Bastia, Esquisse géographique - article ; n°3 ; vol.29, pg 449-470
24 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Bastia, Esquisse géographique - article ; n°3 ; vol.29, pg 449-470

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
24 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue de géographie alpine - Année 1941 - Volume 29 - Numéro 3 - Pages 449-470
22 pages

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1941
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Taillefer
Bastia, Esquisse géographique
In: Revue de géographie alpine. 1941, Tome 29 N°3. pp. 449-470.
Citer ce document / Cite this document :
Taillefer François. Bastia, Esquisse géographique. In: Revue de géographie alpine. 1941, Tome 29 N°3. pp. 449-470.
doi : 10.3406/rga.1941.4320
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1941_num_29_3_4320BASTIA
ESQUISSE GÉOGRAPHIQUE
par F. TAILLE FER
Bastia est l'une des deux villes de la Corse, et la plus peuplée.
En 1936, elle comptait plus de 52.000 habitants, Ajaccio près
de 36.000, et Sartène, l'agglomération de l'île la plus considé
rable après elles, à peine 6.000.
Bastia est la capitale de la Corse de l'Est, de « Геп-deçà des
monts », Ajaccio la capitale de la Corse de l'Ouest, de « l'au-
delà des monts ». Ajaccio, à l'aise au fond de son golfe dont la
courbe harmonieuse se prolonge par les îles Sanguinaires,
s'ouvre sur la mer occidentale, qui baigne au Nord et au Sud
des terres françaises. Bastia, à l'étroit entre les montagnes du
Cap Corse et la mer Tyrrhénienne, regarde à l'Est, vers l'île
d'Elbe, dont la silhouette indécise flotte à l'horizon, vers l'Italie,
dont les côtes se devinent par-delà un simple bras de mer, dans
une brume lumineuse. A Г Ajaccio française, qui se pare des
charmes de Nice, s'oppose l'italienne Bastia, dont l'animation,
les paysages, l'atmosphère rappellent ou annoncent Gênes. Le
grouillement pittoresque des vieux quartiers, les hautes mai
sons tristes de la ville moderne et ses longues rues grises tra
cées au cordeau, une malpropreté tout orientale surprennent
et choquent même le Français du Midi. On pressent une vie
originale. Les vastes constructions neuves qui s'élèvent aux
alentours décèlent une croissance hâtive et inachevée. Cette
ville n'a pas fini de grandir. Aussi bien ses origines sont-elles
à chercher dans un passé récent. 450 F. TAILLEFER.
Origines et conditions du développement de Bastia.
Les origines. — D'une place dégagée ou dans le prolonge
ment d'une rue, on peut apercevoir, sur les montagnes du Cap
Corse, à 200 ou 300 mètres au-dessus de Bastia, la tache claire
et compacte d'un village 4out proche, Cardo. Il appartient à
une série de villages logés dans les profondes échancrures de la
chaîne du Cap Corse. Ces villages évitent le contact de la mer.
Tous partagent la même vie pastorale, agricole et terrienne.
Mais tous ont détaché en avánt-garde, au bord même de la
mer, près de l'embouchure ensablée du torrent qui a si vigou
reusement enfoncé la vallée qu'ils occupent, quelques maisons
de pêcheurs avec parfois, sur une pointe, une tour aujourd'hui
ruinée : c'est la marine. Le plus souvent, cette marine somnole,
bien que les Cap-Corsins aient une réputation de marins. Elle
ne s'anime qu'au passage des touristes, pendant la belle saison.
Parfois elle a quelque peu grandi, mais sans acquérir une vie
indépendante du village de hauteur. Une seule est devenue une
ville, la marine de Cardo (fig. 1).
Au fond d'une anse petite, encombrée de rochers, où les
gens de Cardo accédaient difficilement par un mauvais sentier,
elle groupait au xive siècle quelques cabanes de pêcheurs. Au
Sud s'étendaient les sables de la Plaine orientale, jusqu'à l'ho
rizon estompé par la brume qui monte de l'étang de Biguglia,
vaste et malsain. Au Nord, au-delà d'une anse plus largement
ouverte où se jetait le torrent du Fango, les rochers de Toga
commençaient la côte abrupte du Cap. Un tel site n'attirait pas
les hommes, et ne les avait sans doute jamais attirés.
Dans les brèches osseuses de Toga, qui contiennent les osse
ments d'un petit lièvre disparu, le Lagomys corsicanus, à peine BASTIA.
a-t-on trouvé quelques débris de squelettes humains, peut-être
néolithique!. Les navigateurs de l'Antiquité n'ont guère r
emarqué cet emplacement. Le géographe Ptolémée (n* siècle
1- USoo
NT
T i* Tof
Anse de F«t*joU
Fig. 1. — Le site de Bastia.
Echelle d'environ 1 : 20.000*. 482 F. TAILLEFER.
ар. J. -С.) mentionne* entre le cap Ouagon (vagum), au Nord
du Golo, et le cap Sacré, une cité de Mantinon, dont on ne sait
rien d'autre et dont rien n'a été retrouvé. L'histoire de Bastia
ne commence pas avant l'année 1300.
Au début du xive siècle n'existait sur cette côte, entre la
minuscule marine de Cardo et le Fango, d'autre construction
qu'une chapelle pisane dédiée à saint Nicolas, objet de dévotion
non seulement pour les pèlerins de la Corse, mais pour les
habitants des îles d'Elbe et de Monte-Cristo. Auprès s'élevait
peut-être déjà un hôpital, fondé aussi par les Pisans, et dépen
dant de Cardo comme la marine. C'est seulement en 1383 que
Leonello Lomellino, gouverneur de l'île au nom d'une compag
nie génoise, la Maona,, fonda sur un rocher, au Sud de Porto
Cardo, un poste fortifié, une bastia. Elle a donné son nom à la
ville qui allait se développer autour d'elle.
Bastia, à son origine, est donc un point d'appui génois sur
les côtes de la Corse. Elle partage cette origine étrangère avec
Ajaccio, fondée en 1492 par l'Office de Saint-Georges, qui ins
talla au fond du golfe cent familles de la riviera génoise. Dans
les deux cas, les Génois ont choisi ^'emplacement de la ville à
fonder d'après les possibilités que ménageait la géographie.
Les conditions géographiques du développement de Bastia.
1° La situation (fig. 2) . — De même que Bonifacio, tout au Sud
de la Corse, contrôle les communications entre la Méditerranée
occidentale et la mer Tyrrhénienne, de même que Calvi et
Saint-Florent surveillent les côtes du Nord-Ouest, les plus rap
prochées de Gênes, Bastia commande le canal tyrrhénien. Mais
si Bastia, par la fonction stratégique que les Génois lui assi
gnaient, ressemblait à Bonifacio, à Calvi et à Saint-Florent, sa
situation avait d'exceptionnels avantages.
Bonifacio est isolée à l'extrémité d'un causse aride et désert.
Elle n'existe que pour des raisons militaires : une paix un peu Chemins С. Sacro
P\lnta «ГДгсо
ariand
Donifacio
Fig. 2. — La situation de Bastia en Corse, au point de convergence
des voies ferrées. 454 P. TAILLEFER.
i %
longue, et la voilà menacée d'abandon. Calvi, malgré les appa
rences, n'est pas plus favorisée. Elle aussi n'est qu'une forte
resse génoise isolée sur son rocher, étrangère au reste de l'île *.
Elle ne participe pas à la relative prospérité de la Balagne riche
en oliviers; son horizon est fermé par les plus hautes monta
gnes de la Corse. Saint-Florent communique aussi malaisé
ment que Calvi avec les autres régions de l'île. Des marécages
la séparent même de la conque dorée du Nebbio, qui forme, au
Sud de Saint-Florent, comme une petite Balagne entourée
d'âpres montagnes. Tout autre est la situation de Bastia.
Vers le Sud, les alluvions anciennes de là Plaine orientale
se prolongent sur 100 kilomètres. Les communications n'y ren
contrent d'autre obstacle que les lits caillouteux des fiumi qui
gagnent la mer Tyrrhénienne. Mais les gorges, que ces rivières
ont entaillées dans les nappes schisteuses de la Corse orientale,
sont autant de voies de pénétration vers l'intérieur, vers le
Sillon central corse, vers la Corse granitique de l'Ouest. La
plus large et la plus aisée de ces voies de pénétration est aussi
l'une des plus proches de Bastia : c'est la vallée du Golo, che
min commode vers la Balagne, vers le bassin de Corte, vers
Ajaccio. Ainsi Bastia commande l'accès des principales régions
de l'île. Sa fonction militaire s'est vite doublée d'une fonction
politique : Bastia est devenue le quartier général génois en
Corse, la clef de l'île. "
Sa situation comportait un second avantage, celui que pro
cure le contact de régions différentes par leur activité : au
Nord le Cap Corse, dont les vallons abritent des vergers; le
Nebbio à l'Ouest, petit pays de champs de blé et d'oliveraies;
au Sud-Ouest la Châtaigner

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents