Un compte rendu du « Comportement verbal » de R. F. Skinner - article ; n°16 ; vol.4, pg 16-49
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Description

Langages - Année 1969 - Volume 4 - Numéro 16 - Pages 16-49
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 61
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Noam Chomsky
Un compte rendu du « Comportement verbal » de R. F. Skinner
In: Langages, 4e année, n°16, 1969. pp. 16-49.
Citer ce document / Cite this document :
Chomsky Noam. Un compte rendu du « Comportement verbal » de R. F. Skinner. In: Langages, 4e année, n°16, 1969. pp. 16-
49.
doi : 10.3406/lgge.1969.2016
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1969_num_4_16_2016N.HcoMSKY M.I.T., Cambridge, Massachussetts
UN COMPTE RENDU DU « COMPORTEMENT VERBAL »
DE B. F. SKINNER*
Beaucoup des linguistes et des philosophes qui se sont intéressés au
langage ont exprimé l'espoir que leurs études puissent finalement être
intégrées dans un cadre fourni par la psychologie behaviouriste, et que les
zones de recherche jusqu'ici imperméables, en particulier celles où le sens
joue un rôle, seraient ainsi ouvertes à une exploration féconde. Puisque ce
livre est la première tentative à grande échelle pour intégrer les grands
aspects du comportement linguistique dans un cadre behaviouriste, il
mérite une attention particulière, qu'il recevra certainement. Skinner
est bien connu pour sa contribution à l'étude du comportement animal.
L'ouvrage dont il s'agit est le résultat de plus de vingt ans d'étude du
comportement linguistique; des versions antérieures en sont déjà assez
connues et on trouve déjà, dans les publications psychologiques, des réfé
rences aux idées qu'il contient.
L'objet de ce livre est de fournir une « analyse fonctionnelle » du
comportement verbal. Ce qui veut dire, pour Skinner, identifier les variables
qui régissent ce comportement et définir comment elles interagissent pour
déterminer une réponse verbale spécifique. Skinner entend de plus décrire
ces variables en ne faisant appel qu'à des notions comme stimulus, renfor
cement, deprivation, qui, dans l'expérimentation sur les animaux, ont un
sens assez précis. Autrement dit, l'objectif de ce livre est de fournir le
moyen de prédire et de régir le comportement verbal par l'observation
et la manipulation de l'environnement physique du locuteur.
Skinner estime que les progrès réalisés dans l'étude expérimentale du
comportement animal nous permettent d'envisager ce problème avec un
certain optimisme, puisque « les relations et les processus fondamentaux
qui donnent au comportement verbal ses caractéristiques particulières sont
maintenant assez bien compris... Les résultats [de ce travail expérimental]
ont été tout à fait indépendants de restrictions d'espèce. Les travaux
récents ont montré que les méthodes peuvent être appliquées, sans modif
ication importante, au comportement humain » (3) 1.
* N. Chomsky, « A review of В. F. Skinner's Verbal Behavior » (New York
Appleton-Century-Grofts, Inc., 1957), in Language, 35, n° 1 (1959), 26-58.
Nous remercions M. N. Chomsky et la Société de Linguistique d'Amérique, qui
nous ont autorisé à le publier en français.
1. La foi qu'a Skinner dans les résultats obtenus pour l'étude du comportement 17
II est important de bien saisir ce qui, dans le programme et les hypo
thèses de Skinner, les fait paraître si hardis et si remarquables. Ce n'est
pas le fait qu'il se soit donné pour but l'analyse fonctionnelle, ni qu'il se
borne à étudier les observables, c'est-à-dire les rapports entrée-sortie. Ce
qu'il y a de très étonnant, ce sont les limitations particulières qu'il a fixées
à l'étude des observables du comportement et, par-dessus tout, la nature
extraordinairement simple de la fonction qui, dit-il, décrit les causes du
comportement. On s'attendrait normalement à ce que la prédiction du
comportement d'un organisme complexe nécessite, en plus de l'informa
tion concernant la stimulation extérieure, une connaissance de la struc
ture interne de cet organisme, de la manière dont il traite l'information
reçue et organise son propre comportement. Ces caractéristiques de l'orga
nisme résultent de l'interaction complexe de la structure innée, du cycle
génétique de maturation et de l'expérience acquise. Quand on ne dispose
pas de données neurophysiologiques indépendantes, il est évident que les
conclusions concernant la structure de l'organisme sont fondées sur l'obser
vation du comportement et des événements extérieurs. Néanmoins, l'im
portance relative qu'on accorde aux facteurs extérieurs et à la structure
interne dans la détermination du comportement a de grandes conséquences
sur la direction de la recherche et sur les types d'analogies avec les études
du comportement animal que l'on considérera comme pertinentes ou révél
atrices.
En d'autres termes, tout chercheur qui veut analyser les causes du s'intéressera aux seules données accessibles (en l'absence de
données neurophysiologiques indépendantes), à savoir la liste des entrées
reçues par l'organisme et la réponse de celui-ci, et il essaiera de décrire la
fonction qui définit la réponse d'après l'histoire des entrées. Ceci n'est
rien de plus que la définition du problème. Si on considère ce problème
comme légitime, cette ne prête pas à discussion, bien que Skin
ner l'ait souvent défendue comme si c'était une thèse que d'autres cher
cheurs rejettent. Les différences qui opposent ceux qui affirment et ceux
qui nient l'importance de la « contribution spécifique de l'organisme »
dans l'apprentissage et dans la performance, concernent le caractère et la
complexité particulières de cette fonction, et les types d'observation et de
recherche qui sont nécessaires pour arriver à la définir précisément. Si la
contribution de l'organisme est complexe, la seule chance de prédire le
comportement sera de suivre un programme de recherches très indirect
commençant par l'étude détaillée de la nature du comportement lui-même
et des capacités spécifiques de l'organisme en question.
animal et dans leur applicabilité au comportement humain complexe ne paraît pas
être très largement partagée. Beaucoup de behavioristes confirmés montrent dans
leurs écrits récents un certain scepticisme. Cf. Modem Learning theory (par W. K. Estes
et al.; New York, Appleton-Century-Crofts, Inc., 1954); B. R. Bugelski, Psychology
of Learning (New York, Holt, Rinehart & Winston, Inc., 1956); S. Koch, dans Nebraska
Psych. Rev., 52 (1955), 139. L'opinion la plus marquée est sans doute celle de H. Har-
low (« Mice, Monkeys, Men and Motives », Psych. Rev., 60 [1953], 23-32) : «on pour-
rait trouver beaucoup d'arguments à l'appui de l'idée que l'importance des pro
blèmes psychologiques étudiés dans ces quinze dernières années n'a pas cessé de
décroître vers une asymptote d'indifférence complète », N. Tinbergen, représentant
de pointe d'une conception différente des études du comportement animal, termine
un exposé sur l'analyse fonctionnelle par la remarque que « nous pouvons mainte
nant conclure que les causes du comportement sont immensément plus complexes
qu'on ne le supposait dans les généralisations du passé. Un grand nombre de fac
teurs internes et externes agissent sur les structures nerveuses centrales complexes.
Deuxièmement, il est évident que les faits dont nous disposons sont vraiment très
fragmentaires ». (The study of Instinct [Toronto, Oxford Univ. Press, 1951] p. 74.) 18
La thèse de Skinner est que les facteurs externes, c'est-à-dire la st
imulation présente et l'histoire du renforcement (en particulier la fréquence,
la disposition et la suppression des stimulus renforçateurs) sont d'une
importance primordiale et que les principes généraux qu'ont révélés les
études expérimentales de ces phénomènes permettent de comprendre la
complexité du comportement verbal. Il affirme avec assurance et à plu
sieurs reprises sa conviction d'avoir montré que la contribution du locu
teur est peu importante et tout à fait élémentaire et que la prédiction
précise du comportement verbal ne met en jeu que la définition des quelques
facteurs externes qu'il a isolés expérimentalement avec des organismes
inférieurs.
Cependant, l

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