Connaissance et symbolique de la montagne chez les érudits médiévaux - article ; n°4 ; vol.79, pg 21-34
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Connaissance et symbolique de la montagne chez les érudits médiévaux - article ; n°4 ; vol.79, pg 21-34

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Description

Revue de géographie alpine - Année 1991 - Volume 79 - Numéro 4 - Pages 21-34
Zusammenfassung : Berge- kunde und Bergesymbolik bei mittelalterischen Gelehrten. Nach einem weiten Ùberblick uber die im Mittelalter bekannten Berge und ihre Kennzeichnen weist der Autor auf den Zusammenhang zwischen der Kosmologie und der mittelalterlichen Gebirgs- vorstellung. Da sie am heiteren Himmel anliegt, ist die Hôhe ein paradoxer, gemàssigter Ort. Als Garten Eden schlechthin sieht man zu dieser Zeit das Gebirge, echten « Weltgipfel ». Und aile bekannte hôhe Berge haben mit diesem Eden etwas gemein. Deswegen kônnen die Wissenschaftler die wirklichen Höhenwirkungen nicht richtig auffassen. Erst in der Renaissancezeit beginnt man sie zu entdecken. Das hat die Entheiligung der Berge zur Folge. Trozdem bleibt noch in heutigen Himalayamythen eine Spur von diesem paradiesischen Bergheimatsort.
Résumé : Connaissance et symbolique de la montagne chez les érudits médiévaux. Après avoir passé en revue les montagnes connues au Moyen Age et leurs caractéristiques, on aborde la conception médiévale de la montagne, en la mettant en rapport avec la cosmologie. L'altitude est au Moyen Age un domaine paradoxal, tempéré en raison même de sa proximité avec les Cieux incorruptibles. La montagne médiévale par excellence est en fait le Paradis terrestre, véritable « sommet du monde » ; et toutes les hautes montagnes connues participent quelque peu de son essence édénique. Pour cette raison même, les savants ne peuvent saisir les effets réels de l'altitude, qui ne seront découverts qu'à partir de la Renaissance. Celle-ci entraîne une désacralisation de la montagne ; pourtant, de nos jours encore, la trace de l'origine édénique de celle-ci peut se retrouver dans le mythe himalayen.
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Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 31
Langue Français

Extrait

S. Jouty
Connaissance et symbolique de la montagne chez les érudits
médiévaux
In: Revue de géographie alpine. 1991, Tome 79 N°4. pp. 21-34.
Zusammenfassung : Berge- kunde und Bergesymbolik bei mittelalterischen Gelehrten. Nach einem weiten Ùberblick uber die im
Mittelalter bekannten Berge und ihre Kennzeichnen weist der Autor auf den Zusammenhang zwischen der Kosmologie und der
mittelalterlichen Gebirgs- vorstellung. Da sie am heiteren Himmel anliegt, ist die Hôhe ein paradoxer, gemàssigter Ort. Als Garten
Eden schlechthin sieht man zu dieser Zeit das Gebirge, echten « Weltgipfel ». Und aile bekannte hôhe Berge haben mit diesem
Eden etwas gemein. Deswegen kônnen die Wissenschaftler die wirklichen Höhenwirkungen nicht richtig auffassen. Erst in der
Renaissancezeit beginnt man sie zu entdecken. Das hat die Entheiligung der Berge zur Folge. Trozdem bleibt noch in heutigen
Himalayamythen eine Spur von diesem paradiesischen Bergheimatsort.
Résumé : Connaissance et symbolique de la montagne chez les érudits médiévaux. Après avoir passé en revue les montagnes
connues au Moyen Age et leurs caractéristiques, on aborde la conception médiévale de la montagne, en la mettant en rapport
avec la cosmologie. L'altitude est au Moyen Age un domaine paradoxal, tempéré en raison même de sa proximité avec les Cieux
incorruptibles. La montagne médiévale par excellence est en fait le Paradis terrestre, véritable « sommet du monde » ; et toutes
les hautes montagnes connues participent quelque peu de son essence édénique. Pour cette raison même, les savants ne
peuvent saisir les effets réels de l'altitude, qui ne seront découverts qu'à partir de la Renaissance. Celle-ci entraîne une
désacralisation de la montagne ; pourtant, de nos jours encore, la trace de l'origine édénique de celle-ci peut se retrouver dans le
mythe himalayen.
Citer ce document / Cite this document :
Jouty S. Connaissance et symbolique de la montagne chez les érudits médiévaux. In: Revue de géographie alpine. 1991, Tome
79 N°4. pp. 21-34.
doi : 10.3406/rga.1991.3625
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1991_num_79_4_3625Connaissance et symbolique
de la montagne chez les érudits médiévaux
Résumé : Connaissance et Zusammenfassung : Berge- S.Jouty
symbolique de la montagne kunde und Bergesymbolik
chez les érudits médiévaux. bei mittelalterischen Mots-clés :
Après avoir passé en revue les Gelehrten. cosmologie, paradis
montagnes connues au Moyen Nach einem weiten Ùberblick terrestre, sciences de la
Age et leurs caractéristiques, uber die im Mittelalter nature, altitude, sacré
on aborde la conception bekannten Berge und ihre
médiévale de la montagne, en Kennzeichnen weist der Autor Schlusselwôrter :
la mettant en rapport avec la auf den Zusammenhang Kosmologie, irdisches
cosmologie. L'altitude est au zwischen der Kosmologie und Paradies,
der mittelalterlichen Gebirgs- Moyen Age un domaine para Wissenschaftgeschichte ,
doxal, tempéré en raison vorstellung. Da sie am heiteren Berghôhe, Heiligkeit
même de sa proximité avec les Himmel anliegt, ist die Hôhe
Cieux incorruptibles. La ein paradoxer, gemàssigter
montagne médiévale par Ort. Als Garten Eden
excellence est en fait le Paradis schlechthin sieht man zu
terrestre, véritable « sommet du dieser Zeit das Gebirge, echten
monde » ; et toutes les hautes « Weltgipfel ». Und aile
montagnes connues participent bekannte hôhe Berge haben
quelque peu de son essence mit diesem Eden etwas
édénique. Pour cette raison gemein. Deswegen kônnen die
même, les savants ne peuvent Wissenschaftler die wirklichen
saisir les effets réels de Hôhenwirkungen nicht richtig
l'altitude, qui ne seront auffassen. Erst in der
découverts qu'à partir de la Renaissancezeit beginnt man
Renaissance. Celle-ci entraîne sie zu entdecken. Das hat die
une désacralisation de la Entheiligung der Berge zur
montagne ; pourtant, de nos Folge. Trozdem bleibt noch in
jours encore, la trace de heutigen Himalayamythen
l'origine édénique de celle-ci eine Spur von diesem
peut se retrouver dans le paradiesischen Bergheimatsort.
mythe himalayen.
V^/ue représentait la montagne au Moyen Age ? La question a-t-
elle même un sens ? On tentera ici d'y répondre non pas à partir
des rares mentions d'ascensions et de ce qu'on sait sur la
fréquentation des passages, mais plutôt à l'aide du discours sur la
montagne qui se dégage de textes d'ailleurs forts variés. On sait
REVUE DE GÉOGRAPHIE ALPINE 1991 №4 Photo Illustration non autorisée à la diffusion Guy Martin que dans les Alpes au moins, nombre de cols fort élevés étaient
fréquentés dès le haut Moyen Age, y compris en hiver. Mais dans
les traces historiques de cette fréquentation la montagne demeure
invisible. Il ne s'y exprime même pas cette horreur qui, plus tard,
fera d'elle un repoussoir des paysages agréables. Si ces traces
nous disent quelque chose, c'est donc précisément qu'on ne
pensait rien de la montagne.
Heureusement d'autres sources permettent d'infirmer cette
opinion. L'époque médiévale a bien tenu un discours sur
l'altitude ; mais il est épars dans des textes peu étudiés par les
spécialistes, et concerne surtout la montagne mythique, lointaine,
connue surtout par ouï-dire ou rendue distante par la sacralité. En
outre le rôle imparti à l'altitude nous y est devenu difficilement
compréhensible, tant le contexte « scientifique » a changé.
Cet article n'a d'autre but que de tenter de démêler cet écheveau
complexe. Les textes cités sont divers (encyclopédies savantes et
populaires, récits de voyages réels et apocryphes, écrits de
philosophes) et s'étendent sur une longue période, depuis les
Etymologies de saint Isidore de Seville (VIIe s.) jusqu'à Y Imago
Mundi du cardinal Pierre d'Ailly (1410) et à la Salade d'Antoine
de la Sale (1442). On pourrait suspecter la pertinence d'une
collecte s'étendant sur plus de sept siècles ; mais il s'en dégage
plutôt la cohérence d'une certaine image de la montagne qui
survivra d'ailleurs bien après que la Renaissance et les
Découvertes aient fait voler en pièces le cadre de la pensée
médiévale.
Les montagnes connues du monde médiéval
Commençons par dresser rapidement le tableau des montagnes
«dont on parle au Moyen Age». Elles sont diverses, comme on
s'en doute, mais ne correspondent en aucun cas à la proximité ou
1. Editions Desclée de à la fréquentation. Brouwer, collection Sources
Chrétiennes, n°296.
2. John Kirtbnd Wright, the Le mont Sinaï est une montagne bien connue de la Chrétienté, Geographical Lore of the time dont Y Itinéraire d'Egérie1 (IVe s.) fournit une première of the Crusads A study in the
history of medieval science and description. Neuf siècles plus tard, Gervais de Tilbury précise au
tradition in western Europe, contraire qu'elle touche les cieux, et qu'il est impossible d'y New York, 1 925 (réédition monter2 ! Pourtant à la suite de Guillaume de Boldensele (1336), New York, Dover, 1 965),
de nombreux pèlerins en décriront l'ascension. Le mont Ararat est p 213
CONNAISSANCE ET SYMBOLIQUE DE LA MONTAGNE CHEZ LES ÉRUDITS MÉDIÉVAUX - S. JOUTY Illustration non autorisée à la diffusion
* 4
REVUE DE GÉOGRAPHIE ALPINE 1991 №4 tout aussi célèbre et cité par la plupart des commentateurs
ecclésiastiques et des auteurs d'encyclopédies ; Isidore prétend
qu'on y voit encore des morceaux de l'Arche, suivi en cela par
Marco Polo. Jean de Mandeville, premier à évaluer son altitude,
précise qu'il a « bien sept lieues de haut" (env. 30 000 m)3, et
Hayton prétend qu'il est la plus haute montagne de la terre4.
Selon Jourdain de Severac, l'ascension de l'Ararat est impossible :
les bêtes poursuivies par les chasseurs font demi-tour d'elles-
mêmes5. L'Ararat est une des montagnes qui excitent le plus
l'imagination médiévale.
Le Moyen Age puise aussi sa connaissance des montagnes dans
les textes de l'Antiquité. C'est le cas pour le Caucase : le texte que
lui consacrent les Météorologiques d'Aristote est suivi de près, par
exemple par Brunetto Latini : [la montagne] est si haute qu'on peut
y voir le soleil jusque dans la quarte partie de la nuit... et on peut
en voir la lueur avant q

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