Élevage bovin : la filière viande se structure dans un contexte difficile

Jean-Philippe Choisis, Stéphane Lacroix

Description

Des soutiens financiers aident la filière de production de la viande bovine à se structurer. Ces aides imposent des objectifs sociaux tout autant qu'économiques. Le fonctionnement et les performances des exploitations sont actuellement très variables et les coûts de production sont relativement élevés. L'élaboration d'un référentiel technico-économique devrait permettre d'améliorer les décisions, tant au niveau de l'exploitation que de la filière.

Sujets

• INSEE
• Agriculture
• Sciences et techniques

Informations

• Publié par: insee
• Nombre de lectures: 234
• Langue: Français

Extrait

économie Élevage bovin La filière “viande” se structure

Lexique Allaitant :se dit d’une vache ou d’un troupeau dont la production de lait est utilisée directement, par tétée, par les veaux. Naisseur :éleveur faisant naître des animaux et les élevant avant de les vendre en vue de leur engraissement. Broutard :jeune bovin élevé par sa mère jusqu’au sevrage. Taurillon :jeune bovin non castré à croissance rapide abattu à 20 mois (appelé localement “bœuf”). Chargement :rapport entre le nombre d’animaux et la surface fourragère de l’exploitation ( en UGB/ha). UGB :Unité Gros Bétail (unité statistique qui correspond à un bovin de plus de 24 mois).

Bibliographie Coignac O.  1999, “Coûts de  production en élevage bovin allaitant  Analyse comparative en zone herbagère limousine et en zone plus intensive de l’Ouest”  Mémoire de fin d’études ENSAR  Institut de l’élevage.  Institut de l’élevage  2000, “Réseaux d’élevage Bretagne  Systèmes bovins viande en Bretagne  Actualisation” 16 pages.  Lacroix S.  2002, “Etude du fonctionnement des exploitations naisseurs à la Réunion”  mémoire ISTOM 51 pages + annexes.

Les auteurs  JeanPhilippe CHOISIS est chercheur INRA affecté au CIRAD, pôle élevage.  Stéphane LACROIX est responsable technique “naisseur” à la SicaRevia.  JeanYves LATCHIMY est technicien au CIRAD, pôle élevage.  Emmanuel LEGENDRE est coordonnateur technique et administratif à la SicaRevia.

économie 8 DE LA REUNION

3e trimestre 2003

Des soutiens financiers aident la filière de production de la viande bovine à se structurer. Ces aides imposent des objectifs sociaux tout autant qu’économiques. Le fonctionnement et les performances des exploitations sont actuellement très variables et les coûts de production sont relativement élevés. L’élaboration d’un référentiel technicoéconomique devrait permettre d’améliorer les décisions, tant au niveau de l’exploitation que de la filière.

La Réunion, l’élevage bovin est une activité récente. La filière me A nt autour d’un opérateur majoritaire “viande” s’est organisée rapide (la SicaRevia) qui a mis en place un modèle géographique original. Lesnais seurssont installés dans les Hauts et conduisent leur troupeau au pâturage selon un mode d’élevage semiextensif. Lesengraisseurssont présents dans les Bas. Ils engraissent à l’auge, pendant 10 à 12 mois, lesbroutardsissus des éleva ges naisseurs.

Des soutiens financiers spécifiques ont aidé la filière à se structurer en compen sant les surcoûts liés à l’insularité et à l’éloignement. L’accompagnement tech nique s’est, pour partie, inspiré de modè les métropolitains (importation d’équi pements, de techniques, de races bovines comme la Limousine et la Blonde d’Aquitaine…).

Objectifs sociaux et compétitivité

Les aides accordées à la filière visent des objectifs sociaux tels que le maintien des populations rurales et de l’emploi, la gestion de l’espace et l’accroissement de l’autonomie alimentaire de l’île. Elles

Photo : JP. CHOISIS

Les élevages “naisseurs” sont ins tallés dans les Hauts.

doivent aussi améliorer l’autonomie financière et la compétitivité des exploi tations. L’élevage réunionnais se trouve donc dans une situation paradoxale : son développement doit respecter les régle mentations européennes tout en devant faire face à la situation spécifique d’une région ultrapériphérique. Du fait de l’exiguïté du territoire et de la nécessité de maintenir l’emploi dans un contexte de chômage élevé, l’élevage bovinallai tantne peut rechercher une amélioration de la productivité par l’agrandissement des exploitations et l’extensification, contrairement à la tendance générale qui prévaut en Europe. Cette amélioration passe par un accroissement des perfor mances techniques et la mise au point de modèles plus économes.

Dans ce contexte socioéconomique dif ficile, la filière veut pérenniser les exploitations existantes et installer de nouveaux éleveurs. Elle doit donc élabo rer ses propres références de manière à identifier les marges de progrès possi bles et définir ses orientations stratégi ques. Cette situation soulève de nom breuses questions au niveau de la SicaRevia concernant, en particulier, les coûts générés aux différentes étapes de la production (coût des fourrages, des broutards, des taurillons finis, des ani maux reproducteurs) mais aussi des interrogations plus générales sur la dimension “viable” des exploitations, la répartition de la valeur ajoutée entre naisseurs et engraisseurs, les effets des aides sur la structuration des élevages.

Une grande diversité de situations

Un partenariat a été engagé entre la SicaRevia et le Cirad afin d’élaborer des réponses à ces questions. Il s’agit dans un premier temps de disposer d’une