Un symbole de Blake : le Sparagmos - article ; n°1 ; vol.16, pg 89-105
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XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles - Année 1983 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 89-105
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Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 12
Langue Français
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Extrait

Armand Himy
Un symbole de Blake : le Sparagmos
In: XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. N°16, 1983. pp. 89-105.
Citer ce document / Cite this document :
Himy Armand. Un symbole de Blake : le Sparagmos. In: XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe
et XVIIIe siècles. N°16, 1983. pp. 89-105.
doi : 10.3406/xvii.1983.1016
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xvii_0291-3798_1983_num_16_1_1016.
- - 89
UN SYMBOLE DE BLAKE : LE SPARAGMOS
They hang abroad the universal
curtains.
The Four Zoas,v II, 153
On a mis les toiles célestes à l'étendage comme autant de. para
dis ; ils claquent au vent, dans, l'air, vif des sommets :
The clear changing atmosphere displayed green fields away,
The varying clouds, like paradises, stretched in the, expanse.
FZ, I, 367-8
Si Blake est un mystique, comme l'affirme Foster Damon, il est également
théosophe si, pour le théosophe, les mystères de la création reflètent
les mouvements de la vie divine. Pour. Blake,. le macrocosme est le microc
osme,- les correspondances se répondent, aux niveaux divers de l'Etre,
les nuages irisés sont de verts paradis ou des prairies de signes, l'his
toire est géographie, la guerre psychomachie , la réalité cryptogammie.
Cette immanence- transcendance repose sur quelques textes de la Bible.
D'abord, la donation divine de la terre : "Je te donnerai la terre de
Canaan qui est ton héritage" (Ps. 105 : 10-11) avec le corollaire : "Le
pays est devenu impur ; j 'ai puni sa faute et le pays vomit ses habitants
quant à vous, vous observerez mes préceptes et mes sentences... que le
pays ne vous vomisse pas pour l'avoir rendu impur comme il a vomi la na
tion qui était avant vous" (Lévitique , 18 : 25-28). Blake qui n'est pas - - 90
généralise ou universalise le cas ; il en déduit ou il crée littéraliste,
une histoire ou une géographie surréels. "Je te donnerait terre..." :
cela indique que l'histoire ne s'inscrit pas seulement dans un temps donné,
mais dans un lieu ; la sanctification ne s'opère pas seulement dans le
temps, mais aussi dans l'espace sacré de la géographie. Cette idée du
rôle historique des nations et des terres acquiert l'ampleur d'un mythe.
Premier exemple, l'Atlantide, une sorte de dérive des continents
selon Blake. Au cours d'un. Age. d'or, antérieur à la Chute, l'humanité, sym
bolisée par Albion, vivait sur les -montagnes de l'Atlantique ; la chute a
réintroduit le chaos, sous la forme d'un déluge qui, s 'abattant sur l'Atlan
tique, forme l'océan du même nom, associant ainsi, durablement dans la
symbolique de Blake, eau et chaos. Grande-Bretagne et Amérique autrefois
unies, géographiquement donc spirtuellement, furent séparées par la mer de
l'espace et du temps. La colonisation qui suivit la découverte rétablissait
dans le temps -un lien immémorial; de même que l'échec que traduisit la
guerre d'indépendance américaine approfondissait la rupture ; la répéti
tion, mode de la mort, donnait à l'événement le sens d'un. nouvel adieu
à l'Atlandide deux fois noyée. Mais du moins la «recherche de. cette liber
té, liée au réveil d'Orc, faisait-elle de l'Amérique une terre de liberté,
un exemple pour les nations, comme le fiit -l'Angleterre .pour Milton.. La
liberté selon Blake vient de l'ouest.
On those vast shady hills • between America & Albion's ; shore,
Now barr'd out by the Atlantic sea, call'd Atlantean hills,
Because from their bright summits you may pass to the Golden
An ancient palace . . . world ,
5-81 America, plate 10,
Rôle de la géologie 7 car l'histoire est enfermée dans les strates
des minéraux ; rôle des continents dont les fractures sont humaines ;
rôle des nations. Certes il y a le rôle d'Israël, prélude à la réflexion
de Blake ; "The Antiquities of every nation under Heaven is no less sacred
than that of the Jews" : l'Angleterre a un rôle providentiel à jouer,
ainsi que l'indique l'histoire /my the d'Albion. Deuxième exemple.
"He is Albion, our ancestor, patriarch- of the Atlantic continent,
whose history preceded that of the Hebrews, and in whose sleep, or Chaos, - - 91
C3) Creation began" . Selon une tradition rapportée par Holinshed et
Camden , Albion est un géant primitif , époux de Britannia, conquérant
de l'Angleterre. Des vestiges d'histoire, devenue légende, constituent le
sol de l'édifice de Blake. Lorsque Albion, le cédant au sommeil, se re
tourne sur sa -couche :
Rising upon his couch of Death Albion beheld his sons.
Turning his eyes outward to self, losing the divine vision,
Albion groan'd on Tyburn's brook :
Albion gave his loud death groan. The Atlantic mountains
trembled
Aloft the Moon fled with a cry : the Sun with streams of
blood.
FZ, II, 1-2... ; 40-42
un cataclysme se produit, confirmé peu après dans le texte .Le mythe
prend davantage d'ampleur, à la suite de lectures ou d'influences kabba-
listiques : notion de l'Adam Kadmon, soit l'homme des origines, un géant
comparable à Albion, dans l'esprit de Blake.
Ce géant gisant sur sa couche illustre l'homme tourné sur soi
et qui s'est détourné de l'inspiration qui seule peut lui procurer la vraie
vie... Son sommeil est le sommeil du monde, car le monde créé est rendu
visible sous une forme humaine. Dire que le monde a été créé à l'image de
Dieu signifie certes que les attributs de Dieu tels que, Blake les évo
quent se retrouvent en l'homme et, en raison de leur caractère divin,
définissent ce qu'il y a d'humain dans l'homme ; mais cela signifie aus-
si (7) que le corps humain, que chacun des membres du corps humain, rendent
visibles un certain mode spirituel d'existence. L'homme, microcosme de
l'univers : telle est l'idée, commune à la fois aux kabbalistes, à Boehme,
à d'autres encore selon Kathleen Raine . Elle est abondamment illustrée
par Blake :
But now the starry Heavens are fled from the mighty limbs
of Albion,
vers que l'on trouve répété dans Milton et dans Jerusalem (9) , et qui sera
explicité par de nombreux passages :
For all are men in eternity, rivers, mountains, cities,
villages
All are human, and when you enter into their bosoms you walk
In heavens and earths, as in your bosom you bear your heaven - - 92
behold-; though it appears without it And earth and all you
is within,
In your imagination, of which this world of mortality is
but a shadow. . .
Jerusalem, 71 , 15-19
C'est ainsi que toute création, toute évolution, toute métamorphose est
marquée par une torsion, un brassage, un moulage de l'argile ou du métal
d'où émerge constamment une forme humaine. C'est ainsi que lorsque Los
s'aperçoit du jeu malfaisant d'Urizen, il s'efforce de le confiner dans
des limites plus étroites ; nous voyons ainsi l'échiné se tordre sous ses
doigts :
In a vast horrible dreadful slumber, like the linked chain,
A vast spine writh'd in torment upon the wind,
Shooting pain'd ribs, like a bending cavern,
And bones two ears two nostrils.-
FZ, IV
Avec une âme de sculpteur, Blake ploie les formes, décrit le jaillissement
du sang, la pulsation des artères :
As human blood shooting its veins all round the orbed heaven
Red rose from the Atlantic in vast wheels of blood
And in the red clouds rose a wonder o'er the Atlantic sea
Intense, naked, a Human fire, fierce glowing, as the wedge
Of ironheated in the furnace : his terrible limbs were fire
With myriads of cloudy terrors, banners dark and towers.
America , plate 5, 10-15,
K.p. 197
L'un des meilleurs exemples de cet homme cosmique ou de cet univers à
l'image de l'homme est celui d'Orc, enchaîné à la montagne par Los, dans
un accès de jalousie :
His nostrils breathe a fiery flame, his locks are like the
forests
Of wild beasts ; there the lion glares, the tyger and wolf
howl there,
And there the eagle hides her young in cliffs and precipices.
His bosom is like starry heaven expanded ; all the stars
Sing round ; there waves the harvest and the vintage
rejoices ; the springs
Flow into rivers of delight
His loins inwove with silken fires are like a furnace fierce :
As the strong Bull in summer time when bees sing round the

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