Structures industrielles et segmentation du marché du travail : théorie radicale et nouveau structuralisme - article ; n°1 ; vol.33, pg 16-32
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Revue d'économie industrielle - Année 1985 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 16-32
Le présent article contribue à la connaissance du champ des théories de la segmentation du marché du travail, en analysant deux types de théories, toutes deux élaborées aux États-Unis, mais dans des spécialités distinctes : la Théorie Radicale des économistes et le Nouveau Structuralisme des sociologues. Elles montrent que les différenciations sur le marché du travail résultent de la dynamique du système productif, et en particulier de l'inégalité du pouvoir économique des entreprises ; leur similitude s'arrête là. La Théorie Radicale met l'accent sur l'histoire du procès du travail, tandis que le Nouveau Structuralisme, qu'il soit une recherche quantifiée ou au contraire qualitative, exclut toujours le temps de leurs analyses.
This article surveys the theories of labor market segmentation as they have been developed in the United States. It distinguishes two broad categories of approaches : The Radical Theory of economists and the New Structuralism of Sociologists. These theories show that differenciations which take place in the labor market are the result of the own dynamics of the productive system, and particularly of the inequalities in the economic power of firms. They differ however in their subsequent analysis. Radical Theory focuses on the history of the labor process whereas the New Structuralism either in its empirical or in its theorical form, excludes any reference to time.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Reynaud-Cressent
Structures industrielles et segmentation du marché du travail :
théorie radicale et nouveau structuralisme
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 33. 3e trimestre 1985. pp. 16-32.
Abstract
This article surveys the theories of labor market segmentation as they have been developed in the United States. It distinguishes
two broad categories of approaches : The Radical Theory of economists and the New Structuralism of Sociologists. These
theories show that differenciations which take place in the labor market are the result of the own dynamics of the productive
system, and particularly of the inequalities in the economic power of firms. They differ however in their subsequent analysis.
Radical Theory focuses on the history of the labor process whereas the New Structuralism either in its empirical or in its theorical
form, excludes any reference to time.
Résumé
Le présent article contribue à la connaissance du champ des théories de la segmentation du marché du travail, en analysant
deux types de théories, toutes deux élaborées aux États-Unis, mais dans des spécialités distinctes : la Théorie Radicale des
économistes et le Nouveau Structuralisme des sociologues. Elles montrent que les différenciations sur le marché du travail
résultent de la dynamique du système productif, et en particulier de l'inégalité du pouvoir économique des entreprises ; leur
similitude s'arrête là. La Théorie Radicale met l'accent sur l'histoire du procès du travail, tandis que le Nouveau Structuralisme,
qu'il soit une recherche quantifiée ou au contraire qualitative, exclut toujours le temps de leurs analyses.
Citer ce document / Cite this document :
Reynaud-Cressent. Structures industrielles et segmentation du marché du travail : théorie radicale et nouveau structuralisme.
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 33. 3e trimestre 1985. pp. 16-32.
doi : 10.3406/rei.1985.2153
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1985_num_33_1_2153Structures industrielles
et segmentation du marché du travail :
théorie radicale et nouveau structuralisme
Une revue de la pensée économique américaine*
Bénédicte REYNAUD-CRESSENT
à l'unité de recherche Chercheur de du PINSEE CNRS
Dans le champ éclectique des théories de la segmentation du marché du travail,
il existe au moins deux ensembles théoriques qui accordent une place centrale à
la recherche d'une articulation entre le système productif et le marché du travail
(1) : il s'agit des théories radicales des économistes américains et du « Nouveau
Structuralisme » (2) des sociologues. Ces théories présentent un certain degré de
parenté dans leur élaboration :
• elles cherchent à rompre avec le paradigme dominant leur propre discipline :
la théorie structuro-fonctionnelle dans le domaine sociologique (3), la théorie du
capital humain du côté de l'économique (4) ;
• elles ont une racine commune : les travaux sur l'évolution du système pro
ductif américain de la fin des années soixante, tels ceux de R. Marris, (The modern
corporation 1964), et P. Baran et P. Sweezy (The monopoly capital 1966), de J.K.
Galbraith (The new industrial state 1967) enfin de R. Averitt (The dual economy
1968). Ces recherches portent sur l'émergence du « capitalisme monopoliste » ou,
selon une autre perspective, du « capitalisme managerial » et son corrolaire, la
double structure du système industriel : les firmes du « centre » ou « monopolis-
(*) Ce texte est la version remaniée d'une contribution au VIIe colloque d'Économie du Travail du
CNRS, Paris le 4-5 octobre 1983.
Je remercie les participants au colloque et les lecteurs anonymes de la revue de leurs suggestions.
(1) La Théorie de M. PIORE pourrait s'intégrer dans cette perspective ; elle n'est cependant pas trai
tée ici, car bien connue des économistes du travail. Néanmoins le lecteur peut se référer à B.
REYNAUD-CRESSENT (1983).
(2) Selon l'expression de J.N. BARON et W.T. BIELBY (1980) p. 737.
(3) Tel est l'enjeu clairement exposé par P.M. HORAN (1978), par P.M. HORAN, E.M. BECK et
CM. TOLBERT (1980).
(4) On trouvera une rapide description de ce parallèle dans R. BIBB, W. FORM (1977) pp. 976-977,
ou dans G. LORD et W. FALK (1980) pp. 377-378.
16 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 33, 3e trimestre 1985 tes » s'opposent aux firmes « périphériques » ou « concurrentielles » ; fondament
alement, le dualisme industriel est un raccourci rapide du constat de l'inégalité
du pouvoir économique des firmes. Ainsi, dans l'analyse de R. Averitt [1968] à
laquelle se réfèrent très souvent les théoriciens de la segmentation, l'appartenance
à l'une ou l'autre structure est déterminée par une série de critères : taille des fi
rmes, degré d'intégration, de diversification géographique et de produits, type de
contrôle financier, ressources financières, part de marché. Ces critères étant tous
liés, selon l'auteur, au pouvoir du marché, la partition obtenue est toujours bipol
aire : à la limite, chaque critère peut opérer, seul, la classification. Le parallèle
entre les deux corpus théoriques s'arrête cependant là.
Le présent article propose une contribution à l'analyse de ces théories, dans une
certaine perspective : la mise en rapport du marché du travail et du système pro
ductif. Différents facteurs, tel l'histoire des travaux de chaque discipline, les
blématiques adoptées, les « programmes » de recherche, expliquent les divergenc
es de trajectoires entre les théories radicales américaines (I) et le Nouveau Struc
turalisme des sociologues américains (II).
Ainsi, l'analyse en coupe instantanée des sociologues s'oppose à la perspective
historique des économistes radicaux. Cette différence fondamentale entraîne une
série d'oppositions, termes à termes :
perspective historique coupe instantanée
qualification de la relation quantification de la relation
découpage du temps découpage du système productif
périodisation typologie de firmes sectorielles
II va de soi que ces oppositions ne sauraient caractériser tous les travaux, à tout
moment : il s'agit seulement des tendances dominantes des deux pôles constitués.
I. — APPROCHE HISTORIQUE DE LA SEGMENTATION : LES THÉORIES
RADICALES
1. — Hypothèse et méthodes d'analyse
A la base de la théorie radicale, est posée l'hypothèse suivante : le procès de
travail, car il médiatise la relation entre capital et travail, est le cœur de la dyna
mique de la segmentation. Plus précisément, c'est à travers le type de contrôle
sur le procès de travail que s'effectue la partition du marché.
• le contrôle simple ou contrôle hiérarchique est établi par l'autorité et le cha
risme du chef d'entreprise qui exerce un « pouvoir arbitraire et personnel » ; les
mécanismes du contrôle, « informels et peu structurés » reposent sur des relations
directes entre employeurs et employés. (R. Edwards [1975] pp. 4-7 ; [1979] p. 20) ;
• le contrôle technique s'applique surtout à la « structure physique du procès
du travail » (R. Edwards [1979] p. 20) ; fondé sur l'organisation de la product
ion, il assigne une place à chaque salarié en l'isolant. Selon R. Edwards (1979,
p. 98), le contrôle technique s'apparente au taylorisme sans en être l'application
parfaite : car, si la direction des tâches est maîtrisée, l'évaluation et la discipline
des salariés sont restées à l'écart de cette forme du contrôle ;
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 33. 3e trimestre 1985 17 • le contrôle bureaucratique concerne l'ensemble de la structure sociale et orga-
nisationnelle de l'entreprise, à travers l'instauration de règles de travail, de procé
dures de promotion, d'échelles de salaires, d'une définition stricte des catégories
d'emploi et de responsabilités (R. Edwards (1975 pp. 4-9, et (1979) p. 31) ; en
somme, tout un système d'institutions qui crée un pouvoir impersonnel.
Ainsi, ces trois formes de contrôle sur le procès de travail définissent respect
ivement les trois segments du marché du travail : secondaire, primaire subordonné
et primaire indépendant (5). R. Edwards (1979, p. 178) reconnaît que « la rela
tion entre type de contrôle et segments du march

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