Une iconographie originale du couronnement de la Vierge par la Trinité dans l art du nord de l Italie vers la fin du XIVe siècle - article ; n°1 ; vol.103, pg 399-419
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Une iconographie originale du couronnement de la Vierge par la Trinité dans l'art du nord de l'Italie vers la fin du XIVe siècle - article ; n°1 ; vol.103, pg 399-419

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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age - Année 1991 - Volume 103 - Numéro 1 - Pages 399-419
Philippe Verdier, Une iconographie originale du couronnement de la Vierge par la Trinité dans l'art du nord de l'Italie vers la fin du XIVe siècle et au XVe siècle, p. 399-419. En Italie du Nord, vers la fin du XIVe siècle, on assiste à la création d'un type inédit du couronnement de la Vierge par la Trinité. Le foyer créateur semble se situer à Vérone, mais le type est également repérable à Padoue, à Pise, à Milan, à Bologne ou à Venise, en Ligurie ou dans les Marches ; il atteint l'Autriche méridionale. Né dans la peinture, il influence aussi la sculpture, l'enluminure, la broderie. En général, le Père domine le Fils, qui couronne la Vierge, agenouillée ou assise. La colombe symbolise l'union entre les deux premières personnes divines. Ce type de couronnement est porteur d'un sens théologique : la Vierge, après son as-somption, a été reçue et glorifiée par la Trinité tout entière.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 73
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Philippe Verdier
Une iconographie originale du couronnement de la Vierge par la
Trinité dans l'art du nord de l'Italie vers la fin du XIVe siècle
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 103, N°1. 1991. pp. 399-419.
Résumé
Philippe Verdier, Une iconographie originale du couronnement de la Vierge par la Trinité dans l'art du nord de l'Italie vers la fin du
XIVe siècle et au XVe siècle, p. 399-419.
En Italie du Nord, vers la fin du XIVe siècle, on assiste à la création d'un type inédit du couronnement de la Vierge par la Trinité.
Le foyer créateur semble se situer à Vérone, mais le type est également repérable à Padoue, à Pise, à Milan, à Bologne ou à
Venise, en Ligurie ou dans les Marches ; il atteint l'Autriche méridionale. Né dans la peinture, il influence aussi la sculpture,
l'enluminure, la broderie. En général, le Père domine le Fils, qui couronne la Vierge, agenouillée ou assise. La colombe
symbolise l'union entre les deux premières personnes divines. Ce type de couronnement est porteur d'un sens théologique : la
Vierge, après son assomption, a été reçue et glorifiée par la Trinité tout entière.
Citer ce document / Cite this document :
Verdier Philippe. Une iconographie originale du couronnement de la Vierge par la Trinité dans l'art du nord de l'Italie vers la fin
du XIVe siècle. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 103, N°1. 1991. pp. 399-419.
doi : 10.3406/mefr.1991.3160
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9883_1991_num_103_1_3160PHILIPPE VERDIER
UNE ICONOGRAPHIE ORIGINALE
DU COURONNEMENT DE LA VIERGE PAR LA TRINITÉ
DANS L'ART DU NORD DE L'ITALIE
VERS LA FIN DU XIVe SIÈCLE ET AU XVe SIÈCLE
À la mémoire d'Emile Mâle
Les recherches du regretté Millard Meiss ont rectifié le préjugé -
dont la critique d'art italienne, trop exclusivement sensible au formalis
me, est en partie responsable - que sur le plan iconographique l'Italie n'a
joué qu'un rôle secondaire. Or, on assiste dans l'Italie du Nord, à Vérone
et à Venise, à la création d'un type inédit du couronnement de la Vierge
par la Trinité qui, dans la perfection géométrique d'une composition
triangulaire, traduit le concept théologique que la Vierge après son
assumption a été reçue et glorifiée par la Trinité tout entière1. Dans l'ac-
1 Laus sit excelsae Triadi perennis
Quae tibi, Virgo, tribuit coronam
chante l'hymne pour les premières vêpres de l'Assomption de la Vierge. «Virgo
regalis ad thronum Dei Patris evehitur et in ipsius Trinitatis sede reposita naturam
etiam angelicam sollicitât ad videndum» écrivait Nicolas de Clairvaux (Patrologia
Latina, CXLIV, col. 717 B), alors que dans les archivoltes du portail du couronne
ment de la Vierge à la façade de la collégiale de Mantes, vers 1170, étaient sculptés
du haut en bas ; la Colombe, le Père, irreprésentable dans son essence, figuré sous
les traits du Christ avec le nimbe crucigère, et le «Lignum Vitae», emblème du
Christ Fils de l'Homme, apporté par deux anges, Philippe Verdier, Le couronne
ment de la Vierge. Les origines et les premiers développements d'un thème iconogra
phique, Montréal et Paris, 1980, p. 127. Dans une « disquisitio » typiquement scho-
lastique saint Bonaventure a distingué le triple rapport trinitaire de la couronne de
la Vierge : «gloriosa per quam efficieris conformis majestati Patris, luminosa per
quam conformaberis claritati Unigeniti, pretiosa per quam eris conformis caritati
Spiritus Sancii», De Assumptione Mariae Sermo V, Opera omnia ed. Quaracchi,
tome IX, 1901, p. 699-700. Jacques de Voragine dans son sermon De omnibus sanc-
tis a rappelé que le couronnement de la Vierge ne constitue pas proprement une
MEFRM - 103 - 1991 - 1, p. 399-419. PHILIPPE VERDIER 400
colade de ses bras abaissés le Père embrasse le Christ, qui couronne la
Vierge, et la Vierge, qui partage le synthronos avec le Fils. Il domine
majestueusement le groupe de son fils et de sa fille. Il y a des variations :
le Christ peut bénir comme le Père; le Père peut participer à l'acte du
couronnement ; la Vierge peut recevoir à genoux la couronne. Mais le thè
me reste fondamentalement le même. L'union entre les deux personnes
divines est symbolisée par la colombe, qui exprime la «spiratio», double
et réciproque, de l'Esprit entre le Père et le Fils2.
On ne peut jamais expliquer la formation par degrés successifs d'un
prototype. Soudain une nouvelle œuvre est née. Apparemment, le foyer
créateur se trouve à Vérone, chez des peintres formés à l'école d'Altichie-
ro et d'Avanzo, dans la génération qui suivit Turone. Altichiero, qui pei
gnit à Vérone de 1369 à 1388, n'a jamais représenté de couronnement tri-
nitaire. Son influence directe n'est décelable que dans ces trônes monu
mentaux hérissés de pinacles et de petites coupoles qui restèrent long
temps liés au couronnement de la Vierge par la Trinité du type italien
septentrional, mais dont l'architecture complexe caractérise déjà sa fres
que d'iconographie traditionnelle à Saint-Georges de Padoue3. Mon en-
théophanie, mais qu'il occupe une place privilégiée : « Virgo enim beata non est in
ordine Trinitatis, quia ibi non sunt nisi très personae, nec in ordine sanctorum
angelorum, sed super eos, et ideo facit ordinem per se».
2 Le couronnement de la Vierge par la Trinité n'apparaît anthropomorphi-
quement qu'au XIVe siècle, à la suite de la transformation de la représentation de
la Trinité elle-même, et après que la « processio ab utroque » du Père au Fils et du
Fils au Père eut été dogmatiquement définie au concile du Latran en 1215 et celui
de Lyon en 1274. Dans le contrat rédigé par Jean de Montagnac, chanoine de
Saint-Agricol d'Avignon pour la commande du couronnement de la Vierge à pein
dre par Enguerrand Quarton (1453), aujourd'hui à Villeneuve-les- Avignon, il est st
ipulé : « du pere au filz ne doit avoir nulle difference et le saint esprit en forme
d'une columbe», Prix-fait du «Couronnement de la Vierge». Transcription du man
uscrit original par H. Chobant, Nîmes, 1977, p. viii. Dans la peinture la colombe
étend symétriquement ses larges ailes des lèvres du Père à celles du Fils, deux figu
res rigoureusement superposables.
3 R. Van Marle, The Development of the Italian Schools of Painting, IV, La
Haye, 1924, fig. 65, p. 137. Gian Lorenzo Mellini, Altichiero e Jacopo Avanzi, Milan,
1965, p. 247-8, planche en couleur 83. Giusto de' Menabuoi a peint l'un de ces trô
nes, compliqués jusqu'à l'outrance, pour l'arcosolium de la tombe de Bonzanello et
Nicola da Vigonga au Santo de Padoue, Sergio Bettini, Giusto de' Menabuoi e l'arte
del Trecento, Padoue, 1944, p. 140-1, pi. 144. Un autre, d'une grandiose architectur
e, encadre le couronnement de la Vierge par Guariento (1365) dans la Salle du
Grand Conseil à Venise : Rodolfo Palluchini, La pittura veneziana del Trecento,
Venise et Rome, 1964, fig. 357. Voir aussi la Vierge agenouillée devant le trône fan- UNE ICONOGRAPHIE ORIGINALE DU COURONNEMENT DE LA VIERGE 401
quête est partie d'un très beau dessin de l'école de Vérone au Musée d'art
de l'Université de Princeton4 (Fig. 1).
La Vierge, agenouillée contre le premier degré aux extrémités arron
dies du trône, est couronnée conjointement par le Fils assis et par le Père,
qui siège sur le degré supérieur du trône et a sa main gauche posée sur
l'épaule du Christ. On ne discerne pas de colombe sur l'esquisse. Des
anges musiciens font le cercle autour du trône et certains regardent en
témoins curieux aux ajours de ses arcatures géminées. Les anges curieux
se retrouvent sur un dessin attribué à Stefano da Zevio de la collection
Lugt5. Un couronnement trinitaire surmonte l'arca d'Aventino Fracasto-
ro, le médecin de Can Grande II, sur la façade de San Fermo Maggiore à
Vérone. Le monument date de 13856, mais la fresque a pu être peinte
postérieurement. Elle a été attribuée à Martino da Verona, qui fut actif de
1396 à 141 17. La sinopia qui subsiste de la partie supérieure de la fres
que montre le buste du Père, un vestige de la tête du Christ, qui ét

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