Remarques iconographiques à propos d une tête de roi barbare du Gandh?ra - article ; n°1 ; vol.32, pg 71-90
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Remarques iconographiques à propos d'une tête de roi barbare du Gandh?ra - article ; n°1 ; vol.32, pg 71-90

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Description

Arts asiatiques - Année 1976 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 71-90
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Francine Tissot
Remarques iconographiques à propos d'une tête de roi barbare
du Gandhāra
In: Arts asiatiques. Tome 32, 1976. pp. 71-90.
Citer ce document / Cite this document :
Tissot Francine. Remarques iconographiques à propos d'une tête de roi barbare du Gandhāra. In: Arts asiatiques. Tome 32,
1976. pp. 71-90.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1976_num_32_1_1096REMARQUES ICONOGRAPHIQUES
A PROPOS D'UNE TÊTE DE ROI RARBARE
DU GANDHÂRA
par Francine TISSOT
II nous a été présenté, au mois d'octobre 1972, un objet d'apparence gandhâ-
rienne, dont nous avons, de prime abord, suspecté l'authenticité, tant pour les
nombreuses restaurations de son visage, que pour l'insolite coiffure qui le surmontait.
Une étude, commencée au Laboratoire du Louvre et qui devrait être le début
d'une longue enquête sur les schistes gandhâriens, nous a amenée à réviser notre
opinion, car le matériau dans lequel l'objet a été sculpté est bien semblable à ceux
de deux autres objets, assurément gandhâriens, et appartenant aux collections du
Musée Guimet, qui ont été étudiés en même temps que lui. On peut donc admettre
que cet objet est un des premiers exemples qui nous soient parvenus, d'une série de
« portraits » en costume barbare ; que son aspect étrange, et en particulier la coiffure
à l'oiseau qui surmonte son visage massacré, parfaite symbiose de l'homme et de son
animal protecteur, est une énigme dont nous avons cherché la clé, tant en Iran et en
Asie centrale qu'en Inde.
Les remarques faites au cours de cette quête sont consignées ici, dans l'espoir
qu'un spécialiste de ces questions pourra nous donner des renseignements complé
mentaires ou différents, ou bien encore contester nos conclusions.
L'étude, faite au Laboratoire des Musées de France (Louvre), est présentée
d'autre part (voir Appendice), mais on peut déjà, à l'œil nu, constater combien les
restaurations du visage ont modifié l'aspect initial du personnage et sa morphol
ogie.
La main d'un restaurateur averti se reconnaît au fait qu'il a cherché à « hellé
niser » la tête en modifiant la racine du nez et probablement le nez lui-même, retaillé (?)
dans un morceau du même matériau, ou retrouvé sur place et recollé (?) comme a
été recollée la tête de l'oiseau, au-dessus du front. :
72 FRANGINE TISSOT
Nous avons donc perdu à jamais le vrai visage de ce roi, dont nous ne pourrons
identifier la race. Il nous faut faire simplement le bilan des constatations et des
observations matérielles puis nous ferons appel aux textes et aux comparaisons avec
d'autres pièces.
1. Élude de la pièce (1).
La pièce étudiée est une tête seigneuriale ou royale, cassée au-dessus du cou
(dont il reste fort peu de chose) (Fig. 1). C'est un très haut-relief ou pseudo-ronde-
bosse, arraché à une scène figurée d'une taille assez imposante (2) sans être rare
au Gandhâra. La tête devait se trouver sous le cadre ou sous un autre personnage,
peut-être vu à mi-corps : on distingue en effet, sur le dessus de la coiffure, la partie
restée brute, par suite de l'impossibilité matérielle d'y intervenir avec un ciseau de
sculpteur. Sur la partie arrière, on voit les traces de l'outil du fouilleur, probablement
clandestin, qui a détaché la tête de son ensemble (Fig. 5). On voit des traces analogues
et pratiquement de même largeur qu'ici, sur beaucoup de pièces du Gandhâra (3).
Si l'on regarde l'homme de face (Fig. 2), subsistent l'œil gauche à peu près
complet, et l'angle intérieur de l'œil droit. Les deux yeux sont à demi-fermés, comme
on a coutume de représenter, au Gandhâra, le Buddha ou une divinité, alors que les
quelques « portraits » laïques, que nous pouvons cataloguer comme tels, ont les
yeux grands ouverts, et les pupilles bien marquées.
Si l'on regarde le visage du côté droit (Fig. 3), on voit l'oreille et la trace de son
pendant d'oreille, les cheveux longs, à peine ondulés et rejetés en arrière sous un
couvre-nuque (4). Un favori (5), soigneusement peigné, est bien délimité sur la joue
(1) Abréviations :
AGBG. L'Art Gréco-bouddhique du Gandhâra, par Alfred Foucher, Paris, Ernest Leroux, 1905, 1918, 1922.
DAK. Dynastie Arts of the Kushans, par John M. Rosenfield, 1967, Berkeley and Los Angeles, California
USA. University of California Press.
JASB. Journal of the Asiatic Society of Bengal.
(2) La tête mesure 0,16 m de hauteur, 0,09 m de largeur et elJe est épaisse de 0,09 m. D'après Alfred
Foucher [A GB G I, p. 81 ), on peut faire un calcul hypothétique qui permet d'attribuer cette tête à un personnage
d'environ 0,50 m de hauteur, dans une scène qui pourrait couvrir une surface de 0,70 m sur 0,95 m et qui serait
l'une des huit scènes décorant la base circulaire d'un stupa votif. La circonférence de ce slùpa serait de 9,20 m,
soit un diamètre d'environ 3 m et une hauteur totale d'environ 6 m. Ces dimensions qui sont basées sur des
analogies courantes, replacent la pièce dans un contexte bouddhique habituel. La pièce était partie d'une
scène ornant le siùpa central d'un monastère de moyenne importance.
(3) Ces traces pourraient être aussi celles de l'outil de l'ouvrier qui a extrait la plaque de schiste de
la carrière à l'époque ancienne. Les outils en question n'ont pas encore été retrouvés et le problème n'est pas
élucidé. Il pourrait faire l'objet d'une recherche particulière.
(4) Une pièce du Musée de Lahore (Pakistan occidental) n° 105, reproduite dans DAK, fig. 77, montre
un donateur kusâna portant un couvre-nuque souple, sous un grand bonnet orné de cabochons (flg. 16).
(5) Le favori (skr. gallamukhija de skr. galla la joue et mukhya : la moustache; en anglais : side-burns
ou side-wiskers) est cité dans J. Prinsep, 1834, JASB III, p. 313 et PL XXI, qui décrit une monnaie du roi
Huviska, porteur de cet ornement pileux (flg. 17). Notons aussi qu'un des princes de Khaltchayan porte des
favoris. Cf. G. Pougatchenkova 1971, Khaltchayan, n° 70, flg. 65 (fig. 18). :
REMARQUES ICONOGRAPHIQUES 73
par une courbe un peu sèche. La partie où aurait pu se trouver la barbe est ravagée.
Le cou, ou plutôt ce qu'il en reste, paraît nu.
Si l'on regarde le visage du côté gauche (Fig. 4), on retrouve les mêmes éléments,
mais le pendant d'oreille, mieux conservé, paraît constitué de deux (ou trois) grosses
perles, ou boules de métal précieux, enfilées les unes au-dessus des autres.
Nous avons déjà évoqué les possibilités de transformations « modernes » du nez.
La bouche et sa grosse moustache « à la gauloise », bien tombante sur les grosses
lèvres proéminentes, ne cadre pas avec le fin nez « grec », qui n'est pas dans l'axe
de la lèvre supérieure. Un visage qui se casse en tombant perd son nez ! Un visage
cassé par un coup, par la chute d'une pierre, et qui perd une grande partie de son front
et de sa pommette droite, perd son nez ! Nous devons donc admettre l'intervention
globale du restaurateur pour le front, le nez, la joue droite et le menton. Mais nous
reconnaîtrons dans la bouche et sa moustache une partie de l'œuvre originale (1).
La coiffure de notre personnage n'a pas subi trop d'outrages et les restaurations
sont discrètes. Elle se compose de quatre éléments :
1. Un bonnet couvre-nuque, souple, probablement en tissu ou en fourrure :
les rayures qui le recouvrent sont en effet interrompues et alternées, comme pour
montrer qu'il s'agit bien des poils courts et frisés d'une toison animale.
2. Un fin diadème d'orfèvrerie, simple bande de métal (?) bordée de grènetis
de part et d'autre, et ornée de cercles accolés qui peuvent être interprétés comme :
un motif au repoussé, ou bien : une série de cabochons très plats (pâte de verre ou
pierres précieuses) incrustés dans le métal. Ce décor va rapetissant vers l'avant,
peut-être dans un certain souci de l'optique. Sans doute fixés sur ce diadème, on voit
trois croissants très abîmés : un grand au centre et un petit de chaque côté (2).
3. A l'arrière gauche de la pièce, on voit un petit élément

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