La Chautagne (Savoie) et ses plantations de peupliers - article ; n°3 ; vol.28, pg 388-443
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Revue de géographie alpine - Année 1940 - Volume 28 - Numéro 3 - Pages 388-443
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Publié le 01 janvier 1940
Nombre de lectures 15
Langue Français
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M. J. Messines du Sourbier
La Chautagne (Savoie) et ses plantations de peupliers
In: Revue de géographie alpine. 1940, Tome 28 N°3. pp. 388-443.
Citer ce document / Cite this document :
Messines du Sourbier J. La Chautagne (Savoie) et ses plantations de peupliers. In: Revue de géographie alpine. 1940, Tome
28 N°3. pp. 388-443.
doi : 10.3406/rga.1940.4283
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1940_num_28_3_4283Limite de/exten^/on de l ancien l&c
Coupes géologiques
1. (larlc "ч'чк'так' dv la C.liíiiitaífiii' i't ûv la fi'^ioii df C'ulo/. LA CHAUTAGNE (savoie)
ET SES PLANTATIONS DE PEUPLIERS
par J. MESSINES DU SOURBIER
A l'extrême pointe Nord du département de la Savoie, la
Chautagne englobe cinq communes du canton de Ruffieux * :
Chindrieux, Vions, Ruffieux, Serrières et Motz. Longée par
le Rhône à l'Ouest et le bord septentrional du lac du Bourget
au Sud, cernée à l'Est par la crête du Gros Foug-Mont Clergeon
et au Nord par le confluent du Fier et du Rhône, cette petite
région naturelle, d'ailleurs très pittoresque, présente un carac
tère exclusivement agricole.
i D'après le Dictionnaire étymologique des noms de lieu de la Savoie
de l'abbé Gros (Belley, imp. Chaduc, 1935), Chautagne a été le nom d'un
château avant d'être celui d'une région. Le thème étymologique est Chau-
tania, plus anciennement Ghautanea. La forme primitive de Chautanea
était Capiteana, dérivé de Caput et signifiant « principal, dominant, ca
pital ■». Se référant à l'Histoire de l'Ancienne Chautagne par J. Masse,
l'auteur du Dictionnaire rappelle que ce château était sur le territoire
de la paroisse de Serrières et défendait la route venant de Rumilly par
la montagne. Le sens de Capitanens, Capitanea, convient très bien, ajoute-
t-il, au château de Chautagne qui commandait pour ainsi dire toute la
région dont il était l'oppidum. Bien que très vraisemblable, cette expli
cation n'est cependant pas la seule qui ait été donnée.
D'après Marteaux, cité par Cholley, dans les Préalpes de Savoie et leur
avant-pays (Paris, Colin, édit., 1925), Chautagne viendrait de Caustus, d'où
Caustanea, Chostagne, Choutagne (1287) et Chotagne, et signifierait « pays
chaud, brûlé ». Il est de fait que les conditions particulières du climat
de cette région peuvent justifier dans une certaine mesure cette appel
lation. 390 J. MESSINES DU SOURBffiR.
Presque toute la moitié Ouest du territoire est une vaste
étendue plate de marais couvrant une superficie d'environ
1.770 hectares. Les cultures débordent sur le marais à l'Est,
à l'Ouest et au Nord, mais occupent surtout le bas des versants
tout le long de la chaîne du Mont Clergeon et du Gros Foug.
Des prés et quelques pâtures médiocres montent un peu plus
haut à l'assaut de la montagne, mais la plus grande partie dp
celle-ci est recouverte de maigres taillis. Au total, la Chautagne
occupe un territoire de 59 kilomètres carrés.
Jusqu'en 1936, l'intérêt de cette région au point de vue pure
ment forestier était faible. Les forêts communales, • traitées
généralement en taillis simple, nécessitent peu de soin. Leurs
revenus sont insignifiants.
Le marais, de son côté, était laissé en grande partie à l'aban
don. De tous temps, on y a fauché un mauvais foin, la blache,
surtout utilisée comme litière; mais la dépopulation et le
manque de main-d'œuvre d'un côté, les progrès de la culture
de l'autre, ont bouleversé le genre de vie. Les marais n'étaient
plus exploités que sur les bordures. Les canaux d'assèchement,
creusés anciennement, sans plan d'ensemble, par efforts dis
continus, n'étaient pas entretenus. Les inondations périodi
ques du Rhône et l'absence d'écoulement des eaux ont rendu
ces terrains à leur état primitif. Ce n'était plus en 1936 qu'une
vaste mouille.
Les gros crédits mis à cette époque à la disposition de la
Direction Générale des Eaux et Forêts pour des travaux de
boisement devaient trouver ici une utilisation tout indiquée.
Des plantations de peupliers devaient permettre une transfor
mation radicale des terrains et la mise en valeur de vastes
étendues improductives.
L'acquisition des terrains par l'Etat était chose possible
malgré les obstacles d'ordre administratif et l'invraisemblable Pl. l'A. — Le Rhône et ses îles, vus du Nord-Ouest, entre Serrières
et Chindrieux; derrière, la Chautagne, limitée au Sud par
le verrou de Ghàtillon.
Clichés Messines.
Pl. I-B. — Lac du Bourget et la Chautagne, du Sud; à droite,
le verrou de Ghàtillon. CHAUTAGNE ET SES PLANTATIONS DE PEUPLIERS. 391 LA
morcellement de la propriété. Mais il était indispensable d'en
treprendre une action d'ensemble : assainir d'abord la totalité
des marais, les planter ensuite.
Ce sont ces travaux dont l'exécution a été poursuivie à un
rythme accéléré depuis le printemps 1936. Avant de les décrire,
quelques considérations de géographie physique sont nécess
aires. •
» I. — Le relief.
A) Le Val du Rhône. — A sa sortie du Léman, après le
confluent de l'Arve, le Rhône roule au printemps des eaux
tumultueuses, grossies par la fusion des glaciers du Valais
et du Massif du Mont-Blanc. A Génissiat, il coule dans un
canon sauvage, profond parfois de plus de 100 mètres et
presque entièrement creusé dans les couches massives des
calcaires urgoniens. Mais au delà de Seyssel, en pénétrant en
Chautagne, il occupe le fond d'une rainure synclinale, d'un
val-type, comme il s'en rencontre fréquemment dans le Jura.
C'est le Val du Rhône. Le fleuve s'écoule, plus tranquille, sur
un amoncellement formidable de dépôts fluviatiles et glaciaires.
La pente est faible. Des îles que les crues remanient sans cesse,
accroissant les dépôts d'un côté et rongeant les berges de
► l'autre, accusent les méandres du fleuve. La plaine ici est large
de 3 kilomètres en moyenne, dont 1 kilomètre environ est
occupé par le Rhône et ses îles.
B) Les chaînons jurassiens. — Deux chaînons « juras
siens » 2 encadrent le val. A l'Ouest, la montagne du Grand
2 J. Révil, Géologie des chaînes jurassiennes et subalpines de la Savoie
(Bulletin de la Société d'Histoire Naturelle de Savoie). — H. Douxami,
Etude li° 81, sur t. XII, la vallée 1900-1901). du Rhône aux environs de Bellegarde (Bull. S. C. G. F., 392 . J. MESSINES DU SOURBIER.
Colombier; à l'Est, la chaîne du Gros Foug et du Mont Cler-
geon. Ce sont deux anticlinaux (fig. 1 et 2) à carapace urgo-
nienne plus ou moins démantelée, dans lesquels l'érosion a
mis à jour des terrains plus anciens, calcaires et marneux,
appartenant au Jurassique.
Le val lui-même, comme nous l'avons déjà dit, est parcouru
pat le Rhône, mais dans sa partie Nord seulement. Le lac du
Bourget s'y loge ensuite. Sur la rive Nord du lac, le synclinal
est accidenté d'un pointement rocheux très pittoresque, la
butte de Chatillon, témoin respecté de l'érosion glaciaire. C'est
un petit bombement bien individualisé par rapport aux deux
chaînons qui encadrent le marais et le lac. A l'Ouest, au con
traire, une autre butte, le Mollard de Vions, qui émerge au
milieu des marais, et sépare ceux de Lavours de ceux de Chau-
tagne, est la continuation de la chaîne du Grand Colombier.
Mais les assises géologiques ont subi une descente très mar
quée; autrement dit, il s'est produit un fort abaissement d'axe
dont a profité le Rhône pour s'évader du val à Culoz, et pour
suivre son chemin vers Lyon.
C) Le lac du Bourget et les marais. — A l'époque des
glaciations quaternaires, le glacier du Rhône a occupé tout ce
vaste bassin. On imagine assez facilement que les calcaires
urgoniens^ recouverts en discordance par les grès de la mol
asse marine, aient été fortement attaqués par l'érosion gla
ciaire. Le surcreusement n'a pas seulement affecté la cuvette
où se loge actuellement le lac du Bourget : le lac actuel n'est
en effet que le résidu d'un bassin beaucoup plus étendu.
Lac de « bassin terminal » 3, c

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