Un hermès d'Hérode Atticus - article ; n°1 ; vol.44, pg 170-180

Alexandre Philadelpheus

Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1920 - Volume 44 - Numéro 1 - Pages 170-180
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_CORRESPONDANCE_HELLENIQUE
• Publié le: 01 janvier 1920
• Nombre de lectures: 20
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Alexandre Philadelpheus
Un hermès d'Hérode Atticus
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 44, 1920. pp. 170-180.
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Philadelpheus Alexandre. Un hermès d'Hérode Atticus. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 44, 1920. pp. 170-
180.
doi : 10.3406/bch.1920.3067
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1920_num_44_1_3067IllîKMKS iriIÉliODIî ATTIGUS- \]J
Au- mois d'octobre 1919, à lu suite d'un orage violent, le
petit torrent qui traverse Corinthe, ayant débordé, emporta
le- grand pont du chemin de fer* du Péloponèse. Parmi les
épaves, on trouva le lendemain un hermès, dont la tôle avait
élé arrachée par le torrent, car la brisure du cou était fraîche
et toute récente; quelques jours après, nous avons heureu
sement retrouvé cette tète près du rivage, au moment même où
elle allait peut-être pour toujours disparaître dans la mer.
L'hermès (fig. 1) a été restauré et- transporté au Musée de
Vieille Corinthe. Il mesure 1 m. 84 de hauteur, 0,285 de
largeur, 0,2"> d'épaisseur au coté. Le pilier qui forme le corps
est, comme presque toujours, muni de deux.morlaises à hauteur
des épaules; là s'ajustaient des tenons, qui n'existent plus :
ils étaient, comme on sait, la plupart du temps en bois. La
tète, qui s'adapte exactement à la brisure du cou, mesure du
sommet du crâne jusqu'à la cassure 0,33 de hauteur.
RI le est. malheureusement très mutilée (fig. 2 et· 6), princ
ipalement au nez, àla moustache, à la lèvre supérieure et aux
oreilles, où manque une partie du lobe. Les traits du visage
ont été sérieusement endommagés ; le côté droit en est même
devenu complètement lisse et l'on y sent le travail/ puissant et
prolongé de l'eau courante. Il semble donc que cet hermès,
depuis très longtemps, se trouvait au voisinage du torrent, qui
passe parla croupe île TAcrocorinthe pour venir déboucher près
de la ville moderne. Malgré ces mutilations, qui déforment le
caractère du visage, on distingue le type du personnage. !
,
i HERMÈS ■■: d'hÉRODE ATTICUS 171 UN
représenté. C'est un homme ν d'âge: mûr,, portant un collier,
de- barbe à courtes mèches? ....
ondulées; la' moustache forte
el· saillante descend em cro
chets de chaque côté· de la.,
bouche,- assez enfoncée, dont la
lèvre inférieure. est en retrait:
prononcé; Les ; cheveux; sonti
courts. Librement· arrangées, C 7
des bouclés qui rappellent cel
les de la barbe/, couvrent tout
le crâne: Le. front- est plutôt
étroit quoi large, avec une
faible courbure ; les. cheveux
y descendent assez: bas, par
petites mèches, surtout au mi
lieu du front, et sont* ramenés
aussi ; sur les tempes. Par sa
forme; par* ses ■■ rides légères,
ce : front: donne à ; la figu re un?
air sérieux et intelligent. Les-
grands yeux,, allongés en.
amande sous les arcades sour--
cilières, rehaussent cette ex
pression et donnent- aussi- un-
caractère un peu rêveur à la^
physionomie; Les pupilles fo
rment à peu: près ι des demi-
cercles, de même que l'iris, —
de sorte que le ^regard semble;
dirigé : légèrement, en* haut:
Malheureusement, le nez \ est
totalement brisé; ilisemhle du
moins qu'il était (in à sa nais
sance, assez large à, sa- base. Fig.-i...
Quant aux .lèvres, elles sont IJeimês <niiro<lp *a]cm YMuséR <le Corinllie)·· 172< ALEXANDRE PHILADELPHEUS
minces et serrées, ce qui paraît convenir à un homme éloquent,
àun rhéteur. dont la. causerie séduisait:
Fi?, î. — Hermès'dÏlirorlo Attieus (Musée de Corinthe).
L'inscription! gravée · sur le· pilier précise ces· impressions.
Il s'agit, en fait, d'un sophiste et d'un" rhéteur très connu; le:
grand bienfaiteur d«'Athènes, Hérode Atticus..Voici l'inscription :
' ενθάοε J πε ο ιεπάτε ι;.- ' H ο ώδτ,ς j -
, HERMÈS : D'HÉRODE 1 ATTICUS - 1 73 UN
Les lettres (fig; 2), hautes de 0,023,f ont été gravées avec beau
coup de soin et de régularité,1 selon la forme « académique » du,
11e siècle de notre ère, époque de la* renaissance classique sous
Hadrien; Antonin le Pieux et Marc-Aurèle. L'inscription, ori
ginale,, est conçue dans urn style ■ familier ; il \ n'est donc pas
improbable ι que l'hermès retrouvé 'provienne d'une villa du
grand rhéteur athénien, qui aimait tanhCorinthe, et qui eut les
moyens, d'y- posséder quelque brillante; villa.. On l'y voit se
promener; avec ses amis et ses disciples, comme ille faisait à.
Képhisia, et" à. Marathon; Peut-être aussi? cehhermes vient-ill
de l'ancien Kroneion; le: fameux: parc de 2 la cité,, où : résidè
rent, Diogène; Laïs,. tant d'autres célébrités; c'était le rendez-
vous; de l'élite, et; de toutes; lès élégances de cette ancienne
Cosmopolis que fut Corinthe. Précisément, le Kroneion se trou
vait, du > côté! sud de^'Acrocorinthe, .par où^passcle^ torrent
« Leukôn »; qui entraîna, dans sa ν furie passagère,- le. buste de :
l'illustre* Athénien.. On/, peut- d'ailleurs penser que; les* Corin
thiens avaient dû ériger. plusieurs<portraits,.bustes ou. statues»
en l'honneur de celui qui contribua ; si? largement à l'embelli
ssement de leur ville; rien que par l'exèdre. magnifique. récem
ment1 retrouvée par l'École archéologique : américaine, il -v avait,
rehaussé d'une.; façon- brillante la, beauté du- plus vénérable
monument de la, ville de; Sisyphe,, la:, légendaire1 fontaine^
Pi rêne.
Cette; trouvaille esb d'au tant: plus précieuse; qu'il n'existait;
jusqu'à ce jour aucun portrait sûrement identifié du grandei-
toyen d'Athènes; pourtant,' même de son. vivant; il avait dû être
honoré, — 'comme aGorinthe, etàplus forte raison, à Athènes, —
à Olympie, à Delphes, ailleurs encore, d'innombrables bustes-
et- statues; nous savons- par. les fouilles, qu'à. Olympie
soniexèdrecontenaitmême les statues de toute; sa; famille,
ainsi que celle de l'empereur nadrien.
Iln'existe qu'un' buste: attribué par conjecture au· riche-
Athénien,· c'estcelui qui fut- trouvé, il·, y a plus d'unv siècle
déjà, par^Fauvel, le célèbre consul de France, dans.unédicule·
funéraire à Probalinthos (auj. Agriéliki) près; de Marathon, I PllILADELPUEUS ALEXANDRE
avec: les bustes de* Mare-Aurèlc- et· de Lucius -Verus, IL se
trouve actuellement au Louvre, dans la salle dite des Anlonins,
(fig; 3,1 4 et'5). Comme ces deux empereurs romainsont été, à.
leur tour,, des protecteurs ett amis· intimes -d'Ilérode· Atticus,
l-'ig, 3, — Liusle d Iliroile .Uticus (Paris, Musi'e du Louvre!.
comme d'autre part le tombeau-se trouve près de Marathon;,
lorsqu'il' pays natal du rhéteur, où . ili: a séjourné de préférence
de- n'était pas à· Képhisia; on-avait déjà conclu avec beaucoup
vraisemblance que ce buste représentai tllérode Atticus. Maîs;
ce qui n'était jusqu'aujourd'hui qu'une hypothèse très plausible; ■
HERMÈS D HÊRODE ATTICUS 17ο, UN
devient une certitude. \\\ sufïit, pour, s'en* convaincre,. de comp
arer, les tètes (1).
Le buste du Louvre est celui d'un homme âgé' de; cinquante
ans environ ; la tôte, d'unbel ovale, est couronnée de cheveux
t'ig. 4. — P.usle li'lli'imli! AUious (l'aris.^Jlusée du Louvre;.
épiijs, aux>pelites boucles rondes et courtes, ramenées sur un
front» ridé ^un: peuurrrondiet saillant ; deux grands yeuxxen
forme d'amande,, enfoncés- sous l'orbite,, sont doux et· rôveurs
1) Fig. ϋ et ί : photographies· du Louvre [aiaiablement srommuniquées par,.
M.\E. Michon, à qui nous adressons ici tous nos reinerck'ments. La Réd.!.
Fi<r. .% : gravure «lu buste par Lorichon; dans Bernoulli, Iconograp