William Hogarth et la franc-maçonnerie : jeux de lumière - article ; n°1 ; vol.1, pg 277-292
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XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles - Année 1999 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 277-292
16 pages

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Publié le 01 janvier 1999
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Langue Français
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Extrait

Cécile Révauger
William Hogarth et la franc-maçonnerie : jeux de lumière
In: XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. Vie, formes et
lumière(s). Hommage à Paul Denizot. 1999. pp. 277-292.
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Révauger Cécile. William Hogarth et la franc-maçonnerie : jeux de lumière. In: XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-
américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. Vie, formes et lumière(s). Hommage à Paul Denizot. 1999. pp. 277-292.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xvii_0291-3798_1999_hos_1_1_1448WILLIAM HOGARTH ET LA FRANC-MAÇONNERIE :
JEUX DE LUMIÈRE
Nombreuses sont les biographies de William Hogarth, rares sont
celles qui mentionnent son appartenance maçonnique. Sans être une
composante essentielle de son œuvre, la franc-maçonnerie a cependant
exercé une influence sur la vie de l'artiste, sur le choix de ses portraits, et
parfois également sur la forme de ses pensées, sur ses conceptions
religieuses notamment.1
Hogarth avait vingt ans lorsque naquit à Londres la première Grande
Loge maçonnique. Il fut membre d'une loge dès 1725, peut-être même
quelques années auparavant.2 C'est dire qu'il assista aux premiers pas de
la Grande Loge d'Angleterre et qu'il put se rendre compte de son
évolution, à la fois numérique, philosophique et politique. Alors que les
premières loges étaient de petites associations conviviales, à la manière
des célèbres clubs anglais, soucieuses de rester à l'abri des querelles
politiques et religieuses, la Grande Loge d'Angleterre, en courtisant
l'aristocratie et en s'assurant du soutien actif de la famille royale et de
l'Église établie, devint à la fin du XVIIIe siècle une véritable institution,
qui apporta tout son soutien au pouvoir politique, condamna haut et fort
la Révolution française et tous ses adeptes, ce qui lui valut d'être
récompensée pour ses bons et loyaux services puisque le gouvernement
de Pitt lui épargna presque totalement les rigueurs du Combination Act.3
1 . Ronald Paulson cependant est tout à fait sensible à l'importance de la franc-
maçonnerie dans son œuvre, en particulier sur le plan religieux. Voir Ronald Paulson, The
Beautiful, Novel and Strange: Aesthetics and Heterodoxy (Baltimore: Johns Hopkins UP,
1996).
2. Il s'agit de la loge qui se réunissait à la taverne "At the Hand and Apple Tree,"
Little Great Queen Street. On ignore la date exacte de sa "réception" en franc-maçonnerie
(on ne parlait pas d'"initiation" mais simplement d"'admission" ou de "reception" dans les
loges britanniques et françaises du XVIIIe siècle).
3. Dans la pratique, les Grandes Loges furent uniquement tenues de fournir la liste de
leurs membres et empêchées de créer de nouvelles loges. On ne les considéra cependant
pas comme les autres associations puisqu'on les autorisa à tenir toutes leurs assemblées. CÉCILE RÉV AUGER 278
Hogarth eut beau exercer des responsabilités importantes au sein de
l'institution maçonnique, il n'adopta aucunement une attitude révéren
cieuse à l'égard de la Grande Loge d'Angleterre. La dimension ironique
n'est jamais longtemps absente de son œuvre, que les sujets soient ou non
maçonniques. Elle fournit des éclairages contrastés, des jeux de lumières
qui n'ont pas fini de nous intriguer.
Il semble indéniable que la franc-maçonnerie, en augmentant considé
rablement le réseau de connaissances du peintre, a présenté quelques
avantages commerciaux. Il est probable que les conceptions religieuses
de Hogarth ont été influencées par celles des francs-maçons, du moins
par celles des premiers d'entre eux, sachant que la Grande Loge
d'Angleterre a beaucoup évolué dans ce domaine au cours du siècle.
Cependant, Hogarth n'a pas suivi la Grande Loge dans toutes ses
évolutions, à la fois religieuses et politiques, et en particulier il n'a jamais
fait preuve de la même déférence envers les institutions du pays. Hogarth
fut beaucoup moins conventionnel que la majorité de ses "frères."
On ignore la date précise à laquelle William Hogarth fut "reçu" franc-
maçon, pour utiliser la terminologie de l'époque. Son nom figure en 1725
sur le registre de la loge qui se réunissait "At the Hand and Apple Tree,"
(Little Queen Street), et, en 1730, sur celui de la loge "At the Bear &
Harrow," dans Butcher's Row.4 De plus, il fut "grand intendant" en 1734
et 1735, et donc membre de la "Grand Stewards Lodge." Cet office très
prestigieux demandait des compétences en gastronomie et en gestion. En
effet les Grands Intendants étaient chargés de l'organisation matérielle du
festin qui clôturait traditionnellement l'assemblée annuelle de la Grande
Loge, lors de la Saint Jean d'été. La Grande Loge attachait une telle
importance à cette responsabilité qu'elle accordait des privilèges à ses
"grands intendants": ces derniers faisaient partie d'une loge spécifique,
particulièrement renommée, et qui était un vivier de "grands officiers,"
c'est-à-dire de membres de l'organe dirigeant de la Grande Loge d'Ang
leterre.5 Hogarth mit son savoir au service de la loge des intendants
4. William R. Denslow, 10000 Famous Freemaons, 4 vols. (Richmond, VA: Macoy,
1958) 2: 241. Eric Ward, "William Hogarth and His Fraternity," Ars Quatuor Corona-
torum 11 (8 November 1963). Au XVIIIe siècle les loges se réunissaient toujours dans des
tavernes, et non dans un local spécifique.
5. Pendant longtemps en effet pour devenir grand officier, il fallut obligatoirement
faire partie de la Grande Loge des intendants. Ce privilège n'était d'ailleurs pas du goût de
tous les maçons et fut notamment critiqué par la Grande Loge rivale, dite "Grande Loge
des Anciens," créée en 1751. HOGARTH ET LA FRANC-MAÇONNERIE 279
puisqu'il grava le "bijou" maçonnique qui lui était destiné.6 Il faut dire
que la Grande Loge d'Angleterre avait favorisé la convivialité dès le
départ puisque les quatre loges londoniennes, qui l'avaient fondée en
1717, souhaitaient se doter d'une structure nouvelle afin justement de
pouvoir festoyer dignement à l'occasion d'une assemblée annuelle.
Si les premiers grands maîtres furent d'origine roturière, la nouvelle
institution s'efforça très rapidement de s'attirer les faveurs de l'aristocratie
en confiant sa direction à des nobles. En 1721, John, duc de Montagu,
fut le premier d'une longue lignée. Depuis, tous les grands maîtres
d'Angleterre ont été des aristocrates, et c'est encore le cas aujourd'hui. Le
duc de Montagu accorda sa protection à William Hogarth qui réalisa en
1730 un portrait du duc entouré de sa famille et en 1731 un tableau
intitulé The Indian Emperor, sur lequel figure également le duc.7
La franc-maçonnerie apporta à Hogarth un certain nombre d'amis au
sein de l'élite intellectuelle londonienne. On songe en particulier à Martin
Folkes, président de la Royal Society en 1741, élu à l'Académie royale
des sciences à Paris en 1742, et président de la Society of Antiquaries en
1751. Les liens entre la franc-maçonnerie et la Royal Society étaient
particulièrement étroits. C'est sans doute par l'intermédiaire de Théophile
Désaguliers, grand maître en 1719, devenu membre de la Royal Society
en 1714 sur proposition du président, Isaac Newton, que tant de francs-
maçons furent admis dans cette société savante. De 1719 à 1741, treize
grands maîtres appartinrent à la Royal Society!1 Martin Folkes occupa le
poste de grand maître adjoint en 1724 et fut membre de la loge qui se
réunissait à Bedford Head, dans le quartier de Covent Garden, en 1725.
Hogarth peignit son portrait en 1741 et le grava lui-même en 1742.9
6. Chaque loge avait un "bijou" maçonnique. On en confiait la réalisation à un
artisan, souvent franc-maçon.
7. C'est Ward qui mentionne le portrait de la famille Montagu. Il ignore cependant où
se trouve ce portrait au moment de la rédaction de son article.
8. Voir J. R. Clarke, "The Royal Society and Early Grand Lodge Freemasonry," Ars
Quatuor Coronatorum 80 (1967): 110-

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