurrence de pro- hausse, en raison notamment des ravages
gnent à se réorienter. duits extérieurs, souvent issus de manufac- directs et indirects de l’alcoolisme, va
tures industrielles, les plus précaires ne conduire la région à un déclassement conti-
Fort de débouchés nouveaux, l’élevage, no- trouvent plus dans le petit artisanat rural nu jusqu’à la première guerre mondiale. Au
tamment bovin, se développe. L’herbage, les revenus d’appoint nécessaires. C’est l’o- recensement de 1911, la Basse-Normandie
limité jusque-là à quelques territoires - pays rigine d’un exode rural massif. a perdu 352 000 habitants par rapport à
1851, soit une baisse de 23 %, imputable
Cet exode ne profitera pas pour autant aux pour un gros tiers au déficit migratoire avec
villes de la région. Car si tout semblait en les autres régions.
place, à l’époque pré-industrielle, pour as-
DE QUOI PARLE-T-ON ? surer à la région un avenir florissant, la Dans le même temps, la population fran-
Basse-Normandie va passer à côté de la ré- çaise s’est quant à elle accrue de 14 %, et
Cette étude s’appuie sur des séries de volution industrielle, qui se jouera davan- rares ont été les régions à perdre des habi-
population constituées à partir de 34 re- tage sur l’axe rhénan et dans les bassins tants (- 18 % pour Midi-Pyrénées, - 10 %
censements réalisés depuis 1801, et éta- miniers. pour la Franche-Comté, - 8 % pour la Bour-
blies pour chacune des communes de la gogne, - 5 % pour la Picardie). Les effets de
errégion, dans leurs limites au 1 janvier Le Calvados, par exemple, n’emploie plus la Grande guerre noirciront encore le ta-
2010. que 0,88 % de la main d’œuvre industrielle bleau, avec un déficit supplémentaire de
(2)du pays en 1896, contre 2,66 % en 1851 . 100 000 habitants en 1921. En soixante-dix
La population prise en compte est la po- Certaines villes, comme Falaise et sa bon- ans, la perte totale s’établit à 447 000 per-
pulation totale pour les recensements neterie, seront frappées de plein fouet. sonnes, et la région ne compte qu’à peine
de 1801 à 1954, la population sans dou- D’autres résisteront mieux, comme la ré- plus d’un million d’habitants.
bles comptes pour les de gion de Flers et Condé-sur-Noireau, au
1962 à 1999 et la population municipale moins pour un temps. Mais dans l’en- Le tournant de
pour le recensement de 2008. semble, les “enfants” des campagnes
l’entre-deux-guerresbas-normandes préfèreront s’exiler à Paris,
Les cartes d’évolution de densité de po-
À partir des années 1920, la chute estpulation ont été obtenues par un lissage
enrayée. À l’arrivée au pouvoir du Front Po-spatial. Elles ne représentent pas la va-
pulaire, en 1936, la Basse-Normandie a re-leur ponctuelle attachée à une com-
gagné près de 28 000 habitants. Lamune mais sa “moyenne” sur 10 (1) Le mot désigne, en parler normand, tout
progression est modeste (moins de 2 000kilomètres à la ronde. Elles estompent étranger à la Normandie
habitants par an), mais l’inflexion de ten-ainsi les disparités très locales pour
dance manifeste. Au tournant du siècle enmieux faire apparaître les grandes ten- (2) Source : “Pourquoi la Basse-Normandie
e
s’est-elle

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