Tenants et aboutissants d une recherche sur le vocabulaire de Rousseau et l histoire des idées au XVIIIe siècle - article ; n°11 ; vol.3, pg 101-111
12 pages
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Tenants et aboutissants d'une recherche sur le vocabulaire de Rousseau et l'histoire des idées au XVIIIe siècle - article ; n°11 ; vol.3, pg 101-111

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Description

Langages - Année 1968 - Volume 3 - Numéro 11 - Pages 101-111
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Michel Launay
J. M Goulemot
Tenants et aboutissants d'une recherche sur le vocabulaire de
Rousseau et l'histoire des idées au XVIIIe siècle
In: Langages, 3e année, n°11, 1968. pp. 101-111.
Citer ce document / Cite this document :
Launay Michel, M Goulemot J. Tenants et aboutissants d'une recherche sur le vocabulaire de Rousseau et l'histoire des idées
au XVIIIe siècle. In: Langages, 3e année, n°11, 1968. pp. 101-111.
doi : 10.3406/lgge.1968.2903
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1968_num_3_11_2903LAUNAY MICHEL
Faculté des Lettres et Sciences humaines de Nice
JEAN-MARIE GOULEMOT
Faculté des Lettres et Sciences humaines de Paris
TENANTS ET ABOUTISSANTS D'UNE RECHERCHE
SUR LE VOCABULAIRE DE ROUSSEAU
ET L'HISTOIRE DES IDÉES AU XVIII* SIÈCLE
I. Buts et moyens.
1° Les buts.
Étudier simultanément, dans l'histoire de leurs rapports et de leurs
contradictions, les textes littéraires (par exemple, les œuvres de Rousseau)
et les grandes idées (par exemple, les idées de liberté et d'égalité) qui
vivent sous la forme des textes littéraires; autrement dit, être à la fois
critique littéraire (analyste et juge de la beauté des écrits de Rousseau),
et historien des idées et de la civilisation (analyste et juge des idées-forces
qui sous-tendent le monde où nous vivons), tel était nore premier but x.
Chemin faisant, un but complémentaire s'est révélé, qui est le corol
laire du premier : étudier le vocabulaire 2 politique de Rousseau, comme
étant l'un des lieux de rencontre de l'activité de l'écrivain et de la pensée
de son temps. L'étude du concerne seulement le
premier des trois niveaux où se fait la rencontre de l'acte d'écrire et de
l'acte de penser : niveau des mots et syntagmes (lexicologie, niveau des
propositions, phrases ou paragraphes (stylistique), niveau des ensembles
(chapitres, livres, œuvres : analyse de la structure des œuvres 3.)
Une troisième exigence coexistait avec ces deux buts, et les sous-
tendait : nous souhaitons pouvoir parler de la pensée et de l'activité d'un
auteur, de cette réalité impalpable qui est le cœur, l'âme ou la pensée
d'un écrivain ou d'une société, de manière scientifique, c'est-à-dire de
façon à passer progressivement d'une impression subjective, celle d'un
lecteur sans prétentions, à un savoir valable pour tous, accepté par toutes
les subjectivités d'une ou deux générations. D'emblée nous nous refusons
à parler d'objectivité, le mot semblant n'avoir aucun sens absolu et positif,
1. L'étude de ces rapports se fait naturellement dans les deux sens, Rousseau
informant personnellement la pensée politique de son temps, et cette pensée poli
tique informant Rousseau écrivain : dans l'écrivain politique, il y a interaction de
l'écrivain et de la politique.
2. Par étude du vocabulaire, nous entendons l'étude de l'énoncé à partir d'inva
riants que constituent des mots arbitrairement choisis (rappelons qu'arbitraire signif
ie : appartenant à un ensemble défini par un ensemble de propriétés).
3. Le mot est au pluriel : nous ne parlons pas ici de « l'œuvre » (au masculin
ou féminin singulier) de Rousseau, et nous ne confondons pas « de Rousseau •
et l'univers que nous avons choisi d'étudier. 102
mais nous voulons tendre méthodiquement à un accord entre les chercheurs
d'une ou de plusieurs générations, et participer de la manière la plus eff
icace possible à la constitution, à l'élaboration de leur savoir. Comment
trouver un critère qui permette de dire ou de vérifier rapidement si Rous
seau a pensé ceci ou cela, à quel moment il l'a pensé, à quel moment il
a pensé le contraire, de quelle manière il l'a dit ou etc. Si ce critère
existe (et nous ne sommes pas absolument certains qu'il existe, nous
l'admettons seulement à titre d'hypothèse), il ne peut être que celui des
mots ou groupes de mots, seuls repères objectifs et formels des pensées
écrites. La constitution d'index ou de tables de concordances du voca
bulaire de Rousseau s'avérait donc nécessaire, indépendamment de l'ana
lyse proprement littéraire ou lexicologique des écrits de Rousseau.
Sur ces routes de la recherche, nous avons trouvé comme devanciers
et comme compagnons non seulement les historiens de la littérature, les
historiens des idées, et les lexicologues, mais aussi les historiens tout court.
Nous dirons dans un instant comment ces entreprises ont nécessité et
nécessitent la collaboration toujours plus étroite et plus étendue des « li
ttéraires », des « linguistes », des « historiens », des « philosophes » et des
« sociologues ».
2° Les moyens.
Le premier moyen qui nous était suggéré pour atteindre ces buts
était le classique fichier où étaient notées, dans l'ordre alphabétique, les
notions-clefs ou les mots-clefs qui, dans le cours de nos lectures et recherches,
semblaient utiles ou nécessaires à nos analyses ultérieures : pour chaque
notion-clef ou mot-clef, nous donnions les références des œuvres et des
pages où nous les découvrions. Par exemple, pour les fiches commençant
par ab..., disposions, après un dépouillement de la Correspondance
de Rousseau, de VÉmile et du Contrat social, des mots ou notions su
ivantes : abbé (ou Clergé, Prêtre, etc.), abderitains, abeille, abîme abju
ration, abrégé, absolu (et sens de l'absolu), absolutisme, abstinence,
abstraction (ou Abstrait), absurde, abus. L'examen de cette simple
liste montre que nous nous intéressons autant aux problèmes politiques
(exemple : Absolutisme, Abus) qu'aux problèmes stylistiques (exemple :
Abîme, Abrégé, Abstraction, Abstrait), et que nous nous refusions à di
stinguer fondamentalement les problèmes politiques et les problèmes philo
sophiques ou religieux (exemple : Abbé, Abjuration, Absolu). Cela pro
cédait, certes, d'une intention louable, mais, si nous avions poursuivi notre
effort, nous aurions abouti à la seule conclusion que « tout est dans tout
et réciproquement ». Ce fichier ne permettait pas de classer et de hiérar
chiser de façon rigoureuse, dans leurs distinctions et dans leurs liaisons
nécessaires, les problèmes politiques, les problèmes stylistiques et les pro
blèmes philosophiques. D'autre part, mélangeant les références aux mots
et les références aux notions, il ne permettait pas d'analyser rigoureusement
les rapports entre les pensées et l'expression écrite des pensées. Surtout,
la liste des notions et mots-clefs n'étant pas établie dès le début de la
recherche, il pouvait arriver que telle notion ne soit jugée « intéressante »
qu'à partir d'un certain moment de la lecture, et que les dépouillements
effectués préalablement soient à refaire. Par exemple, la fiche abus, après
dépouillement de la Correspondance Générale (CG), de Y Emile (E) et du
Contrat Social (CS) :
abus : CG VII, 51; XV, 4; XVI, 197, 263; XVIII, 103, 109. E V, 589
(éd. Garnier). 103
II est évident que VÉmile et le Contrat social contiennent d'autres exemples
intéressants de la notion ou du mot d'abus; si, malgré nos soins, nous ne
les avions pas relevés, c'est que notre méthode de recherche était défec
tueuse.
Nous avons décidé d'établir notre fichier Rousseau à partir du dépouil
lement exhaustif des mots « pleins » (substantifs, adjectifs qualificatifs,
verbes et adverbes) employés par Rousseau. Ce dépouillement étant imposs
ible à réaliser solitairement, et des crédits de vacations étant, dans les
structures de l'enseignement et de la recherche telles qu'elles étaient en
1962, impossibles à obtenir, seule restait une troisième voie : se mettre à
plusieurs pour accomplir cette tâche « gigantesque », chacun assumant le
dépouillement d'une parcelle de l'œuvre et échangeant ses résultats avec
les autres. Nous avons parié sur les vertus de la coopération et, dans un
scepticisme quasi général, nous nous sommes chargés, Jean-Marie Goulemot
et moi, du dépouillement de deux œuvres, respectivement le Contrat social
et l

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