Témoignage de Norvège  - article ; n°1 ; vol.14, pg 91-93
4 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Témoignage de Norvège - article ; n°1 ; vol.14, pg 91-93

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
4 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Les Cahiers du GRIF - Année 1976 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 91-93
3 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 32
Langue Français

Extrait

Nicole Van de Ven
Témoignage de Norvège
In: Les Cahiers du GRIF, N. 14-15, 1976. Violence. pp. 91-93.
Citer ce document / Cite this document :
Van de Ven Nicole. Témoignage de Norvège . In: Les Cahiers du GRIF, N. 14-15, 1976. Violence. pp. 91-93.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/grif_0770-6081_1976_num_14_1_1570persécution des lesbiennes
vers oppression lesbiennes femmes Les l'homosexualité patriarcats pour deviennent et réagissent qu'elles ont de masculine, soient contre occasionnellement plus en hétérosexuelles. elle. mais plus Mais conscientes ils jusqu'à ont tourné Dans toujours présent, de un certains la regard source persécuté peu pays, de tolérant de femleur les les
mes hétérosexuelles réalisent leur manque de liberté dans le choix de
leur sexualité, et comment et pourquoi l'hétérosexualité forcée est aussi
un crime commis contre elles.
ce savoir à l'âge de trois ans. Mais au cours de
témoignage de norvège mon éducation de soi-disant vraie femme, ce savoir
m'a été volé. Ceci fut le premier crime commis
contre moi en tant que lesbienne. Mon savoir par être Une d'autres employé lesbienne femmes. pour est toutes Le une terme femme les « femmes lesbienne qui se qui sent » devrait sentent attirée
retrouvé, j'eus l'illusion que la société allait accept
er mon lesbianisme dès que je le dirais aux gens. cela, qu'elles expriment ou non ce sentiment. Ceci
Le temps, à nouveau, allait me détromper. . signifie qu'un grand nombre de femmes sont le
sbiennes en fait, il est difficile de dire qui ne La société actuelle n'accepte pas l'homosexual
l'est pas. ité chez les femmes. La preuve en est que, dès
que nous disons ouvertement notre lesbianisme, Les crimes commis contre les lesbiennes sont
cette société trouve d'ingénieux moyens de nous
des crimes commis contre toutes les femmes. Mais punir. Cette punition est plus sévère que celle subie
les lesbiennes qui refusent l'impérialisme des hom
durant notre reniement. Je pense que la plupart mes seront punies d'une façon que les femmes
des lesbiennes de Norvège et d'ailleurs savent cela, pratiquant l'hétérosexualité ne connaîtront jamais.
et que c'est la raison pour laquelle la majorité
Mon témoignage porte sur cette espèce particulière
d'entre nous préfère ne pas assumer son lesbianis
de punition. me. De tous les coins de Norvège, des lettres par
viennent à l'Organisation Norvégienne Homophile, Aucune recherche n'a été faite sur l'oppression
des lesbiennes en Norvège. Mon témoignage est écrites par des femmes qui leur vie durant ont
subi un mariage hétérosexuel tout en sachant donc basé sur des conversations avec d'autres le
sbiennes, et sur la connaissance de moi-même et qu'elles voulaient vivre avec des femmes. Pourquoi
d'autres acquise au cours de nombreuses années n'en sortent-elles pas ? Pour la plupart c'est quasi
de pratique de mon identité lesbienne. Quand j'ai ment impossible. Elles devraient tout quitter,
commencé à me sentir attirée vers les femmes, à déménager, mais elles n'ont ni argent ni éducation,
l'âge de trois ans, cela m'a semblé extrêmement elles ont été ménagères toute leur vie. Elles ont
naturel et beau. L'histoire de ma vie, de l'âge de des enfants. Elles ont, disent-elles, de gentils maris
trois ans à mes vingt ans, est l'histoire de la qui ont besoin d'elles. Et même quand elles n'ont
réalisation croissante de ma perversité. J'étais une pas tous ces obstacles pratiques à leur liberté,
elles n'ont pas le courage mental de quitter une femme homosexuelle. Je pensais que j'étais la seule au monde attirée par d'autres femmes. vie qu'elles ont bâtie. Ainsi, la plupart de ces
femmes restent où elles sont, dans leur isolement Le temps allait me détromper. De 20 à 34 ans,
je réalisai de façon croissante qu'il y a des le émotionnel, sans jamais parvenir à accomplir leur
sbiennes partout. Je revins donc à l'intuition de personnalité. Seul un petit nombre se déclare
mes trois ans, que pour une femme aimer d'autres ouvertement et appartient, comme moi, au Mou
femmes est extrêmement naturel et beau. J'avais vement Lesbien d'Oslo, i ¦
91 de voir toutes les détenues devenir lesbiennes. Il Qu'arrive-t-il alors à ce petit nombre, qu'ar-*
dit que beaucoup de femmes étaient devenues lerive-t-il quand nous brisons notre . isolement et
sbiennes en prison et qu'elles avaient toujours susdisons, ou montrons, ouvertement que nous som
cité des troubles. Puisque la « maladie » était vismes lesbiennes ? Il y a des centaines d'épisodes,
iblement contagieuse, ils devaient prendre des prédans des restaurants d'Oslo, où nous avons été
cautions. Le médecin rendit la vie de cette femme agressées physiquement, ou verbalement. Les hom
si insupportable qu'à la fin elle dut dire aux femmes nous frappent, ou menacent de nous frapper,
mes du Mouvement Lesbien d'Oslo, qui lui renils nous crient « cons lesbiens », ils brisent leurs
daient des visites quotidiennes, de ne plus venir verres à bière devant nous sans que personne
lève le doigt pour nous protéger. Le plus souvent . la voir. Mon amie dit qu'environ la moitié des
' femmes, détenues dans la prison d'Oslo, sont lece sont les lesbiennes, non les agresseurs mâles,
sbiennes. qui sont obligées de quitter les lieux. Deux de mes
amies lesbiennes se sont rendues dans une disco Une autre lesbienne d'Oslo avait contracté un
thèque hétérosexuelle, le « Key House », d'Oslo. mariage hétérosexuel qui ne marchait pas,» elle
Quand elles se mirent à danser ensemble, elles s'était mise à prendre des tranquillisants, et avait
furent brutalement séparées par le propriétaire, abouti en sanatorium pour un traitement de désin
aidé de deux serveurs, et jetées à la porte. Elles toxication et de rétablissement. Au début elle ne
refusèrent de quitter avant d'avoir été remboursées pouvait comprendre ce qui n'allait pas, mais elle
du droit d'entrée. Les trois hommes, alors, les le découvrit rapidement car elle tomba amoureuse
frappèrent au visage et dans le dos. Elles allèrent d'une des infirmières. Dès qu'elle dit, lors d'une
immédiatement à la police où, du sang et des séance de thérapie familiale de groupe, qu'elle
traces de coups au visage, elles narrèrent leur his croyait être lesbienne, le médecin lui dit
toire. Il était environ 1 1 heures du soir. La police ne l'était pas. Il savait, c rien qu'à la regarder
leur dit qu'il était trop tard pour intervenir. Les dans les yeux », dit-il, qu'elle avait « les yeux d'une
lesbiennes- donnèrent le nom d'un témoin. Quel femme qui veut des rapports sexuels avec son
ques jours plus tard, elles furent averties que la mari ». En suite de quoi, elle fut soumise à la soi-
police avait laissé tomber l'affaire car celle-ci était disant thérapie du toucher. Elle fut installée nue,
« de trop peu d'importance ». La police n'avait sur un lit, dans une pièce confortablement chauff
même pas contacté le témoin. Une des lesbiennes ée, et durant l'espace d'une heure son mari devait
se rendit chez un chiropractor qui constata un toucher son corps et essayer de l'exciter sexuelle
déplacement de la colonne vertébrale. Elle était ment. Ceci eut pour effet de l'exciter lui. L'idée de
une grande joueuse de handball, elle dut renoncer base est que l'attouchement conduit toujours à
à son sport. Aujourd'hui, soit un an et demi plus l'acte sexuel. La lesbienne devait ensuite dire au
tard, elle souffre encore toujours du dos, et le psychologue ce qu'elle avait ressenti. Elle ressent
traitement lui a coûté 2.000 couronnes (15.000
ait une aversion de plus en plus forte. Elle se
FB) à ce jour.1 mit à vomir et, quelques fois, elle s'enfuit de la
pièce pour échapper au traitement. Plus forte Une autre de mes amies a toujours dit ouver
devint son affirmation lesbienne, plus violents detement qu'elle est lesbienne.» A l'école, elle fut
vinrent les rapports hétérosexuels forcés. Ce traitinvitée à quitter la classe de gymnastique pour se
ement dura environ six mois. Elle s'enfuit de l'hôpitrendre chez le médecin de l'établissement, lequel,
al, mais elle y fut ramenée. Elle à nouveau. dans son cabinet, baissa sa culotte et s'exclama ;
Elle n'y est pas retournée depuis. Elle conclut « Mais, vous avez l'air très normale ! ». Plus tard,
qu'elle a été soumise à des viols répétés durant
incarcérée pour usage de hachisch; elle partagea
six mois. tout d'a

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents