Une peinture pour un poème : un rouleau de Wan Shouqi (1603-1652) - article ; n°1 ; vol.28, pg 185-200
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Une peinture pour un poème : un rouleau de Wan Shouqi (1603-1652) - article ; n°1 ; vol.28, pg 185-200

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Description

Arts asiatiques - Année 1973 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 185-200
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michèle Pirazzoli-t'Serstevens
Hou Ching-Lang
Une peinture pour un poème : un rouleau de Wan Shouqi (1603-
1652)
In: Arts asiatiques. Tome 28, 1973. pp. 185-200.
Citer ce document / Cite this document :
Pirazzoli-t'Serstevens Michèle, Ching-Lang Hou. Une peinture pour un poème : un rouleau de Wan Shouqi (1603-1652). In: Arts
asiatiques. Tome 28, 1973. pp. 185-200.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1973_num_28_1_1077:
CIVE PEINTURE POUR UN POÈME :
UN ROULEAU DE WAN SHOUQI (1603-1652)
par Michèle PIRÀZZOLI et HOU Ching-lang
Rares sont les peintures chinoises anciennes qui ont conservé leur cohérence
originelle et nous parviennent sans retouches. Le rouleau de Wan Shouqi (1603-1652)
acquis en 1972 par le Musée Guimet (1) en est un exemple. Célèbre en Chine, Wan
Shouqi, peintre, écrivain et calligraphe, est resté par contre assez méconnu en Europe,
car peu de ses uvres picturales ont survécu (2).
Les quatre paysages, datés 1651, que contient le rouleau horizontal du Musée
Guimet, apparaissent d'une qualité et d'une fraîcheur exceptionnelles. Les inscriptions
du peintre corroborent parfaitement les renseignements biographiques que nous
avons pu trouver sur l'artiste. De plus, les colophons qui accompagnent les peintures
et en attestent l'authenticité sont écrits par des lettrés éminents de l'époque Qing.
Peintures, inscriptions et colophons constituent donc un ensemble infiniment précieux
pour notre connaissance de Wan Shouqi et, à travers lui, de la peinture des lettrés.
Première partie : la biographie de Wan Shouqi (3)
Wan Shouqi (VIII)
prénom officiel : Shouqi
surnoms de courtoisie : Jieruo, Ruo, Neijing, Nianshao (IX) de fantaisie : hao : Wan daoren, Shou daoren, Su daoren (X), hao
qu'il se donne à partir de 1644 : Huishou, Shamen huishou, Mingzhi daoren (XI).
(1) MA 3389.
(2) A notre connaissance, il existe de lui, en Europe, deux peintures de personnages au British Museum,
un paysage dans la collection Vannotti à Lugano et deux feuilles d'album dans la collection de M. J. P. Dubosc
à Paris.
(3) Nous avons consulté pour la biographie de Wan Shouqi les ouvrages suivant Hummel, Eminent
Chinese of the Ch'ing period, Washington 1944, t. II, pp. 800-801 ; Lo Zhenyu (1866-1940), Wan Nianshao 186 MICHÉLE PIRAZZOLI ET HOU CHING-LANG
I. Les années de jeunesse et d'engagement (1603-1645).
Wan Shouqi est né en 1603 dans une famille originaire de Nanchang (XII) au
Jiangxi. Son père, Wan Chongde (XIII) (Jinshi en 1604), après avoir été chef de
district à Linhai xian (XIV) au Zhejiang, fait un stage comme censeur au Yunnan.
En 1620, il est appelé au Palais pour des affaires urgentes et, lors de l'engagement
au Liaodong, il est chargé par l'Empereur de l'approvisionnement de l'armée. Il est
ensuite nommé censeur au Fujian. A l'apogée du pouvoir de l'eunuque Wei
Zhongxian (1), Wan Chongde, sous le prétexte de maladie, quitte son poste pour
celui de censeur adjoint au Shandong. A 19 ans, Wan Shouqi, ayant réussi l'examen
de la préfecture, est boursier de la province. Il a pour maître Wang Zishi (2).
En 1623, à 21 ans, le jeune Wan fuit les bandits du Shandong et va s'installer
à Huaian (XVII) au Jiangsu avec son camarade d'études Huang Jiarui (XVIII).
Nous ne connaissons pas la date du mariage de Wan, mais nous savons qu'en
1625 lui naît une fille.
En 1628, l'empereur Chong zhen, pour son accession au trône, demande que
lui soient présentés des lettrés de tout le pays. Wan est du nombre et assiste cet été-là
à l'Autel du Ciel à un banquet auquel participent les lettrés les plus importants
du Sud.
En 1630, à 28 ans, il est reçu jurcn à Nankin (3). La même année, avec trois
autres candidats heureux, Yang Tingshu (XIX), Chen Zilong (4) et Wu Weiye (5),
Wan organise un banquet en bateau sur le fleuve Qinhuai (6). Les invités comprenaient
Huang Zongxi (7).
Nankin était alors, avec toute la région du Jiangnan, le centre culturel de
l'Empire. Là se retiraient les hauts fonctionnaires las des intrigues de Pékin et du
pouvoir des eunuques. Poètes voyageurs, philosophes itinérants y côtoyaient des
artistes, des graveurs sur bois, des artisans du laque, des gens de théâtre et des
courtisanes célèbres.
xiansheng nianpu (biographie de Maître Wan Nianshao) in Lo Xuelang xiansheng juanji, Taiwan 1968, vol. II,
pp. 731-796 et vol. I, pp. 10-13 (I) ; Zhang Geng, Guochao hua zhenglu, I (II) ; - Feng Jinbo, Guochao
hua shi, I, 14 (III) ; Ferguson, Lidai zhulu huamu, 1933, p. 355 (IV) ; Wan Shouqi, Yin shuo, in Meishu
congshu (V) ; Zhongguo huajia renming da cidian (VI) ; Zheng Zhende, Yu wai suo cang ming hua ji
(VII).
(1) Wei Zhongxian 1568-1627) (XV).
(2) Wang Zizhi (XVI) juron en 1606 au Zhejiang, nommé chef de district au Jiangxi, très versé dans le
bouddhisme. Ayant perdu la vue, il abandonne son poste et pratique la religion pendant trois ans à l'issue
desquels il voit à nouveau. Il se fait moine.
(3) L'examen provincial de Nankin en 1630 fut particulièrement brillant et nombre des candidats à
cette session devinrent des lettrés célèbres.
(4) Chen Zilong (1608-1647) (XX) écrivain et patriote, biographie cf. Hummel, op. cit., t. f, pp. f02-f03.
(5) Wu Wreiyc (Î609-1672) (XXI) lettré et peintre de paysages, biographie cf. Hummel op. cit., t. II,
pp. 882-883.
(6) Qinhuai (XXII) au Jiangsu.
(7) Huang Zongxi (1610-1695) (XXIII) patriote et l'un des plus grands lettrés du xvne s. ; il est le fils
de Huang Zunsu (1584-1626) qui paya de sa vie son opposition à l'eunuque Wei Zhongxian. PEINTURE POUR UN POÈME 187 UNE
Dans cette ville effervescente et raffinée, Wan adhère en 1632 à la « Société du
Renouveau » (Fushe) (1) et participe à la grande assemblée de la Colline du Tigre
(Huqiu) au Nord-ouest de Suzhou. L'année suivante, Wan va à Pékin et publie sa
première anthologie de poèmes.
En 1635, sa mère meurt. En 1637, il s'installe à Wumen (Suzhou) et en 1638
se construit une demeure au bord d'un lac à l'Ouest de Huaiyin (XXV) dans le Nord
du Jiangsu (2), près de sa ville natale de Xuzhou. Pendant ces années, il participe
à de nombreuses réunions de lettrés.
Au cours de l'hiver 1642, de retour dans sa ville natale (Xuzhou), Wan trouve
tous ses livres détruits.
L'insécurité, en cette fin de dynastie, régnait partout. L'augmentation constante
des impôts, la création de grands domaines au profit des princes et des favoris, la
famine de 1628 avaient fait fuir les paysans. Maltôtiers et paysans expulsés formaient
des bandes de brigands qui vivaient sur le pays, pillant et rançonnant la population.
A la veille de 1644, le Jiangsu n'est pas épargné et nous trouvons Wan en 1643 à
Jingkou (XXVI) dans le district de Dantu (XXVII), puis à Songjiang (XXVIII)
et en 1644 de nouveau à Suzhou. Ces déménagements successifs dans différentes
parties de la province ne l'empêchent pas de publier en 1643 un second recueil :
soixante-neuf poèmes, avec pour titre « Neijing tang shi » (XXIX).
Les événements se précipitent. Le plus redoutable des chefs de bande, Li
Zicheng, entre à Pékin le 26 avril 1644 et l'empereur se suicide. La nouvelle du
désastre parvient à Nankin le 6 mai. En l'absence du prince héritier, prisonnier des
rebelles, les hauts fonctionnaires proclament empereur le prince de Fu qui fait son
entrée dans Nankin capitale le 17 mai. Wan qui, à la chute de Pékin, avait exprimé
sa douleur en deux poèmes, consacre à l'événement un poème de joie. Tandis que
les Mandchous, après avoir délogé les rebelles et écarté le général Wu Sangui,
s'installent à Pékin le 6 juin, la capitale du sud s'organise, difficilement, car tout
manque et surtout les fonds.
Quatre circonscriptions militaires sont créées pour protéger la nouvelle capitale
à la fois des Mandchous à l'est et de Li Zicheng à l'ouest. Un des amis de Wan, Yang
Wencong (3) inspecte ainsi le long du Yangzi, au Sud de Xuzhou. Au début de 1645,
(1) Fushe (XXIV) : le groupe politico-littéraire fondé par Zhang Pu (1602-1641) avait débuté comme
une simple société littéraire regroupant des amis et aidant ses membres à préparer les examens. Mais il devint
bientôt un vaste mouvement de critique sociale et une force politique importante. Le Ier meeting eut lieu
à Yinshan (Wujiang, Jiangsu) en 1629. Le second se tint à Nankin en 1630 ; l

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