William James, Les variétés de l expérience religieuse - compte-rendu ; n°1 ; vol.12, pg 560-569
11 pages
Français

William James, Les variétés de l'expérience religieuse - compte-rendu ; n°1 ; vol.12, pg 560-569

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
11 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1905 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 560-569
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1905
Nombre de lectures 47
Langue Français

Extrait

J. H Leuba
James H. Leuba
William James, Les variétés de l'expérience religieuse
In: L'année psychologique. 1905 vol. 12. pp. 560-569.
Citer ce document / Cite this document :
Leuba J. H, Leuba James H. William James, Les variétés de l'expérience religieuse. In: L'année psychologique. 1905 vol. 12.
pp. 560-569.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1905_num_12_1_5996^•H"^>,*i'K;
560 REVUES GÉNÉRALES
Les variétés de l'expérience religieuse, par William James. —
Ce volume du célèbre psychologue américain se compose des vingt
conférences (Giff'ord Lectures) qu'il fut prié de faire à Edinbourg en
1901 et 1902. Quoique les revues aient parlé de ce livre remarquable
lorsqu'il parut en anglais (1902), il convient cependant d'y revenir
à l'occasion de la traduction française.
Le titre du volume correspond bien à son contenu. L'auteur y
décrit les sentiments, les actes et les expériences des individus isolés
pour autant qu'ils sont religieux. De la religion organisée en rel
igions, en églises, en sectes avec des professions de foi et des
systèmes théologiques, il ne s'occupera pas. Les peintures des
différents types religieux qu'on nous présente sont accompagnées
d'analyses et d'appréciations qui surpassent par leur finesse et
leur justesse, aussi bien que par leur richesse et leur ampleur,
tout ce qu'on nous a donné jusqu'ici dans ce domaine.
L'analyse fouillée des types religieux mise comme base à la
discussion philosophique est une méthode relativement neuve en
religion. Les philosophes et les théologiens nous ont trop accou
tumés à partir de l'a priori pour en arriver à des données qui
paraissent, lorsqu'on les met en regard de la vie, soit vides de sens,
soit fausses. Ils ont trop longtemps déformé, dépersonnalisé l'e
xpérience religieuse en la généralisant. Il est heureux qu'en rel
igion aussi on en vienne enfin à l'étude des faits, suivant la méthode
dont se sert si habilement M. James.
Le livre n'est cependant pas une étude systématique de la vie
religieuse. Son inspiration est plus spécifique. Il s'agissait pour
James, si je ne me trompe, de fouiller la vie religieuse afin d'y
découvrir, si possible, des faits qui pussent servir de preuve empi
rique à l'existence d'agents spirituels qui dans certaines occasions
entrent en relation avec l'homme. Cette hypothèse fait peut-être
partie du système philosophique que notre auteur est en train d'éla
borer. Le motif que nous supposons expliquerait les tendances
particulières du livre, la prédominance donnée à la conversion et
au mysticisme, l'omission d'un type religieux plus commun peut-
être que le mysticisme, celui représenté par Calvin. Pour les per
sonnes de cette classe, l'essence de la vie religieuse n'est pas une
union mystique, c'est plutôt une série de transactions avec un Dieu
qui reste objectif. L'affirmation de James, que « l'expérience rel
igieuse personnelle a ses racines et son centre dans les états de
conscience mystiques », ne me semble pas vraie de cette classe.
Ces conférences n'ont rien de la raideur et de la sécheresse qui
rendent pénibles à la lecture tant de livres de valeur. Trop souvent
le savant et le philosophe vont à leur but le long d'un chemin
creux d'où l'on n'aperçoit rien que l'argument du moment et toujours
sur le même champ gris poussiéreux. Wm James donne l'impres
sion d'un voyage en ballon; il y a de l'espace, des couleurs, de l'air,
les hommes et les choses animent le paysage. Écrit dans un style
brillant, spontané, pittoresque et composé de documents qui ne
sont rien moins que des drames de la vie individuelle, ce livre a des LEUBA. — LA PSYCHOLOGIE RELIGIEUSE 561 H.
qualités que l'on ne s'attend à trouver que dans les œuvres d'art
littéraire.
Il y a d'abord une partie préliminaire (80 pages) en trois chapitres :
religion et neurologie; définition de la religion; la réalité de l'invi
sible. Puis viennent l'analyse et les explications et appréciations
des documents (350 p.). Ils sont classés sous les rubriques : âmes
saines (50 p.), âmes malades (40 p.), conversion (70 p.), sainteté (120 p.),
mysticisme (30 p.). Viennent enfin, par manière de conclusion, cent
pages de philosophie et de spéculation religieuse *.
Il se trouve qu'une forte proportion des documents rapportés
proviennent de personnes qu'il serait difficile de regarder comme
normales. On en a blâmé l'auteur. Ce jugement ne tient pas suf
fisamment compte des faits. Un bon nombre des fondateurs de sectes
et de leaders dans divers mouvements religieux éminemment res
pectables étaient plus ou moins anormaux. C'est, par exemple,
George Fox, « un dégénéré par hérédité », un visionnaire, un obsédé
qui a fondé la religion des Quakers « dont il est impossible de
dire trop de bien ». Saint François de Sales et sainte Tiiérèse, qui
ont exercé et exercent encore une influence très considérable sur
le monde religieux, étaient des déséquilibrés. Il en est de même de
Bunyan, l'auteur de ce classique ouvrage The Pilgrim's Progress, de
bien d'autres. Les faits de cet ordre-là justifient pleinement l'auteur
dans le choix qu'il a fait. La prédominance, dans un ouvrage comme
celui-ci, des expériences de gens plus ou moins anormaux s'explique
encore par la considération qu'il peut être de très grand avantage
à l'analyste de ne pas omettre les types extrêmes, voire les maladies
religieuses. L'étude de la maladie aide bien les physiologistes à
connaître les fonctions normales.
La première conférence est, sous la forme d'une attaque vigou
reuse contre le « matérialisme médical », une défense de la valeur
attribuée par l'auteur aux expériences de certains religieux désé
quilibrés. Les seuls critères valables pour l'appréciation de la vie
religieuse sont « sa rationalité philosophique et son utilité morale »
et non pas l'état physiologique de celui à qui elle appartient.
« Dans les sciences naturelles et les arts industriels personne ne
s'est jamais avisé de réfuter l'opinion de quelqu'un en montrant
qu'il avait une constitution névropathique. » Au lieu d'être surpris
de ce que bon nombre de génies religieux sont des psychopathes,
nous devrions plutôt admettre que ce tempérament peut fort bien
favoriser l'éclosion de ce qui caractérise la vie religieuse. « Le tem
pérament psychopathique est caractérisé par l'émotivité, qui est le
sine qua non de la perception morale; par l'intensité et la tendance
à l'emphase, qui sont l'essence de la vigueur morale pratique; et,
de plus, par l'amour delà métaphysique et du mysticisme, qui trans
portent notre curiosité au delà du monde sensible. Qu'y a-t-il donc
de plus naturel que ce tempérament introduise l'homme dans des
1. Les renvois sont à l'édition anglaise. La traduction française ne
m'est pas encore parvenue.
l'année psychologique, xii. 36 REVUES GÉNÉRALES 562
régions où ne peut pas entrer le robuste philistin pourvu d'un sys
tème nerveux dans la composition duquel ne se trouve pas une
seule fibre nerveuse morbide? » (p. 25).
Avant d'en venir à l'examen des diverses formes de l'expérience
religieuse, il convenait de circonscrire le sujet. Que doit-on
entendre par expérience religieuse? Au sens le plus large, la rel
igion est, pour notre auteur, l'état d'âme des individus quand ils se
sentent en relation avec ce qu'ils considèrent être le Divin. La con
ception ordinaire est cependant moins large que cela. Elle exclut les-
attitudes badines d'un Renan, ironiques d'un Voltaire, grognonnes
d'un Nietzsche. Il faut, pour qu'on l'appelle religieux, qu'un état
d'âme soit grave et qu'il ait quelque chose de tendre et même
d'ému.
La troisième conférence contient la première annonce de la
regrettable hypothèse déjà mentionnée. Il y traite du Sentiment de
la présence réelle, de l'objet de la pensée religieuse. Le fait en ques
tion, illustré avec

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents