Sources notariales. Confrontations économiques, stratégies matrimoniales et patrimoines à Bonifacio dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.112, pg 253-279
28 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Sources notariales. Confrontations économiques, stratégies matrimoniales et patrimoines à Bonifacio dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.112, pg 253-279

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
28 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 2000 - Volume 112 - Numéro 1 - Pages 253-279
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Antoine-Laurent Serpentini
Sources notariales. Confrontations économiques, stratégies
matrimoniales et patrimoines à Bonifacio dans la deuxième
moitié du XVIIIe siècle
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 112, N°1. 2000. pp. 253-279.
Résumé
Antoine Laurent Serpentini, Sources notariales, confrontations économiques, stratégies matrimoniales et patrimoine à Bonifacio
dans la deuxième moitié du XVIIIe siècles, p. 253-279.
Partant d'une documentation très riche qui prend en compte, pour chacune des catégories sociales de la cité et au sein de
celles-ci pour chaque foyer, le patrimoine immobilier, le revenu foncier ainsi que la structure et la dimension de la famille, l'auteur
met en relation ces informations avec celles qui sont fournies par les actes notariés insinués à Bonifacio dans la deuxième moitié
du XVIIIe siècle. L'analyse sérielle de toutes ces données permet de cerner avec précision les préoccupations économiques des
Bonifaciens en fonction de leur appartenance sociale et plus particulièrement leur positionnement par rapport au patrimoine,
objet de toutes les spéculations, que l'on s'efforce de préserver ou de conforter par le biais des stratégies marchandes ou
usuraires.
Citer ce document / Cite this document :
Serpentini Antoine-Laurent. Sources notariales. Confrontations économiques, stratégies matrimoniales et patrimoines à
Bonifacio dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 112,
N°1. 2000. pp. 253-279.
doi : 10.3406/mefr.2000.4708
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_2000_num_112_1_4708ANTOINE LAURENT SERPENTINI
SOURCES NOTARIALES, CONFRONTATIONS
ÉCONOMIQUES, STRATÉGIES MATRIMONIALES
ET PATRIMOINES À BONIFACIO DANS LA
DEUXIÈME MOITIÉ DU XVIIIe SIÈCLE
Si nous avons tenu à participer à cette réflexion sur de nouvelles ap
proches de la documentation notariale en milieu urbain et sur l'utilisation
des informations fournies par cette source traitées en association avec les
données offertes par d'autres fonds archivistiques en particulier démog
raphiques, économiques ou fiscaux, c'est parce qu'il y a déjà plusieurs an
nées, dans le cadre de notre thèse1, nous avons été confrontés à cette pro
blématique et que nous avons pu nous rendre compte combien le couplage
d'informations de diverses provenances pouvait être une démarche enri
chissante pour qui s'intéresse aux fonds notariaux et entend les exploiter
selon les méthodes de l'histoire quantitative.
À ce stade, il est bon de faire référence à l'histoire insulaire pour sou
ligner très rapidement que la pratique notariale telle qu'on la conçoit au
jourd'hui, c'est-à-dire comme mémoire et régulateur juridique des activités
humaines, est fort ancienne en Corse où elle a été imposée dès le XIIIe
siècle2 par Gênes, cité où cette activité est incontestablement liée au déve
loppement du capitalisme marchand3. Durant les premiers siècles de la do
mination génoise elle fut, dans l'île, surtout le fait de praticiens itinérants,
1 A. L. Serpentini, Les bases du pouvoir dans une ville. Propriété, population et
gouvernement à Bonifacio au XVIIIe siècle, 1978, 4 vol. Les trois premiers volumes de
cette thèse ont fait l'objet d'une publication sous le titre suivant : Bonifacio une ville
génoise aux Temps modernes, préface de E. Le Roy Ladurie, Ajaccio, 1995.
2 V. Vitale, Documenti sul castello di Bonifacio nel secolo XIII, dans Atti della
R. Deputazione di storia patria per la Liguria, I, 1936. Du même : Nuovi documenti sul
castello di Bonifacio nel secolo XIII, ibid., IV, 1940. Et J.-A. Cancellieri, Les actes de
Federico, notaire à Bonifacio en 1253, Bastia, 1974.
3 Cf. plus particulièrement G. Costamagna, // notaio a Genova tra prestigio e pot
ere, Milan, 1995. Mais aussi A. Scialoja, Contratti tipici del castello di Bonifacio, in
Saggi di storia del diritto maritimo. Rome, 1945. Et V. Vitale, La vita economica del
castello di Bonifacio nel secolo XIII, dans Studi Luzzatto, I, Milan, 1949.
MEFRIM - 112 - 2000 - 1, p. 253-279. 254 ANTOINE LAURENT SERPENTINI
d'origine ligure, véritables aventuriers des mers que l'on voit instrumenter
aussi bien à Bonifacio qu'à Caffa. Peu à peu, à la fin du Moyen Âge, ces no
taires vont se sédentariser; en particulier dans les cités, où ils sont déjà
souvent à l'origine de lignées de tabellions.
Mais le véritable essor du notariat insulaire date du XVIe siècle et plus
particulièrement de la fin de ce siècle, époque où cette activité a été stimul
ée par deux événements principaux. Le premier concerne l'ensemble de la
chrétienté, il s'agit du concile de Trente. En mettant l'accent sur les œuvres,
et de ce fait en incitant les fidèles à se préparer à une fin chrétienne par des
dispositions testamentaires adéquates, les pères conciliaires vont donner
partout, en terre catholique, un regain d'activité au notariat, qui sera
conforté localement par la volonté manifestée par Gênes dans les années
1580 de développer les potentialités agricoles de l'île4. Dès ce moment, et
jusqu'au XVIIIe siècle, une nouvelle pression sur la terre et le développe
ment des activités économiques induites vont multiplier les occasions de
faire appel au notaire - et vont bien sûr avoir aussi des répercussions posi
tives sur le testament en tant qu'instrument légal de dévolution du patr
imoine - et dès cette époque on verra proliférer les offices en Corse, à tel
point que pratiquement chaque village pourra bénéficier des services d'un
notaire attitré et que les villes en compteront plusieurs5. Soulignons que
désormais ils seront quasiment tous originaires de l'île, voire même issus
du village où ils exercent leurs activités. Au passage, cette précision peut
nous amener à nous interroger sur les compétences de ces praticiens ru
raux qui - sans formation spécifique, si ce n'est celle acquise auprès de
leurs prédécesseurs - se succèdent de père en fils ou d'oncle à neveu au fil
des générations et des siècles. Cependant des garde-fous existaient, et leurs
agissements étaient régulés par les Statuts de Corse de 15716 ainsi que par
4 Nous avons fait le point sur cette question dans un ouvrage intitulé : Gênes et
la mise ne valeur agricole de la Corse au XVIIe siècle, Ajaccio, 1999.
5 À la fin de 1637, Gênes qui entend réguler l'activité de ces innombrables no
taires insulaires suspend momentanément, le temps d'un contrôle, l'activité de 210
d'entre-eux... c'est-à-dire quasiment la totalité du corps notarial si l'on en croit les
doléances du commissaire aux cultures Giustiniani qui n'en trouve plus un seul dans
les campagnes pour enregistrer ses ordonnances. Archivio di Stato Genova (A. S. G.),
Fonds Corsica, filza 946. Cf. également la filza 995. Notons qu' à partir de ces seuls
chiffres et sur la base d'une population tournant autour de 130000 âmes, la Corse
dispose, au minimum, d'un notaire pour 619 habitants, tous âges confondus. Bonifa
cio est encore mieux pouvue, puisque la ville, dont la population tourne au XVIIIe
siècle autour de 2300 habitants, peut se prévaloir, en permanence, durant cette péri
ode des services d'au moins quatre notaires.
6 Les Statuts civils et criminels de la Corse, présentés par J.-Y. Coppolani et A.-L. SOURCES NOTARIALES À BONIFACIO 255
des formulaires7, il est vrai relativement tardifs, et sanctionnés par des mes
ures suspensives assez régulières8.
À l'origine de véritables dynasties rurales ou urbaines, cette pratique
héréditaire du notariat9, inscrite dans le temps long, a permis à presque
toutes les micro régions ainsi qu'aux cités insulaires de bénéficier de
longues séries de registres notariaux10, qui peuvent, presque sans inter
ruption couvrir, en partant des années 1580-1600, la fin de la période mod
erne11. C'est un fonds archivistique d'une très grande richesse, encore qua
siment inexploité, et dont le dépouillement est à même, nous en sommes
persuadés, de renouveler nos connaissances sur la vie quotidienne, les
Serpentini, Ajaccio, 1998. Cf. en particulier les chapitre

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents