Les soieries Han - article ; n°1 ; vol.17, pg 93-116
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Description

Arts asiatiques - Année 1968 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 93-116
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Krishna Riboud
Les soieries Han
In: Arts asiatiques. Tome 17, 1968. pp. 93-116.
Citer ce document / Cite this document :
Riboud Krishna. Les soieries Han. In: Arts asiatiques. Tome 17, 1968. pp. 93-116.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1968_num_17_1_988SOIERIES HAN" "LES
1 - ASPECTS NOUVEAUX DANS L'ÉTUDE DES SOIERIES DE L'ASIE CENTRALE
par Krishna RIBOUD
Les explorations et les fouilles de Sir Aurel Stein dans l'ancien Lou-lan, région
de Lop-nor, Turkestan chinois, (cf. Illustrations nos 1-2) au cours des années 1913-1916,
et celles du Colonel P. K. Kozlov dans les tertres funéraires de Noin-Oula, dans le
nord de la Mongolie, en 1924 et 1925, ont révélé un nombre important de fragments
de textiles. Parmi ceux-ci, les principales découvertes consistèrent en soieries mono
chromes et polychromes, dont les motifs étaient souvent construits selon des croisures
complexes (1).
Beaucoup de ces fragments comptent parmi les témoignages les plus anciens de
l'industrie chinoise de la soie et, d'après les spécialistes, appartiendraient presque
certainement aux époques de la première et de la dernière dynastie Han (206 av.
J.-C. à 220 ap. J.-C). Ces soieries étaient fort appréciées comme articles de troc et de
commerce dans toute l'Asie Centrale.
Il n'est pas dans mon dessein d'examiner en détail tous les aspects historiques et
archéologiques de ces découvertes, mais seulement d'exposer brièvement quelques
problèmes techniques que soulève l'étude de certains spécimens. Les soieries façonnées
monochromes et polychromes n'étaient pas conçues et fabriquées de la même façon.
Par exemple, les tissus monochromes étaient généralement teints en pièce, tandis
que les tissus polychromes étaient teints en fil. C'est sur la construction de ces derniers
que portera notre examen.
(1) Pour l'essentiel, la collection Stein est conservée au Musée National de la Nouvelle-Delhi et au
British Museum de Londres ; la collection Kozlov est conservée au Musée de l'Ermitage de Leningrad. Parmi
les musées qui conservent des fragments des soieries façonnées polychromes Han, le Musée National de la
Nouvelle Delhi en détient environ une centaine et le Musée de l'Ermitage de Leningrad bien davantage; les
autres musées, comme le Victoria & Albert Museum à Londres et le Fine Arts Museum de Philadelphie n'en
détiennent que quelques exemplaires. 94 KRISHNA RIBOUD
II est maintenant reconnu que, concernant l'évolution de leur technique comme
de leur dessin, les soieries façonnées polychromes de la période Han sont le produit
d'une technique de tissage hautement avancée et complexe, qui démontre une singul
ière faculté d'invention à partir des traditions établies. Les proportions et l'équilibre
du décor continu, l'élaboration de la texture, les dimensions du rapport des motifs
et l'éclat caractéristique des diverses couleurs — tout atteste une sensibilité raffinée
et une grande maîtrise dans la conception, le dessin et la fabrication.
Le tissage, dans sa forme la plus simple, est une proposition mathématique et
rythmique. L'étoffe est le résultat de la coordination de différents éléments organiques
et mécaniques aboutissant à une contexture et un décor déterminé. Ainsi énoncée,
l'opération paraît simple et évidente ; pourtant, les façonnés polychromes de la période
Han témoignent d'une telle complexité et d'une telle recherche dans l'organisation
et la synchronisation, qu'une habileté technique aussi étonnante ne s'est manifestée
nulle part ailleurs. D'après nos connaissances actuelles, résultant de l'ensemble des
fouilles en Asie Centrale, cette méthode particulière de tissage semble avoir été aban
donnée entre le 111e et le ive siècle après J.-C. et ne se retrouver qu'à la période T'ang
(ca. vne-xe s.) (cf. Bibliographie, 19).
L'absence de documents probants et, notamment, de spécimens, concernant
l'évolution des techniques de tissage entre les périodes Han et T'ang nous empêche
d'éclaircir ce chapitre de l'histoire des textiles chinois. Nous savons par contre que,
dans ce domaine, les soieries Han demeurent souveraines par leur luxe, leur beauté
et l'ingéniosité dont elles sont le fruit.
Voici quelques caractéristiques remarquables de ce groupe de soieries Han :
1° Le fil de soie utilisé est un fil continu, obtenu par dévidage et assemblage
de nombreux fils de cocon, sans torsion appréciable. Même quand il s'agit de fils
teints, ils contiennent encore une partie appréciable de leur grès.
2° Décoration par « effet chaîne » : technique ingénieuse faisant apparaître, à
l'endroit du tissu, des flottés — en général de 3 coups — d'un coloris désiré ; d'autres
couleurs sont maintenues à l'envers, suivant une croisure identique, sans pour cela
influencer la face d'endroit. Cette technique très élaborée sera développée plus loin,
au dossier de recensement.
3° Une très forte densité de chaîne, nécessitée par la technique évoquée ci-dessus.
On trouve couramment de 120 à 160 fils au centimètre, avec une distribution de la
coloration en séries, de 2, 3 ou 4 teintes. Des variantes de coloris, pour un même
numéro de chaîne dans la série, se rencontrent également dans la largeur du tissu,
venant parfois souligner certains détails ou simplement amener un effet coloré.
4° Une seule trame est utilisée — - bien qu'elle remplisse deux fonctions. Elle
sert alternativement à la formation de la croisure apparente « taffetas » et à la sépara
tion des divers coloris de chaîne pour la production du décor, provoquant ainsi les
flottés dont il a été parlé plus haut. Ceci donne au tissu son aspect de fin côtelé dans LES SOIERIES HAN 95
le sens trame. Cette trame est pratiquement invisible sur la face d'endroit, ce qui a
motivé l'appellation anglaise de « warp-faced » pour ce genre d'étoffe (voir Dossier
de recensement pour l'appellation française).
5° Dimensions des rapports : certains atteignent la largeur entière de l'étoffe
(50 cm. environ) entre les deux lisières ; alors qu'en hauteur, au contraire, le rapport
est généralement assez faible : quelques centimètres pour un grand nombre de pièces.
Cette question de rapport mérite la plus grande attention car, même s'il y a
répétition d'un motif paraissant identique au premier abord — ce qui demande à
être soigneusement vérifié — la présence d'inscriptions différentes les accompagnant
(dans le sens latéral) prolonge d'autant la largeur véritable du rapport. Ainsi, quand
ce facteur est présent, il faut considérer, du point de vue technique, qu'il n'existe
qu'un seul rapport.
Un des fragments de Noin-Oula est unique du fait que la hauteur du rapport
est d'environ 53 centimètres, sans que le motif soit symétrique dans le sens de la
hauteur — ce qui aurait constitué une simplification technique importante (cf. biblio
graphie, 16).
M. Harold Burnham, dans son article du Bulletin du CIETA de juillet 1965,
a écrit que « cela, sans aucun doute, constitue un « tour de force » qui mérite d'être
étudié très soigneusement » (cf. Bibliographie, 7. Illustration n° 13).
Les spécimens découverts, tant à Lou-lan qu'à Noin-Oula (cf. Illustrations n° 3
à 14), proviennent de sites où les sépultures sont abondantes ; ils ont dû, très proba
blement, servir de vêtements funéraires et de bannières.
En dépit de leur ancienneté, la plupart de ces soieries sont dans un état de
conservation remarquable. Nous sommes redevables de cette précieuse découverte
de spécimens aux rites funéraires chinois d'une part, et aux conditions climatiques
favorables d'autre part.
Au retour des expéditions, les trouvailles de Stein furent confiées à
l'« Archaelogical Survey » de l' Inde, à la Nouvelle Delhi et au British Museum, à Londres
(quelques fragments de textiles sont également au Victoria & Albert Museum de Londres) .
Depuis, des spécialistes ont entrepris de décrire, d'analyser et d'illustrer les caracté
ristiques de certains fragments. Stein, secon

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