Un ami de Nicolas de Clamanges, Jacques de Nouvion (1372?-1411) - article ; n°1 ; vol.96, pg 63-90
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Un ami de Nicolas de Clamanges, Jacques de Nouvion (1372?-1411) - article ; n°1 ; vol.96, pg 63-90

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1935 - Volume 96 - Numéro 1 - Pages 63-90
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1935
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

A. Coville
Un ami de Nicolas de Clamanges, Jacques de Nouvion (1372?-
1411)
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1935, tome 96. pp. 63-90.
Citer ce document / Cite this document :
Coville A. Un ami de Nicolas de Clamanges, Jacques de Nouvion (1372?-1411). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1935,
tome 96. pp. 63-90.
doi : 10.3406/bec.1935.449088
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1935_num_96_1_449088UN AMI DE NICOLAS DE GLAMANGES
JACQUES DE NOUVION
(1372P-1411)
Bien que très mal connu, — une seule étude biographique
lui a été consacrée x, et combien incomplète et insuffisante ! —
Jacques de Nouvion, grâce à quelques lettres de Nicolas de
Clamanges et de Jean de Montreuil, apparaît comme un per
sonnage plus sympathique que la plupart de ses contempor
ains. Il y a donc quelque raison de le faire revivre, malgré la
rareté et la pauvreté des documents.
I. — Origine, études et enseignement
de Jacques de Nouvion
Son seul biographe l'a fait naître en 1375 ou 1376 2. Il con
viendrait de remonter un peu plus haut, jusqu'à 1373 ou
1372. Jacques de Nouvion était déjà maître es arts en 1392 3.
S'il naquit en 1372, il dut obtenir la licence es arts vers la
vingtième année. L'âge normal était vingt et un ans ; c'est
un peu plus tôt que Pierre d'Ailli et Gerson durent arriver à
la maîtrise es arts. Lors de la mort de Nouvion, en 1411, Nicol
as de Glamanges l'appelle hune juçenem, un homme fait
1. Abbé Boulanger, La Renaissance au XVe siècle. Jacques de Nouvion (Rev.
histor. ardennaise, 1900, 277). Le titre promet beaucoup plus que l'article ne
donne. N. Valois a présenté, d'autre part, un très bref raccourci de cette biogra
phie en quelques lignes de son article sur Jacques de Nouvion et le Religieux de
Saint-Denis dans la Bibliothèque de V École des chartes, LXIII (1902), 234. Il n'y
a guère plus, d'ailleurs, sauf une citation de Nicolas de Clamanges, dans Du Bou-
lay, Hist. Univ. Paris., V, 284.
2. Abbé Boulanger, op. cit., 292.
3. Charlul. Univ. Paris., IV, 84. 64 UN AMI DE NICOLAS DE CLAMANGES
encore jeune1 : il aurait eu ainsi à cette date environ trente-
neuf ans, ce qui correspond bien à l'expression.
L'abbé Boulanger a déterminé son pays d'origine avec une
grande probabilité. Jacques de Nouvion était de Nouvion-
sur-Meuse, dans le diocèse de Reims, aujourd'hui dans le dé
partement des Ardennes, arrondissement de Mézières2. Le
rôle universitaire de 1403 confirme qu'il était du diocèse de
Reims 3.
Pour les études de Jacques de Nouvion, on n'a guère que
des dates. Maître es arts dès 1392 4, il dut, à partir de 1393,
être étudiant à la Faculté de théologie de l'Université de
Paris. En même temps, il enseignait, regens in actu, à la
Faculté des arts : en 1403, il était déjà régent depuis neuf
années, citra et ultra, dans cette Faculté 5. L'enseignement des
arts le retenait sans doute et ne lui permettait guère de pour
suivre le cours de ses études théologiques ; enfin, le 23 juin
1403, le duc d'Orléans, au service duquel il était, lui faisait
donner 40 écus d'or « pour lui aidier à faire son commence
ment de la sainte théologie, lequel il a intencion de faire brief -
ment6 ». Il s'agissait, non plus des années de simple audition,
où l'étudiant ne faisait qu'écouter (audire), mais des années
où, bachelier, il se formait vraiment à la licence en lisant
(legere), c'est-à-dire en enseignant lui-même. Il lui fallut en
core six ans pour arriver à la licence, qu'il reçut en mars
1409 7 ; il devint alors magister in sacra pagina. Les études
théologiques étaient, en effet, fort longues8 : Pierre d'Ailli
1. N. de Clamanges, Opera, éd. Lydius, Epist., 202.
2. Abbé Boulanger, op. cit., 284.
3. Ghartul. Univ. Paris., IV, 84. Jacques de Nouvion lui-même donne à son
nom une forme calquée sur la forme latine, de Noviano, de Novian ou de Noviant.
C'est ainsi que Jean Le Mercier, seigneur de Nouvion-sur-Serre (Aisne), se dit
seigneur de Noviant ou de Nouvyant ; cf. Moranvillé, Étude sur la vie de Jean
Le Mercier, 364-373.
4. Du Boulay, Hist. Univ. Paris., V, 885, signale un autre Jacobus de Noviano
qui aurait déterminé à la Faculté des arts en 1409 ; il n'y a aucune autre trace de
ce personnage ; c'est sans doute une confusion. Bien à tort, Du Boulay en fait le
correspondant de N. de Clamanges pour les lettres XXXIII, XXXIV et XXXV.
5. Ohartul. Univ. Paris., IV, 84. — Du Boulay, Hist. Univ. Paris., IV, 884,
dit que Jacques de Nouvion fut recteur en 1401. Il n'a pas été trouvé de confi
rmation de ce fait. ..£;■■
6. Bibl. nat., Pièces orig., Noviant, 3. Cf. N. Valois, Jacques de Nouvion et le
Religieux de Saint-Denis.
7. Ohartul. Univ. Paris., IV, 164.
8. Thurot, De V organisation des études dans l'Université de Paris, 133. JACQUES DE NOUVION (1372P-1411) 65
ne devint maître qu'au bout de treize ans, Gerson de onze à
douze ans, Jean Petit de plus de quinze années ; il est vrai
que ce dernier s'était d'abord tourné vers le droit. La durée
moyenne était de quatorze années. Jacques de Nouvion mit
ainsi une quinzaine d'années à obtenir le grade supérieur.
On ne saurait s'en étonner : l'enseignement à la Faculté des
arts paraît avoir mieux répondu à ses aptitudes et à ses pré
férences ; son esprit était plutôt tourné vers les Sept arts, la
Philosophie, la Physique et l'Éthique aristotéliciennes. On
ne sait pas avec précision, malgré quelques noms invoqués
sans preuves, quels furent proprement ses maîtres dans les
deux Facultés. On s'est demandé s'il ne fut pas d'abord placé
au collège des Bons-Enfants ; il n'y a aucune indication à
retenir à ce sujet1. On sait qu'il entra au collège de Navarre.
Il y fut certainement l'élève de Nicolas de Glamanges2. Sans
préciser davantage, il dut y connaître Pierre de Nogent,
Gilles des Champs, Gerson, Gérard Machet, Jean Courte-
cuisse, Pierre de Dierrey3. Dans sa promotion de licence en
théologie, on trouve Regnaud des Fontaines, qui fut un des
grands amis de Nicolas de Clamanges, et un noble Vénitien,
Contarini, qui devint patriarche de Jérusalem4.
Ce que fut en particulier le professeur, nous n'avons guère,
pour nous en rendre compte, que les louanges bien vagues de
Nicolas de Clamanges et de Jean de Montreuil, dans une élé
gie du premier 5 et dans une lettre du second 6. Du théologien,
il est dit peu de chose ; maître seulement au début de 1409, il
mourut au commencement de 1411. Ce que nous pouvons
entrevoir s'applique surtout à l'enseignement des Sept arts.
Clamanges le dit preceptor summus, philosophus summus, alta
celsior in specula. Aucun secret de la nature ne lui échappait,
dit-il encore ; son esprit était très aiguisé ; il résolvait les
questions les plus complexes. C'était Socrate pour les mœurs,
Platon pour la haute spéculation. In physicis fueras magnus
1. Abbé Boulanger, op. cit., 292.
2. A. Goville, Gontier et Pierre Col et l'humanisme en France sous Charles VI,
83.
3. Launoy, Regii Navarrae collegii historia, III, 1 et 2 ; IV, 1.
4. Chartul. Univ. Paris., IV, 164.
5. Voir plus loin, p. 87.
6. Âmpl. Coll., II, 1411.
BIBL. ÉG. CHARTES. 1935 5 66 UN AMI DE NICOLAS DE CLAMANGES
Aristotiles1. C'était encore un autre Augustin pour l'étude
des mystères divins. Jean de Montreuil signale avec le plus
grand éloge une préface que Jacques de Nouvion fit pour les
Éthiques d'Aristote 2 : rien de meilleur ad bene beateque viven-
dum ; rien de supérieur à ces pages pour la profunditas, l'i
nvention, l'ingéniosité, l'élégance des expressions, la richesse
des pensées, le charme du style, l'abondance de la matière,
l'excellence de la doctrine, l'ordre, sans parler de la correc
tion grammaticale, des transitions, de la couleur, des méta
phores, de l'éloquence en un mot. Il n'a pas été possible de
procéder à un dépouillement suffisant des manuscrits d'Aris
tote pour retrouver cette merveilleuse préface. Ce n'est que
dans des œuvres de circonstance que l'on pourra juger des
mérites intellectuels de Jacques de Nouvion.
II. — Jacques de Nouvion

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