Pays et paysages de l État de Saint-Paul (Brésil). Première esquisse de division régionale - article ; n°253 ; vol.45, pg 50-71
26 pages
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Pays et paysages de l'État de Saint-Paul (Brésil). Première esquisse de division régionale - article ; n°253 ; vol.45, pg 50-71

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Description

Annales de Géographie - Année 1936 - Volume 45 - Numéro 253 - Pages 50-71
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1936
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre Deffontaines
Pays et paysages de l'État de Saint-Paul (Brésil). Première
esquisse de division régionale
In: Annales de Géographie. 1936, t. 45, n°253. pp. 50-71.
Citer ce document / Cite this document :
Deffontaines Pierre. Pays et paysages de l'État de Saint-Paul (Brésil). Première esquisse de division régionale. In: Annales de
Géographie. 1936, t. 45, n°253. pp. 50-71.
doi : 10.3406/geo.1936.18590
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1936_num_45_253_1859050
PAYS ET PAYSAGES DE L'ÉTAT DE SAINT-PAUL
(BRÉSIL)
PREMIÈRE ESQUISSE DE DIVISION RÉGIONALE
(Premier article.)
(Pl. III-V.)
Difficulté de la division régionale. — Le voyageur qui parcourt pour
la première fois l'État de Saint-Paul est frappé d'une certaine monot
onie : pas de relief très saillant et qui cloisonne ; de grandes rivières
coulant vers l'Ouest suivant un cours grossièrement parallèle et avec
des régimes hydrographiques qui semblent identiques ; un climat sans
variétés locales sensibles, une végétation différente seulement par son
degré de dégradation ; du point de vue humain, même peuplement
dispersé, même régime de la fazenda, même type d'agglomérations
invraisemblablement uniformes.
Les cartes n'indiquent aucun nom de pays, c'est-à-dire aucun
nom de paysages, analogues à nos Beauce, nos Brie, nos Morvan.
Cependant l'État de Saint-Paul dépasse en extension la moitié de la
France, s'allonge d'Est en Ouest sur près de 900 km. et du Nord au
Sud" dépasse 600 km.
D'où provient cette difficulté spéciale de relever des différences
régionales ? C'est l'homme qui crée le paysage, plus que la nature,
c'est lui qui constitue sur la terre ces vêtements particuliers qui font
naître les noms de pays. Dans le Brésil méridional, l'homme n'a pas
encore fait suffisamment corps avec la terre ; il n'y a pas de noms
de pays, pas plus que de paysages spécialisés, parce qu'il n'y a pas de
paysans ; les paysages ne sont pas achevés. Il existe bien, il est vrai,
une nomenclature des sols assez multiple qui témoigne de distinc
tions observées : massapé, salmorâo, tabatinga, vieille nomenclature
donnée par le cabocle (indigène), mais ici ces noms ne s'appliquent
pas à des qualités agricoles de la terre ; le massapé par exemple est à
la fois de la bonne et de la mauvaise terre qui peut convenir aux
modes d'exploitations les plus différents, il désigne essentiellement
la terre qui colle au pied et dans laquelle il est difficile de marcher,
en forêt surtout. La psychologie du cabocle n'est pas agricole, elle
est celle d'un forestier, ramasseur et cueilleur et surtout nomade ;
les noms de sol ne sont pas ici des noms de paysans et ne peuvent
guère contribuer à faire naître des de pays.
Plus abondants encore sont les noms de formations végétales, et
c'est une vraie difficulté de se reconnaître dans cette toponymie :
matta (forêt vierge), capoeira (forêt secondaire), capoes (bosquets ET PAYSAGES DE L'ÉTAT DE SAINT-PAUL 51 PAYS
d'arbres), cerrado (végétation broussailleuse), campos (étendues her
beuses) ; mais ce ne sont pas là de vrais paysages fixes comme un
bocage ou une champagne, ce sont seulement des stades d'évolution
de la végétation qui se succèdent rapidement, sur le même sol : la
matta devient capoeira, la capoeira peut devenir cerrado, et le cerrado,
campos suivant le degré d'exploitation.
L'extrême instabilité de l'exploitation est un autre obstacle à la
naissance des noms de pays ; même l'opposition si tranchée entre
pays agricoles et pays pastoraux est mouvante dans l'espace ; d'Orbi-
gny écrivait il y a quatre-vingts ans : « La principale richesse de
l'État de Saint-Paul est le bétail » ; au xxe siècle, cette est
devenue secondaire. Il y a eu comme des vagues de production qui se
sont recouvertes l'une l'autre : la vague du sucre, la vague du coton,
la vague du café.... Les zones de prospérité se sont déplacées rapide
ment : la vallée du Parahyba a été le berceau de l'agriculture pau-
liste, puis la région de Campinas a détenu la primauté, qui est ensuite
passée à la de Ribeirâo Preto. Le centre de gravité de l'État
est sans cesse en marche vers l'Ouest ; en quelques décades au plus,
un municipe passe d'une exploitation pionnière à une économie déca
dente. La terre elle-même, d'une fertilité extraordinaire au début,
s'épuise avec une rapidité déconcertante, non seulement à cause des
méthodes agricoles, mais aussi sans doute à cause du climat qui est
un excitant prodigieux pour la végétation, la saison chaude étant
aussi la saison humide ; il s'organise un tel pompage des principes
fertilisants qu'on pourrait parler d'un « climat à tirage ».
L'instabilité de l'exploitation a entraîné naturellement l'insta
bilité de la population. L'appel de la frange pionnière est particu
lièrement sensible ; c'est par trains entiers chaque jour que la zone
pionnière de Marilla reçoit les habitants venant des zones plus à
l'Est déjà en recul, mais où cependant la colonisation ne date pas de
cinquante ans. Le pays n'a pas encore découvert une économie stable,
fixant l'homme et permettant la lente élaboration d'un paysage. Les
noms de lieux sont eux-mêmes encore flottants, comme cette Serra
Paranapiacaba qui voyage, suivant les auteurs, de l'Est à l'Ouest de la
Serra do Mar, ou comme cette Serra de Mantiqueira dont on est inca
pable de tracer les limites. Le seul nom de pays qui ait une certaine
réalité appartient à la région la plus anciennement colonisée : la vallée
du Parahyba ; il est d'ailleurs tout à fait impropre, le Norte (Nord),
bien qu'il s'applique à la partie orientale et même Sud-orientale de
l'État.
Les divisions régionales sont ici encore totalement dans l'enfance.
Faute de mieux, on a adopté le compartimentage arbitraire créé par
les compagnies de chemin de fer, et l'on parle couramment de zone
de la Centrale, de la Pauliste, de la Sorocàbana, de la Nord-Ouest, 52 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
bandes de territoire couvrant les régions les plus disparates et ne pou
vant absolument pas faire figure de divisions naturelles.
Vieux pays de l'Est et pays neuf de l'Ouest. — Confusément, il est
vrai, on sent l'existence de deux domaines : les vieux pays à l'Est
et au Sud de Campinas, où la population moins renouvelée laisse voir
encore un certain fond noir et créole, et les pays plus neufs au Nord
et à l'Ouest, submergés par la récente immigration blanche et par la
rapide éclosion des fazendas à café. Cette distinction, qui découle de
l'histoire économique, s'appuie aussi sur des différences physiques
essentielles : au Sud s'enchevêtrent des terrains cristallins variés,
très anciennement plissés et au relief tourmenté ; au Nord s'étalent
des terrains sédimentaires, plus monotones, à structure horizontale et
tabulaire.
Ces deux divisions n'ont pas encore obtenu de nom pour les dési
gner ; elles ne sont pas encore explicites ; néanmoins on peut dire
qu'elles se dessinent de plus en plus. L'économie de l'État de Saint-
Paul, très atteinte par la crise, est en transformation ; d'une certaine
façon, elle se stabilise ; il y a des formes d'exploitation qui sont en
train de se fixer, la polyculture, la petite propriété se multiplient, le
paysan est peut-être sur le point d'apparaître. Il est moins prématuré
maintenant de rechercher des régions naturelles, d'essayer même de
leur attribuer des noms de pays ; peut-être pourra-t-on aider de la
sorte à la découverte de cette variété qui fait par excellence l'unité
d'un État. Faire sentir les différences naissantes, les oppositions
possibles, c'est surtout faire connaître les compléments qui détermi
neront contacts et échanges, entr'aide et fraternité. C'est dans cette
voie que nous partirons à la recherche des pays et des paysages.
Le littoral. Caractères généraux. — Le paysage le plus facile à dis
tinguer, c'est le bord de la mer (fig. 1).
Il

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