Vers une échelle chronologique « absolue » pour la préhistoire et la protohistoire armoricaines - article ; n°1 ; vol.67, pg 33-44
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Annales de Bretagne - Année 1960 - Volume 67 - Numéro 1 - Pages 33-44
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Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 18
Langue Français

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P R Giot
Vers une échelle chronologique « absolue » pour la préhistoire
et la protohistoire armoricaines
In: Annales de Bretagne. Tome 67, numéro 1, 1960. pp. 33-44.
Citer ce document / Cite this document :
Giot P R. Vers une échelle chronologique « absolue » pour la préhistoire et la protohistoire armoricaines. In: Annales de
Bretagne. Tome 67, numéro 1, 1960. pp. 33-44.
doi : 10.3406/abpo.1960.2098
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1960_num_67_1_2098GIOT P.-R.
POUR LA PREHISTOIRE
ET LA PROTOHISTOIRE ARMORICAINES
II faut bien avouer que les tentatives de schémas chro
nologiques chiffrés, avancés jusqu'à ces dernières années,
pour les époques préhistoriques et protohistoriques étaient
largement spéculatifs. Encadrés entre les chronologies géo
logiques et géophysiques du Quaternaire, d'une part, et
les premiers renseignements chronologiques historiques
pour chaque région considérée, ils étaient surtout affaire
de sentiment, et les différents essais divergeaient considé
rablement. Aussi les auteurs sérieux ne les envisageaient
guère plus que comme des jeux pouvant fixer les idées, et
seules les chronologies relatives, basées sur les données
stratigraphiques et accessoirement sur les spéculations
typologiques, pouvaient être prises en considération. Cepen
dant, en essayant de se raccorder aux chronologies histori
ques des premières civilisations classiques ou proches-
orientales, par l'utilisation des objets importés ou imités,
les civilisations protohistoriques européennes essayaient
de se fixer, par un bout en quelque sorte, un cadre. Perles
en faïence et en pâte de verre, perles d'espacement en
ambre, avec leurs répliques en os ou en jais, pendentifs
d'ambre en forme de hallebardes, gobelets en or, en ambre
ou imités en argilite, boutons recouverts d'or, gravures de
poignards en bronze ou poignards eux-mêmes, tous ces
objets ont servi de jalons chronologiques plus ou moins
élastiques pour les rapports au deuxième millénaire avant
notre ère entre l'Ouest et le Nord-Ouest de l'Europe et la
Méditerranée orientale (1). La discussion sur la valeur
(1) H.C. Beck et J.F. Stone : Faïence Beads of the British Bronze
Age. Archaeologia, 85, 1936, p. 203-252. Stone et Thomas : The 34 UNE ÉCHELLE CHRONOLOGIQUE
chronologique exacte de ces matériaux, en particulier le&
perles en faïence ou les perles d'espacement, montre des
variations d'interprétation assez considérables selon les
auteurs. De toute manière nous ne sommes guère conduits
au-delà de 1500 ans avant notre ère. Plus loin, les jalons,
manquent : c'est la spéculation complète, de nouveau.
L'invention du « datage » (c'est le terme employé par
nos amis physiciens) par la méthode du radiocarbone, il
y a quelque dix ans, son perfectionnement et sa générali
sation (2), sont venus apporter heureusement des facteurs
nouveaux et ont conduit à révolutionner le problème. Avec
la multiplication des laboratoires (qui atteignent la qua
rantaine de par le monde, dont bientôt trois en France
métropolitaine et un à Monaco), les « dates » affluent
actuellement de tous les côtés à un rythme de plus en plus
rapide. Dans très peu d'années, sinon dans quelques mois,
selon la disponibilité des matières datables, nous serons
en possession de données chronologiques chiffrées encore
plus complètes et importantes, dessinant les grands cadres.
Use and Distribution of Faïence in the Ancient East and Pre-
historic Europe. Proceedings of the Prehistoric Society, 22, 1956, p.
37-84. Stonb : Wessex before the Celts. London, 1958. G. vont
Merhart : Die Bernsteinschieber von Kakovatos. Germania, 24, 1940,
p. 99-102. V. Milojcic : Neue Bernsteinschieber aus Griechenland.
Germania, 33, 1955, p. 316-319. R. Hachmann : Bronzezeitliche Berns
teinschieber. Bayrische Vorgeschichtsbldtter, 22, 1957, p. 1-36. N. K.
Sandars : Bronze Age Cultures in France, Cambridge, 1957. Id. :
Amber Spacer-Beads Again. Antiquity, 33, 1959, p. 292-295.
Comme exemple de raisonnement remontant dans le temps à
partir des données précédentes : G.E. Daniel, : The Chronology of the
French Collective Tombs. Proceedings of the Prehistoric Society, 24,
1958, p. 1-23. Id. : The Megalith Builders of Western Europe. London,
1958.
(2) W.F. Libby : Radiocarbon dating. Chicago, lre éd., 1952; 2<> éd.,
1955. American Journal of Science : Radiocarbon Supplément. 1, 1959
(contient p. 199-214, « A Bibliography of Radiocarbon Dating »).
H. Barker : Radio Carbon Dating : Its Scope and Limitations. Anti
quity, 32, 1958, p. 253-263. F. Biancofiore : Alcune osservazioni sulla
cronologia isotopica délie civiltà preistoriche e protostoriche. Rivista
di Antropologia, 45, 1958, p. 49-62. H.T. Waterbolk : The 1959 Car-
bon-14 Symposium at Groningen. Antiquity, 34, 1960, p. 14-18.
Nous ne ferons pas à nos lecteurs l'injure de croire qu'ils igno
reraient les bases physico-chimiques élémentaires de la méthode, qui
a été exposée mille fois dans toutes les revues de vulgarisation et
les manuels élémentaires. ÉCHELLE CHRONOLOGIQUE 35 UNE
de notre chronologie depuis au moins le Paléolithique
supérieur, dans presque toutes les régions, d'une manière
très satisfaisante.
L'intrusion sur le « marché » des techniques archéolo
giques de cette brillante méthode physico-chimique n'a
pas été, finalement, du goût de tout le monde, il faut
l'avouer. Elle tend à pulvériser trop de spéculations gra
tuites, à renverser trop de théories aléatoires et trop
d'idoles, pour ne pas provoquer de vives réactions de
défense, réactions « humaines, trop humaines ». Aussi
beaucoup d'archéologues, dérangés dans leurs habitudes,
en considèrent les résultats avec inquiétude ou horreur,
ou saisis de panique, en discutent la validité avec passion.
Dans la plupart des cas, cette incompréhension résulte
d'un manque de culture scientifique, et d'une incapacité
à saisir les bases physico-chimiques et statistiques des
raisonnements utilisés, comme du jeu des facteurs naturels
en présence. De nos jours il n'est plus guère possible de se
livrer à la recherche archéologique si l'on ne dispose pas
d'une solide culture scientifique, les méthodes des disci
plines physico-chimiques, géologiques ou biologiques pre
nant une place fondamentale, et le pas sur les considérat
ions esthétiques ou autres. Il est d'ailleurs trop souvent
impossible de discuter avec des esprits irrationnels ou
simplement prévenus.
Bien entendu, les dates « absolues » données par la
radiocarbone ne sont pas à prendre sans aucune étude cri
tique ni sans leur laisser leur caractère probabiliste. Sans
entrer ici dans trop de détails techniques, on peut rappeler
que s'il est rare qu'il se produise un « accident » en cours
d'étude au Laboratoire, il est assez fréquent que les condi
tions du gisement dans lequel ont été prélevés les échant
illons analysés, ne soient pas aussi scellées que le fouilleur
l'imagine, voire même qu'il y ait eu des remaniements
insoupçonnés. En général toutes les causes perturbatrices
tendent à rajeunir notablement les échantillons, de sorte
que quand on obtient une « date » plus ancienne que celle 36 UNE ÉCHELLE CHRONOLOGIQUE
qu'on avait prévue, on est en général sur Idu terrain solide.
Enfin l'erreur probable sur la mesure, ou sigma, précédée
du signe ±, qui accompagne la « date », doit être inter
prétée convenablement au point de vue statistique (en
somme les « datages » ne correspondent pas à un instant
temporel, mais à une zone de temps, un espace pendant
lequel il est probable qu'ait eu lieu la combustion du
charbon de bois prélevé, par exemple), d'autant plus qu'elle
n'est pas la seule marge à disposer autour du nombre
donné comme « date » centrale, ni la seule « correction ».
On ne peut d'ailleurs comparer deux « dates » radiocar-
bone que si l'on est certain que des standards de carbone
récent similaires ont été employés (ou une correction
adéquate de l'effet Suess), et si dans les deux cas les
échantillons sont passés par les mêmes pré-traitem

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