Sorts et divination inspirée. Pour une préhistoire des oracles italiques - article ; n°2 ; vol.102, pg 801-828
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1990 - Volume 102 - Numéro 2 - Pages 801-828
Jacqueline Champeaux, «Sorts» et divination inspirée. Pour une préhistoire des oracles italiques, p. 801-828. Le catalogue des sorts attestés en Italie permet d'établir une typologie : cailloux ou disques de métal, baguettes, tablettes, jusqu'à la sors livre qui marque le terme de l'évolution. De la comparaison avec les faits celtiques et germaniques on peut déduire que, chez les Indo-Européens, la baguette de bois était la forme fondamentale. L'Italie a également connu quelques oracles non cléromantiques. Tous ont un caractère archaïque qui est le gage de leur haute antiquité : contrairement aux idées reçues, les oracles de l'Italie ne sont ni rares, ni tardifs; mais ils sont, pour la plupart, d'obscurs oracles locaux. Quant au refus de la divination inspirée, on y verra un phénomène secondaire et acquis. L'Italie primitive a (v. au verso) dû, comme les autres peuples indo-européens, avoir ses uates qui furent ensuite éliminés au profit de la divination par les sorts, plus réglée et plus aisément contrôlable par l'État.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 49
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jacqueline Champeaux
Sorts et divination inspirée. Pour une préhistoire des oracles
italiques
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 102, N°2. 1990. pp. 801-828.
Résumé
Jacqueline Champeaux, «Sorts» et divination inspirée. Pour une préhistoire des oracles italiques, p. 801-828.
Le catalogue des sorts attestés en Italie permet d'établir une typologie : cailloux ou disques de métal, baguettes, tablettes,
jusqu'à la sors livre qui marque le terme de l'évolution. De la comparaison avec les faits celtiques et germaniques on peut
déduire que, chez les Indo-Européens, la baguette de bois était la forme fondamentale. L'Italie a également connu quelques
oracles non cléromantiques. Tous ont un caractère archaïque qui est le gage de leur haute antiquité : contrairement aux idées
reçues, les oracles de l'Italie ne sont ni rares, ni tardifs; mais ils sont, pour la plupart, d'obscurs oracles locaux. Quant au refus de
la divination inspirée, on y verra un phénomène secondaire et acquis. L'Italie primitive a
(v. au verso) dû, comme les autres peuples indo-européens, avoir ses uates qui furent ensuite éliminés au profit de la divination
par les sorts, plus réglée et plus aisément contrôlable par l'État.
Citer ce document / Cite this document :
Champeaux Jacqueline. Sorts et divination inspirée. Pour une préhistoire des oracles italiques. In: Mélanges de l'Ecole
française de Rome. Antiquité T. 102, N°2. 1990. pp. 801-828.
doi : 10.3406/mefr.1990.1691
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1990_num_102_2_1691JACQUELINE CHAMPEAUX
«SORTS» ET DIVINATION INSPIRÉE.
POUR UNE PRÉHISTOIRE DES ORACLES ITALIQUES
Une précédente étude1 nous avait permis de recenser les oracles
attestés en Italie sous la République et l'Empire. Fondée sur deux catégor
ies de documents, les sources littéraires et les monuments figurés, d'une
part, les objets eux-mêmes, d'autre part, c'est-à-dire les sortes, support
matériel de la révélation prophétique, livrés par les fouilles, anciennes ou
récentes, elle avait abouti à l'établissement d'une carte oraculaire de l'Ita
lie, à une «géographie des sorts» qui montrait que, contrairement à l'opi
nion antérieure, ce genre d'oracle était répandu dans toute la péninsule.
Il nous était également apparu, à l'examen des objets, connus directement
ou par des témoignages indirects, qu'on pouvait esquisser une typologie
des sorts : c'est ce point que, au départ d'une nouvelle recherche, nous
voudrions reprendre présentement.
Les sorts que nous avons étudiés reproduisent trois formes de base
qui, elles-mêmes, se subdivisent en formes naturelles et imitées :
la sors caillou (au musée de Fiesole, à Arezzo, Sepino, Histonium), qui
évolue en disque de métal (bronze ou plomb, à Cumes, Punta della Viper
a, Torino di Sangro, Arezzo); la sors baguette, de bois à l'origine, simple
branche d'arbre coupée et marquée de signes, avec sa variante artificielle,
en bronze, représentée par les trois exemplaires de Fornovo; la sors
tablette, enfin, la plus évoluée, la plus artificielle, qui n'est plus que le
support de l'écriture. De matière diverse (bois ou bronze), représentée à
Préneste, Ostie, Bahareno, Viterbe, sans doute aussi, on peut le présumer,
à Caere et à Faléries, elle devait être le type usuel de l'époque classique. Il
n'y a pas lieu de spéculer ici sur l'origine des sorts, indo-européenne ou
autre : avec une diversité d'appréciations qui ne fait que mieux ressortir
1 «Sors or acuii·» (citée par la suite sous cette abréviation) : les oracles en Italie
sous la République et l'Empire, in MEFRA 102, 1990, 1. Nous y renvoyons, d'une
façon générale, pour la bibliographie (notamment p. 271, n. 1) et la carte des ora
cles (p. 274, fig. 1).
MEFRA - 102 - 1990 - 2, p. 801-828. JACQUELINE CHAMPEAUX 802
la contradiction de leurs hypothèses, T. Yoshimura attribue leur diffusion
en Italie aux Celtes, K. Latte limite ses vues aux Indo-Européens occiden
taux, Otto envisageait, pour Préneste, une influence étrusque2, tandis que
M. Guarducci valorise, à l'excès, semble-t-il, le rôle de Cumes. Bien au
delà du monde indo-européen, même pris dans son ensemble, les sorts
sont, en réalité, un procédé universel de divination3. Cependant, l'étymo-
logie, d'une part, les descriptions des anciens, de l'autre, permettent cer
taines suggestions.
Chez les Indo-Européens, la baguette de bois paraît avoir été la forme
fondamentale. Tout un ensemble linguistique, qui se réfère soit aux
objets, soit aux actions, en porte témoignage. Les exemples que procurent
les peuples restés le plus durablement barbares, Celtes et Germains, sont
particulièrement précieux, car leur vocabulaire, leurs pratiques révèlent
un fonds commun, qui concerne les opérations tant ordaliques que divi
natoires. L'idée de «consulter le sort, tirer au sort» s'exprime, dans les
deux groupes de langues, par des formules qui signifient littéralement
«jeter les baguettes, jeter les bois» : prinni loudin et prinni läget en gaul
ois, dans le calendrier de Coligny, prin désignant le bois (cf. grec πρί
νος?) et, spécialement, le bois du sort (cf. breton pren-denn ou teurel
prenn, comique teulel pren, irlandais crann-chur, «jeter les bois», «tirer
au sort»; gallois coel-bren, «bois à pronostic»). Particulièrement explicite
est la glose en vieux breton prin, qui commente sortilegos dans l'interdic
tion nullus . . . sortilegos requirat*. Les langues germaniques ont, au sens
2 S.v. Fortuna, RE, VII, 1, col. 14.
3 Attesté en Inde et en Perse, mais aussi en Israël {urim et tummim) et dans
l'Islam, en Chine et au Japon, etc. Cf. le commentaire de Pease à Cic. diu. 1, 12,
p. 72-74; et, in A. Caquot-M. Leibovici, op. cit., I, A. Caquot, La divination dans l'an
cien Israël, p. 86-88 et 110 sq.; F. Vyncke, La divination chez les Slaves, p. 312 sq.,
318 sq., 329 (jet de sorts de bois, ligneas calculationes ; baguettes blanches d'un côté,
prospera, et noires de l'autre, aduersa, au témoignage de Saxo Grammaticus).
4 Après G. Dottin, La langue gauloise, Paris, 1920, p. 178-183, 186-189, 192-195,
198-200, 202 sq., 205-207, 264, 267, 279, le calendrier de Coligny vient d'être magis
tralement réédité par P.-M. Duval et G. Pinault, Recueil des inscriptions gauloises,
III : Les calendriers (Coligny, Villards d'Héria), in Gallia, Suppl. XLV, 1986; cf., pas
sim, les photographies, fac-similés et commentaires de l'inscription, et p. 279 sq.,
426, 436 sq. Cf. J. Loth, Le sort chez les Germains et les Celtes, in R Cel., XVI, 1895,
p. 313 sq.; également XXXII, 1911, p. 205-209; Le sort et l'écriture chez les anciens
Celtes, in JS, 1911, p. 403-414; J. Vendryes, La religion des Celtes, coll. Mana, Paris,
1948, p. 299; L'écriture ogamique et ses origines, in EC, IV, 1948, p. 94 sq. et 107-
110; et, dans Lexique étymologique de l'irlandais ancien, continué par É. Bachelle-
ry et P.-Y. Lambert, C, Paris, 1987, s.v. crann, p. C-222 sq.; L. Fleuriot, Dictionnai- e SORTS » ET DIVINATION INSPIRÉE 803
de «jeter les baguettes » (tan en vieil-anglais ; teinn dans le Nord, cf. hlaut-
teinn « rameau du sort »), « tirer au sort », les verbes hleotan (vieil-anglais),
hliota (norrois), hliozzan (vieux-haut-allemand), ainsi que des noms comp
osés, vieil-anglais tanhlytere «qui prédit par des rameaux», «devin», et
tanhlyta (= sortilegus)5. Le grec κλήρος «sort» est à rapprocher, étymolo-
giquement, de κλάω «briser», «casser», en particulier pour des branches
d'arbre, ainsi que de κλάδος «branche arrachée», «rameau»6; le latin sors
de severe, series, ranger, disposer un par un les sorts7, avant de tirer l'un
d'entre eux; et les deux termes s'éclairent par les textes antiques, de Tacit
e, d'Hérodote, qui décrivent la consultation des sorts par les Germains et
par les Scythes, et par divers documents celtiques et germaniques, beau
coup plus tardifs.
Les opérations, en effet, en dépit de certaines variantes, sont fonciè
rement les mêmes. Les uns et les autres usent de baguettes coupées à un
arbre (if, saule, hêtre) et les marquent d'entailles (ogam; runes? ou sim
ples signes

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