Note sur les pièces d art bouddhique de la collection S. M. le Roi du Laos - article ; n°1 ; vol.25, pg 91-128
38 pages
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Note sur les pièces d'art bouddhique de la collection S. M. le Roi du Laos - article ; n°1 ; vol.25, pg 91-128

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Description

Arts asiatiques - Année 1972 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 91-128
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Madeleine Giteau
Note sur les pièces d'art bouddhique de la collection S. M. le Roi
du Laos
In: Arts asiatiques. Tome 25, 1972. pp. 91-128.
Citer ce document / Cite this document :
Giteau Madeleine. Note sur les pièces d'art bouddhique de la collection S. M. le Roi du Laos. In: Arts asiatiques. Tome 25,
1972. pp. 91-128.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1972_num_25_1_1051NOTE SUR LES PIÈCES D'ART BOUDDHIQUE
DE LA COLLECTION S. M. LE ROI DU LAOS
par Madeleine GITEAU
En avril 1968, sur la demande de S. M. le Roi du Laos, je fus envoyée en mission,
par l'École Française d'Extrême-Orient, pour faire le catalogue des pièces bouddhiques
de la Collection Royale. Pour la plupart, les pièces de cette collection ont été réunies
par S. M. le Roi qui leur porte un intérêt tout particulier. Après l'achèvement de ce
catalogue, il a paru intéressant de consacrer une étude à ces pièces qui présentent
des caractères très variés et, pour nombre d'entre elles, une réelle valeur artistique.
On a tendance, lorsque l'on parle des représentations de Buddha Lao, à évoquer des
images très stylisées, au sourire figé, au nez en bec d'aigle, selon les canons d'une
école de sculpture du xvne et du xvme siècles, école qui a d'ailleurs produit bien
des statues remarquables. Des statuettes de ce type existent dans la Collection
Royale, mais elles ne sont pas nombreuses. Par contre on y découvre des images
plus anciennes, appartenant à des écoles beaucoup moins connues. Enfin cette Collec
tion Royale compte un certain nombre d'objets orfévris, tels que des reliquaires, des
coupes, des fleurs, des bijoux. La variété des pièces s'explique par les origines de
cette collection. Pour la plupart ces pièces proviennent de deux stûpa de Luang
Prabang élevés l'un à Vat Vixun, l'autre à Vat That Luong. Quelques statuettes sont
depuis longtemps au Palais Royal, elles forment un ensemble de dates et d'origines
diverses, mais il est impossible de connaître leur provenance. Ces trois fonds com
prennent des pièces de caractères très distincts, aussi les étudierons-nous séparément.
Ce fut lors de l'effondrement du That Mak Mo, dans l'enceinte de Vat Vixun, à
Luang Prabang, que furent découvertes quelque 140 pièces en or, bronze, cristal ou
pâte de verre. Le That Mak Mo était un stûpa hémisphérique ; cette forme lui a
valu son nom de That Mak Mo, c'est-à-dire « le reliquaire de la pastèque. D'après MADELEINE GITE AU 92
S. A. le Tiao Khammane (1) le nom de That Mak Mo serait une désignation vulgaire,
le véritable nom étant That Pathum (pâli : Dhâtu Pathuma), le « reliquaire du lotus » ;
en effet un rang de pétale de lotus garnit la base de l'hémisphère. Ce that fut construit
sous le règne du roi Vixunharath qui monta sur le trône dans les premières années
du xvie siècle. Le jour du couronnement de ce souverain un orage se déchaîna ;
c'est à cause de ce signe auspicieux qu'il prit le nom de Vixun, «éclair». Il fit plusieurs
fondations religieuses, en particulier à la mémoire de sa fille morte en bas-âge (2).
Le That Mak Mo fut construit par la reine Nang Tine Yeng. La fondation eut lieu
le samedi, second jour de la lune croissante du troisième mois de l'année 876 de la
Petite Ère, c'est-à-dire, 1514 A.D. Les travaux durèrent un an et sept mois (3).
Le roi Vixunharath mourut en 1520. Son fils Pothisarath devint roi et fit élever
le sanctuaire de Vat Vixun. H. Parmentier donne une description du That Mak Mo
tel qu'il était avant son effondrement : « il avait des soubassements considérables,
aux détails bien laotiens, et, au sommet de sa masse hémisphérique, une courte
llamme. Il est possible, suivant l'hypothèse de Ch. Batteur, que la maçonnerie de
cette masse fût, sauf en parement, en briques hourdées de terre et que les infiltrations
pluviales au travers des fissures produites par la végétation dans la couche protectrice
d'enduit aient dissous cette terre et amené la formation de poches. Peut-être même
y avait-il un noyau de terre intérieur, reste possible d'un stûpa plus ancien, car la masse
de décombres est moindre que le volume de la carapace qui restait apparente. » (4).
Le That s'effondra en septembre 1914 et fut reconstruit en 1937 par H. Marchai.
Raquez, qui le vit longtemps avant son effondrement, raconte comment : « lorsque
des fissures se produisirent dans le that, l'on apercevait une eau verdâtre et l'on
entendait le sifflement de serpents » (5). Nul doute que les infiltrations aient été très
importantes dans ce that. Nous verrons plus loin dans quel état de corrosion se
trouvent certains bronzes faisant partie de l'important dépôt que nous étudions.
Le dépôt ayant été scellé dans le that au moment de sa fondation, donc vers
1514, les pièces qui y ont été découvertes ne sauraient avoir été façonnées après
cette date. Pour cette étude nous distinguerons les images des objets. Les images
elles-mêmes peuvent être réparties en plusieurs groupes. Elles appartiennent à des
écoles bien différentes selon qu'elles ont été façonnées en bronze, en or, en pâte de
verre ou en cristal.
Parmi les statuettes en bronze, deux images retiendront d'abord notre attention,
elles portent les nos 86 et 87. Ce sont deux petites statuettes de Buddha parés, assis
en méditation sur le corps enroulé d'un nâga à sept têtes. Toutes deux sont très
(1) S. A. le Tiiio Kharnmane a rédigé plusieurs ouvrages historiques, en particulier sur les monastères
de Luang Prabang.
(2) P. Le Boulanger, Histoire du Laos Français, Paris, Pion, 1931, p. 71-72.
(3) D'après le Tiao Khammane.
(4) H. Parmentier, Varl du Laos, Publication de l'EFEO, Paris, 1954, p. 171.
(5) Raquez, Pages laotiennes, cité par Parmentier, op. cit., p. 76-77. PIÈCES D'ART BOUDDHIQUE DE LA COLLECTION S. M. LE ROI DU LAOS 93
corrodées ; elles ont pourtant conservé quelques traces de leur dorure ancienne.
Ces deux statuettes relèvent de l'art khmer. Par la forme triangulaire du capuchon
de son nâga, par le type de coiffure et la forme du corps du Buddha, l'image n° 86
semble la plus ancienne et peut être datée du xne ou du début du xme siècle ; la
pièce n° 87 est plutôt du xine siècle. Il est, évidemment, impossible de dire si ces
images proviennent du Cambodge ou si elles ont été coulées dans un atelier provincial
établi au Laos. Les Buddha sur nâga ne sont pas nombreux au Laos et, à quelques
exceptions près, ils ont subi fortement l'influence khmère. Deux Buddha sur nâga
en pierre, érigés sur l'autel de Vat Vixun à Luang Prabang, témoignent de cette
influence ; authentiquement de facture lao, ils conservent les lignes générales des
images khmères et nous avaient été signalées comme des pièces khmères ; elles sont
beaucoup plus tardives que les deux statuettes qui nous intéressent en ce moment ;
d'ailleurs que ces dernières aient été coulées au Cambodge ou au Laos, elles appar
tiennent à l'art khmer sans doute possible.
La collection du dépôt de Vat Vixun possède trois images en bronze du Buddha
assis en méditation, deux d'entre elles, numérotées 166 et 169, sont petites et très
corrodées ; la troisième, cataloguée sous le n° 104, a 35 cm de haut, c'est une belle
pièce assez bien conservée. La statuette n° 169 est la plus ancienne des trois ; c'est
une image du Buddha paré, coifïé d'un diadème en couronne et d'un couvre-chignon
conique. Par le type de son visage ainsi que par sa parure, elle est très proche des
images khmères de la fin du xne siècle ou du début du xme. Les deux autres images
appartiennent à une même école. Elles sont assises en vïrâsana sur un petit socle
qui affecte la forme d'un haricot pour s'adapter au siège du Buddha. L'uttarâsangà
découvre l'épaule droite, la sanghâti pliée et posée sur l'épaule gauche, tombe jusqu'à
la taille sur le devant et jusqu'au bas des reins dans le dos, selon la tradition de l'École
de Sukhodaya. La corrosion empâte les traits du visage et les lignes du corps de la
pièce n° 166. Le Buddha n° 104 (photo n° 1) a

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