La grotte de Cottier à Retournac (Haute-Loire). Etude préliminaire - article ; n°1 ; vol.12, pg 51-62

J. Virmont, F. Virmont

Description

Revue archéologique du Centre de la France - Année 1973 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 51-62
J. et F. VIRMONT,
La grotte de Cottier à Retournac (Haute-Loire).

Les premiers résultats des fouilles entreprises depuis 1967 à la grotte de Cottier, tout en confirmant l'essentiel des observations faites par P. Bout au cours de sondages préliminaires, apportent des précisions intéressantes sur l'occupation humaine des trois niveaux archéologiques : le niveau I appartient vraisemblablement au Magdalénien supérieur, le niveau II peut être attribué au faciès Badegoulien, avec une industrie à raclettes ; le niveau III, qui contient surtout une industrie sur os, semble comme le niveau II contemporain du stade arctique de Nan-sous-Thil, qui suit immédiatement l'interstade de Lascaux.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: REVUE_ARCHEOLOGIQUE_DU_CENTRE_DE_LA_FRANCE
• Publié le: 01 janvier 1973
• Nombre de lectures: 40
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Extrait

Jacques Virmont
F. Virmont
La grotte de Cottier à Retournac (Haute-Loire). Etude
préliminaire
In: Revue archéologique du Centre de la France. Tome 12, fascicule 1-2, 1973. pp. 51-62.
Résumé
J. et F. VIRMONT,
La grotte de Cottier à Retournac (Haute-Loire).
Les premiers résultats des fouilles entreprises depuis 1967 à la grotte de Cottier, tout en confirmant l'essentiel des observations
faites par P. Bout au cours de sondages préliminaires, apportent des précisions intéressantes sur l'occupation humaine des trois
niveaux archéologiques : le niveau I appartient vraisemblablement au Magdalénien supérieur, le niveau II peut être attribué au
faciès Badegoulien, avec une industrie à raclettes ; le niveau III, qui contient surtout une industrie sur os, semble comme le
niveau II contemporain du stade arctique de Nan-sous-Thil, qui suit immédiatement l'interstade de Lascaux.
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Virmont Jacques, Virmont F. La grotte de Cottier à Retournac (Haute-Loire). Etude préliminaire. In: Revue archéologique du
Centre de la France. Tome 12, fascicule 1-2, 1973. pp. 51-62.
doi : 10.3406/racf.1973.1845
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/racf_0220-6617_1973_num_12_1_1845LA GROTTE DE COTTIER A RETOURNAC (Haute-Loire)
ETUDE PRELIMINAIRE
par J. et F. Virmont
Entre Vorey et Chamalières, la Loire traverse par une vallée
encaissée le socle granitique, qui est surmonté d'intrusions phonolithi-
ques comme le Dôme de Miaunes (1 066 m), le plateau de Gerbizon
(1 064 m) et celui de la Madeleine (969 m). Ces formations volcaniques,
accompagnées de coulées et d'intrusions plus basses, emprisonnent
souvent entre lave et substrat granitique des placages de sédiments
sannoisiens fortement argileux 1. Après Chamalières, la Loire traverse
à une altitude moyenne de 510 m la « plaine de Vousse », qui est un
élargissement de la vallée avec placage d'alluvions 2, au confluent de la
Loire et du ruisseau de Lavaux, sur la rive gauche du fleuve. Ce petit
bassin est limité au nord-ouest par la butte d'Artias, et au nord-est par
une falaise basaltique qui domine le hameau de Cottier (à 2 kilomètres
de Retournac).
C'est au flanc de cette falaise que s'ouvre la grotte de Cottier, sur
la rive gauche de la Loire, dans un paysage marqué par le contraste
entre les sommets et plateaux élevés des environs, et la faible altitude
de la vallée de la Loire ; à cause de cette différence de niveau, on observe
dans la vallée à la mauvaise saison l'apparition d'un micro-climat assez
tempéré, favorable à l'habitat humain.
Cette grotte, qui domine de 40 m la plaine alluviale, est exposée au
sud-ouest. Il est vraisemblable qu'elle est en grande partie l'œuvre d'une
érosion mécanique liée au gel : l'eau, infiltrée par la fissure de la voûte,
fit subir aux prismes l'action du gel, et ces derniers furent expulsés
localement en formant une cavité 1. A Cottier la fissure est presque
parallèle au front de la falaise, si bien que la grotte n'a qu'une profon
deur de 8 m, alors que la largeur maximum est de 11 m. Cette circulation
d'eau eut pour conséquence un important apport de calcaire, provenant
probablement des dépôts oligocènes situés au-dessus de la grotte -, avec
formation de concrétions. Il y eut d'autre part un apport d'argile par
les fissures secondaires du fond de la grotte : cet a certainement
joué un rôle dans la constitution du remplissage de la grotte, bien que
celle-ci se soit remplie aussi par l'ouverture à partir des dépôts de ver
sant qui s'accumulaient intensément au-devant de ces cavités 1.
La grotte, vraisemblablement obstruée par ce cône d'éboulis dès la
fin des temps paléolithiques (infra), fut redécouverte en 1920 lorsque
1. Bout (P.). La grotte de Cottier, près Retournac (Haute-Loire). B.S.P.F.
T. L 1953, pp. 137 -U3.
2. Bout (P.), in litteris, 3 mai 1972. J. ET P. VIRMONT 52
Figure 1
GROTTE DE COTTIER A RETOURNAC
REPARTITION DE L'INDUSTRIE LITHIQUE PAR NIVEAU
D12 I II III Remanié Description
1. Grattoir simple sur bout de
1
2 2 Grattoir atypique 4
5. sur lame retouchée . . 1 1
2 2 3 8. Grattoir sur éclat
1 1 17 Grattoir-burin 3
21. Perçoir-çrattoir 1
22. Perçoir-burin 1
4 1 23. Perçoir 1 4
24. Bec 3 7
25. Perçoir multiple 1 1
27. Burin dièdre droit 2
1 28. déjeté 1
1 1 30. Burin d'angle sur cassure . . . 3
1 31. dièdre multiple
1 35. Burin sur troncature oblique
37. sur convexe 1
38. Burin transversal sur tronca
1 ture latérale 1
58. Lame à bord abattu total . . . 2
60. à troncature retouchée
1 1 droite
61. Lame à
oblique 2
62. Lame à troncature retouchée
2
65. Lame à retouche continue sur
un bord 2 2 2 4
66. Lame à sur
1 deux bords
74. Encoche 1 G
75. Denticulé 1
76. Pièce esquillce 4
77. Racloir 1 2
78. Raclette 6 5 1
84. Lamelle tronquée 1
3 3 85. à dos 4 11
88. Lamelle denticulée 1 1
92. Divers 1 1 1
14 15 24 9 74
1. Liste-type de J. Perrot et D. de Sonneville-Bordes.
2. Localement remanié au contact du niveau I. LA GROTTE DE COTTIER 53
ces éboulis furent déblayés en partie par les ouvriers des carrières de
basalte voisines 3. Cette mise au jour survenait 9 ans après celle de la
grotte d'Orciers (ou grotte Pic), située 50 m au-dessus4. Le Professeur
Mayet, appelé sur les lieux après une première visite de M. Matte, récolta
près de la surface un peu d'industrie lithique ainsi que deux sagaies
à section quadrangulaire et une aiguille à chas 5. A partir de 1948 le
géologue P. Bout entreprit des sondages dans la grotte, le long des
parois sud et nord. Il recueillit beaucoup de faune et une industrie
lithique et osseuse intéressante, déposée actuellement au Musée Crozatier
du Puy 6, et étudiée par F. Bordes et J. Bouchut 5, n. Ces sondages pré
liminaires permirent à P. Bout de reconnaître trois niveaux archéolo
giques distincts. Par la suite, le remplissage de la grotte fut largement
entamé par l'érosion et par divers sondages, bien que les ramassages
de surface de Madame Hallu aient contribué à sauver un peu d'industrie
lithique et osseuse 7.
A la demande de M. H. Delporte, Directeur des Antiquités Préhisto
riques d'Auvergne et du Limousin, nous avons entrepris depuis 1967
de nouvelles fouilles, rendues nécessaires par l'intérêt du gisement sur
le plan régional, et l'importance réduite des sondages antérieurs. Ces
fouilles furent préparées par une prospection et un sondage en 1966 ;
la reprise de ces travaux permit d'autre part de sauver la grotte de la
destruction, la carrière de basalte voisine ayant été rouverte la même
année. Il est bon de noter à cette occasion que l'action du Directeur
des Antiquités, soutenue par le Préfet de la Haute-Loire, fut particuli
èrement efficace. La Municipalité de Retournac s'intéressa vivement à
nos travaux, et nous souhaiterions qu'elle assure définitivement la sau
vegarde de la grotte. Toutefois la menace qui pesait sur cette grotte
nous obligea les premières années à travailler plus rapidement que nous
ne l'aurions désiré.
La fouille s'est effectuée par la méthode des coordonnées carté
siennes, le niveau horizontal étant défini par un ensemble de triangles ;
l'imprécision inhérente à ce système était limitée à Cottier du fait de
la multiplication des triangles et de la faible portée des visées. Il a été
d'abord nécessaire avant toute fouille d'évacuer une dizaine de tonnes
de blocs basaltiques qui recouvraient le remplissage, et nous avons dû
ensuite aménager le chantier et son accès : sentier, carroyage suspendu
avec fils à plomb, passages et bords de coupes en béton (pour protéger
ces dernières de l'érosion) ; nous avons mis en place un téléphérique
d'évacuation des sédiments d'une portée de 70 mètres, pour pouvoir
utiliser la station de tamisage dans l'eau au pied de la falaise. Ce
tamisage dans l'eau était d'autant plus nécessaire qu'il nous fallait
3. Bulletin Historique de la Société d'Agriculture de la Haute-Loire :
Procès-verbaux, T. VI, 1921.
4. Pac.es-Allary (J.), Lauby et Charvilhat, La grotte Pic à l'Orcier, pr