Théorie et relations internationales - article ; n°2 ; vol.11, pg 413-433
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Description

Revue française de science politique - Année 1961 - Volume 11 - Numéro 2 - Pages 413-433
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Stanley Hoffmann
Théorie et relations internationales
In: Revue française de science politique, 11e année, n°2, 1961. pp. 413-433.
Citer ce document / Cite this document :
Hoffmann Stanley. Théorie et relations internationales. In: Revue française de science politique, 11e année, n°2, 1961. pp. 413-
433.
doi : 10.3406/rfsp.1961.392626
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1961_num_11_2_392626Théorie et Relations Internationales
STANLEY HOFFMANN
LA théorie des relations internationales est à la fois très vieille
et très nouvelle. Elle est vieille en ce sens que les philosophes
1' « état de politiques ont été très tôt amenés à réfléchir sur
nature » dans lequel se trouvent les Etats depuis la fin du rêve
médiéval d'une Communauté chrétienne. D'une part, ils ont, dans
leurs écrits, présenté une interprétation des rapports passés et
présents entre les Etats, en se posant essentiellement la question
de savoir si ces rapports étaient de nature à assurer un minimum
d'ordre et de paix, à quelles conditions, et grâce à quelles pra
tiques, ou si au contraire la division du monde en unités distinctes
condamnait les hommes à une guerre à peu près permanente ; ils
ont cherché les causes des conflits, comme l'a rappelé un livre
récent1, dans la nature humaine, dans celle de certains régimes
politiques ou économiques, ou encore dans la structure même du
milieu international. D'autre part, ils ont envisagé l'avenir des
rapports entre Etats, en philosophes de l'histoire certains du sens
de son évolution, ou en réformateurs convaincus qu'il existait des
institutions, des processus, des idées capables de faire régner l'ha
rmonie entre les nations et dont il fallait assurer le triomphe.
Mais la théorie est nouvelle, si on la prend au sens d'une
étude systématique des phénomènes observés, destinée à dégager
les principales variables, à expliquer les conduites, à faire con
naître les formes caractéristiques des relations entre les unités.
Ce travail de théorie empirique (par opposition à la théorie philoso-
1. Waltz (Kenneth), Man, the state and war. New York, 1959. Science et Théorie de la Politique
phique) - n'a commencé vraiment qu'après la seconde guerre mond
iale. Ce qui pose deux questions : pourquoi l'effort est-il venu
si tard ? Pourquoi prend-il tant d'importance ?
Il est venu tard, parce que la discipline des relations internatio
nales elle-même a mis beaucoup de temps à émerger de l'histoire
et du droit. Longtemps, l'analyse méthodique des rapports entre
les Etats a été pour ainsi dire étouffée par l'histoire de ces rap
ports et par l'étude des normes juridiques qui cherchent à les enserr
er, mais qui, dans la mesure où elles les régissent en effet, comme
dans celles où elles échouent, devraient elles-mêmes être englo
bées dans l'étude proprement politique des relations internatio
nales. De plus, la théorie empirique contemporaine apparaît comme
une réaction contre les idéologies qui s'étaient développées à propos
de ces relations. Fondées sur certaines des philosophies mention
nées ci-dessus, assorties de prédictions et de recommandations,
soutenant les préjugés de certains et guidant les hommes d'Etat,
instruments d'action autant qu'objets de croyances, ces idéologies
ont fleuri au début du siècle, qu'il s'agisse de la vision libérale
d'un monde de nationalités démocratiques et réconciliées, de la
vision socialiste de peuples enfin unis après la révolution proléta
rienne, ou du mythe de l'organisation internationale, sans parler
des idéologies forgées par le fascisme et le national-socialisme. La
réaction a pris l'allure d'une démystification ; il est normal qu'elle
ait débuté dans les pays où ces idéologies avaient fait le plus de
ravages dans les esprits, mais où les sciences sociales pouvaient
exercer librement leur tâche de dévoilement, et à un moment où le
contraste entre les utopies privilégiées et la réalité internationale
ne pouvait plus être nié : la Grande-Bretagne d'E.H. Carr, les
Etats-Unis de Spykman et Morgenthau. Il est normal aussi que
cette théorie se soit développée surtout dans celui de ces pays où
l'emprise de l'histoire et du droit était la moins forte, parce que
la science politique y avait depuis longtemps son autonomie uni
versitaire': aux Etats-Unis.
Quant à l'ampleur de l'effort entrepris, elle s'explique aisément.
En premier lieu, dans toute discipline, recherches empiriques et
2. Je préfère appeler théorie philosophique ce que M. Eric Weil, dans son
article, appelle théorie, et empirique ce qu'il nomme science. Quant à
ce qu'il baptise philosophie, c'est, me semble-t-il, une forme particulière et
privilégiée de théorie philosophique, une méta-théorie universaliste qui domine
toutes les autres. Il se trouve que je partage le choix de M. Weil en faveur
de cette théorie, mais ce n'est qu'à ceux qui y souscrivent qu'elle paraît d'une
essence distincte et supérieure ! Théorie et Relations Internationales
élaboration théorique vont de pair ; toute étude empirique qui se
respecte est, non point un assemblage de faits, mais la vérification
dune hypothèse — implicite ou explicite — ou du moins la réponse
à une question préalable, qui contribue à l'édification d'une hypot
hèse. Dans la science politique traditionnelle, les rapports entre
recherches et théorie ont toujours été très étroits : ainsi, chez Aris-
tote, nous trouvons emmêlées une étude de la vie politique de son
temps, et une typologie des régimes qui est à la fois théorie des
formes de gouvernement et théorie des rapports entre structure
sociale et régime politique ; chez Tocqueville, nous trouvons à la
fois une enquête détaillée sur les Etats-Unis, et une théorie de la
démocratie. En second lieu, dans les relations internationales, une
certaine hâte de l'élaboration théorique s'explique à la fois par le
sujet et par le pays. Trop de disciplines — de la géographie à
l'économie, de l'histoire à la démographie, du droit à la sociologie,
de la science politique « interne » à la cybernétique — touchent
aux relations internationales pour qu'un principe d'ordre n'appar
aisse pas indispensable ; même si on considère toute science poli
tique comme une science de synthèse plutôt qu'une discipline auto
nome, il y a une différence essentielle entre synthèse et juxtaposit
ion, science et capharnaiïm. Chaque discipline répond à un type
différent de questions, et ces questions ne sont pas du même ordre :
elles diffèrent par la matière sur laquelle elles portent (les hommes
en tant qu'unités biologiques, les biens, l'espace, les rapports entre
les hommes) et par l'objet qu'elles visent (simple description,
explication, philosophie). Pour qu'il y ait synthèse, il faut qu'il
y ait une unité de mesure commune, un étalon dans lequel on
puisse convertir toutes les monnaies que sont ces autres disci
plines. Cet étalon, c'est la théorie des relations internationales,
c'est-à-dire un ensemble de propositions destinées à rendre compte
des phénomènes qu'étudient soit, directement, la science politique,
soit les autres disciplines pertinentes. De plus, aux Etats-Unis où
cette théorie a pris son essor, l'orientation contemporaine de toute
la science politique est théorique : réaction contre 1' « hyperfac-
tualisme » antérieur, influence aussi des sciences physiques, de la
sociologie, des sciences des communications.
On peut à l'heure actuelle, classer les principaux efforts théo
riques de la façon suivante.
1° Suivant le degré d'élaboration. Certains travaux ne consis
tent qu'en questions méthodiques pour l'étude des relations inter
nationales ; à un niveau plus élaboré, nous trouvons des hypothèses,
1,15 Science et Théorie de la Politique
destinées à orienter les recherches ; enfin, le dernier stade est celui
des lois qui tendent à expliquer l

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