Un conte hindou au Japon - article ; n°1 ; vol.15, pg 1-15
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1915 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 1-15
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1915
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Nöel Péri
Un conte hindou au Japon
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 15, 1915. pp. 1-15.
Citer ce document / Cite this document :
Péri Nöel. Un conte hindou au Japon. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 15, 1915. pp. 1-15.
doi : 10.3406/befeo.1915.5231
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1915_num_15_1_5231UN CONTE HINDOU AU JAPON
Par Noël PERI,
Membre de l'Ecole française d'Extrême-Orient.
Parmi les divinités honorées au Japon d'un culte se rattachant au shintoïsme,
il en est quelques unes qui n'ont aucune relation ni avec les récits du Kojiki
"íí Ш IB ou du Nihongi 0 2& |£, ni avec l'histoire du pays. Il en est même
qui ne se laissent pas aisément rattacher à quelque antique croyance ou culte
local, et dont la provenance reste obscure. Je crois qu'il est possible, sinon de
déterminer exactement la genèse, du moins d'indiquer l'origine lointaine d'une
de ces divinités, celle dite du Passage-de-la-fourmi, Ari-dôshi myôjin £ Щ,
Щ fp, actuellement encore honorée dans un temple situé près du village de
Nagataki Ц jj£ dans la province d'Izumi, au Sud d'Ôsaka (PI. i). (*)
D'après le Tsurayuki shu Ц £ Ц, collection de quelques œuvres du grand
poète Ki no & Ц £ (883-946), compilateur dnJCokift vtaka shu
Ů^$I^Hi celui-ci revenant d'un voyage dans la province cle KH, travers
ait un jour celle d'Izumi, lorsque « soudain son cheval s'arrêta tout tremblant
et parut près de s'abattre. Des passants lui dirent que ce devait être un effet de
la puissance du dieu qui demeurait en cet endroit ; à la vérité il n'y avait alors
le ni temple ni signe quelconque de sa présence ; mais c'était cependant un
dieu redoutable ». Au cours de la conversation, Tsurayuki demanda comment
(*) Cette figure, et la suivante reproduisent des illustrations deTakehara Shuncbôtai
ft Si Щ 'SB Ш d&a* Vl^umi meisho \\ie $1 jfl Xi Ш В ф» ouvrage en 4 fascicules,
paru à Edo fî. fi la 7e année Kwansei % & '795*
XV, S —■ — a
s'appelait ce dieu. On lui dit qu'il s'appelait le dieu du Passage-de-la-fourmi,
Àri-dôshi no kami jg[ $£ <D Ш- Ce qu'entendant, Tsurayuki composa en son
honneur une poésie, sans autre intérêt d'ailleurs qu'un jeu de mots sur ce nom*
Le dieu se contenta de cet hommage, le cheval se remit instantanément, et le
poète put continuer sa route.
Telle est la plus ancienne mention connue de ce dieu dans la littérature
japonaise. Elle nous atteste qu'au commencement du Xй siècle, il était vénéré,
redouté au moins, du peuple dans un canton de la' province d'Izumi, au bord
de la mer, tout en n'y étant l'objet d'aucun culte officiel : divinité sans temple,
populaire, locale, traditionnelle. . .
Moins d'un siècle plus tard, vraisemblablement dans les toutes dernières
années de ce même Xe siècle, Sei Shônagon Щ 'j? jft 'gf , dans, son célèbre
Makura no sôshi $ jjt Я£> énvméraet les temples shintoïstes, jjfc, qu'elle
préfère, cite celui du dieu du Passage-de-la-fourmi, Ari-dôshi no myôjin
Щ & © Щ Щ-> et après avoir fait allusion à l'anecdote précédente, rapporte
la légende suivante, sans doute répandue à cette époque, mais qu'aucun
ouvrage plus ancien ne cite, et dont rien ne permet de préciser l'origine.
Tous les auteurs qui depuis ont eu occasion de parler de ce> dieu, se sont
référés à ce passage dont je donne ici la traduction en entier, et qui est en
définitive la seule source de ce qu'on sait à son sujet.
« Quant à la raison qui a fait donner ce nom d'Ari^doshi, [la voici.] Qu'y
a-t-il de vrai fen ceci] ? (') II y eut autrefois un empereur qui n'aimait que
les gens jeunes et faisait mourir tous ceux: qui arrivaient à l'âge de quarante
ans ; aussi fies gens de cet âge] allaient-Us se cacher dans des régions éloignées,
et il n'y en avait aucun à la capitale. Un général ('), fort apprécié en ce temps,
doué d'ailleurs d'heureuses facultés, avait encore ses parents qui approchaient
de soixante-dix ans, Alors que la limite fixée était de quarante ans, combien à
plus forte raison était*il agité d'inquiétude pour eux ? Comme sa piété filiale
était profonde, il ne voulait pourtant раз les envoyer habiter au loin ; il ne
pouvait se passer de les voir au moins une fois chaque jour. Alors en grand
secret, il creusa un trou en terre dans sa maison, et y fit un logement où il les
installa et où il allait les voir chaque jour. En public (officiellement) et à tout
venant, il fit savoir qu'ils s'étaient enfuis et cachés. Pourquoi donc [l'empereur]
n'ignorait-il pas simplement les gens qui restaient confinés dans leurs maisons ?
Quelle époque détestable !
(!) Sei Shônagon entremêle ses réflexions personnelles au récit*
(l) Chajô Ф MF. Voir la note à ce sujet dans le nô de So /обе Komachi, BEFEO,
XIII, iv, p. 3< note a. .
,
9 mmm
» Le père avait dû être kandachime ± Щ fà (*); pour avoir un fils général.
D'esprit très délié, il avait des connaissances très étendues, et malgré sa -
jeunesse, ce général était plein de talent, très intelligent et fort estimé des
gens de son temps.
» L'empereur de Chine cherchait par tous les moyens à connaître la va
leur de l'empereur de ce pays ; désirant s'emparer de son empiré, il éprouv
ait sa capacité en ne cessant de lui envoyer des énigmes (difficultés à
résoudre)-.
» II lui envoya un morceau de bois soigneusement raboté et bien arrondi,
d'environ deux pieds de long, en lui demandant [d'indiquer] où en était l'extré
mité inférieure et la supérieure. On ne découvrait aucun moyen de le savoir, et
l'empereur était dans un grand ennui. Très ému [de cette peine], le général
alla trouver son père, et lui dit qu'il arrivait telle et telle chose. Celui-ci lui
donna ce conseil : « II n'y a qu'à se rendre au bord d'une rivière rapide et à y
jeter [le bâton] en travers [du courant] ; on marquera extrémité supérieure
celle qui" se sera tournée contre le courant, et on pourra renvoyer [le bâton]. »
[Le général] vint au palais, portant sur sa. figure qu'il avait trouvé, et déclara
qu'il allait essayer- Accompagné de beaucoup de monde, il alla jeter [le bâton
. dans une rivière], et fit une marque à l'extrémité qui se tourna en avant ; puis
on renvoya [le bâton]: [La marque] était exacte.
» Une autre fois, il envoya deux serpents d'environ deux pieds de long et
parfaitement semblables, en demandant lequel était le mâle et lequel la femelle.
Et de nouveau personne ne put le savoir. Ce même général alla interroger
[son père]. Celui-ci lui dit: « Qu'on les mette tous deux l'un à côté de l'autre,
et qu'on leur agace la queue avec une branche d'arbre mince ; sache que celui
qui remuera la queue est une femelle. » Aussitôt, on fit l'expérience dans le
palais même ; et en vérité l'un ne remua pas et l'autre s'agita. On leur mit une
" marque et on les renvoya. " '
» Longtemps après, il envoya un petit morceau de jade percé d'un canal
tournant sept fois sur lui-même et ayant une ouverture à chaque extrémité, en
demandant qu'on y fit passer un fil. Dans ce pays (la Chine), faisait-il dire,
tout le monde est capable de faire cela. Mais les plus habiles en toutes choses
n'y réussirent pas. Tout le monde, à commencer par les kandachime, ayant
déclaré ne savoir comment faire, [ce général] alla de nouveau [trouver son
père] et lui dit ce qui. arrivait. Celui-ci lui dit : « Prends deux grosses fourmis,
attache leur autour du corps un fil 'mince, puis â celui-ci un autre un peu plus
gros, et enduis de miel l'extrémité du tube opposée [à celle où tu les placeras].»
• Le général redit cela [à l'empereur]. On introduisit les fourmis dans le tube ;
(*) Nom général des courtisans des trois pl«s hauts rangs. - 4-
celles-ci ayant senti l'odeur du miel, s'en furent avec la plus grande rapidité

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