Une campagne archéologique au Cambodge - article ; n°1 ; vol.4, pg 737-749
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1904 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 737-749
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1904
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Adhémard Leclère
Une campagne archéologique au Cambodge
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 4, 1904. pp. 737-749.
Citer ce document / Cite this document :
Leclère Adhémard. Une campagne archéologique au Cambodge. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 4,
1904. pp. 737-749.
doi : 10.3406/befeo.1904.1369
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1904_num_4_1_1369— 737 —
UNE CAMPAGNE ARCHÉOLOGIQUE AU CAMBODGE
Ma dernière campagne de recherches historiques et archéologiques a été fructueuse, bien
qu'elle n'ait embrassé que le territoire de la circonscription résidentielle de Kratié (!).
I. — Tout d'abord elle m'a fait découvrir la charte de fondation du monastère de Sambok, que
j'ai analysée dans une communication à l'Académie des Inscriptions (Comptes rendus, 1903,
pp. 369-378; cf. B, E. F. E.-O., iv, 488).
II. — La seconde découverte, à laquelle j'ai concouru par les conseils que j'ai donnés à son
auteur, M. Besnard, commissaire du gouvernement p. i. au Darlak, est celle d'une pierre
taillée, ayant la forme d'un socle bas, de forme particulière, qui a été trouvée dans le lit acc
identellement desséché d'un petit cours ďeau. Ce socle, qui mesure 0,40 de longueur sur 0,20
de largeur et 0,16 de hauteur, porte un mol inscrit qui pourrait être punyà, <r œuvre pie » (2).
III. — Petite butte de briques et de terre à Srè Krasaing (Sambok), à environ 3 kilomètres E.
de phum Kabàl Chrou, sur la rive gauche du Mékhong. .l'ai trouvé sur cette butte deux cuves
à ablutions avec somasùtra, qui devaient supporter des lingas. Je n'ai rien pu apprendre des
habitants sur le sanctuaire qui s'élevait à cet endroit.
IV. — Petit cube de pierre, de 10 X Ю X 12, portant 17 trous où s'encastraient des lingas
(Cf. L. de Lajonquière, Inventaire des mon. du Cambodge, p. cl, et B. E. F. E.-O., ni, 70),
trouvé au monastère de Sambok, où il n'avait été remarqué ni par M. Aymonier. ni par
M', de Lajonquière (3).
V. — Trois liňgas trouvés par le lieutenant Mayot sur la rive droite du Mékhong au lieu dit
pointe Pák Vek (*), par le travers de Kôh Sam-thom, une île où j'avais découvert en 1891 le
Brahmâ à quatre faces dont il existe des moulages à Phnom-penh, sur le phnom, et au Musée
du Trocadéro. Ces trois liňgas (qui devaient être quatre autrefois) sont posés sur le sol sans
(') Kratié, ou plus exactement Krachèh, qui est aujourd'hui le chef-lieu d'une province
cambodgienne, était encore considéré comme pays stieng il y a 70 ans. Le village était alors
situé ен face du village actuel, sur la rive droite du fleuve, et on montre encore, au N.-E. des
dépendances de l'agence des Messageries fluviales à Kratié, un manguier qui (avec un autre
abattu depuis quelques années) abritait les Stiengs, quand ils venaient percevoir l'impôt annuel
de la terre sur les quelques Cambodgiens déjà établis sur la rive gauche : on les appelait les
manguiers des Stiengs (svày Stieng). Aujourd'hui les Stiengs ont reculé au S. du prèk Té et,
derrière Kratié, jusqu'à la Sré Рок. Jusqu'à Ban-Don, on ne rencontre que des Pnongs.
(2) Voir supra, p. 678. — Je rappelle à ce propos un fragment d'acrotère (tète de iNandin)
trouvé par le lieutenant Oum près du village de Tali, à deux jours de Ban-Don et que j'ai fait
parvenir au Musée de l'Ecole. Le P. Dourisboure, dans son livre sur Les sauvages Bahnars,
dit avoir vu, près du village de Tobau, « une statue d'homme en je ne sais quel métal,
d'environ un mètre de hauteur et les membres très artistement modelés ». Tous ces objets
sont évidemment des vestiges de l'occupation chame.
(3) M. Aymonier, Voyage dans le Laos (i, p. 4) parle d'un « Vislinou grossier de plâtre en
bas-relief et d'un petit liňgam sur socle avec rigole pour l'écoulement, des eaux lustrales ». Le
« Vishnou de plâtre » est en pierre blanchie à la chaux et, outre le liňga signalé par M. Aymon
ier, il y en a trois autres, dont un de dimensions énormes.
(*) Les pointes (crûoy) et les collines qui dominent le fleuve étaient pour la plupart occupées
par un sanctuaire: le phnom Ančei, où il y a une ruine; les pointes Prasàp et Pák Vek; la
pointe Pràsàt au-dessous de Sambor; le mont Sampâr Kaléi, où a été trouvée la stèle dont il
est question plus bas (vin); la pointe du phnom Montil, où il y a la ruine d'un autel de briques,
en sont autant d'exemples.
T. iv. — «. — — 738
fondations : ils ont, la partie enterrée comprise, 70-80 centimètres de hauteur et 45-50 cent
imètres de diamètre. Entre eux se trouve une excavation ouverte sur le fleuve et qui peut avoir
été creusée soit par l'eau du fleuve, soit par un chercheur de trésors : on la nomme kômnàp
Nak-tà Ta-Yaiï, « cachette du génie Ta-Yan ».
V. Tùol Nak-tà Ci-Tép, « butte du génie Či-Tép », sur la rive droite du Mékhong, au-dessus
des rapides de Sambok, à une portée de voix de la berge, sur le territoire d'un village pnong,
dans la forêt claire.
Ce tûol ou cette butte, un peu plus long que large, mesure un diamètre d'environ
150 mètres. 11 est entouré d'un large fossé к demi comblé aujourd'hui, duquel a été extraite
la terre qui a servi à rehausser le tûol, d'où le nom de tûol khpos (butte exhaussée) que lui
donnent les habitants. Tout près se trouve un bassin qui devait être le bassin sacré, —
le bassin des lotus de l'offrande, comme dit mon guide, — qu'on trouve presque toujours
près des temples brahmaniques et, moins fréquemment, près des temples bouddhiques.
Au milieu du tûol, qui nous offre une surface plane presque complètement dénudée,
je trouve, mal ombragée par un parapluie chinois eu papier, un groupe de cinq statues
en pierre de très pauvre facture et huit socles avec excavation au centre. Les statues ont
toutes les pieds, les mains et, sauf deux, le cou brisés ; les pieds de l'une d'elles tiennent
encore par un fort tenon carré enfoncé dans la cavité de celui des huit socles qui la
portait.
Une des statues a la face fraîchement brisée. Notre guide me raconte que cette brisure est
l'œuvre d'un Cham qui, l'an dernier, vint chasser dans la forêt, ne tua rien et se trouva tout
d'un coup en présence des cinq statues. La pensée lui vint que s'il n'avait pu abattre
aucun des cerfs qu'il avait vus, c'est que ces statues les protégeaient. 11 devint furieux, « parce
que le malheur était sur lui », et il envoya deux balles dans la poitrine de la principale des cinq
statues. Et le conteur nous montre des traces qui ne me paraissent pas être des traces
de balles. Voyant que cette statue avait résisté à ses deux coups de fusil, qu'elle n'était point
brisée, qu'elle n'était pas tombée, il tira son coupe-coupe, alla à elle et l'en frappa plusieurs
fois. « Le malheur était sur lui, reprend le guide. Quand il eut fait cela, il partit, vint
au village et tomba malade. Il loua une barque pour se faire ramener chez lui, fît naufrage
dans les rapides et son fusil glissa au fond de l'eau; quant à lui, il fut repêché, mais mourut
dans sa barque avant d'arriver à sa maison. » Les morceaux de la face brisée ont été rappro
chés par une main pieuse et liés ensemble avec un long fil de coton.
Les cinq statues sont, je l'ai déjà dit, des statues d'homme, et je dirai plus, du même person
nage, car elles ont toutes, malgré leur taille qui varie de 0 ra 50 à 1 m 20 environ, une
semblable tournure. Le corps est nu, le tronc est vêtu en bas d'un caleçon collant et la tête
s'achève par un cylindre fait de cheveux qui rappelle celui qu'on trouve aux statues de Rrahmà
en plusieurs endroits. On nous affirme cependant qu'elles sont toutes les cinq la représentation
de Norây kaham ou kraham (*), Narâyana-le-Rouge. Cependant le gouverneur de Kratié, qui
est un lettré, à la seule description delà coiffure et avant que je lui eusse nommé le tûol dont
il n'avait jamais entendu parler, me dit : « C'est Či-tép, très certainement, car il n'y a que lui
qui porte ainsi les cheveux. » Et il ajoute : « Ci-tép doit toujours hab

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