Sur le çivaïsme et le bouddhisme du Cambodge, à propos de deux livres récents - article ; n°1 ; vol.70, pg 59-100
43 pages
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1981 - Volume 70 - Numéro 1 - Pages 59-100
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Jean Filliozat
Sur le çivaïsme et le bouddhisme du Cambodge, à propos de
deux livres récents
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 70, 1981. pp. 59-100.
Citer ce document / Cite this document :
Filliozat Jean. Sur le çivaïsme et le bouddhisme du Cambodge, à propos de deux livres récents. In: Bulletin de l'Ecole française
d'Extrême-Orient. Tome 70, 1981. pp. 59-100.
doi : 10.3406/befeo.1981.3373
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1981_num_70_1_3373SUR LE ÇIVAÏSME ET LE BOUDDHISME
DU CAMBODGE,
A PROPOS DE DEUX LIVRES RÉCENTS
PAR
Jean FILLIOZAT
Adhir Chakravarti, The Sdok Как Thom inscription, Part I. A study
in Indo-Khmer Civilization, Calcutta Sanskrit College Research
Series, № CXI, Calcutta 1978, in-8°, VIII, 357 pages.
Hermann Kulke, The Devarâja Cuit, Data Paper, Number 108, South-
East Asia Program Department of Asian Studies, Cornell
University, Ithaca, New York, January 1978. In-4°, XX,
48 pages.
L'inscription bilingue, sanskrite et khmère, de Sdok Как Thom
(К 235) est une de celles qui ont donné lieu, depuis 1884, date de sa
publication partielle par Aymonier, au plus grand nombre d'études, de
rééditions et de traductions. Elle date de 1052 ou de peu de temps après
cette date, la dernière qu'elle mentionne. Elle provient d'un site à
25 km de Sisophon, à la frontière khméro-thaïlandaise. Son importance
est due à la richesse des informations qu'elle fournit à la fois en sanskrit
et en khmer et surtout au fait qu'elle énumère la succession des rois du
Cambodge du ixe siècle à son époque, en faisant la chronique de la
famille sacerdotale à laquelle ils avaient confié la charge héréditaire du
culte dit du devarâja, culte qu'on avait cru être celui du roi khmer
divinisé. De plus l'inscription de Sdok Как Thom fournit aussi un
grand nombre de renseignements que recoupent souvent bien d'autres
inscriptions, sur les institutions, la société et l'économie khmères
anciennes.
Le premier ouvrage comprend dix chapitres : I. Historical and
General informations; II-III. Political Institutions; IV-VII. Social
organisation; VIII. State of Economy; IX-X. The Devarâja.
Les notes sont placées après chaque chapitre et le volume se termine
par un index archéologique et géographique, un glossaire et un index 60 JEAN FILLIOZAT
historique. Un volume suivant donnera l'interprétation et le commentaire
de l'inscription elle-même.
Disciple de George Cœdès, l'auteur a très largement utilisé les
inscriptions khmères aussi bien que les sanskrites et l'examen des unes
et des autres a été fait par lui dans le plus grand détail. Les rappro
chements des données des divers textes sont critiqués avec soin. De la
sorte, l'ouvrage est le plus complet qui ait été publié jusqu'ici sur le
sujet de la société khmère et des hypothèses auxquelles son épigraphie
a donné lieu.
Gomme les chapitres I à III, Political institutions, ont respectivement
pour sous-titres : Kingship, Hierarchy and Patterns of Kingship et
comme l'inscription de Sdok Как Thom se rapporte largement au
devarâja, M. A. Gh. a dû, dans ces chapitres, anticiper sur ceux de la fin
et signaler (p. 15) l'occasion que j'avais eue de montrer que devarâja
était une désignation de Šiva lui-même en tant que roi des dieux
Brahman, Visnu et Indra et siégeant sur le mont Mahendra, dont le
Phnom Kulen, sur lequel l'inscription de S.K.T. fait précisément établir
le devarâja, est la réplique khmère, ce qui écarte l'interprétation du
terme par « dieu-roi » supposé s'appliquer au souverain khmer1. De
même il a dû faire état p. 16 et reprendre p. 228 le texte des inscriptions
de Prah Ko et Bakoň, texte d'après lequel Indravarman aurait eu un
sacre « non-unique », là où Cœdès avait vu le sacre royal ordinaire et le de devarâja (1С, I, p. 25). Il avait déjà été relevé par Sachchidanand
Sahai [Les Institutions politiques et l'organisation administrative du
Cambodge ancien, EFEO, Publ. LXXV, Paris, 1970, p. 18) qu'il
s'agissait de Vaindramahdbhiseka mais M. A. Ch. a, de plus, fait opportu
nément observer que la cérémonie comportait un punarabhiseka, « sacre
renouvelé ». De même encore, les données relatives à Suryavarman Ier
(1002-1050) ont dû être évoquées à plusieurs reprises au cours de
l'ouvrage ainsi que celles relatives aux « noms d'apothéose » dont les
rois étaient désignés après leur mort, d'après les dieux auxquels on les
supposait alors unis.
A ce sujet M. A. Ch. (p. 18) affirme qu'après Udayâdityavarman II
(1050-1066) l'épigraphie ne donne plus de «noms d'apothéose» et cela
parce que Suryavarman Ier ayant concentré en lui tous les pouvoirs, il
aurait rendu la personne royale sacro-sainte et en aurait fait une
manifestation vivante du grand dieu lui-même. De la sorte il n'aurait
plus été question d'union à ce après la mort. Mais il n'est pas
exact que les « noms d'apothéose » aient été supprimés ainsi, car
Suryavarman II est désigné par deux inscriptions ď Angkor Vat comme
Paramavisnuloka et par deux autres comme Mahâvisnuloka, tandis que
Jayavarman VII l'est comme Mahâparamasaugatapada, etc. Les raisons
qui ont fait attribuer, au Cambodge, les noms en question ne peuvent
pas être indépendantes de l'usage indien que nous devons rappeler
brièvement. Ces noms correspondent à la situation (padavï) du fidèle
çivaïte ou vishnouite par rapport à Dieu (ou bouddhiste passé au
(1) New researches on the relations between India and Cambodia, Indica, 3, 2, sept. 1966,
p. 95-106 et Laghuprabandhâh, Leiden, 1974, p. 454-465. ET BOUDDHISME AU CAMBODGE 61 ÇIVAÏSME
nirvana). Ce fidèle après la mort peut être sâlokya, jouissant du séjour
dans le même monde, sâmïpya, « à proximité », sárupya, « à son image »
ou sáyujya « en union complète » à Lui. On voit que les rois khmers,
d'après leurs noms posthumes étaient traités comme sâlokya et que les
loka, ou les pada, où ils étaient censés admis étaient divers selon leur
dévotion particulière ou encore selon la catégorie de fidèles à laquelle ils
avaient appartenu. Ainsi Nirvânapada et Paramanirvànapada qui
s'appliquent au çivaïte Suryavarman Ier le placent dans le séjour de
ceux qui avaient reçu la nirvânadïksu. Mahâparamasaugatapada évoque
Jayavarman VII dans le séjour du Sugata (le Buddha) tandis que
Mahâparamanirvânapada est pour Dharanîndravarman II celui du
nirvana lui-même très probablement.
M. A. Ch. anticipe encore p. 18 sur son interprétation des noms de
liňga évoquant ceux des rois qui les ont établis, et, p. 20-21, sur sa
théorie d'après laquelle les prêtres au service du roi sont appelés deva
ou vrah kamrateň aň en khmer (que Cœdès a montré équivalent de
deva) en sorte que le roi serait bien un devarâja. Il pense aussi que si le
roi khmer n'est pas devenu un « oriental despot », ce serait d'une part en
raison des difficultés de communications à travers un pays de collines
et de forêts, ne permettant pas à l'administration de s'établir suffisam
ment, et d'autre part du fait de l'abondance des pluies de mousson qui
dispenserait l'État de grands projets d'irrigation et lui permettrait de
laisser à des entreprises privées les travaux hydrauliques de réservoirs
et de barrages. Ces opinions sont surprenantes quand on sait par
expérience que la forêt cambodgienne est rarement impénétrable et
quand on connaît aussi l'importance des travaux d'irrigation qui ont
été exécutés par les rois khmers.
M. A. Ch. a étudié les titulatures khmères pour y rechercher les
marques de hiérarchie, ainsi que l'avait fait Cœdès lequel a publié et
analysé ces nombreuses avec beaucoup de soin. Elles
continuent cependant à prêter souvent à discussion car tantôt elles sont
calquées sur les indiennes (mais alors on n'est pas toujours sûr qu'elles
ont gardé la même valeur qu'en Inde), tantôt elles sont purement
khmères

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