Wassily Leontief et l'étude dynamique du circuit économique - article ; n°6 ; vol.4, pg 819-846

J. -R.Boudeville

Description

Revue économique - Année 1953 - Volume 4 - Numéro 6 - Pages 819-846
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_ECONOMIQUE
• Publié le: 01 janvier 1953
• Nombre de lectures: 56
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Monsieur J.-R. Boudeville
Wassily Leontief et l'étude dynamique du circuit économique
In: Revue économique. Volume 4, n°6, 1953. pp. 819-846.
Citer ce document / Cite this document :
Boudeville J.-R. Wassily Leontief et l'étude dynamique du circuit économique. In: Revue économique. Volume 4, n°6, 1953. pp.
819-846.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1953_num_4_6_407008WASSILY LEONTIEF
et étude dynamique du circuit économique
Les modèles économiques de Leontief constituent la présentation la
plus achevée une interprétation mécanique du circuit économique Ce
dernier est observé statistiquement et interprété partir de notions abstrai
tes inspirées par la théorie de équilibre général Wassily Leontief est
en effet un économiste disciple de Walras et admirateur de Quesnay
Les développements les plus récents de sa construction théorique ne peuvent
être appréciés la lumière de sa philosophie économique
Par nature econometrie combine analyse théorique et analyse statis
tique Mais deux voies concurrentes lui sont offertes entre lesquelles
Leontief fait un choix La première voie est celle de observation statis
tique de notions théoriques abstraites économiste observe des faits
nombreux partir de ces faits il regroupe avec aide un nombre
restreint abstractions il induit indirectement une construction théorique
Il vérifie les résultats que lui permet de prévoir cette construction et
juge ainsi de la valeur du système Cette méthode qui utilise des abstrac
tions collectives concepts macroéconomiques est celle de induction sta
tistique Elle est illustrée par les travaux de la Cowles Commission
est celle que Leontief rejette
La seconde voie est celle de économie mathématique utilisant des
données mesurées économiste con oit une présentation schématique mais
détaillée un système économique Il remplace les symboles tous mesu
rables et empiriquement choisis par leurs valeurs réelles un moment
donné Il recherche enfin si les prévisions permises par les systèmes sont
Je tiens remercier le professeur Emile James et Jean
Marcewski des observations et des suggestions ils ont bien voulu me
faire au sujet de cet article Il va sans dire que je suis seul responsable
des pages suivantes en ce elles ont de critiquable 820 REVUE CONOMIQUE
vérifiées Cette méthode qui évite avec soin les abstractions collectives
est celle de Leontief Son adoption se fonde sur une critique de induction
statistique
Le but original de Leontief fut de redonner vie la notion inter
dépendance entre les divers secteurs économiques dégagée jadis par
Quesnay Le moyen était utilisation des progrès de information statis
tique moderne Le premier objet était analyse descriptive de la structure
économique des Etats-Unis objet actuel est de fournir un instrument de
mesure et de prévision technique indispensable la mise en uvre effi
cace de programmes économiques
Avant envisager la contribution nouvelle apportée par les dévelop
pements dynamiques contenus dans les récentes Studies il faut insister sur
deux reproches fondamentaux il était classique adresser Leontief
Le premier est la simplification excessive que constitue la proportionnalité
des coefficients de production Nous verrons ils peuvent être réintégrés
dans des fonctions de linéaires plus proches du réel En second
lieu le modèle de Leontief était disait-on microéconomique de fa on
volontaire et excessive Les liaisons entre les groupes particuliers sont
supposées insensibles aux modifications de économie dans son ensemble
Ceci est justifiable pour certaines liaisons techniques concernant consom
mation et production ou même stock de capital et production Mais ceci
est notoirement douteux dès que on passe du domaine des exigences
techniques au domaine des comportements observés Les réactions de en
trepreneur sont entièrement étrangères au raisonnement de Leontief Ce
sont pourtant les résultantes de ces réactions que peut seule donner
observation statistique où un premier hiatus entre le réel et le con
et cette idée que le modèle de Leontief ne décrit pas le comportement
une économie mais il cherche indiquer les liaisons techniques
sur lesquelles peut se fonder une planification De surcroît la demande
terminale dépendant de liaisons ou de décisions collectives était supposée
pouvoir être déterminée de fa on arbitraire Les récentes Studies tentent
de restreindre cette faille Mais il est pas certain que les deux domaines
dû secteur technique et de ancien secteur autonome puissent être consi
dérés comme indépendants
Quoi il en soit le prolongement des travaux de Leontief concernant
le circuit économique devait se faire sur la voie de la dynwnique Il est
en effet impossible de présenter une étude du fonctionnement réel de
économie sans envisager la liaison de phénomènes décalés dans le temps WASSILY LEONTIEF 821
II faut quelle que soit la technique exposition employée 1) fournir une
explication des changements et des évolutions
Les premiers damiers de Leontief ne fournissaient aucune explication
de changements quels ils soient Ils donnaient du circuit économique
une image essentiellement statique Les calculs appelés prévisions
ils permettaient effectuer étaient fondés sur la suppression arbitraire
du temps Dans une structure immuable aucune difficulté adaptation
était supposée exister Si les besoins la demande terminale doublaient
le raisonnement faisait hypothèse une adaptation immédiate et sans
à-coup de la production une élasticité parfaite Un tel modèle était
acceptable que pour des variations faibles et pour un terme court Il déna
turait le problème des investissements en le reléguant comme toute incon
nue dans le secteur autonome alors en fait indépendance ainsi sup
posé existait pas Il ignorait le progrès technique les modifications des
comportements tout ce qui constitue évolution des structures
une fa on générale dans le cadre un système économique théorique
tout changement peut être expliqué soit par enchaînement de phéno
mènes décalés dans le temps soit par une modification des structures
Quoi il paraisse étude de évolution des structures peut être
priori plus simple que celle du processus dynamique En effet ces struc
tures peuvent être celles un système statique économiste confronte
et combine les caractéristiques de deux images immobiles décalées dans
le temps et est la statique comparative il recourt Pratiquement
ordre logique des recherches peut ainsi être inversé Nous ne suivrons
pas Leontief sur cette voie préférant exposer tout abord ses théories
du processus investissement dans des conditions techniques données
avant étudier les conséquences une évolution de celles-ci
LA DYNAMIQUE DE LEONTIEF EST CELLE DE ACCELERATION
Leontief se devait de compléter son étude initiale par une analyse
empirique du processus investissement Sa méthode devait toutefois en-
Différences finies ou différentielles cf 829 définitions et note 13
829
Le flux des biens et des services étant immobilisé en position
équilibre
est-à-dire des relations et des paramètres 822 REVUE CONOMIQUE
traîner sur une voie différente de celle des recherches inspirées par J.M
Keynes Il reproche en effet cette école avoir fourni du capital et de
investissement des images outrageusement globales Il tente au contraire
de nous présenter une décomposition du capital en une multitude de
stocks distincts Dans chaque secteur différent de économie équipement
et inventaires présentent le caractère de stocks particuliers de richesse
opposant au flux des biens et services courants Une analyse de ces
stocks existant un instant donné doit nécessairement compléter par un
second damier étude des nux que synthétise le damier matrice simple
des coefficients techniques En effet la production un flux de bien quel
il soit exige une part un flux approvisionnement entrée autres
biens et services autre part un stock accumulé équipement inven
taires de matières premières et de biens intermédiaires Ces stocks repré
sentent une production passée et est par leur truchement que le taux
de production actuel sortie dépend une accumulation entrées anciennes
Tenir compte des stocks de capitaux dans le processus de la production
est r