Un site prestigieux du monde carolingien : Saint-Riquier - article ; n°1 ; vol.5, pg 241-254
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Cahiers archéologiques de Picardie - Année 1978 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 241-254
14 pages

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Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Honoré Bernard
Un site prestigieux du monde carolingien : Saint-Riquier
In: Cahiers archéologiques de Picardie. N°5, 1978. pp. 241-254.
Citer ce document / Cite this document :
Bernard Honoré. Un site prestigieux du monde carolingien : Saint-Riquier. In: Cahiers archéologiques de Picardie. N°5, 1978.
pp. 241-254.
doi : 10.3406/pica.1978.1271
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pica_0398-3064_1978_num_5_1_1271UN SITE PRESTIGIEUX DU MONDE CAROLINGIEN
SAINT-RIQUIER. PEUT-ON CONNAITRE
LA GRANDE BASILIQUE D'ANGILBERT?
par H. Bernard
gien, le lieu même qui avait retenu l'intérêt de M. Jean La d'encre. grande Tout basilique la désignait d'Angilbert à l'intérêt a fait des couler historiens beaucoup et HUBERT. Dès 1 966, la nécessité d'un secteur de diver
des archéologues. Le renom de l'abbaye d'abord : le sion s'est fait ressentir : les conditions de travail à No
plus grand ensemble monastique de l'empire de Char tre-Dame devenaient atroces, et l'équipe avait besoin
lemagne (1 ), un haut lieu de dévotion et de culture, vé d'un point de détente, par jeu d'alternance, tout en gar
ritable abbaye pilote, placée sous l'autorité de l'un des dant le contact avec la recherche archéologique. C'est
plus renommés familiers de l'empereur, dotée d'un r ainsi que sont nés les secteurs de fouille aux abords
èglement liturgique précis que nous avons la chance de de l'église abbatiale : le contrôle de vestiges reconnus
connaître encore. Les souvenirs ensuite qu'elle nous avant la Guerre par M. REVILLON, Architecte Départe
a laissés : outre un noble ensemble de constructions mental des Monuments Historiques, fut leur point de
du XVIIe, regroupé autour de l'un des plus beaux t départ. Débouchant sur la nécessité d'ouvrir des son
émoins de l'architecture gothique en Picardie, il nous dages dans le sol même de l'église, les travaux ont été
ajournés en 1969, en raison de la longue campagne reste des textes, des figurations même, qui peuvent
de restauration dont le monument allait être le théâtservir de base aux restitutions. Et elles n'ont pas man
re pendant plusieurs années. qué I...
Les fouilles de Notre-Dame ont déjà fait l'objet de puNous n'en retiendrons qu'une seule : celle de W.
blications (5), et d'une présentation à l'Exposition du EFFMANN (2). S'appuyant sur une méthodique étude
Conseil de l'Europe qui se tint en 1965 à Aix-la-Chapdes documents de tous ordres, il a tenté de nous don
elle. Le présent article offre pour la première fois au ner du monastère une évocation précise (Fig. 1). Ses
public les hypothèses de travail nées des prospectconclusions sont celles encore qui sont le plus sou
ions diverses qui ont tenté de déceler les indices acvent retenues et citées. Sont-elles cependant suff
cessibles de la grande basilique primitive.- isantes pour dégager une vision aussi exacte que com
plexe de ce qui demeure un des plus prestigieux t
émoins de la civilisation carolingienne ? Sont-elles suf I — LES SOURCES
fisantes aussi pour répondre au souci scientifique de
Les diverses restitutions ont, jusqu'à présent, gravité vérité qui anime notre moderne recherche archéologi
autour de la chronique latine des dernières années du que (3) ?
XIe composée par HARIULPHE. F. LOT nous a donné
de ce texte une excellente édition (6), sur laquelle doit
s'appuyer toute étude relative à Saint-Riquier. Or HA
RIULPHE nous a laissé un long chapitre, nourri de dé
tails précieux, sur les constructions d'Angilbert (7). A
cela s'ajoute l'« Institutio» d'Angilbert lui-même, que
nous connaissons par un autre canal (8), mais qu'HA-
RIULPHE a reproduite in extenso dans son ouvrage
(9). Enfin le manuscrit même de la Chronique présent
ait une intéressante miniature, figurant le monastère
carolingien (Fig. 2) : cet heureux concours de sources,
autant écrites qu'iconographiques, ne pouvait man
quer de frapper les esprits férus d'histoire et de restitu
tion archéologique.
1) Les textes — Les sources écrites d'abord. HA
RIULPHE nous offre une description précise, bien que
sommaire, de la grande basilique. Ses préoccupations Fig. 1
ne sont pas les nôtres : il se montre plus soucieux d'é
Des fouilles méthodiques ont été ouvertes en 1959; taler la richesse en autels, en reliques, en décorations
elles ont duré dix ans. Elles succédaient à une intéres aussi foisonnantes que diverses d'un sanctuaire à ses
sante étude de M. Jean HUBERT (4), qui n'a d'ailleurs yeux hors de pair. Si bien que nous ne tenons que les
cessé de leur prodiguer son patronage scientifique. grandes lignes de l'édifice, insuffisantes pour satis
Lancées sur l'initiative de M. Ernest WILL, alors Direc faire la démarche scientifique d'un esprit moderne.
teur Régional des Antiquités Historiques Nord-Picard Nous apprenons ainsi que l'église occupe l'un des an
ie, elles ont étudié en objectif de priorité le site de l' gles, au nord, d'un complexe monastique disposé en
église Notre-Dame, à la pointe sud de l'enclos triangle. Elle est formée d'un corps basilical à trois
241 s'ouvrant à chacune de ses extrémités sur une concrètes qui fixent les offices nettement localisés nefs,
tour. Celle de l'ouest contient l'église du Sauveur : un dans l'espace et dans le temps, les accompagnant de
sanctuaire à l'étage, ménagé sur un passage voûté qui rites processionnels à parcours rigoureusement dé
finis — permet de lancer un certain nombre d'hypofaisait communiquer la basilique avec le grand atrium
extérieur. Celle de l'est, dite «tour Saint-Riquier», se thèses judicieuses à propos de la disposition des lieux.
prolongeait d'un sanctuaire, avec abside sans doute. C'est ainsi que certains spécialistes modernes ont pu
C'est là que se pose le problème de la « crypte ». HA- retracer quelques aspects matériels de la vie liturg
RIULPHE n'en parlera qu'à propos de Saint-Gervin, ique à Saint-Riquier à l'époque carolingienne (12);
abbé du XIe siècle, qui fit apporter à cette partie du mo c'est de là surtout qu'est née l'hypothèse de M. Jean
nument de sérieuses transformations — s'il n'en est HUBERT, à propos de Notre-Dame, sise à l'extrémité
pas du moins le créateur (10). En fait, lorsqu'il nous dé sud du grand enclos (4) : l'édifice à plan centré que les
crit l'église d'Angilbert, il évoque des dispositions qui données du texte, accompagnées d'éléments ponc
supposent déjà l'existence de ladite « crypta inferior» tuels tirés d'autres sources, lui permettaient d'imagi
(1 1 ). A moins — ce qui est encore possible — qu'HA- ner, s'est révélé avec une indiscutable précision au
RIULPHE, partant de ce qu'il avait sous les yeux lors de cours des fouilles (5).
la rédaction de son ouvrage, n'ait attribué aux origines
2) Les figurations — Venons-en maintenant à la miun état qui n'était en fait que postérieur. Nous retrou
niature, de loin le document le plus riche pour le sujet verons cette énigme à propos de la miniature et des
qui nous touche (Fig. 2). Nous ne retiendrons que les fouilles du chevet. données de la grande basilique. Notons tout d'abord L'Institutio d'Angilbert est en quelque sorte une qu'elle illustre point par point la description d'HA«source archéologique indirecte». Pas de description, RIULPHE. Des précisions s'ajoutent: les tourelles au sens littéral du terme, confirmant ou complétant d'escalier encadrant les deux grandes tours ; celles-ci celle d'HARIULPHE. Le grand abbé carolingien se sou couronnées chacune d'un curieux étagement de clcie avant tout de mettre en place une vie liturgique or ochetons ; la petite construction basse à l'est, qui eniginale, répondant à l'importance et au renom de son serre la base du sanctuaire et où Effmann vit — ajuste monastère. S'agit-il d'usages effectivement appli raison semble-t-il — la crypte de chevet ; enfin et surqués ou d'un programme? La plus grande prudence tout les annexes greffées sur la fraction méridionale est de rigueur en ce domaine. Toujours est-il que ce des tours, et que nos divers devanciers ont interpréprécieux témoin — de par même ses prescriptions tées comme un double transept, l'un à l'est l'autre

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