Les modèles gréco-bactriens de quelques reliquaires et palettes à fards « gréco-bouddhiques » - article ; n°1 ; vol.32, pg 91-98
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Les modèles gréco-bactriens de quelques reliquaires et palettes à fards « gréco-bouddhiques » - article ; n°1 ; vol.32, pg 91-98

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Description

Arts asiatiques - Année 1976 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 91-98
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 47
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri-Paul Francfort
Les modèles gréco-bactriens de quelques reliquaires et palettes
à fards « gréco-bouddhiques »
In: Arts asiatiques. Tome 32, 1976. pp. 91-98.
Citer ce document / Cite this document :
Francfort Henri-Paul. Les modèles gréco-bactriens de quelques reliquaires et palettes à fards « gréco-bouddhiques ». In: Arts
asiatiques. Tome 32, 1976. pp. 91-98.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1976_num_32_1_1097:
LES MODÈLES GRÉCO-BACTRMS
DE QUELQUES RELIQUAIRES
ET PALETTES A FARDS «GRÉCO-BOUDDHIQUES»
par Henri-Paul FRANCFORT
Parmi les objets de schiste ou de steatite découverts dans la fouille de la ville
hellénistique d'Aï-Khanoum en Bactriane, un lot d'une quarantaine de pyxides se
signale à notre attention (1). Ce lot comprend d'une part une de cassettes
en forme de bonbonnières, d'autre part deux boîtes en forme de bobines.
Toutes ces pyxides sont taillées et jamais tournées (2) dans un schiste ou une
steatite grise. L'origine de la pierre n'est pas encore déterminée avec précision :
elle n'existe pas dans le voisinage immédiat et il est probable qu'elle fut importée
du Gandhâra où elle est très répandue, à moins que les artisans bactriens n'aient
employé les galets de pierre grise que roule la Kokcha qui se jette dans l'Oxus à
Aï-Khanoum.
Sur les pyxides-bobines (fig. 1), le réceptacle a la forme d'un cylindre ceinturé
au milieu et évidé d'une cavité hémisphérique. Elles sont sans doute dépourvues de
couvercle car la lèvre est dépourvue de rebord.
Les pyxides-bonbonnières reposent sur un fond légèrement aplati. Le bord
extérieur de la lèvre forme un petit ressaut destiné à l'ajustement du couvercle.
On peut les diviser en plusieurs groupes selon leur compartimentation intérieure.
Un premier groupe rassemble les simples coupelles sans cloison intérieure (3). Un
(1) Certaines ont déjà été publiées par P. Bernard et D. Schlumberger B.C. H., 1965, p. 639-640.
(2) A Aï-Khanoum, la technique du tournage était utilisée surtout par les artisans du bois et les ivoiriers.
Les objets en pierre sont assez rarement tournés sauf certaines bases de colonnes et l'extérieur des alabastres.
(3) Pour de telles coupelles, voir : J. Marshall, Taxila, Cambridge 1952, vol. Ill, pi, 141, q ; S. P. Tolstov
et B. I. Vajnberg, Koj-Krylgan-Kala, monument de la culture de la Chorasmie, IVe siècle av. J.-C. - IVe siècle
ap. J.-C, Moscou 1967 (en russe), p. 142 et pi. XV, n° 4. :
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second groupe comprend les pyxides dont le réceptacle est divisé en deux moitiés
par une cloison transversale qui est, sauf dans un cas, interrompue en son milieu
par une cupule circulaire. Dans les groupes suivants, la cupule centrale est entourée
par trois ou quatre cloisons rayonnantes qui divisent le réceptacle en autant de
compartiments disposés en couronne (1) (fîg. 2 et 3).
Les couvercles de ces pyxides-bonbonnières sont plus ou moins bombés et
portent à leur sommet un bouton de préhension en forme de champignon taillé dans
la masse ou fait de pièces assemblées par mortaisage et collage. La décoration des
pyxides se trouve exclusivement sur le dos des couvercles et consiste en incrustations
de pierre de couleur ou en motifs incisés ou bien les deux ensemble. Les
sont faites de petites plaquettes de pierre (rectangles, triangles, ronds de couleur
rouge, noire, jaune, etc.) collées dans des cases champlevées de formes variées (rectang
les, couronnes, disques, croix). Bien que des objets en pierre incrustés soient connus
en Perse achéménide (2), les incrustations du type de celles de nos couvercles sont
purement bactriennes. Les décors incisés représentent des couronnes de feuilles de
laurier, des cœurs emboîtés (3), des séries de petites cavités ou bien des frises de
motifs géométriques (soleils, arbres de vie, etc.) ou d'animaux stylisés (chevaux et
bouquetins galopant). Des frises de ce type sont inconnues pour l'instant ailleurs
qu'à Aï-Khanoum.
La fonction de ces pyxides-bonbonnières est difficile à préciser à l'aide des seules
données de la fouille, car elles proviennent indifféremment de tous les monuments
et de toutes les couches fouillés dans la ville. On ne leur connaît par ailleurs aucun
parallèle contemporain susceptible de les éclairer. La réutilisation de certaines d'entre
elles comme lampes à huile ne nous renseigne guère sur leur usage originel. Pourtant,
des traces de couleur rouge observées dans les compartiments de l'une des pyxides
suggèrent que celle-ci a été utilisée comme boîte à cosmétiques. Cette observation,
qui reste unique, ne nous permet pas de conclure que toutes les pyxides étaient
réservées à cet usage. Il est probable que certaines d'entre elles ont été de simples
cassettes à objets précieux. En tout cas tous ces objets prenaient place dans le boudoir
féminin. La découverte d'une pyxide compartimentée avec son couvercle dans une
tombe montre qu'elles pouvaient être réutilisées comme offrandes funéraires.
Les fonctions de ces pyxides-bonbonnières sont donc exactement les mêmes
que celles des pyxides grecques (4), bien que leurs formes n'aient rien en commun.
Les pyxides d'Aï-Khanoum sont datées du iiie-ne siècle a. C. et l'étude de leurs
(1) L'exemplaire le plus ancien d'un récipient de ce type serait celui d'époque néo-babylonienne, en
fritte, qui comporte cinq compartiments rayonnants délimités par des cloisons en arc de cercle qui bornent un
compartiment central de forme étoilée, cf. A. U. Pope, S. P. A., vol. IV, p. 148, a, d.
(2) Cf. E. Schmidt, Persepolis, II, Chicago 1957, p. 71 s.
(3) Ce motif décoratif connaîtra une grande diffusion dans l'art sassanide : H. P. Francfort, Afghanistan,
26/3, 1973, p. 95-98. Nous en avons ici un des exemples les plus anciens.
(4) Cf. E. Pottier, Diet. Ant., art. « Pyxis ». MODÈLES GRÉCO-BACTRIENS DE RELIQUAIRES ET PALETTES A FARDS 93
descendants gréco-bouddhiques nous fait assister à une différenciation des formes
qui se spécialisent dans des usages spécifiques.
Nos pyxides-bobines et celles en forme de bonbonnières sont en effet à l'origine
de deux séries que nous allons examiner successivement.
La forme des pyxides-bobines se retrouve dans deux reliquaires provenant
de la vallée de Swât (Pakistan actuel). Le premier, trouvé à Bajaur (1), est très plat
et la partie centrale de son corps est bombée. Sur le second, sorti de la fouille de
Butkara (2), la partie cylindrique est élevée. A la différence des pyxides gréco-
bactriennes, les deux reliquaires, comme tous les objets de cette sorte, portent un
couvercle.
Les pyxides à réceptacle compartimenté de la Bactriane ont très peu essaimé
dans l'art gréco-bouddhique. On connaît cependant deux exemples dont l'ascendance
bactrienne est évidente. Dans les deux cas, la compartimentation est disposée en
couronne autour d'une cupule centrale, comme à Aï-Khanoum. Il s'agit de deux rel
iquaires provenant de l'Afghanistan actuel, l'un du Nangarhar (Darunta près de
Jellalabad) (3), l'autre de la Kapisène (monastère de Qol-i Nader près de Begram) (4).
Le reliquaire de Darunta (fig. 4), exhumé par Masson au siècle dernier, semble tourné.
Son réceptacle est profond, son couvercle fortement bombé et dans le bouton de
préhension de ce dernier est creusée une cavité qui a son propre couvercle et forme
une annexe au reliquaire (5). La décoration incisée du dos du couvercle est composée
de groupes de lignes concentriques et de trois bandes superposées, l'une avec un
guillochis, l'autre avec des zigzags et la dernière avec des chevrons. Le reliquaire
de Qol-i Nader (fig. 5), trouvé dans la fouille du stûpa principal de ce site par Meunié,
est très proche par la forme des pyxides bactriennes, mais son décor incisé (oves
stylisées et perles et pirouettes), bien que dérivé de l'art grec, ne rappelle que de
loin l'ornementation des couvercles d'Aï-Khanoum. Par conséquent, sur ces deux
reliquaires, la forme fondamentale de la pyxide compartimentée demeure mais le
décor et la technique d'exécution (tournage) sont radicalement différents. La comparti
mentation rayonnante se retrouve sur deux palettes à fards dont l'une provient

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