Villageois et autorités locales dans un pays de vignoble : l exemple de quelques communautés rurales de la région parisienne (1750- 1790) - article ; n°4 ; vol.100, pg 533-544
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Villageois et autorités locales dans un pays de vignoble : l'exemple de quelques communautés rurales de la région parisienne (1750- 1790) - article ; n°4 ; vol.100, pg 533-544

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Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest - Année 1993 - Volume 100 - Numéro 4 - Pages 533-544
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Publié le 01 janvier 1993
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Langue Français

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Olivier Jouneaux
Villageois et autorités locales dans un pays de vignoble :
l'exemple de quelques communautés rurales de la région
parisienne (1750- 1790)
In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 100, numéro 4, 1993. La culture paysanne (1750-1830). pp.
533-544.
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Jouneaux Olivier. Villageois et autorités locales dans un pays de vignoble : l'exemple de quelques communautés rurales de la
région parisienne (1750- 1790). In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 100, numéro 4, 1993. La culture
paysanne (1750-1830). pp. 533-544.
doi : 10.3406/abpo.1993.3503
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_1993_num_100_4_3503Villageois et autorités locales
dans un pays de vignoble :
l'exemple de quelques communautés
rurales de la région parisienne
(1750-1790)
par Olivier JOUNEAUX
La société villageoise du XVIIIe siècle connaît, indépendamment des pénétrations
croissantes de l' Etat et de ses agents, une forte hiérarchisation. Si les pouvoirs supé
rieurs y font sentir leur tutelle, cette influence demeure ponctuelle et reste certain
ement plus diffuse que celle des potentats locaux. Partant de ce constat, il paraît inté
ressant de traquer les représentations que se font les villageois de cette autorité
proche et omniprésente. L'enjeu - parmi d'autres - de ce genre d'éclairage « par le
bas » est de mieux cerner comment une certaine population rurale appréhende et uti
lise l'autorité à laquelle elle se trouve assujettie. La démarche permet, d'un point de
vuesociologiqued'abordd'esquisser desmodes de comportement à l'égard du pou
voir local, d'un point de vue historique ensuite, d'en saisir les éventuelles évolutions
à l'aube des événements révolutionnaires de la fin du siècle. Cela dit, la grille de lec
ture adoptée ici n'a de valeur que dans un cadre spécifique et ne saurait être élargie,
en l'état actuel des recherches à l'ensemble du vignoble de l'Ile-de-France.
Le champ d'observation s'est focalisé sur cinq communautés vigneronnes de la
région parisienne, choisies pour l'originalité de leur structure sociale et leur proxi
mité avec Paris. Il se compose du bourg d'Argenteuil1, situé au nord-ouest de la
capitale et isolé de cette dernière par l'un des méandres de la Seine ; Issy2,
1. Argenteuil, chef-lieu d'arrondissement du Val-d'Oise.
2. Issy, département des Hauts-de-Seine, arrondissement de Nanterre. ANNALES DE BRETAGNE 534
Vaugirard3 et Vanves4, trois villages limitrophes qui constituent, au sud et dans la
toute proche banlieue, un ensemble homogène ; enfin, à l'est, la paroisse de
Nogent-sur-Marne. Si ces cinq localités offrent des caractéristiques proches
(domination de la culture de la vigne, absence d'une catégorie sociale comme celle
des fermiers-laboureurs), Argenteuil se distingue du lot par sa superficie et par le
nombre de ses habitants. Tandis que les quatre autres agglomérations ne comptent
guère plus d'un millier d'âmes entre 1740 et 1789, la population d' Argenteuil
oscille entre 4 et 5 000 personnes à la même période5. Cette différence notable rend
plus représentatif un terrain d'investigation strictement délimité. Ceci étant, une
telle justification méthodologique ne suffit tout de même pas à présenter ces
quelques villages comme les parfaits reflets d'un monde vigneron très contrasté.
L'observation a été conduite à partir des archives criminelles des juridictions
locales. Cette source, fort controversée, permet de déceler d'éventuelles tensions
au sein du microcosme villageois. Elle les révèle mais ne les explique pas. Il faut,
par conséquent, se garder de donner des interprétations hâtives des faits que rap
portent les plaintes et ne pas se laisser abuser par leur « mise en scène ». Interpréter
à la lettre les récits des plaignants serait épouser leur point de vue et occulter tout
un pan de la réalité.
L'Autorité locale
Ce que l'on entend ici par autorité locale doit être éclairé par une tentative de
définition. Le premier critère de distinction retenu consiste en la proximité imméd
iate entre ce pouvoir et ceux qui y sont astreints. C'est donc une autorité limitée
dans son champ d'action et dans son rayonnement géographique qui retient ici
notre attention. L'étendue de son influence ne dépasse guère les confins du village,
tout au plus ceux de la seigneurie. Le second critère réside dans le caractère imposé
de cette autorité. Seules les détenteurs de fonctions émanant d'une autorité supé
rieure sont pris en compte dans le cadre de cette étude. Autrement dit, n'ont été sou
mis à l'examen que les pouvoirs institutionnels, avalisés en quelque sorte par un
contrat officiel entre le dispensateur de la charge et son bénéficiaire. Ce contrat
officiel peut prendre la forme d'une lettre de provision, d'un bail de fermage ou
d'un bénéfice curial. Il sanctionne une délégation de responsabilité et ne sollicite
pas l'avis des administrés placés ainsi devant le fait accompli. Cette disposition
particulière exclut donc les charges communautaires (syndic, marguilliers, gardes-
3. Vaugirard, ancien village annexé à Paris en 1859, 15e arrondissement de Paris.
4. Vanves, département des Hauts-de-Seine, arrondissement d'Antony.
5. J. DUPAQUIER, Histoire d 'Argenteuil des origines à 1800, Société Historique et Archéologique « le
Vieil Argenteuil », 1983, p. 34. ANNALES DE BRETAGNE 535
messiers) puisque celles-ci sont, en théorie, attribuées après délibération de
l'assemblée des habitants. Le pouvoir, au village, ne se contente évidemment pas
de quelques titres honorifiques pour asseoir sa réalité. Il est clair qu'une telle sélec
tion reste très artificielle et ne rend pas compte d'une situation globale beaucoup
plus complexe. Si on l'applique en cette occurence, ce n'est que pour faciliter
l'approche d'un phénomène par essence difficile à appréhender.
Ce premier tri doit encore être affiné car l'autorité dégagée selon les principes
énoncés présente un double caractère. De façon très simpliste, on peut dire qu'elle
se partage entre une origine civile (celle du seigneur), et une origine religieuse. Le
fermier-receveur, les officiers de justice et le tabellion incarnent la première, le
curé et le clergé la seconde. Nous nous contenterons d'évoquer, dans le cadre de cet
article, le cas de la justice et de ses représentants.
Les rapports avec l'autorité judiciaire
Le problème de la justice seigneuriale peut être posé en termes d'adhésion ou de
rejet. Souvent considérée comme l'instrument du seigneur, elle demeure aux yeux
des justiciables fortement suspecte de partialité. En dépit de cette représentation a
priori négative, l'institution semble occuper une position importante dans la
société rurale. C'est du moins la tendance qui se dégage d'une étude menée de
1650 à 1790. Il faut cependant relativiser cette impression. Un sondage réalisé
dans les pièces du greffe criminel de la justice de Saint-Germain-des-Prés à Issy et
Vaugirard entre 1770 et 17756, fait apparaître une faible fréquentation de l'institu
tion. Les causes enregistrées au cours de cette période s'élèvent au nombre de 60.
Parmi elles il faut distinguer les suppliques proprement dites (54 au total) et les pro
cédures judiciaires qui n'ont pas valeur de plainte (procès verbaux de levées de
cadavres, déclarations de grossesse, bans de vendange, notamment). Un rapide
calcul nous apprend que le tribunal d'Issy et Vaugirard ne traitait, en moyenne,
qu'un peu plus de 10 affaires par an (10,8). Une expérience similaire conduite à
partir des archives criminelles de la prévôté de Vanves et Vaugirard entre 1774 et
17807 donne un résultat équivalent. Les minutes comportent 59 cas (dont 55
requêtes de plainte), soit une moyenne annuelle de 9,8. Ces chiffres (qu'il faut
considérer avec prudence, car certaines pièces de procès ont pu être égarées ou
détruites) ne traduisent assuremment pas un phénomène de masse.
En volume donc, les recours judiciaires apparaissent très faibles. En revanch

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