Villes et métropoles incomplètes : Possibilités et processus de promotion - article ; n°4 ; vol.59, pg 525-532
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Revue de géographie alpine - Année 1971 - Volume 59 - Numéro 4 - Pages 525-532
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Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 29
Langue Français

Extrait

Milton Santos
Villes et métropoles incomplètes : Possibilités et processus de
promotion
In: Revue de géographie alpine. 1971, Tome 59 N°4. pp. 525-532.
Citer ce document / Cite this document :
Santos Milton. Villes et métropoles incomplètes : Possibilités et processus de promotion. In: Revue de géographie alpine. 1971,
Tome 59 N°4. pp. 525-532.
doi : 10.3406/rga.1971.1450
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1971_num_59_4_1450Milton SANTOS
Villes et métropoles incomplètes :
Possibilités et processus de promotion (1)
La force d'une ville ne dépend pas seulement de l'importance
de sa population, du niveau des activités régionales et urbaines
ou du niveau des revenus urbains et régionaux; elle ne dépend
pas seulement de ses possibilités à satisfaire les besoins de la popul
ation urbaine et régionale, mais elle doit également produire des
biens d'équipement ou des services et être capable de les distribuer.
Autrement dit, il ne suffit pas qu'il existe une région riche,
dont l'activité soit génératrice de revenus, pour faire croître,
parallèlement, l'économie urbaine. Si la croissance agricole est
rapide et que la ville la plus proche n'a pas le temps ni les moyens
de s'équiper et de répondre ainsi à la nouvelle demande, ce sera
une autre ville qui gagnera.
Dans ce cas, il y aura migration de l'épargne régionale et
locale et aggravation du déséquilibre. Le même phénomène peut
1 Pour les lecteurs de la Revue de Géographie Alpine, nous avons dû alléger
le début du texte de notre collègue Santos, et nous nous en excusons auprès
de lui. Nous le remercions d'avoir rédigé son article en français, ce qui était
d'une grande difficulté pour un sujet aussi subtil que fuyant. Son article
s'applique essentiellement aux pays sous-développés, mais ceux qui s'intéressent
au développement urbain régional de l'Europe occidentale y trouveront d'utiles
comparaisons et de nombreux sujets de réflexion. Nous croyons utile de repro
duire en note un postulat qu'il avait placé au début de son article.
« Pour discuter valablement de ce sujet, le postulat de base serait le sui
vant : dans la ville des pays sous-développés et surtout dans les métropoles
incomplètes, il y a un grand nombre d'activités qui fonctionnent avec un bas
indice de capital fixe, avec un bas coefficient de capital, avec une grande pro
ductivité du capital, un indice élevé de l'emploi (moins reconnu, parce
qu'une grande partie de ces emplois n'est pas comptabilisée dans les statis
tiques) et une grande capacité d'absorption de la main-d'œuvre non qualifiée
arrivant à la ville. Ces activités sont génératrices d'emplois et d'activités à
leur propre niveau et à des niveaux supérieurs. Ainsi, elles contribuent à
faire progresser l'économie urbaine. Ces activités réclament un pourcentage
considérable de leurs « in-puts » à d'autres producteurs nationaux et à leur
propre région. Elles contribuent, de cette façon, à rendre encore plus dyna
miques les secteurs dynamiques du pays et à transmettre de la vitalité au
monde rural, ainsi inclus dans un circuit monétaire plus vaste. » MILTON SANTOS 526
se produire dans une ville où certains secteurs économiques s'agran
dissent trop par rapport à d'autres et sans liens avec eux.
De même, l'équipement d'une ville peut demeurer inutilisé ou
sous-utilisé s'il n'existe pas de voies de communication en quantité
suffisante. La fluidité étant insuffisante, les biens et services pro
duits ou existants restent à un taux d'utilisation très bas. Alors,
ce sont les services gouvernementaux qui seront sous-utilisés, car
les entreprises privées, généralement, ne s'installent pas là où la
clientèle fait défaut. Dans le cas le plus défavorable peuvent
manquer, non seulement les activités privées de niveau primaire,
mais aussi celles de nature gouvernementale. Dans tous ces cas,
l'intégration ville-région ne se fait pas ou se fait mal et les résultats
économiques et sociaux tombent au-dessous de ce qui serait
souhaitable.
De toute façon, le rôle croissant de l'Etat comme investisseur
fait que dans l'économie urbaine il faut distinguer les éléments
imposés des éléments spontanés. Cette distinction est parfois diffi
cile, car il existe des formes intermédiaires, mixtes ou de transition.
Il est toutefois évident que les secteurs imposés favorisent le déve
loppement des secteurs spontanés ou sous-spontanés.
Une telle distinction est fondamentale dans une perspective de
développement, surtout s'il est possible de localiser, pour une
situation donnée, les mécanismes d'interaction et de multiplication,
responsables des échanges entre secteurs imposés et secteurs spon
tanés et sous-spontanés. Une telle analyse, si elle est systématique,
peut permettre au gouvernement, par une action commune avec
les investisseurs privés, de proposer et d'entreprendre des cor
rections et des actions.
Les corrections peuvent constituer déjà un puissant élément
de planification de la croissance économique urbaine. Elles s'impo
sent parce que très fréquemment les couches les plus élevées de
la population urbaine ont l'habitude (ou la nécessité) d'acquérir
des produits et des services dans une ville plus grande que celle
de leur résidence. Ils le font 2, soit parce que la ville où ils habitent
ne dispose pas des biens et services désirés en quantité et surtout
en qualité, soit parce que les prix sont plus élevés dans la petite
ville.
S'agirait-il ainsi d'une incapacité de la ville à créer ses services
et commerces d'un niveau donné, par manque de dimension éco-
2 Milton Santos, « Une nouvelle dimension dans l'étude des réseaux urbains
en pays sous-développés » (Annales de Géographie, Paris, 1970, n° 2). VILLES ET MÉTROPOLES INCOMPLÈTES 527
nomique ? Les conditions sus-mentionnées se présentent comme
si telle était la réalité. Il faudrait se demander, toujours d'un
point de vue prospectif, si les conditions apparemment réelles et
les conditions réellement potentielles ne sont pas bien différentes.
C'est précisément cette différence qu'il faudrait analyser. Elle peut
être provoquée par l'exode de la clientèle plus fortunée, par le prix
plus élevé dû au fait que la demande effective est moins import
ante, ou alors parce que la dimension économique, en termes
absolus, n'a pas été atteinte.
L'oscillation du niveau de l'emploi urbain et régional a aussi
des implications certaines. De l'oscillation du niveau de l'emploi
dépend aussi l'oscillation de la masse de salaires pendant l'année.
Cela équivaut à laisser le niveau des services au niveau le plus
bas de l'emploi, ou à peine plus haut. La limite à partir de laquelle
les activités spontanées s'installent n'est pas donné par la moyenne
annuelle de la masse de salaires, mais par un niveau proche de
son niveau le plus bas. Autrement, beaucoup d'activités ne
pourraient pas survivre.
Il y aurait pourtant une solution : établir une corrélation syst
ématique entre les niveaux actuels d'agglomération, les niveaux
d'activités prévisibles et les niveaux auxquels peuvent arriver les
agglomérations intéressées, dans une politique d'urbanisation et de
croissance urbaine et régionale. Autrement dit, il faudrait établir,
dans le Plan intégral de développement, les activités qui corre
spondent à chaque ville; il s'agirait de promouvoir ces activités, avec
la certitude qu'en peu de temps les conditions de leur permanence
s'établiraient spontanément et que l'intervention ne serait plus
nécessaire.
Sans l'application de ces mesures, il y aura une tendance à
la désarticulation croissante des régions. Cette désarticulation est
la conséquence et le moteur de la grande fluidité des couches plus
privilégiées de la population. Elle réduit aussi la force économique
des villes moins importantes et provoque ainsi plus de désorganis
ation. Une intervention dans ce domaine r

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