Techniques de l action directe : variations miao-yao dans l intervention chamanique - article ; n°2 ; vol.79, pg 149-181
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1992 - Volume 79 - Numéro 2 - Pages 149-181
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jacques Lemoine
Techniques de l'action directe : variations miao-yao dans
l'intervention chamanique
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 79 N°2, 1992. pp. 149-181.
Abstract
Techniques of Direct Action: Miao-Yao Variations in Shamanic Healing
by Jacques Lemoine
Shamanism among the Miao-Yao group, here represented by the Hmong and the Mien-Yao, is a healing technique, its only
concern being the curing of pernicious disease. It is a way of communication with the unseen part of the phenomenal world by
direct intrusion of the shaman through trance. The trance of the shaman operates as a signal of the arrival of his spirit helpers.
From then on part of his self has entered the unseen world, but as a blind man. He is guided and informed by his spirit helpers,
who execute his orders to search for devils and missing vital souls. At this point Hmong and Yao shamans show some
discrepancy. For the Hmong, who wants to restore his patient's psychosomatic integrity, a thorough examination of the different
individual vital souls takes him from his patient's house and close surrounding to the paths in the beyond, where some of the
souls - the unstable souls- may have run away. The patient's problem has become a quadratic linear equation, and the shamans
journey is a graphic spatial representation of it, the two unknowns being the identity of the runaway soul and the place or
supernatural custody in
which it may be found. For the Yao, who have adopted Taoist liturgy and metaphysics, the shaman's role, while still being a
means of direct action on his patient's fate, is incorporated into the Taoist theological framework. According to the "bureaucratic
metaphor", the shaman has to identify the guilt involved as primary or secondary cause of the disease and to reintegrate the
patient into his family, where the case is solved as an episode in his family's relations with the supernatural administration.
Citer ce document / Cite this document :
Lemoine Jacques. Techniques de l'action directe : variations miao-yao dans l'intervention chamanique. In: Bulletin de l'Ecole
française d'Extrême-Orient. Tome 79 N°2, 1992. pp. 149-181.
doi : 10.3406/befeo.1992.1876
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1992_num_79_2_1876de l'action directe : variations miao-yao Techniques
dans l'intervention chamanique
Jacques LEMOINE
Les diverses cultures de l'Asie orientale et sud-orientale ont accumulé un grand
nombre de savoirs et de techniques pour entrer en relation avec les forces invisibles
qu'elles reconnaissaient dans le monde phénoménal. Prières en forme de vœu, sacrifices
et actions de grâce en forme de banquets liturgiques, transactions monétaires dans Tin-
visible, alliances avec l'ordre cosmique, rappel des âmes et exorcismes sont parmi les
procédures courantes élaborées à cet effet. Elles demandent souvent l'intervention d'un
corps de spécialistes, quand elles ne se réfèrent pas, comme dans la sphère d'influence
du taoïsme chinois, à un véritable clergé de maîtres en liturgie, qui détiennent le secret
des écritures et des procédures de communication. Face à la maladie, au désastre
imprévu, à la souffrance et au malheur, les mêmes cultures ont préservé cependant un
mode d'intervention directe, par chamane ou médium interposé, qui permet de
connaître immédiatement la cause de l'épreuve qui s'est abattue sur l'individu ou la col
lectivité. Certes, les techniques du chamane ou du médium, qui font appel à la transe,
sont sans doute les plus anciennes, attestées dès les premiers documents de l'Antiquité
chinoise l. La liturgie s'est construite plus récemment avec le développement des tradi
tions écrites, l'emportant peu à peu sur les traditions orales, s'y substituant autant que
possible en instaurant des rites appropriées à toute circonstance. Cependant, l'art des
chamanes et des médiums a persisté et a même incorporé des éléments de la tradition
écrite, pour adapter ses techniques à un environnement culturel plus sophistiqué. C'est
ce qu'on peut constater à travers les variantes de l'intervention chamanique pratiquées à
l'intérieur du groupe ethnolinguistique miao-yao.
L'intérêt du groupe miao-yao est qu'il constitue une strate culturelle aborigène du
centre de la Chine, préservant dans une configuration sociale tribale des pratiques
anciennes et des emprunts parfois datables à la civilisation des Han. Tel est le cas des
pratiques chamaniques observées chez les Miao comme chez les Yao. De même que les
courants chez les Han ont une forte coloration régionale, on note autant de
convergences que de divergences en comparant les systèmes chamaniques miao et yao,
les Yao ayant visiblement emprunté à la théologie taoïste han, ce qui produit un dégradé
significatif de l'impact taoïste sur le chamanisme miao-yao dans le sens Han — > Yao
— > Miao. Ce dégradé pourrait se nuancer encore si, par exemple, dans le cadre d'un
atlas anthropologique, on poursuivait le détail à travers chacun des groupes de cet
ensemble : Qo Xiong de l'Ouest du Xiang au Hunan, Hmu du Guizhou, enfin Hmong
du Guizhou, du sud du Sichuan, du Yunnan et du Guangxi occidental pour les trois
groupes miao ; Pu Nu du Hunan du Guizhou et du Guangxi, Lakkia du Guangxi, et
1. Rémi Mathieu : « Chamanes et chamanisme en Chine ancienne », L'Homme, 101, janvier-mars
1987, p. 10-42, et surtout Zhang Zichen, Zhong Guo wushu (« La pratique des Wu en Chine », Shang
hai, Sanlian Shudian, 1990).
BEFEO 79.2 (1992), p. 149-181. 150 Jacques Lemoine
Mien du Hunan, du Guangdong, du Guangxi et du Yunnan, enfin lu Ngien du Hunan,
pour les quatre groupes de Yao 2. Dans un esprit plus schématique, je ne retiens pour la
comparaison que les deux groupes les mieux connus, les Hmong pour représenter les
Miao, et les Mien pour représenter les Yao. Ils ont essaimé depuis longtemps hors de
Chine dans les pays voisins de la Péninsule indochinoise, et c'est là que j'ai pu les étu
dier. Tous les faits ethnographiques présentés ici ont été recueillis de première main 3.
Pour commencer par la plus lointaine et la plus authentiquement (sinon totalement)
vernaculaire, je vais décrire les traits essentiels de l'intervention chamanique chez les
Hmong en présentant successivement l'espace rituel, l'agent de culte et la chronologie
des actes chamaniques. Enfin, j'examinerai brièvement l'étiologie de la maladie selon
le chamane hmong et la logique qui le soutient dans l'élaboration du diagnostic. Tous
ces éléments sont essentiels dans la comparaison avec les autres chamanismes, à com
mencer par celui des Yao.
Figure 1. — Le réseau du fil des esprits dans la maison de Tchou Yao en 1966.
a) la porte d'entrée ; b) le lit des hôtes ; c) l'emplacement du foyer ; d) l'autel du chamane ;
e) la colonne principale ; f) l'emplacement du fourneau ; g) la chambre du maître de mai
son ; h) la chambre du fils aîné ; i) la chambre du fils du frère cadet ; j) la chambre du frère
cadet.o) le pilon à décortiquer le riz ; q) les poutrelles des esprits auxiliaires ; r) la galerie
d'accès à la maison ; s) la pente en aval de la maison ; t) la palissade du remblai.
(D'après Entre la maladie et la mort ; cité infra, note 6.)
2 . Ce sont des grands groupes : les Pu Nu parlent une langue proche du hmong, les Lakkia proche
du dong (kam), les lu Ngien un dialecte han, les Mien sont les seuls à parler le yao et se subdivisent
encore en quatre groupes ethnolinguistiques : Mien proprement dit, Mun, Byau Min et Yau Min. Pour
plus d'informations on se reportera à J. Lemoine et Chiao Chien (éd.), The Yao of South China, Paris,
Pangu, 1991.
3. Au Laos et en Thaïlande. Pour le chamanisme hmong, je remercie tout particulièrement mon
maître Siong Tchou Yao, maintenant à Bourges, et, pour le chamanisme yao, Lei Seng Pou, aujourd'hui
à Toulouse. miao-yao dans V intervention chamanique 151 Variations
Figure 2. - L'autel permanent.
On voit sur l'étagère du haut : au fond, les esprits auxiliaires en ribambelles collées aux
planches du fond ; devant, le « panier de maïs pour les chevaux et les trois « coupes de
vin ; à gauche, le bol « d'eau de dragon » ; à droite, l'œuf et les bâtons d'encens fichés
dans un bol pour l'esprit de la Transe et l'esprit Clairvoyant, les cornes du bouc qui garde
l'autel, le grelot, le bol de « fleur de paddy. Le gong et l'épée-miroir sont accrochés aux
montants droite et gauche de l'autel ; le sabre magique est planté

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