Un jeu de déchiffrement de l image : le photorécit - article ; n°1 ; vol.28, pg 95-116
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Communication et langages - Année 1975 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 95-116
Aux ambiguïtés habituelles de tout langage s'ajoutent, dans le langage audio-visuel, les ambiguïtés iconiques et techniques de l'image et les rapports difficiles à établir de significations très différentes. Monique Linard, assistante à l'Institut des sciences de l'éducation à Paris-X (Nanterre), relate ici une expérience poursuivie depuis plusieurs années avec des étudiants. C'est un jeu qui, à partir de manipulations effectives de photographies, permet de faire fonctionner et de mettre en lumière quelques-uns des facteurs (plastiques, sémiologiques, psychologiques, sociologiques) qui interviennent dans la lecture de simples images fixes. L'auteur de cet article explique ici le sens de cette expérience et les modalités de son déroulement.
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Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mme Monique Linard
Un jeu de déchiffrement de l'image : le photorécit
In: Communication et langages. N°28, 1975. pp. 95-116.
Résumé
Aux ambiguïtés habituelles de tout langage s'ajoutent, dans le langage audio-visuel, les ambiguïtés iconiques et techniques de
l'image et les rapports difficiles à établir de significations très différentes. Monique Linard, assistante à l'Institut des sciences de
l'éducation à Paris-X (Nanterre), relate ici une expérience poursuivie depuis plusieurs années avec des étudiants. C'est un jeu
qui, à partir de manipulations effectives de photographies, permet de faire fonctionner et de mettre en lumière quelques-uns des
facteurs (plastiques, sémiologiques, psychologiques, sociologiques) qui interviennent dans la lecture de simples images fixes.
L'auteur de cet article explique ici le sens de cette expérience et les modalités de son déroulement.
Citer ce document / Cite this document :
Linard Monique. Un jeu de déchiffrement de l'image : le photorécit. In: Communication et langages. N°28, 1975. pp. 95-116.
doi : 10.3406/colan.1975.4254
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_1975_num_28_1_4254UN JEU
DE DÉCHIFFREMENT
DE L'IMAGE:
LE PHOTORÉCIT
par Monique Linard
Aux ambiguïtés habituelles de tout langage s'ajoutent, dans le langage
audio-visuel, les ambiguïtés iconiques et techniques de l'image et les rap
ports difficiles à établir de significations très différentes. Monique Linard,
assistante à l'Institut des sciences de l'éducation à Paris-X (Nanterre), relate
ici une expérience poursuivie depuis plusieurs années avec des étudiants.
C'est un jeu qui, à partir de manipulations effectives de photographies, per
met de faire fonctionner et de mettre en lumière quelques-uns des facteurs
(plastiques, sémiologiques, psychologiques, sociologiques) qui interviennent
dans la lecture de simples images fixes. L'auteur de cet article explique ici
le sens de cette expérience et les modalités de son déroulement.
« Bien des notions en linguistique, peut-être même en psycho-
» logie, apparaîtront sous un jour différent si on les rétablit dans
» le cadre du discours, qui est la langue en tant qu'assumée par
» l'homme qui parle, et dans la condition d'intersubjectivité, qui
» seule rend possible la communication linguistique '. »
S'il est vrai que plus on est incapable de faire quelque chose
plus on a tendance à en parler, alors c'est certainement la com
munication qui est devenue l'incapacité première de notre
société. Les théories ne manquent pourtant pas pour éclairer
sous un jour spécifique ce qui fait le tissu le plus essentiel de
notre existence, mais en l'état actuel des connaissances,
aucune d'entre elles ne semble pouvoir rendre compte à elle
seule, de façon exhaustive, du plus simple de nos messages
quotidiens et moins encore des raisons pour lesquelles cette
activité considérée depuis toujours comme si naturelle s'est
mise depuis quelques années à poser tant de problèmes.
DU MESSAGE VERBAL AU MESSAGE AUDIO-VISUEL
II semblerait que plus le nombre des canaux augmente, plus le
bruit parasite s'intensifie dans le réseau, et que la multiplica
tion et la complexification des codes, loin d'éliminer les incer-
1. E. Benveniste : Problèmes de linguistique générale (Paris, N.R.F.-Gallimard,
1966). Le photorécit
titudes, ne fassent au contraire que rendre les échanges plus
difficiles et plus confus. Elle est loin la sérénité classique qui
posait : « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. » Pour
l'homme contemporain, citoyen de l'encombrement et non plus
de la pénurie, « toute phrase est nécessairement ambiguë... Il
» n'y a pas symétrie entre l'émetteur et le récepteur... » et le
grand objet de la communication est devenu, autant que le sto
ckage, la « désambiguation » des messages 2.
Ce qui est vrai pour le message purement verbal le devient plus
encore pour le message audio-visuel dans lequel, aux ambi
guïtés morpho-syntaxiques de la langue, viennent s'ajouter les
ambiguïtés iconiques et techniques de l'image et les jeux
obscurs de rapports de signification très différents.
Le rapport de signification entre le « signifiant » français /table/
par exemple tel qu'il est défini par les règles de notre langue,
et son « signifié » (ou contenu associé) n'a rien à voir avec le
rapport de signification que j'établis entre un tracé sur le papier
d'une table réelle et ma reconnaissance mentale de ce tracé
comme « table ». Sans aucun doute, l'un n'existe pas sans
l'autre et, dans ma prime enfance, j'ai d'abord perçu, puis
reconnu, puis nommé l'objet, puis l'ai dessiné de façon recon-
naissable pour autrui, et j'ai appris à écrire le mot qui l'ét
iquette selon les dures lois de la langue, mais de manière si
imbriquée que l'image et le mot semblent liés de façon natu
relle dans ma mémoire J.
Il n'en demeure pas moins que dans la langue, le rapport
entre le « signifiant » (le mot comme ensemble organisé de
formes tangibles et structurées par des règles précises) et son
« signifié » (l'ensemble des représentations mentales associées
à ce signifiant) est essentiellement arbitraire, discontinu,
conceptuel, linéaire et défini par des codes stricts. Alors que
dans l'image, le rapport entre le tracé sur papier ou pellicule
(signifiant iconique) et ma reconnaissance de cette forme
comme « table » (signifié) est essentiellement analogue,
continu, sensoriel, spatial et pragmatique, relevant plutôt d'un
répertoire d'équivalences approximatives, apprises à partir
d'expériences socio-culturelles, que d'un code à proprement
parler.
LES PROBLEMES DE L'AUDIO-VISUEL
DANS L'ENSEIGNEMENT
^ publicité II n'est pas se soient étonnant emparés que le des monde techniques du spectacle audio-visuelles et celui de pour la
les transformer en « média » où l'on peut faire fonctionner à
' 2. J. Dubois : « Enonciation et énoncé », in langages, n° 13 (Paris, Didier,
1969).
3. M. Richelle : l'Acquisition du langage (Bruxelles, Ch. Dessart, 1971). media 97 Mass
plein les grands jeux du rêve et leurs associations, glissements,
déplacements et condensations. Tout y équivaut à tout et peut
se transformer en n'importe quoi, échappant ainsi à la loi des
codes et de la différence, et inscrivant sur le fond d'une
rationalité apparente les tracés secrets du désir et de l'énergie
libidinale, que ce soit dans un but de décharge et de récupérat
ion économique ou au contraire de subversion et de remise
en cause4.
Mais il paraît, en revanche, assez paradoxal que l'enseignement
également s'éprenne de ces nouvelles techniques pour les
transformer en « aides pédagogiques » ou « supports » d'info
rmation qui vont miraculeusement balayer, pense-t-on, les diff
icultés croissantes de transmission des savoirs entre ensei
gnants et enseignés. Il semble bien plutôt que, réduits au rôle
de véhicules sonores et visuels de concepts, la diapositive et le
film ne vont faire que surajouter aux difficultés du texte les
ambiguïtés de leur rythme et de leur propre substance, trans
mettre davantage des impressions de notions que des notions
véritables, et accroître la confusion entre perception et action 5.
Il n'est donc pas surprenant non plus que, dans cette perspect
ive de l'audio-visuel considéré comme auxiliaire ou palliatif du
cours magistral classique, trente ans de travaux tant européens
qu'américains, portant sur des comparaisons d'apprentissage de
notions entre exposés par conférencier réel et visionnements
de films cinéma ou télévision, n'aient pas réussi à faire nette
ment ressortir une supériorité du médium audio-visuel sur le
médium humain direct6. Il semble bien qu'en ce domaine ce
soit d'autres variables, telles que la méthode employée (exposé
magistral, enseignement programmé, découverte guidée, travail
en groupe, etc.), la personnalité de l'enseignant et son style
de direction d

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